36 ~ Memories upon the bed
Au bout de quelques minutes Ashton revient les joues rouges et nous lance un regard noir alors que je niche ma tête dans le cou de Michael comme une enfant apeurée. Je sais que Calum avait promis de venir seul et que moi-même j’avais promis à Calum de repartir après avoir vu Michael. Mais maintenant que je suis là, dans ses bras, je n’ai aucunement envie de partir. Je préférerais me cacher ici avec lui, au moins je ne serais pas seule et je ne deviendrais pas folle, peut-être Daphnée aurait pu s’en sortir si Calum était resté auprès d’elle. C’est la solitude et l’isolement qui l’ont complètement déphasée.
« - Heidi je te ramène à Calum demain matin. –Annonce Ashton-
-Attends tu la laisses partir avec lui ? Avec ce connard qui a accablé Daphnée ?
-Non Mikey, il n’a rien fait. Depuis le début quelqu’un nous force à reporter la faute sur Calum, c’était facile, trop facile même.
-Je ne lui fais pas confiance !
-Il ne te fait pas confiance non plus si ça peut te rassurer –Dit Ashton en levant les yeux au ciel-
-De toute façon c’est ce que veulent les Erudits –Je marmonne dans le cou de Michael, le faisant frissonner-
-Heidi sors ta tête de là je ne t’entends pas –Soupire le bouclé-
-Les Erudits veulent que personne ne puisse avoir confiance en personne –Dis-je à présent hors du cou de Michael- Mais leur but principal c’est de m’isoler moi.
-Justement Calum est un Erudit ! –Tonne Michael- Si tu pars avec lui il va te faire du mal !
-Michael elle ne peut pas rester ici, trop de choses sont en train de mal évoluer autour d’elle. »
Il pousse un grognement et n’adresse plus la parole à Ashton de toute la soirée. Pour ma part je suis mitigée. J’aimerais rester ici avec Michael et Ashton, j’ai confiance en eux, j’aime Michael… Mais si je reste, les Erudits continueront et je mettrais les garçons en danger si bien que comme Elonwy ils finiront par s’éloigner de moi. Et je serai seule.
« Heidi viens avec moi je vais te montrer ma chambre, c’est là que tu dormiras ce soir –Me dit Ashton alors que je tourne la tête vers Michael, m’attendant à ce que ce dernier refuse mais il reste muet- Bon c’est la même pièce que ta chambre, en un peu plus masculine, mais au moins tu ne seras pas perdue. »
Je mords ma lèvre. Justement j’aurais préféré ne pas me retrouver dans ma chambre bis. Cette chambre dont les murs commençaient à m’étouffer, dont l’air était lourd par mes cauchemars… C’est comme si on avait déguisé ma chambre pour masquer les démons qui s’y cachent, mais ce soir, une fois que je serai seule dans le lit d’Ashton, mes démons reviendront.
Il me fait visiter le reste de l’appartement, qui est similaire au mien, mais en miroir. C’est tellement perturbant. La seule différence c’est que tout est aménagé pour faciliter les déplacements de Michael, même sur le balcon, une espèce de petite pente part de la limite de la baie vitrée jusqu’au sol, permettant au fauteuil de descendre sans encombres. Alors c’est là que Michael se tenait les matins et soirs lorsque nous échangions nos lettres ? Ici qu’il m’avait joué Nothing Else Matters et accompagné sur When September ends. C’est au bout de ce balcon qu’il s’était penché malgré son fauteuil pour me donner la main.
Je frémis légèrement et me tourne vers ce dernier qui est visiblement entrain de m’observer. Lorsque nos yeux se croisent il devient presque aussi rouge que sa crinière et repose son regard ailleurs, fronçant les sourcils pour se donner un air contrarié.
Quel mauvais acteur.
*
« Ashton je n’ai pas de pyjama –Dis-je d’une petite voix timide au bouclé qui me prépare son lit-
-Je vais te donner des affaires à moi –Il sourit et me tend un long haut ainsi qu’un short-
-Merci –Je les pose sur le lit et cogite un instant- Comment il fai Michael pour mettre son pyjama ?
