2 ~ Calum is a Cupcake

        Le retour à la Fac est moins dur que ce que j’avais imaginé, d’autant plus que je suis en avance en littérature, ayant terminé mon roman de Balzac hier soir. Rudy n’en a plus pour longtemps lui aussi, mais je le vois qui souffle lorsqu’on nous annonce une composition évaluée d’ici la fin de la semaine sur le dit livre.

« - J’aurais dû faire audiovisuel comme ma sœur –Se lamente Rudy en trainant son sac derrière lui-

- Je croyais que tu voulais être journaliste ? –Je demande non sans sourire en coin-

- Ouais, mais si j’avais su le travail que ça représentait – Il soupire et nous prenons place à la cafétéria où nous attend déjà Elonwy, un petit sourire aux lèvres- Non je sais ce que tu vas dire Elonwy, tais-toi !

- J’ai fini ma journée –Dit-elle tout sourire en jouant avec sa longue natte noire-

- Touriste ! –Dit-il d’un air bougon alors que je prends place face à eux-

- Je n’y peux rien si tu as choisi une des filières les plus compliquées ! »

        J’entame un sandwich et les regarde qui se disputent. Ils ont beau avoir 23 ans ils se comportent comme des gamins. Je lève les yeux au ciel  puis, lorsque la contemplation de mes amis ne me suffit plus, j’observe les élèves présents dans l’immense pièce. L’avantage de cette cafétéria c’est qu’elle est commune à plusieurs facultés, dont celle d’histoire, d’audiovisuel et le plus important, celle de musique. A mes yeux cette faculté est la meilleure tout simplement parce que les élèves y sont variés et tolérants. En étude de lettres les étudiants ont la fâcheuse tendance à être impeccablement peignés et habillés, de même pour la fac d’histoire si bien que je me suis sentie mal à l’aise lors de mon premier jour ici. A l’époque j’avais les cheveux roses pâles et lorsque j’avais franchi la porte de l’amphi, tous les étudiants s’étaient tournés vers moi et me fixaient comme si j’étais un phénomène inexpliqué de la nature qu’il fallait étudier. Certains m’avaient même demandé si je ne m’étais pas trompée d’endroit ‘La fac de musique c’est de l’autre côté de la route’ m’avait dit une fille en regardant mes cheveux avec dégout. C’est sûr que comparé à ses longues ondulations blondes naturelles, je paraissais décalée. Mais je ne m’étais pas trompé de fac, ma couleur de cheveux ne voulait rien dire. Sauf que voilà, les littéraires de cette fac ont beau être l’élite en matière de savoir et de dialogue, ils n’en restent pas moins fermés d’esprit.

        Je regarde en coin une table non loin de la mienne où s’installe un petit groupe d’élèves, tous ont un style différent et cependant ils sont ensemble, à la même table, réuni autour de leur passion commune pour l’art de la musique quelle qu’elle soit. Au moins dans cette section il semble régner cette atmosphère de liberté, d’épanouissement que l’on ne retrouve pas dans les matières littéraires jugées trop sérieuses pour se permettre des frivolités.

        C’est vrai qu’en dehors de Rudy, je ne traine pas avec mes camarades de classe, ils sont tous trop occupés à plonger leurs nez dans les livres de la bibliothèque. Je crois même que pour certains ça en devient maladif.

« - Heidi ? –Je cligne des yeux et cesse de rêvasser, posant mon regard sur celui amusé d’Elonwy-

- Oh vous avez fini de vous disputer –Je ris doucement-

- Tu matais les musiciens ? –Me dit-elle avec un sourire en coin-

- Pas du tout –Dis-je en me redressant sur ma chaise-

- Tu mens très mal ! »

        Elle rigole doucement avant de se lever pour prendre le chemin de son appartement sous le regard dépité de son jumeau. ‘Vraiment quelle touriste celle-là !’. Je ne réponds pas, tout simplement parce que je ne veux pas prendre part à leurs disputes quotidiennes et vais regarder mon emploi du temps. Les après-midi sont réservés aux options cette année, en vue de se spécialiser. Jusque-là nous avions des matières générales sous forme de tronc commun en amphi où tout le monde étudiait les mêmes cours. Mais heureusement les choses commencent à changer. Cette année Rudy a donc choisi l’option Critique, Journalisme et pour ma part j’ai choisi l’option Ecriture d’invention.

