Chapitre 22
Le temps avait semblé s'étirer sur des heures alors qu'il ne s'était, au final, pas passé plus de vingt minutes depuis le dernier « Liam » péniblement prononcé par Stiles. Stiles, qui avait fini par lentement s'évanouir dans les bras d'un Derek complètement perdu et désormais incapable de le lâcher. On avait essayé. On lui avait dit qu'ainsi, Stiles ne risquait pas de se faire mal... Au moins jusqu'à son réveil. Peter s'était même proposé pour le surveiller pendant ce temps-là, de sorte à laisser son neveu se reposer un peu et... Reprendre ses esprits. Il n'était pourtant pas du genre à faire le gentil ou à rendre service, mais ce qu'il s'était passé et le peu qu'il savait grâce à Lydia... Avait fait ressortir un certain pan de sa personnalité.
Mais cela ne servait à rien.
Parce que Derek ne voulait pas lâcher Stiles.
- J'ai... Besoin de le garder avec moi, murmura-t-il alors qu'Isaac venait d'essayer, à son tour, de lui proposer son aide.
Car si Derek n'était pas capable de voir son propre visage, ceux qui étaient là étaient témoins des émotions qui l'assaillaient... Et que les loups-garous ne faisaient pas que sentir. L'ancien alpha avait un air exsangue et un regard totalement changé. Indescriptible. Et alors que Peter allait essayer d'insister pour essayer de le soulager d'une manière ou d'une autre, Lydia pensa à quelque chose et l'arrêta soudainement d'un geste. Elle tourna la tête vers Derek et parla à voix basse :
- On te laisse tranquille.
Elle préférait ne pas lever la voix et savait que de toute façon, on l'entendrait. Stiles s'était évanoui et son état général était désastreux : difficile de nier le fait qu'il devait être épuisé et ce, sur tous les plans. Si Peter et Isaac la regardèrent d'un air inquiet et perplexe, ils ne cherchèrent pas à discuter cet ordre sous-entendu. Lorsque Lydia Martin disait quelque chose, il fallait lui obéir, l'écouter. Elle avait ce genre de regard qui laissait entendre qu'elle avait eu une idée. Le genre de regard signifiant qu'il ne fallait pas perdre de temps pour lui soutirer ce qu'elle avait l'air, de toute évidence, de ne pas vouloir dire ici. Pas directement devant Derek, en tout cas.
Alors, on laissa Derek en compagnie de Stiles, qu'il continua de garder dans ses bras. Alors qu'elle sortait, Lydia se retourna une dernière fois vers l'ancien alpha. S'il ne dit rien, sa reconnaissance se lisait dans ses yeux. Il la remerciait, parce qu'il sentait qu'elle avait compris quelque chose qui lui échappait... Et qu'elle était assez objective pour se dire que ça irait. Qu'avec lui, Stiles ne craignait rien. Parce que même s'il avait littéralement besoin de garder Stiles dans ses bras, il savait qu'au moindre doute émis par la banshee, il se serait fait violence et aurait laissé l'hyperactif. Lydia était quelqu'un de franc, d'intelligent, de lucide. Une personne qu'il écoutait et respectait profondément.
La jeune femme fit descendre Isaac et Peter à l'étage inférieur. Aussitôt, elle demanda au bouclé d'appeler Liam.
- Pourquoi ? S'étonna le loup-garou.
- Appelle-le, dit-elle simplement. Si Stiles n'a pas arrêté de dire son nom, c'est qu'il a quelque chose à voir dans cette histoire.
- Evidemment, puisqu'il a essayé de...
- Je ne parle pas de ça, le coupa la banshee. Je pense qu'il y a autre chose. Appelle-le.
Et même si techniquement, elle avait le métabolisme et la force physique d'un humain, Isaac finit par soupirer et lui obéir. Comme si elle était une alpha. Très honnêtement, il le fit sans aucune envie. Après tout, que Liam soit complètement ou partiellement coupable dans cette histoire, il n'en restait pas moins l'agresseur de son ami, celui... Qui avait l'air d'être à l'origine de son état actuel. Alors oui, il était en colère contre lui et ne voyait pas comment ladite colère pourrait diminuer. C'était dommage parce qu'avant... Il aimait bien Liam. Maintenant, il le détestait et n'était pas sûr de pouvoir lui pardonner ce qu'il lui avait fait, même si l'autre finissait par tout faire pour.
- Et qu'est-ce que je suis censé lui dire ? Railla Isaac, dont l'envie première était de protéger Stiles.
- Essaie de savoir comment il va, de voir s'il peut nous apprendre quelque chose qu'on ne sait pas.
- Il va mentir.
- Je ne pense pas, objecta Peter. Il sait ce qu'il a fait, boucle d'or, il l'a lui-même avoué.
Lydia avait été très efficace dans son briefing : en quelques mots, l'oncle avait tout appris de cette histoire on ne peut plus étrange.
Isaac sélectionna dans son téléphone le contact de Liam, sans aucune envie. Une chose était certaine : s'il voulait bien contenter Lydia, il n'hésiterait pas à se pointer chez le louveteau si celui-ci se montrait désagréable ou laissait entendre qu'il comptait recommencer sa connerie. Jamais Isaac ne le laisserait s'approcher à nouveau de Stiles. Pas après ça, en tout cas.