-C’est moi qui l’aide –Il sourit doucement- une fois qu’il est allongé sur le lit et qu’il ne peut plus bouger, il retire son haut et c’est moi qui m’occupe du bas vu qu'il n'est pas le champion de la souplesse. On remercie d'ailleurs la pizza - Il soupire-
-Oh je comprends, mais alors tu le vois n.. –Je me mets à rougir à cette pensée ce qui fait automatiquement rire le bouclé-
-Oui en effet je fais parte du club très privé de ces gens qui ont vu le pénis de Michael Clifford, tu veux venir le voir toi aussi ? –Je vire au rouge et manque de m’étouffer tant je suis gênée- Ah c’est vrai j’oubliais, tu es la réincarnation de la Vierge Marie. »
Je lui donne un faible coup de pied dans le derrière, le forçant à sortir et je ferme la porte derrière lui pour me mettre en pyjama. Le haut est tellement long que je décide de ne pas enfiler le short. gardant simplement mon boxer. De toute façon avec ma forte perte de poids, je pense qu’il n’aurait pas tenu en place.
Une fois en pyjama je sors et vais frapper à la porte de Michael, espérant qu’il soit seul.
« - Attends Heidi, son petit oiseau est toujours à l’air libre ! –Ricane Ashton suivi d’un bruit sourd- Aïe Michael ça fait mal !
-Bien fait –Grogne l’autre dont je peux imaginer la gêne-
-C’est bon tu peux entrer ! »
Lentement je tourne la poignée et me prépare mentalement au choc de voir Michael nu après une farce d’Ashton. Mais je pense qu’il se serait mis à hurler pour ne pas que j’entre, si bien que je souffle en le voyant allongé sous ses couvertures, immobile.
« - Tu n’as pas mis le short ? –Me demande Ashton en contemplant sans gêne mes cuisses rachitiques-
-Non, il était trop grand –Je rougis et tire un peu plus sur le tshirt en voyant que Michael s’est lui aussi mis à regarder-
-C’est tout aussi bien comme ça –Sourit Ashton- Tu m’autorises à te rendre visite pendant la nuit ?
-Qu.. –Je n’ai pas le temps de dire quoi que ce soit qu’Ashton se reçoit un oreiller à vive allure-
-Tu ne la touches pas –Grogne Michael derrière le bouclé-
-Oh t’es pas marrant –Il lève les yeux au ciel et vient embrasser longuement ma joue- bonne nuit Sainte Heidi, si tu me cherches je serai sur le canapé.
-Je ne te chercherai pas –Dis-je en gloussant avant de m’approcher lentement de Michael qui est apparemment torse nu sous sa couette- Bonne nuit Michael.
-Bonne nuit. »
Il se redresse sur ses coudes, dévoilant ton torse laiteux et imberbe et approche son visage du mien pour embrasser ma joue. Pour ma part je me retiens de poser mes lèvres sur les siennes, elles sont si belles, si tentantes, mais il faut que j’arrive à me fourrer dans le crane que c’est une relation à sens unique.
J’aimerais rester un peu plus longtemps, histoire d’écouter ce qu’il a à me dire, mais Ashton m’attend à côté de la porte, sûrement pour éteindre la lumière de la chambre. C’est vrai que ce dernier est dépendant du bouclé pour de nombreuses choses. Je soupire doucement et dépose mes lèvres sur le front de Michael avant de sortir à contrecœur.
« - Demain debout vers 10 heures ça te va ? –Me demande Ashton-
-Ne t'imagines pas que je vais réussir à dormir jusqu’à si tard , sans compter que je risque de ne pas dormir du tout.
-Pourquoi ? –Me dit-il en perdant son sourire-
-Je ne trouve plus le sommeil.
