3 ~ The mailman's clumsiness
Visiblement depuis que je connais son nom, j’ai l’impression de voir Calum partout à la fac, même lorsque je vais à la cafétéria avec Rudy, d’ailleurs ce dernier n’avait lui non plus jamais remarqué la présence du basané si bien qu’il l’avait pris pour un nouveau.
« - Et c’est ton voisin ? –Demande-t-il en lançant des regards à la table des littéraires située à l’écart-
-Oui, je me doutais bien qu’il y avait des étudiants de nôtre fac dans ma résidence, mais de là à y trouver quelqu’un de ma classe et même de mon groupe d’Ecriture !
-C’est vrai que c’est un coup de chance. Par contre c’est dommage qu’il reste avec le groupe des érudits.
-Oh tu sais il traine avec qui il veut, je n’ai pas l’intention de m’en faire un ami, ce n’est qu’un voisin. »
Je lance un regard en biais à la table dite des érudits et remarque que Calum a les yeux rivés sur moi et n’essaye même pas de le cacher. Gênée je lui fais un petit sourire avant de sortir de la cafétéria, Rudy sur les talons. Je n’aime pas cette table, elle est composée d’un petit groupe d’étudiants en lettres et histoire qui se proclament supérieurs aux autres du fait de leurs notes irréprochables et de leurs liens de parentés avec quelques célèbres auteurs. Calum est-il comme ça lui aussi ?
*
« - Tu as trouvé un scénario ? –Me demande le basané dont le visage est déjà éclairé par l’écran de son ordinateur alors que je sors mon calepin-
-Plus ou moins et toi ?
-J’ai ma petite idée.
-Tu es bien conscient qu’il faudra rendre ce devoir sur papier ? –Dis-je d’une voix blasée-
-Tu ne vas quand même pas me faire des reproches tous les après-midis si ?
-Et pourquoi pas ? –Il arrête de tapoter sur son clavier et tourne lentement sa tête vers moi-
-Ecoute Heidi, si tu crois encore que la littérature ne se résume qu’aux livres tu te trompes. Ouvre-toi au monde, tu as un siècle de retard.
-Et c’est un membre du groupe des érudits qui dit ça ? –Dis-je d’un ton sec-
-Le groupe des quoi ? »
Je n’ai pas le temps de répéter que notre professeur fait irruption dans la salle, s’excusant de son retard. De tout le cours je n’ai de cesse de réfléchir aux paroles de Calum. C’est la deuxième fois en deux jours qu’il me reproche d’être vieux-jeu. Est-ce normal pour moi de refuser les technologies ? Enfin je ne les refuse pas, comme tout le monde ici j’ai un téléphone et un ordinateur portable, mais quand il s’agit d’écrire, d’aligner des mots, pour rien au monde je ne veux changer du papier. J’aime sentir la plume qui glisse sur la surface brute de la feuille, j’aime dessiner les courbes de chaque lettre, travailler les pleins et les déliés, faire d’un mot une œuvre d’art, quelque chose de concret. Sur l’ordinateur tout est si fade, si impersonnel. Mais encore une fois ce n’est que mon ressenti.
*
Aussi curieux que ça puisse paraitre Calum est sorti le premier ce soir, il a sûrement dû ranger ses cables en avance afin d'éviter la même réflexion qu'hier mais je suis d’autant plus étonnée lorsque je retrouve ce dernier un peu plus loin dans le couloir, une main sur son sac.
« - Je me suis dit que j’allais t’attendre, comme on est voisins, autant faire la route ensemble tu en penses quoi ?
-Je croyais que j'étais vieux-jeu et inintéressante ? -Dis-je avec un petit sourire-
-Je n'ai pas dit ça -Il rit- Mais si tu veux je peux en effet te faire ratrapper ton siècle de retard sur le chemin.
-Bah voyons, je comprends mieux pourquoi tu mangeais à cette table ce midi -Dis-je en avançant-
-Oh allez ne le prend pas comme ça et puis ce n'est que dix petites minutes à me supporter, c'est d'accord ? -Me demande-t-il en réhaussant sa pochette d'ordinateur et en me suivant-
-D’accord, mais hors de question de parler de ton ordinateur ! »
Il laisse échapper un petit rire et nous marchons ensemble jusqu’à la résidence universitaire baignée dans les rayons rougeoyants du crépuscule. En avançant un peu plus je remarque que la baie vitrée de mes voisins est ouverte, comme chaque soir. Que font-ils de leurs journées ? Sont-ils à la faculté ou bien cet Ashton Irwin est assez gâté par son père pour se permettre de rester tranquillement dans son petit confort ?
« - Heidi si tu ne regardes pas où tu marches il va t’arriver des bricoles –Me dit Calum alors que je reviens à la réalité-
-Oh pardon, tu as raison – Je récupère mon courrier au passage, Calum faisant de même puis nous prenons les escaliers, où bientôt seuls nos souffles haletants sous l’effort se font entendre- Calum ?
-Ouais ? –Dit-il alors que nous arrivons enfin à notre étage-
-Est-ce que tu connais mes voisins ?
-Tes voisins ? –Il hausse un sourcil et me dévisage comme s'il s'attendait à une farce- Euh en dehors de moi je ne vois pas de qui tu parles.
-Non pas toi ! -Je souffle d'exaspération- C’est l’extrémité du B2, leur balcon est juxtaposé au mien, sur la droite.