Bienheureusement ou malheureusement, l'on ne saurait le dire, l'appel sonna dans le vide durant de longues secondes. En somme, Isaac n'obtint aucune réponse et ce, même après avoir attendu un certain temps. Lydia fronça les sourcils, le somma de rappeler. Et boucle d'or le fit. A nouveau, le vide. Liam ne répondait pas. Une troisième fois. Puis, une dernière : rien.
Ce fut Peter qui proposa autre chose : de contacter Théo Raeken, le dernier à avoir eu un réel contact avec lui l'autre jour... Ce jour fatidique. Peut-être avait-il, de son côté, quelques informations à leur fournir quant au comportement de Liam et cette absence de réponse qui sonnait d'ores et déjà fort étrangement aux yeux de Lydia.
Contrairement à Liam, Théo répondit presque instantanément.
xxx
Liam n'était pas du genre à ignorer un appel téléphonique, mais beaucoup de choses avaient changé dans son existence, ces derniers temps. Ses yeux ternis par la cassure de sa psyché fixaient le plafond de sa chambre, parce que... C'était tout ce qu'il était capable de faire, de regarder.
Non loin de lui, des bruits de tissu, de frottement. Scott se rhabillait. Le regardait d'un air qui n'appelait aucun commentaire. Et Liam le savait, le sentait. En fait, c'était à peine s'il entendait son téléphone sonner. Scott, oui. Il se pencha, prit le téléphone dans sa main libre, lut le nom qui s'affichait sur l'écran, le reposa sur la table de nuit sans rien faire. Remit sa ceinture en place.
- Rhabille-toi.
Un ordre des plus froids. Liam ne réagit pas tout de suite, si bien qu'il fallut une gifle de la part de Scott pour qu'il reprenne péniblement ses esprits et s'exécute alors que son corps ne voulait rien faire d'autre que se recroqueviller sur lui-même et ne plus bouger. S'enrouler dans sa couverture et y rester. Mais Scott voulait qu'il soit décent, au cas-où l'un de ses parents rentrerait plus tôt. S'ils découvraient leur fils nu, ils se poseraient des questions. Ce serait fâcheux, selon Scott. Impensable, selon Liam.
Scott s'approcha du louveteau, le dévora du regard sans jamais esquisser ne serait-ce que l'ombre d'un sourire. Pas la peine : il se lisait dans ses yeux. Ceux de Liam étaient baissés. Il serra les poings pour dissimuler un minimum les tremblements qui secouaient ses mains.
Scott ne fit rien. Finit par reculer et se détourner de lui. Avant de partir, il s'arrêter pour lui dire ceci :
- La prochaine fois, je te marque. En attendant, ça reste notre petit secret.
Un ordre tacite couplé à un regard plus noir que jamais. Liam hocha fébrilement la tête et ferma les yeux. Lorsqu'il les rouvrit, quelques secondes plus tard, Scott n'était plus là.
Et alors que son téléphone sonnait encore – c'était le deuxième ou le troisième appel ? –, il s'écroula au sol et laissa libre court à ses tremblements. S'il n'avait pas tout de suite compris ce que signifiaient les paroles de Scott, le blondinet prenait enfin conscience de la portée de ses mots. Le marquer. Scott allait le marquer. Le faire sien au sens lupin du terme... Comme s'il ne possédait pas déjà son corps. Était-il réellement nécessaire d'inscrire son nom dans son odeur ? En temps normal, Liam se serait offusqué d'être relégué au rang d'objet par son alpha – jamais leur relation, même officialisée sur le plan lupin, ne serait une union. Là, il... Ne pouvait rien faire d'autre que trembler, les larmes aux yeux et tenter de contrôler au mieux sa respiration plus qu'hachée. Bien sûr qu'il était un objet. Bien évidemment, il ne serait jamais rien de plus. Son acte, cette agression qu'il avait perpétrée contre Stiles sans même le vouloir... Cet acte l'avait condamné. Et le pire, c'est qu'il l'acceptait. Il avait fait du mal, alors on le faisait souffrir en retour. On lui montrait ce qu'il allait faire si Stiles ne l'avait pas arrêté à temps, on lui faisait sentir en profondeur ce que cela faisait. Et il payait. Il le fallait, de toute manière.
Mieux valait que ce soit Scott qui se charge de sa sanction, non ?
Et si Liam se sentit plus seul et plus en détresse que jamais, il ne fit rien de plus que refermer les yeux. Ces pulsions, qu'il ne comprenait toujours pas, étaient toujours là. Les mêmes que celles qui l'avaient poussées à se jeter sur Stiles. Au moins, il payait pour elles aussi. Il payait pour tout. Mais ce tout tournait vite et en boucle dans sa tête. Toute cette horreur, toutes ces sensations. C'était trop. Impossible à supporter. Et ça le fit glisser sur une pente déjà bien raide, lui rappela une idée qu'il avait, qu'il risquait d'exécuter s'il ne faisait rien.
Cette seule pensée poussa Liam à se relever et à se saisir de son téléphone. Il ne répondit pas à Isaac, non. Une fois que ses appels cessèrent, il sélectionna fébrilement le numéro d'Alan Deaton dans ses contacts.
Il lui fallait de nouvelles doses d'aconit ou il allait se foutre en l'air. Maintenant.
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