23 ~ Destroyed
Les options vont bientôt commencer mais je réussi à trouver le temps d'aller voir Rudy, entouré par des élèves de notre classe dont l'envie est de devenir journaliste. Je l'attire à l'écart ce qui lui fait hausser un sourcil.
« - Je voulais te parler en privé -Dis-je-
-Qu'est-ce qu'il se passe ? C'est au sujet de ce garçon ?
-Pas vraiment -Je jette un rapide coup d'œil par-dessus mon épaule- toi qui est en journalisme, est-ce que tu as déjà entendu parler du journal de la fac ?
-Oh ! -Il me dévisage avec surprise- je ne pensais pas que tu connaissais, j'en ai entendu parler oui, mais on ne m'a jamais laissé le lire -Il semble réfléchir- Ce qui est bizarre c'est qu'ils appellent ça le magazine de la fac mais je crois bien que seule une petite partie des élèves le reçoivent.
-Tu sais qui bosse dessus ? -Je demande à voix basse- dans ton groupe je veux dire.
-Mh sûrement deux ou trois personnes en plus des érudits. Mais pourquoi est-ce que tu t'y intéresses ?
-Apparemment il y aurait un article sur moi.
-Vraiment ?! -Il ouvre de grand yeux et toussote sous la pression du choc- Tu sais ce qu'ils disent sur toi ?
-Non et j'aurais aimé savoir -Je soupire-
-C'est très compliqué pour le recevoir, je crois que les érudits ne l'envoient qu'aux gens mal intentionnés. -Il s'approche de mon oreille- Tu devrais demander à Calum Hood, je suis sûr qu'en tant que membre des Erudits il doit en savoir beaucoup plus. »
Mon cœur vrille à nouveau. Est-il lui aussi à l'origine de ce magazine ? J'avais cru comprendre que Calum était lié aux Erudits mais de là à écrire des articles néfastes sur ses camarades, je n'arrive pas à y croire. Se pourrait-il que l'article me concernant ait été rédigé par lui ?
Je ne peux pas croire que Calum me mente, il semblait tellement sincère lorsque nous étions que tous les deux, à quoi ça lui servirait de me mentir comme ça ? Je le regarde qui tape le cours sur son ordinateur et fais comme si de rien n'était lorsque ses yeux se posent sur les miens.
« - Je t'ai vu à midi -Murmure-t-il-
-Quoi ?
-Avec Luke Hemmings, je t'ai vu partir avec lui. Je croyais qu'il était responsable de ta mauvaise humeur ces derniers temps.
-En effet il l'est, mais il est juste venu s'excuser.
-Pour ça vous n'étiez pas obligés de partir ensemble.
-Bon Calum si ça te pose un quelconque problème dis-le moi -Dis-je avec agacement, posant mon crayon-
-Oui ça me pose problème ! Luke est le binôme d'Ashton, il est tout aussi con. Je pensais que tu avais compris la leçon Heidi.
-Je l'ai comprise merci !
-De quoi vous avez parlé ? Tu es quand même revenue une heure plus tard !
-Calum je ne pense pas que je sois obligée de te raconter toute ma vie. Et puis, je pense que tes petits camarades Erudits sont déja au courant d'où j'étais et de quoi j'ai parlé avec Luke.
-Comment ça ? -Dit-il en haussant un sourcil- j'ai passé toute ma pause déjeuné avec eux, ils n'ont pas bougé si c'est ce que tu entends par là.
-Disons que Luke m'a appris certaines choses.
-Tu lui fais confiance ?!
-Je n'en sais rien ! Je ne sais plus qui croire ! -Dis-je avec hargne essayant de murmurer malgré la colère-
-Tu peux avoir confiance en moi !
-Non, pas tant que tu seras ami avec ces connards ! Comment peux-tu les aimer alors qu'ils se sont amusés à persécuter Daphnée ? Toi qui a l'air de l'avoir beaucoup appréciée cette fille, comment peux-tu cautionner leurs actes ?
-Heidi je ne sais pas de quoi tu parles mais on ne va quand même pas recommencer à se chamailler pour des broutilles, j'ai été honnête avec toi, je t'ai raconté mon passé, je me suis ouvert à toi. Comment peux-tu refuser de me faire confiance ? Que dois-je faire de plus pour te prouver que tu peux réellement compter sur moi ?
-Laisser tomber les Erudits.
