[ST] Les Yeux d'Eclipse : Prologue
La liste de mes malheurs
Franchement, la journée n'aurait pas pu être pire. Qu'est-ce que j'ai fait ? Est-ce que je suis passée sous une échelle, ai-je vu un chat noir ? Je ne crois pas. Bon, j'espère qu'un jour le Dieu qui nous regarde là-haut m'expliquera tout... Pour l'instant je pleure et rit en même temps dans ma chambre. C'est du joli, je vous fais pas un tableau. Une montagne de mouchoirs d'un côté, une chose reniflant et marmonnant des choses incompréhensibles de l'autre. Donc j'écris, pour chasser tous les vilaines choses qui me sont arrivées aujourd'hui. Allez, courage Katel, demain, tout ce passera bien.
... Oui je m'écris à moi-même, et alors ? Ça me fait sourire, et si vous trouvez ça bizarre, allez feuilleter un autre journal intime. Genre ceux d'une princesse qui a tous les mecs à ses pieds, et qui sait pas qui choisir. Celui de Linnea par exemple.
Linnea, c'est une de mes amies, je t'explique, cher cahier de maths qui me sert à déverser mes pensées. Je l'aimais bien. Elle était un peu bête mais marrante et gentille. Oui, elle était blonde et alors ? On s'était rencontrées quand je faisais de l'équitation, à un stage d'été. On a commencé à discuter, et on s'est rendues compte qu'elle venait dans mon collège à la rentrée. On est devenues super potes, elle et moi. Qu'est-ce qu'on peut être naïve à douze ans.
Depuis, on est toujours restées dans le même groupe d'amies. Ce même groupe qui m'a poussé à aller parler à Max, en première, il y a un an. Max était un mec mignon, un peu timide, pas méga-populaire. Le mec parfait pour moi. Et il a accepté de me parler. On est devenus amis et... Il avait fini par me demander de sortir avec lui. J'ai dit oui, bien sûr. On était devenus les deux doigts de la main, inséparables, on faisait partis des gens qui riaient toujours pour un rien, qui avaient toujours un sujet de discussion un peu bizarre, genre les théories farfelues sur les professeurs. Il me faisait littéralement craquer, ce mec.
Tu te demandes pourquoi je te parle de ces deux personnes alors que je devais parler de mes malheurs et pas de mon heureux passé ? Justement. Ces deux personnes font partis de mon passé. Mais laisse-moi développer.
J'avais fini ma journée pleines de malchance et je me dirigeais vers le parking pour attendre ma mère, en voiture. J'avais le droit à une leçon de conduite avec elle aujourd'hui. Quelle joie, avec la poisse que j'avais, j'imaginais facilement que j'allais foncer dans quelqu'un. Au bout de cinq minutes d'attente, je reçois un sms de ma mère, me disant que je devais prendre le bus car elle avait une réunion et ne rentrerait pas avant vingt heures. Il est vingt et une heure, elle n'est pas rentrée.
Et je me retrouve bête, sur le parking. Mon bus était passé depuis deux minutes. Le prochain était trois quart d'heures plus tard. Quelle joie d'habiter loin du centre-ville. Donc, je me dirige vers les magasins qui entoure l'école. Je rentre dans une épicerie que les lycéens raffolent pour son alcool pas cher. Et qui je vois dehors en train de se rouler des pelles, dans la ruelle en face de la boutique ? Max et Linnea. Les sales gosses.
Je fis donc mes petites courses. J'achetai des œufs et de la farine. Pour faire un gâteau pas comme les autres.
Je me dirigeais vers le nouveau couple, qui s'embrassaient langoureusement. J'ai vu la main de mon copain se glisser sur le pantalon de l'autre pimbêche. Ils ont fait exprès...?
Puis je vise, armée de mes œufs.
Quand je suis partie, je les fusillais de doigts d'honneur et d'un regard rageur. Ils l'ont mérité.
Quoi, vous attendez mes autres malheurs ? Bon, cette fois, on commence par le début, et pas par la fin, de cette odieuse journée.
7:55
Tout d'abord, je me suis réveillée en retard. Le réveil a sonné, mais pas assez fort apparemment. Après un réveil en force, grâce au chaton, qui a eu la merveilleuse de venir dans ma chambre et de pisser sur mon lit, j'ai pris un petit déjeuner express, avant d'attraper de justesse le bus. Je suis arrivée à l'école à l'heure, c'est bien ma seule once de chance du jour.
8:30
Premier cours de la journée, italien. On reçoit nos notes de bac blanc... Et j'ai 5. Sur 20. Je hais les langues étrangères. Et pour nous décourager encore plus, la prof nous annonce que désormais, elle nous ferra des contrôles surprises. Je me suis retenu de hurler, de déchirer mon cahier, de tout foutre en l'air et de mettre la salle de classe en feu.