-Non ça ne me dit rien, Daphnée n’en parlait pas non plus, désolé.
-Ce n’est rien. Bon à demain –Dis-je avec un geste amical de la main pour ne pas montrer ma déception-
-Dis Heidi ?
-Quoi ? –Je m’arrête sur le pas de ma porte-
-Tu es sûre que tu ne sais pas cuisiner ?
-Certaine.
-Pas même les cupcakes ? C’est simple pourtant –Dit-il d’une petite voix timide-
-Attends tu étais sérieux avec les cupcakes ? –Il fait un léger oui de la tête- Je ne sais pas les faire non plus –Dis-je avec un sourire en coin-
-Et si je te donne une recette facile ?
-Dans ce cas si elle est si facile pourquoi tu ne la fais pas toi-même ? – Il rougit et ne sait plus quoi dire-
-Allez reprend toi je suis sûre que tu trouveras une gentille camarade de classe qui te fera des cupcakes tous les jours. »
Je ris en voyant sa mine boudeuse et rentre dans mon appartement où je pose mon sac et mon courrier. Je suis une catastrophe en cuisine si bien que j’ai appris à ne presque pas manger le soir, alors ce n’est pas demain la veille que je commencerai à faire de la pâtisserie pour un simple voisin.
Plus tard dans la soirée je grignote un bout de brioche et examine mon courrier éparpillé sur la table. Une lettre de ma banque, une carte postale de mes parents qui sont en voyage aux Seychelles, le programme des événements littéraires de la ville pour le mois à venir, le bon de réception pour la commande d’un livre à la bibliothèque et quelque chose qui semble être une facture. J’hausse un sourcil. Déjà une facture ? Je commence à ouvrir la languette lorsque je me rends compte avec stupeur que la lettre ne m’est pas dédiée.
M. IRWIN Ashton
N°320
B2 – Les Ulys
Rue Stockholm
Ashton Irwin, mon voisin.
Le numéro d’appartement est le même que le mien, sauf qu’ici nous sommes dans le B1. Stupide facteur qui n’est même pas fichu de vérifier les numéros de bâtiment. J’essaie tant bien que mal de scotcher la languette déjà ouverte et me maudis de ne pas avoir regardé le destinataire plus tôt. Comment vont-ils le prendre ?
Après mûres réflexions je prends un bout de papier et un stylo dont je mordille l’extrémité avant de finalement faire glisser ma plume sur la surface plane.
« J’ai récupéré cette enveloppe dans ma boite aux lettres cet après-midi, je m’excuse de l’avoir ouverte mais je n’ai pas remarqué tout de suite qu’il s’agissait d’une erreur. Au passage je me suis permis de recoller la languette, veuillez-croire que je n’ai pas lu le courrier qui se trouve à l’intérieur, j’ai remarqué à temps que ça ne m’était pas destiné.
En vous souhaitant une bonne fin de semaine,
Votre voisine du 320 Bâtiment 1. »
C’est un peu formel mais c’est la moindre des choses. Je referme mon stylo et joins le bout de papier à l’enveloppe. Au-dessus de moi l’horloge indique 20 heures. Ce n’est plus vraiment une heure pour sortir sonner à l’interphone. Je mordille ma lèvre et réfléchis à comment leur donner. Peut-être demain matin irais-je la poster dans leur boite aux lettres ? Mais et si jamais je n’avais pas accès aux boites aux lettres du B2 ? Peut-être la serrure de la porte d’entrée est-elle différente de celle du B1, je serais donc obligée de sonner à l’interphone, à 8 heures du matin pour qu'on daigne m'ouvrir la porte qui donne sur les boîtes aux lettres. Ce cher M. Irwin ne va pas apprécier qu’on le dérange de si bon matin. Sans compter que je ne suis pas très douée à l’oral, faiblesse que je sais, à l’inverse, contrer à l’écrit. Je soupire. Comment faire ? Je vais et viens dans mon petit salon lorsque mon regard se pose sur mon balcon éclairé par un réverbère, à droite je devine la forme sombre du paravent, ce dernier ayant une légère ouverture à sa base.
Suffisamment grande pour laisser passer une enveloppe.
La voilà mon idée.
J’ouvre ma baie vitrée et m’approche du paravent en bois devant lequel je m’accroupis afin de faire glisser l’enveloppe et le papier du côté B2 du balcon. Je continue de faire avancer l’enveloppe sur le sol rugueux jusqu’à ce que je bute contre quelque chose. En me penchant un peu plus je remarque les pieds d’une chaise et bloque l’enveloppe en dessous. Au moins je suis sûre qu’elle ne bougera pas pendant la nuit.
J’espère au moins qu'un de mes deux voisins aura la curiosité de regarder à ce niveau-là demain matin. Sinon tant pis, je n'aurais pas d'autre choix que d'aller sonner chez eux.
~ Bonsoir :) je poste assez en coup de vent ce soir car je suis très en retard dans mon boulot :( il est d'ailleurs propable que je ne puisse pas poster demain auquel cas je posterais jeudi soir, je verrais pour faire une double update, merci de votre compréhension en tout cas :/
Bon sinon ça y est Heidi a tenté une approche avec ses voisins, avez-vous une idée de comment la suite va se passer ? ;)
Merci aux lecteurs et désolée si les bons chapitres mettent du temps à arriver :/
K.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top