« - Bon au moins les après-midi devraient-être intéressants –Dis-je à l’attention de mon meilleur ami qui hoche la tête-

- Oui, j’ai enfin l’impression de comprendre pourquoi je suis ici ! 

- Tu exagères, la culture générale est très importante en journalisme.

- Certes, mais de là à lire toutes les œuvres de Balzac, Hugo et j’en passe –Il grogne- c’est pas pour ça que je suis venu ici.

- Ca te servira un jour crois-moi. »

        Il fait oui de la tête et nous échangeons une étreinte comme à notre habitude avant de prendre des chemins différents. C’est vrai que ces options permettent de nous recentrer sur ce que nous aimons, sans compter que les examens finaux, qui porteront dessus, seront importants.

 A mon grand soulagement nous ne sommes qu’une dizaine devant la porte frappée d’un E, pour Ecriture, en capitale dorée, si bien que je peux observer chaque élève et les découvrir comme s’ils étaient nouveaux. Sauf qu’ils ne le sont pas et c’est ce qui est désolant. En trois ans je n’ai retenu aucun visage, tous me semblent étranger alors que pourtant nous avons passé du temps ensemble dans le même amphi bondé. C’est le point négatif de la fac, il y a tellement de monde que l’on passe inaperçu.

*

        L’option écriture consiste à pratiquer l’exercice d’écriture personnelle, autrement dit à inventer des histoires ou des petits scénettes. Cela met en marche notre processus créatif et c’est ce que j’aime dans la littérature, utiliser les mots pour créer quelque chose, quelque chose d’immatériel mais de fort. Alors que je sors mon cahier pour noter le cours théorique, je vois que mon voisin sort son ordinateur et commence à noter le cours, faisant résonner un cliquetis oppressant dans mes oreilles. Je ne peux m’empêcher de le regarder d’un air blasé. Nous sommes en section littéraire et plus précisément en option écriture, autrement dit nous manions beaucoup les livres, le papier, les stylos. Pas le numérique. Alors que fait-il ici avec un tel objet ?

« - Quoi ? –Me dit ce dernier alors que je n’ai pas détaché mon regard de son ordinateur- Tu n’as jamais vu d’ordinateur de ta vie ?

- Bien-sûr que si –Dis-je les joues rouges avant de poster mes iris bruns sur les siens- Seulement, t’as pas l’impression que t’es en décalage ?

- Tu peux parler toi –Dit ce dernier avec un sourire en coin, fixant ma crinière décolorée à blanc qui tombe en cascade dans mon dos- Ce n’est pas parce que je n’utilise pas les techniques de note moyenâgeuses que je dois remettre en question ma place dans cette filière. »

        Il n’a pas tort, si bien que je ne trouve rien à répliquer et lui tourne le dos lorsqu’il arque un sourire malicieux, faisant se dresser ses joues brunes. Venait-il de se moquer de moi parce que j’affectionnais ce qu’il appelle des méthodes moyenâgeuses ? J’ai beau critiquer l’état d’esprit fermé des littéraires, je pense que je ne suis pas mieux non plus.

*

        Lorsque la cloche sonne, notre professeur nous donne un exercice à faire pour la semaine prochaine, sur lequel nous travaillerons chaque après-midi d’ici là. Le but est de mettre en place un scénario de notre choix, avec pour seule contrainte la présence de deux personnages. Je finis de noter les devoirs sur mon calepin et le fourre dans mon sac avant de me lever. En passant derrière mon voisin de table je remarque que celui-ci n’en est qu’à ranger son câble dans sa pochette d’ordinateur, ce qui me fait sourire.