-Mais là c’est différent, tu es chez nous, tu es en sécurité ici, Michael et moi te protégeons. Tache de dormir Heidi –Il dépose un chaste baiser sur mon front avant de me laisser rejoindre sa chambre-
-Merci Ash, à demain. »
A peine ai-je commencé à entrer que je le vois qui se déshabille devant moi, me faisant pousser un hoquet de surprise avant de m’engouffrer rapidement dans la chambre. Je me demande lequel de Calum ou Ashton est le plus pervers.
Je m’enfoui dans les couvertures du lit d’Ashton et me met en boule, fixant un point invisible dans la pièce, le cerveau en pleine cogitation. Vais-je réussir à dormir ?
*
Lorsque mes yeux se posent sur le réveil d’Ashton je soupire longuement. Il est déjà près de deux hueres du matin et je ne trouve pas le sommeil. Je pense à trop de chose,nottament à Michael. Au-delà du fait que je ressens cette envie de parler avec lui, ses bras me manquent. J’ai l’impression que mon corps est froid depuis qu’il y a exercé son étreinte. C’est ridicule mais un frisson me parcourt. Oui j’ai froid.
J’attends encore un peu avant de finalement sortir du lit, faisant le moins de bruit possible en ouvrant la porte. Ashton face à moi dort paisiblement. Le store n’a pas été fermé ce qui me donne l’occasion d’observer son visage endormi. Il est si mignon, comme Calum. Je me réjouis d’ailleurs de voir que ces derniers jours ils se sont rapprochés, maintenant ils se font confiance et c’est un premier pas vers ma propre reconstruction. Je ne peux pas compter sur des gens séparés, il me faut une base solide, avec un petit groupe solide et c’est ce qui est en train de se passer. Calum, Ahston et Michael, bientôt Luke je supose. Voilà ma force.
Je me dirige vers leur cuisine pour me faire un verre d’eau lorsque mes yeux se posent sur la porte de Michael. Est-ce qu’il dort ? Si je vas le voir et que je le réveille peut-être va-t-il mal le prendre ? Après tout c’est notre unique soirée ensemble et je ne peux faire comme si je ne souffrais pas de son absence. Maintenant que j’avais gouté à ses bras, à sa chaleur, je ne pouvais m’en passer.
Je finis rapidement le verre d’eau et entre timidement dans la chambre silencieuse de Michael. Mon cœur bat la chamade et je suis sûre qu’on peut l’entendre, cachant le souffle doucereux du garçon que j’aime. Je m’approche doucement, à tâtons, de peur de marcher sur quelque chose ou de me prendre un meuble et qui avec le bruit entrainerait son réveil. A mesure que je me rapproche je discerne un peu plus clairement son souffle et je bute contre le pied de son lit, tapotant doucement la couette pour me repérer. Je touche bientôt ses jambes et mords ma lèvre en aillant peur de le réveiller, mais c’est vrai qu’il ne sent plus ses jambes, il n’y a aucun risque pour que..
Je pousse un petit cri et mon cœur manque d’exploser sous le coup de la frayeur.
Quelque chose de froid vient d’attraper ma main.
Mais bientôt je sens des doigts s’enrouler autour des miens.
« M….Michael je…Je t’ai réveillé ?
-Non je ne dormais pas –Dit-il en murmurant-
-Oh je… Ok !
-Viens… –Me dit-il en tirant doucement sur ma main, me faisant grimper sur son lit puis m’allonger sur la place vide- Viens… Contre moi –Ajoute-t-il avec timidité-
-Mais j’ai les jambes froides ! –Dis-je alors que je sens la couette se lever en guise d’invitation-
-Je vais finir par croire que tu le fais expres Heidi –Glousse-t-il doucement-
-Oh pardon je… Je suis vraiment maladroite c’est juste que… J’ai pas l’habitude.