12:00
Le reste de la matinée c'est plutôt bien passé. Des cours normaux, sans trop de grabuges, et une préparation d'exposé assez marrante. C'est sûr quand votre voisin cherche des parodies de chansons connues à côté, et qu'il chante en karaoké... On ne peut s'empêcher de sourire. Par contre le repas... Mes amies et mon petit copain n'étaient pas au self. J'étais seule à ma table, n'osant pas m'incruster chez les autres. J'ai donc eu une grande discussion avec la bouillie de poisson qui trainer dans mon assiette, et que je n'osais toucher, par peur devenir une mutante à trois yeux. Je vous jure, la couleur du poisson était tellement étrange qu'on aurait dit qu'il émettait des radiations mortelles. Miam. Vive la gastronomie française.
14:30
Mes amies m'évitent toujours, ne viennent pas me parler. Qu'est-ce que j'ai fait encore ? Le pire, c'est que j'ai été interrogée en physique, devant tout le monde et que personne ne m'a soufflé la réponse. Les vermisseaux. Moi, je les aide tout le temps ...! Je me suis débrouillée, mais j'aurai pas plus de 14. Je me vengerai d'eux.
16:30
Vous connaissez la suite de l'histoire.
Max et Linnea... Je suis trahie. Je leur faisait confiance... Pourquoi ça tombe sur moi et pas Mika ou une autre de mes amies ? Quoique je ne leur souhaite pas cela. Ou peut-être si. Vu qu'elles se sont cachées toute la journée et ont évité de m'approcher. J'ai pas la peste, si ? Et je sentais pas tant que ça la pisse de chat. Pas trop.
Bon, je ferme ce cahier de maths. Je baille de plus en plus, je vais me coucher. J'effacerai tout demain. En tous cas, ça m'a bien défoulé !
*~*~*
Tiens... Je sens une drôle d'odeur. Laissez moi dormir... J'ai eu une journée de merde... Et j'ai pas envie de me morfondre encore une fois... Dodo...
C'était quoi ce drôle de bruit ? Oh-oh. J'aurais pas dû ouvrir les yeux. La maison est en flamme. Ma chambre brûle. Tout est rouge et noir. Je-je... Et merdeuh. Qu'est-ce que je fais, putain, putain !? La fenêtre ! Vite ! Grouillez vous, c'est pas le moment d'être engourdies, putain de jambes. Non, la poignée est brûlante ! Non non non non... ! Et... La charpente est en feu ! C'est pas possible ! C'est un cauchemar. Pincez-moi putain !
Mais non, ma main et bel et bien brûlée, j'arrive à peine à respirer, mes yeux me piquent.
Putain.
La poutre qui vient de tomber me bloque le chemin vers la fenêtre. Je l'ai évité de justesse. La porte de ma chambre est en feu. Tout brûle. Je vais mourir. Je vais vraiment mourir. La mort. Non. Je veux pas mourir. Non... S'il vous plaît, Dieu... Les anges... Pourquoi vous vous acharnez sur moi ?! Arrêtez ! J'ai rien fait de mal ! J'ai pas assez souffert, aujourd'hui ?!
J'ai tenté un appel à l'aide. Mais la gorge est plus sèche que jamais. Il faut que je survive. Je n'ai jamais vu pire situation, mais je peux le faire. Je suis forte. Je crois... J'essaie d'accéder à la fenêtre... C'est mon ultime effort... Je peux le faire... Allez... Vas-y Katel...
...
J'ai mal... Je brûle... Je crie... Arrêtez de me faire souffrir... Je voulais vivre, moi...
*~*~*
Fait-Divers : Un incendie fait une victime dans la périphérie.
Avant-hier soir, vers minuit, un incendie s'est déclaré dans un corps de ferme de la périphérie. La cause du départ du feu est encore inconnue, mais les flammes se sont rapidement étendues sur l'ensemble de la maison, qui était encore en grande partie en bois. Ce sont des voisins qui ont prévenus les pompiers, après avoir senti une odeur suspecte. Hélas, les premiers secours sont arrivés trop. La moitié de la ferme était en proie au feu, notamment l'étage où se trouvait les chambres. Les pompiers y ont retrouvé, après avoir éteint l'incendie, le corps carbonisé de Katel Martins, une jeune adolescente de 17 ans. Une poutre enflammée de la charpente est tombée sur elle, causant une mort horrible. Ses deux parents, qui n'étaient pas là lors des faits, sont sous le choc. Un grand nombre de ses camarades de classe lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux, la décrivant comme " pleine de vie " et " enthousiaste ". Un hommage lui sera rendu ce vendredi, dans l'enceinte de son lycée. Les policiers enquêtent en ce moment pour savoir si le feu serait d'origine criminelle.
*~*~*
Une lumière blanche. Serait-ce le paradis ?
Préparez-vous, mortels, je vais vous hanter...
Mouhahahahahah... Hurm.
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