« - Moyenâgeux mais plus rapide. »

        Il grogne des paroles inaudibles et je sors de la salle, passant par mon casier pour récupérer quelques affaires avant de prendre le chemin de la résidence étudiante. Rudy fini plus tard aujourd’hui alors je fais la route seule, écoutant un peu de musique pour m’évader. Je dois vraiment sembler décalée dans cette section, en dehors de Rudy et moi, personne en lettres n’écoute beaucoup de musique, hormis le classique bien-sûr qui est réputé pour aider le cerveau à mieux travailler. Je lève les yeux au ciel et enclenche un morceau de Metallica alors que j’arrive bientôt devant le B1. Je me demande si c’est le cas dans toutes les sections littéraires, pourtant au lycée c’est la filière rêvée pour tous les amoureux d’art, de liberté, d’extravagance. Mais aujourd’hui cette volonté de se démarquer est à la limite de la faute grave.

        Les portes de l’ascenseur s’ouvrent pour laisser sortir une jeune fille et j’en profite pour m’y engouffrer, choisissant la facilité plutôt que de prendre les escaliers. Visiblement je ne suis pas la seule car je suis vite rejoins par quelqu’un qui entre de justesse dans l’appareil. Je retire un écouteur et lève poliment la tête pour saluer la personne.

Sauf que je me crispe à la vue de son visage mat.

C’est mon voisin de table.

« - Eh bien, je pensais qu’étant partie plus vite tu serais arrivée plus vite –Dit-il en rigolant- mais je t’ai presque rattrapée sur le chemin. Comme quoi, c’est pas si rapide.

- Je ne t’ai même pas remarqué –Dis-je en triturant mes doigts-

- Normal tu avais tes écouteurs –Il glousse derrière sa main et bientôt l’ascenseur s’ouvre sur le troisième étage, je le salue et vais pour sortir mais j’ouvre de grands yeux en voyant que ce dernier sort également- Bah dis donc je ne m’attendais pas à ça, voisine de classe… –Dit-il la mine surprise-

- Et de palier –Dis-je alors qu’il s’arrête devant la porte juste avant la mienne qui est la dernière du couloir-

- Je ne t’avais encore jamais vue ici –Dit-il avec un regard étonné-

- C’est parce que je viens d’emménager.

- Oh mais oui c’est vrai que Daphnée est partie ! –J’hausse un sourcil- c’était la fille qui habitait là avant toi.

- Tu la connaissais bien ? –Je demande en poussant la clé dans ma serrure-

- Bof pas tellement, elle était en fac de musique alors on n’avait pas vraiment de points communs. Elle faisait de bons cupcakes par contre.

- Pardon ? –Je suis décontenancée par cette dernière phrase et le regarde qui glousse doucement-

- Oui j’ai un faible pour les cupcakes, du coup je la laissais jouer de la musique le soir  en échange de cupcake frais le lendemain –Il sourit grandement et je vois ses joues qui rosissent légèrement-

- Oh je vois, je suis navrée mais je suis nulle en cuisine –Dis-je comme si je me sentais obligée de lui proposer mes services après cette révélation-

- Ce n’est pas grave, on trouvera bien quelque chose.

- De toute façon je ne joue pas de musique alors pas besoin de marchander –Je lui fait un clin d’œil et vais pour rentrer chez moi lorsqu’il racle sa gorge-

- Au fait, je m’appelle Calum Hood.

- Heidi Fauste

- Je le savais déjà –Dit-il en m’adressant un clin d’œil-

- Ah bon ?

- Une fille aux cheveux blancs, même dans un amphi bondé, ça se remarque»

        J’aimerais lui dire que quelque chose chez lui le faisait aussi se démarquer, mais ce serait lui mentir, à l’évidence je n’avais jamais fait attention au nom Calum Hood en trois ans. Et je pense que ce dernier l’a compris ‘Ne t’inquiète pas c’est normal, je suis très discret. A demain !’ me dit-il avant de rentrer chez lui et de refermer sa porte.

A mes yeux la seule chose qui différencie Calum des autres littéraires, c’est son fichu ordinateur portable.

 Pas très flatteur.

~ Bonsoir :)

Désolée je poste tard je viens de rentrer du sport :') Eh bien ça y est, pour commencer voilà le petit Calou ^^ j'espère que malgré tut voud avez bien aimé ce petit chapitre :)

Merci aux lecteurs !

K.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top