-C’est rien, allez viens dans mes bras. »
Bien que j’en avais rêvé pendant des heures dans le lit d’Ashton, maintenant que je me trouve dans son lit, lumière éteinte et en petite tenue. Je me sens terriblement mal à l’aise. Voyant que j’hésite il me tire un peu plus fort et j’atterrie mains à plat contre son buste nu. Elles doivent être particulièrement froides mes mains pour qu’il laisse échapper un tel grognement, ou gémissement je ne sais pas. Pour ma part je suis tétanisée et n’ose plus bouger de peur de faire quelque chose d’irréversible. Je suis peut-être vierge, je sais très bien qu’il suffit de peu pour qu’un garçon s’enflamme.
« - Allonge-toi Heidi –Me dit Michael dans un souffle-
-O…Ok –Je me blottis contre son torse et pose ma tête contre son épaule, n’osant pas allonger mes jambes contre les siennes-
-Tu peux allonger tes jambes –Dit-il comme si il avait lu mes pensées-
-Si tu le dis –Je m’exécute et frisonne violemment lorsque mes jambes touchent les siennes, elles sont glacées, sans vie-
-Tu as froid Heidi ? –Me demande-t-il alors que ma chair de poule et mes tremblements doivent se sentir-
-Un peu.. »
Il cale doucement une de ses mains dans le creux de mon dos avant se frictionner l’autre le long de mon épaule, cherchant à me réchauffer. Mon cœur bat toujours plus vite à chaque contact entre mon corps et celui de Michael. Si bien que j’ai du mal à respirer.
Vraiment je suis idiote, ce n’est qu’un garçon.
C’est peut-être ça qui me stresse finalement.
« - Il te va bien le haut d’Ashton –Murmure Michael-
-Tu trouves ?
-Oui.
-J’aime pas quand on voit mes cuisses –Dis-je timidement- mais cet idiot ne m’a pas sorti de pantalon.
-Pourquoi tu n’aimes pas tes cuisses ?
-Avant je t’aurais dit qu’elles étaient grosses mais maintenant… Elles sont horriblement maigres.
-Toi au moins elles te sont encore utiles –Je mords ma lèvre et un silence nous tombe dessus- Pardon Heidi je… Je suis désolé. C’est juste que… T’as pas à complexer, tu as des jambes en pleine forme, même si elles sont maigres je sais que tu vas remonter la pente et puis –Il marque une pause et reprend le plus bas possible- je te trouve vraiment belle. Maigre ou pas maigre je m’en fiche.
-Mais Michael je…
-Shht –Il tapote mes lèvres de ses doigts, me provoquant des douleurs dans mon bas ventre avant de réchauffer tout mon corps- bon je pense que maintenant que tu es là je peux te parler un peu –Je fais oui de la tête- Que veux-tu savoir ?
-Comment as-tu perdu tes jambes ? C’est à cause de ta tentative de suicide en première année ? –Il se raidit un peu mais continue de caliner mon épaule de son pouce-
-Non, c’est…. C’est plus ou moins à cause de Daphnée –Je déglutis, alors c’est de ça qu’elle parlait en me disant qu’elle l’avait tué ?-
-Que s’est-il passé ?
-Un soir, il y a environ huit ou neuf mois, pour l’anniversaire de Daphnée, nous sommes allés sur une plage Luke, Ash, elle et moi. A cette époque Ashton et elle fumaient beaucoup et Luke et moi passions notre temps à l’écart car ça ne nous plaisait pas trop. –Il soupire- bref ce soir là Daphnée et Ash ont fumé quelque chose de vraiment mauvais, je pense qu’il y avait une drogue particulièrement forte à l’intérieur des clopes mais visiblement ils n’étaient pas au courant parce qu’Ashton était dans un piteux état et il ne comprenait pas. Daphnée elle a perdu tout contrôle sur elle-même, elle a commencé à avoir des hallucinations, elle criait et courrait en tous sens. Ça ne m’aurait pas inquiété plus que ça si on n’avait pas été entre des rochers. Je lui ai couru après et je l’ai rattrapé pour la mettre en sécurité, sauf que ça ne lui a pas fait plaisir que ce soit moi qui m’occupe d’elle –Il marque une pause-
-Comment ça ?