-On dirait Ashton -Me dit-il d'un ton amer- vraiment je ne pensais pas qu'il avait autant d'emprise sur toi. D'ici peu, comme pour Amarande, il te fera de beaux discours et il t'arrachera ce qui fait ta force. Il va te détruire. Mais bon si tu préfères te ranger de son côté je...
-Je ne parle plus à Ashton !
-Parler avec Luke revient à parler avec Asthon.
-Ils sont différents Calum !
-Tu ne les connais pas. »
Je laisse échapper un soupir de frustration. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. D'un côté Calum me dit de me méfier de Luke et Ashton et de l'autre, ces derniers me demandent de me méfier de Calum. Qui croire ? Il y a quelques jours je me serais sûrement tournée vers mon paravent pour discuter de tout ça avec Michael, mais actuellement, je ne peux plus me fier à aucun de mes voisins.
*
Je me dépêche de rentrer chez moi, laissant Calum attendre Amarande. Cette dernière m'a vue sortir de la fac de musique, elle va sûrement le dire à son frère et ce dernier va devenir fou de rage, alors je préfère prendre de l'avance. A mesure que les semaines passent, les jours se raccourcissent, il fait sombre lorsque j'arrive au bas de mon bâtiment, par réflexe je lève la tête vers le haut et aperçois une silhouette dépasser du balcon de mes voisins. Sûrement Ashton. Je soupire et monte dans mon appartement. J'aimerais pouvoir lui parler mais pas après le message que je leur ai glissé sous le paravent avant-hier.
Quelques minutes après je sais que Calum est au courant car ce dernier tambourine à ma porte, me demandant de lui ouvrir, ce que je refuse catégoriquement. 'Ca va se retourner contre toi !' Parle-t-il du magazine ? Fait-il allusion au fait qu'en trainant publiquement avec Ashton et Luke je deviens une proie encore plus attaquable pour les Erudits ? Je m'en moque, mais il faudrait que je puisse mettre la main sur un de ces magazines.
Le soir je ne trouve pas le sommeil, je me pose trop de questions ces derniers temps si bien que j'ai perdu toute notion du repos. Comme je regrette de ne plus parler avec Michael, au moins ses lettres me faisaient sourire, même si elles étaient fausses, au moins j'avais l'impression d'avoir quelqu'un pour m'apaiser. Mais maintenant je n'ai plus rien et je peine à m'accrocher à quelqu'un, je doûte des gens autour de moi. Pourquoi en suis-je arrivée là ? Mes trois précédentes années en littérature ont été banales, presque trop plates mais cette quatrième année semble être bouleversée. Tout ça parce que j'avais déménagé. Est-ce que tout s'arrêterait si je déménageais à nouveau ? Si une fois pour toute je ne voyais plus Calum dont je ne savais plus quoi penser, si je ne parlais plus à Ashton, ni Luke. On arrêterait de spéculer sur mon potentiel départ pour la fac de musique. Et j'oublierai une bonne fois pour toute Michael, seules ses lettres dans ma petite boite seront l'unique souvenir de cet échange fantôme. Peut-être est-ce la meilleure chose à faire.
*
Un cri, du verre qui se brise, un coup porté dans un mur. Tout ceci aurait pu faire partie de mon rêve sauf que je ne dors toujours pas. Un de mes voisins est en train de faire une crise et les bruits qui proviennent de derrière les murs me glacent le sang. Je discerne des sanglots et décide finalement de me lever. En approchant du salon j'entends les bruits se faire plus nets, ce qui me certifie que ce grabuge provient de chez Michael et Ashton. Que se passe-t-il ? Est-ce Michael qui devient violent ? Je ne crois pas à la thèse de Luke, comme quoi il n'était qu'un fou manipulateur, c'est impossible. Mais force est de constater qu'il n'est pas comme les autres, c'est d'ailleurs ce qui m'avait séduit chez lui au début. Mais maintenant...
La baie vitrée voisine s'ouvre à la volée et je me fige sur place lorsque j'entends clairement qu'on porte des coups contre le bois massif du paravent. Ce ne sont pas des petits coups comme lorsqu'on frappe poliment à une porte, non ces coups démontrent du désespoir et de la rage du protagoniste. Il y met la force qui semble lui rester.
« - Heidi ! HEIDI ! Pardon ! Je suis rien qu'une merde... HEIDI ! »
Je porte une main à mon visage blême, crispant mes doigts contre ma bouche ouverte de laquelle aucun son n'arrive à s'échapper tant ma gorge est serrée. La scène est surréaliste et si je n'étais pas insomniaque, jamais je n'aurais entendu Michael, sûrement ivre, m'appeler.