-Quand tu n’as plus aucun contrôle sur ta raison, c’est là que tu dis le fond de ta pensée. Elle m’a reproché d’avoir tout fichu en l’air à cause de ma tentative de suicide. Que c’était de ma faute si tout ceci avait commencé. Si j’étais resté neutre et tranquillement dans mon coin à attendre la fin de l’année pour partir en musique seul, rien de ce qui nous arrivait ne se serait produit. –Sa voix commence à trembloter- ce soir-là je me souviens qu’il y avait des flashes un peu plus loin. Des gens nous avaient suivis et nous prenaient en photo. Elle était complétement droguée, elle ne savait plus ce qu’elle disait ni faisait et des gens en ont profité pour agrémenter le journal de la fac.
-Tu penses que quelqu’un l’a volontairement droguée ? –Je demande-
-Oui, j’en suis convaincu, au début Luke et moi pensions qu’il s’agissait d’Ashton, que c’était une petite plaisanterie rien de plus mais il est tombé malade après avoir fumé, il ne comprenait pas et de toute façon lui aussi a été servi niveau photos compromettantes. Non ce n’était pas lui. Déjà à ce moment quelqu’un essayait de nous faire du mal. –Il s’arrête un instant et je l’entends qui commence à renifler, me motivant à enrouler nos doigts ensemble-
-Si tu ne veux pas continuer Michael on peut changer de sujet..
-Non, je t’ai promis de tout te dire… -Il renifle et prend son souffle avant de continuer- Elle… Elle commençait à avoir des hallucinations, elle frappait dans tous les sens et j’ai essayé de la maintenir, mais sa force était décuplée, elle était déchainée, comme un animal qui cherchait à se défendre. Elle m’a mis plusieurs coups pour que je la lâche, mais j’avais trop peur qu’elle ne se fasse mal, je voulais la protéger. Même si elle venait de me dire mes quatre vérités en face, c’était ma meilleure amie et elle me faisait de la peine, je ne voulais pas la laisser tomber. Pas dans un moment pareil où tout semblait contre elle. Alors je l’ai suivi, je ne l’ai pas lâchée, prétextant que j’avais peur pour elle mais elle n’arrêtait pas de me crier au visage qu’elle ne me supportait plus, que je l’étouffais avec ma surprotection, qu’elle n’avait pas besoin d’un fardeau comme moi –Il déglutit- sur le moment j’ai tellement pensé à Marge et à ce qu’elle m’avait dit devant tout le monde avant de m’avouer sa relation avec Spencer que je suis parti au quart de tour. Je lui ai collé une gifle et nous nous sommes disputés, jusqu’à ce que qu’elle ne me pousse. Sûrement que dans sa tête elle s’imaginait m’avoir juste fait reculer que quelques centimètres, mais en réalité, elle y a mis une telle force que j’ai perdu l’équilibre et… -Il s’arrête-
-Et tu es tombé ?
-On est tombé tous les deux à vrai dire, mais je suis tombé le premier, mon corps et ma tête ont violemment heurté un rocher et par chance Daphnée a évité de s’en prendre un, mon corps lui a servi de bouclier.
-Alors c’était ça le drame dont parlaient les Erudits ? –Je demande timidement en caressant sa main moite-
-Ouais… Ils nous ont pris en train de nous disputer, ils m’ont pris en photo en train de tomber, ils ont pris des photos des ambulanciers qui maintenaient Daphnée comme une folle. Ils avaient tout –Il hoquète- Sur le moment je voulais mourir, la mort ne me faisait plus peur et au contraire je trouvais ça tellement plus paisible. Je ne sentais plus mon corps, seuls mon cerveau semblait ne pas s’être enlisé, c’était tellement horrible comme sensation –Il commence à trembler- quand ton cerveau crie à l’aide mais que ton corps reste immobile, comme si tu étais coupé en deux, que seul ton esprit était encore de ce monde mais que ton corps ne t’appartenait plus. Tu te sens étranger à ta propre enveloppe charnelle, tu ne sais pas si tu es encore en vie tu… -Il éclate en sanglot et je me redresse pour venir le blottir contre moi- Je ne savais pas ce qui allait se passer, si c’était fini et que mes dernières paroles allaient être ma dispute avec Daphnée. M…Mais finalement après un bon mois de coma je… J’ai été diagnostiqué paraplégique suite à un traumatisme crânien qui a endommagé mon système nerveux et donc qui a touché mes jambes….
-Au moins tu es toujours là Michael…
-Je préfèrerais être mort. Il n’y a rien de plus horrible que de perdre ses jambes alors qu’on les utilisait jusque-là. Toutes ces choses que j’avais l’habitude de faire auxquelles j’ai dû renoncer. J’ai même dû renoncer à mon indépendance. C’est là qu’Ashton a joué son rôle, il s’en voulait d’avoir incité Daphnée à fumer et il m’a proposé de venir vivre chez lui, où son père avait mis en place un dispositif spécial pour les handicapés. Il voulait se faire pardonner et s’occuper de moi, car de toute façon Daphnée n’en étais plus capable. Peu de temps après cette histoire elle a été victime d’harcèlement par les Erudits, c'est là qu'Ashton a fait croire à tout le monde que j'étais mort, pour que tout s'arrête mais ça n'a fait qu'empirer les choses pour elle et elle s’est enfuie. Je ne sais pas où elle est actuellement mais son état ne doit pas être beau à voir. Peut-être pire que le mien –Je me retiens de lui dire qu’en effet Daphnée est devenue complétement folle alors que Michael lui souffre seulement d’un complexe-
-Je…. Je suis contente que tu ne sois pas mort Michael –Il renifle- Si je ne t’avais pas rencontré je…
-Sans moi tu ne te serais pas intéressée à Daphnée et rien de tout ceci ne te serait arrivé !
-Michael ! –J’hausse un peu le son mais continue de chuchoter pour ne pas réveiller Ashton- Calum aussi m’a parlé de Daphnée.
-Calum est un Erudit c’était dans son plan de t’harceler –Je lève les yeux au ciel et décide d’arrêter de parler de Calum-
-Mikey… Sans toi je n’aurais pas eût ce soutien quotidien. Tu m’as motivé pendant des semaines à me lever et à aller en cours, tout ça parce que j’avais hâte de lire tes lettres. J’avais hâte de te parler. J’avais trouvé un nouvel ami, un garçon en qui avoir confiance alors que je m’étais juré que plus jamais je me lierai d’amitié avec un garçon.
-Pourquoi ?
-Je ne t’ai jamais parlé de mon ex ?
-Non –Il pose sa tête contre mon épaule-
-C’est une histoire pathétique pas besoin de..
-Heidi, je t’ai parlé de moi à toi de me parler de toi –Il hoquète doucement-
-D’accord –Alors que je lui raconte la même histoire qu’à Calum, expliquant en même temps la couleur de mes cheveux, je le sens qui se serre un peu plus contre moi-
-Quel salaud –Il grogne- tu ne méritais pas ça, en plus tu étais prête à te donner à lui !
-J’ai bien fait de ne pas le faire –Dis-je timidement-
-Oui, mieux vaut que tu gardes ce que tu as de plus précieux pour quelqu’un qui en vaut vraiment la peine –Il soupire- On ne donne pas sa première fois à n’importe qui, bon nombre de jeunes filles le regrettent amèrement par la suite. Sur le coup elles s’imaginent être avec l’homme de leur vie et ensuite elles se font larguer car leurs mecs préfèrent aller voir ailleurs. Et elles se sentent humiliées.
-Je me sens humiliée même si nous n’avons jamais couché ensemble –Dis-je timidement- Il m’a quand même trompé et ça m’a montré à quel point j’étais… Nulle.