Car oui je suis sûre qu'il s'agit de Michael.
Mes mains tremblent et rapidement ma vue se brouille par les larmes. J'ai envie de sortir sur mon balcon et de le rassurer, de tapoter sur le paravent comme nous avions fait une fois mais je ne veux pas l'entendre répercuter son poids sur le morceau de bois sombre. Je ne veux pas qu'il se torture. Alors je ne bouge pas, je reste droite au beau milieu de mon salon à trembler, impuissante.
C'est de ma faute, il a sûrement dû lire mon dernier papier, s'il savait ce que j'avais fait des siens. Tous jetés, même la longue lettre. C'était comme si il n'y avait rien eût depuis cette soirée d'inté où nous étions supposés nous rencontrer.
« Heidi je t'en prie ! »
Un coup plus brutal est porté contre le paravent, un bruit d'objet lourd qui percute un objet immobile, me faisant reculer et prise de panique je cours m'enfouir dans mes couvertures, essayant de boucher mes oreilles pour ne plus entendre les lamentations de mon voisin qui sont ancrées dans ma tête. J'ai peur. Peur du fait que je n'arrive pas à me détacher de lui malgré la déception et le mal qu'il a pu me faire. J'ai peur de ce que je ressens pour ce garçon qui s'est pourtant moqué de moi. Je m'enfouis un peu plus profondément dans mes couvertures ; bientôt privée d'air et ne respirant que mon propre oxygène que je peine à expulser. J'étouffe, mais je ne saurais dire si ce sentiment provient du fait que je ne puisse plus respirer sous ma couette ou bien si ça provient de la situation dans laquelle je me trouve actuellement.
Rapidement je sens que je manque d'air, ma tête tourne violemment et je me débat contre mes couvertures lorsque j'arrive à m'en extirper, inspirant un grand bol d'air dans mes poumons confinés tout en laissant exploser mes larmes. Je deviens folle, comme Michael.
*
Une heure. C'est le peu de temps que j'ai passé à réellement dormir cette nuit, si bien qu'en me levant je m'écroule contre mon lit.. Mon corps ne suit plus le rythme et je reste dans cette position quelques secondes, étant trop faible pour bouger. Seule ma tête est en mouvement, trop de choses y fusent et ne prennent jamais de repos si bien que j'ai l'impression d'être sur un manège alors que je suis pourtant clouée sur mon lit comme une poupée de chiffon qu'on aurait recouverte d'eau, trop faible pour me lever et m'en aller de ce manège. Le temps passe et mon corps est toujours ankylosé, je suis obligée de me tenir aux objets pour ne pas m'effondrer et bientôt ma tête tourne si violemment que je ne peux m'empêcher de rendre mon dernier repas qui datait d'hier midi. Je doirs me reposer. Mais je n'arrive plus à fermes l'œil. Je me sens observée, je me sens vide.
Je me sens mal tout simplement.
Et comment aller de l'avant si l'on ne se sent pas la motivation de le faire ?
Je finis par céder à mon corps et m'effondre sur le canapé, un gant d'eau froide sur le visage et une bassine à mes pieds au cas où. Le soleil commence à se lever au dehors et j'imagine les balcons baignés de soleil. Ce balcon où se trouvait Michael hier soir. J'aurais peut-être dû lui répondre finalement. Le dernier coup qu'il avait porté, c'est comme s'il s'était jeté contre le paravent dans le but de le faire tomber. Mais rien ne peut briser un bois aussi massif si bien que je devine la douleur qu'il avait dû ressentir.
Et je m'en veux encore plus.
*
Calum n'est pas passé me voir, après tout lui et moi faisons le yoyo ces derniers temps, un jour nous sommes amis et le lendemain je me méfie de lui comme de la peste. Finalement c'est peut-être moi le problème, c'est moi qui suis instable et qui change d'avis comme de chemise. Calum n'a pas changé sa façon de faire avec moi, c'est juste mon regard sur lui que ne cesse de changer.
En début d'après-midi, après avoir fait une sieste sans rêves je réussi à me lever et me traine lentement sur mon balcon, enroulée dans une couverture telle une sorte de chenille comateuse, les cheveux sales en bataille et les yeux cernés de poches violacées. Fort heureusement il n'y a personne dans la résidence à cette heure et lorsque je sors dehors je suis d'abord pris d'un hoquet en voyant deux petits papiers au sol.
D'une main tremblante je les porte à mes yeux gonflés de fatigue et malgré tout je reconnais l'écriture de Michael, qui pour moi à l'effet d'un coup de poignard. Je pensais qu'on en avait fini avec cette correspondance.
« Heidi,
Tu ne peux tout arrêter comme s'il ne s'était rien passé entre nous. Tu ne peux pas me laisser seul de nouveau. J'avais l'impression d'exister, l'impression de te faire sourire, de t'être utile. Sans ce sentiment j'ai l'horrible sensation qu'à tout moment je pourrais disparaitre sans que ça ne change le court des choses. Tu me donnais envie de me lever chaque matin. Je t'en prie, ne m'abandonne pas, laisse-moi t'expliquer.
Je continuerai à signer Michael car pour moi nous entretenons plus qu'une banale relation de voisins. »
*
« Je voulais juste retrouver ma place, ne plus être jugé et pouvoir croire de nouveau en moi.
Je ne voulais pas te faire du mal mais je sais que j'ai tout fait de travers.
Je sais ce que je mérite.
Merci pour ce que tu as su m'apporter mais que je n'ai pas su te rendre.
M. »
*
Une larme silencieuse dévale ma joue et je me laisse tomber doucement au sol, la couverture amortissant ma chute mécanisée. Il ne peut pas être fou, c'est moi qui suit folle d'avoir voulu tout arrêter, moi qui suis folle de ne pas avoir attendu son explication. Encore une fois je m'en veux.
Je plie les bouts de papier et les garde contre moi, pleurant silencieusement jusqu'à ce que je n'en ai plus la force et que mes sanglots s'échappent de mon corps épuisé. Au point que je n'entends pas la baie vitrée voisine coulisser. Je hoquète et essaye de respirer normalement, je dois lui répondre, même si j'ai promis le contraire je me rend compte que je ne peux pas mettre une croix sur cette correspondance car moi aussi elle m'avait faite retrouver ma place, c'est vrai que depuis la révélation d'Amarande j'ai perdu tous mes repères, toute ma confiance en moi et j'ai laissé ma santé se détériorer comme si elle n'avait pas d'importance. En jetant ces papiers j'ai jeté une partie du moi que j'avais bâti au fil des jours. Je sèche mes larmes et ne peut m'empêcher de renifler, me laissant glisser contre la paroi froide du paravent.
« - Heidi ? -Je sursaute mais en me redresse pas pour autant-
-A...Ashton ?
-Heidi qu'est -ce qu'il se passe ? -Je sens dans sa voix qu'il essaye d'aller au-delà de notre querelle-
-Rien -Dis-je d'une petite voix avant de voir sa tête passer à l'extrémité du balcon, ce qui me fait me cacher dans ma couverture-
-Tu n'es pas en cours ? Tu es malade ? -Dit-il avec anxiété- Heidi répond-moi !
-Ca va je te dis -Dis-je dans ma couette, me privant à nouveau d'oxygène-
-Sors ta tête de là tu vas t'asphyxier !
-C'est le but ! »
Je ne veux pas qu'il voit mon visage, mon état. Je suis hideuse et j'en ai honte. J'ai mis ma vie en pause depuis ces quelques jours, laissant les doutes dompter ma raison. Rapidement l'air me manque et je suffoque, retirant la couette de sur mon visage marqué par la fatigue et les multiples crises de larmes.
« - Woh tu n'as pas l'air en forme -Je ne réponds pas et me contente de lever mon majeur dans sa direction-
-Je t'ai dit que je ne voulais plus te parler.
-Je sais, mais je m'inquiète, c'est tout. -Il soupire- Mais bon, je m'en vais vu qu'apparement je te gêne. -Il se retire et commence à rentrer-
-Ashton attend !
-Quoi ? -Dit-il à présent contre le paravent-
-Où.... Est-ce que Michael est là ?
-Non -Dit-il froidement et cette réponse semble résonner violemment dans ma tête-
-Ah. Il est reparti en cours ?
-Non.
-Il est...
-Parti.
-Qu... Quoi ? -Dis-je abasourdie-
-Michael est parti. »
~ Hello, chapitre ridicule ayez pitié T-T Je me suis presque endormie sur mon clavier (oui je sais je cherche aussi...), je pense que demain quand je vais le relire je me rendrais compte de la nulité du chapitre et attendez vous à ce que je le réécrive ^^' vraiment navrée...
Kactus
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