-Un mec comme ça ne mérite que de faire sa vie avec des trainées. Pas avec des filles comme toi. Ce n’est pas toi qui est nulle, c’est lui qui a été stupide de ne pas comprendre que dans la vie il n’y a pas que le sexe qui compte, il y a aussi l’amour et la bonne-entente du couple avant tout. C’est dommage que tu sois tombé sur un tel trou du cul.
-Et toi c’est dommage que tu sois tombé sur Marge –Il grogne et je passe ma main dans ses cheveux que j’ébouriffe en gloussant- au moins tu ne pleures plus maintenant.
-C’est grâce à toi –Il dépose un chaste baiser sur mon épaule et même à travers le tshirt je sens la pulpe de ses lèvres brûler mon épiderme-
-En tout cas Michael je suis contente que tu sois là aujourd’hui –Je souris doucement-
-Et moi aussi, car sans ça je ne t’aurais pas rencontré, toi ma voisine aux cheveux blancs qui joue à Pokémon et qui raffole de la neige. –Je ris-
-Je vois que tu as retenu certains points essentiels.
-Si tu savais. »
Il glousse à son tour et enfoui sa tête dans mon cou où sa respiration chaude vient s’échouer. Je me sens bizarre. Jamais encore je n’avais ressenti cette sensation. Quand deux corps sont l’un contre l’autre, trop proches et qu’ils se découvrent doucement.
« Merci Heidi – Murmure-t-il dans mon cou-
-Pour quoi ?
-Pour m’accepter comme je suis.
-Mikey, c’est le garçon que tu es que j’apprécie. Je me fiche de l’image que tu voulais me donner. Tu es comme tu es et c’est comme ça que je t’aime. »
Il laisse échapper un petit hoquet de surprise et je me maudis pour avoir encore une fois gaffé devant lui. Etait-ce le début de la folie de ne pas pouvoir s’empêcher de se taire ? Je déglutis et m’attend à ce qu’il s’éloigne de moi mais il reste dans mes bras, respirant doucement et caressant mon bras de son pouce. Est-ce qu’au moins il a compris ce que je venais de lui dire ?
« - Bon je… Je vais retourner dans le lit d’Ashton.
-Oh… -Il semble déçu ou bien est-ce moi qui fantasme ?- bonne nuit dans ce cas et merci d’être venu me voir.
-C’est normal Michael, dort bien tu en as besoin. »
Je me penche pour embrasser sa joue mais je me rends compte que je ne sais pas où viser. Il se redresse doucement de contre mon épaule et semble me tendre sa joue que je tâte de mes doigts pour être sûre. Je m’approche délicatement et sursaute lorsqu’une de ses mains vient se nouer dans ma nuque et m’attire dangereusement vers lui.
Pour venir sceller nos lèvres ensemble.
Mes yeux s’écarquillent mais bizarrement je ne me retire pas. Au contraire je me serre contre lui et capture plus longuement sa lèvre inférieure, m’enivrant du goût de ses lèvres. Je ne sais pas si c’est réel, mais je me sens terriblement bien et lorsqu’il me tire pour m’allonger sur lui je me laisse faire docilement, glissant mes mains dans sa nuque pour me donner un appui tandis que je fais de douces pressions avec mes lèvres entrouvertes sur les siennes. Elles sont si douces, si généreuses que lorsqu’il m’embrasse j’ai l’impression qu’il aspire ma fine bouche toute entière. Je souris et il enroule se sbras autour de mon dos comme pour m’empêhcer de m’en aller, sauf que c’est bien ma dernière envie.
L’embrasser est agréable et rapidement le baiser devient plus humide, provoquant un son qui électrise tout mon corps et le sien, enfin du moins jusqu’à son bas ventre. Je m’écarte légèrement pour reprendre mon souffle mais bientôt il redresse sa tête pour venir capturer mes lèvres des siennes avec une réelle envie. Nos lèvres s’échouent l’une contre l’autre, ce n’est plus un chaste baiser en surface. C’est charnel, comme un besoin maladif, une réponse à tous nos maux.
A chaque pression que je fais je veux lui faire ressentir à quel point j’avais souffert de son absence physique, à quel point j’avais besoin d eplus de sa part et il me semble qu’il essaye de me faire comprendre la même chose, tout en glissant sa main dans mes cheveux pour me coller un peu plus encore contre lui lorsque sa langue titille la pulpe humide de ma lèvre supérieure. Sur le coup j’hésite un instant avant de finalement entrouvrir mes lèvres et de sentir sa langue glisser à l’intérieur de ma bouche pour aller rencontrer la mienne. Ce baiser langoureux me fait me coller un peu plus à lui, décalant ma tête sur le côté pour être plus à l’aise.
Je me sens tellement bien, ils me semblent loin tous ces soucis avec les Erudits et le mystérieux cerveau de l’affaire. Actuellement il n’y a que Michael qui compte et sa langue qui danse avec la mienne, me provoquant tout un ballet d’émotion dans mon corps frêle que je sens revivre.
Voilà je viens de trouver les mots justes pour décrire ma sensation actuelle. Je sens que mon corps est de nouveau animé par une flamme ardente, une flamme que Michael a ravivée par sa présence.
« -Heidi je..–Gémit-il doucement dans le baiser-
-Oui ? –Je me redresse doucement le coeur pulsant violemment-
-J…Je euh –Il semble hésiter et plus il attend et plus je me sens défaillir-
-Mikey dis-le… je t’en prie.
-Je t’aime Heidi –Je sens que mon cœur explose dans mon corps et sous l’adrénaline j’embrasse plus fermement ses lèvres humides et entrouvertes-
-Moi aussi Mikey. – A son tour il attrape ma lèvre inférieure de sa bouche légèrement gonflée de désir-
-Tu restes avec moi ce soir ? –Dit-il timidement-
-Est-ce que tu me laisserais retourner dans la chambre d’Ash de toute façon ? –Il me serre et caresse mes côtes saillantes-
-Non en effet. Je veux te garder pour moi, au moins cette nuit. –Dit-il d’une voix boudeuse-
-Alors je reste. –Il caresse mon visage et glisse une mèche de mes cheveux derrière mes oreilles-
-Embrasse-moi encore Heidi.»
Je m’exécute, oubliant tous mes soucis et me focalisant sur une seule chose, lui apporter du bonheur et lui redonner confiance en lui par le biais de mes baisers sincères. Il a trop souvent souffert et je ne comprends pas comme Daphnée a pu lui reprocher d’être aussi protecteur. Moi qui avait souffert d’avoir été trompée et abandonné, à l’époque j’aurais tout donné pour me trouver un Michael-bis. Mais aujourd’hui je l’ai et je ne peux m’empêcher de me sentir fière face à Marge et même Daphnée. Elles n’ont pas sû déceler en lui le garçon merveilleux qu’il était, tant pis pour elle.
Moi je veux pouvoir lui prouver qu’il en vaut la peine et que ce n’est pas son handicap qui m’empêchera de l’aimer. A vrai dire c’était en premier lieu de ses mots que j’étais tombée amoureuse, puis de sa personnalité et maintenant de lui tout simplement.
Ce mystérieux M, dont la conversation avait commencé par une facture, glissée sous notre paravent commun alors que j’étais d’abord réticente à l’idée d’avoir des voisins aussi proches de chez moi.
Voilà où nous en sommes aujourd’hui.
Vraiment rien que pour ça je ne regrette pas d’avoir pris cet appartement maudit.
~ C'est pas mignon tout ça ? :")
Promis beintôt le retour du suspens ^^ merci à vous d'être toujours aussi nombreux à lire BTWS et AYWK, vous êtes géniaux et me motivez chaque jour
Pour illustrer ce chapitre je vous ai mis mon dessin de Michael qui vou aurez surement vu sur mon Instagra (@OhMyKactus)
Merci du fond du coeur !
K.
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