Chapitre 36

Depuis mon dernier séjour à l'hôpital, j'avais oublié à quel point dormir dans un lit médicalisé semblait proche de l'insurmontable. J'avais oublié la moiteur systématique des draps, l'odeur ambulante de médicament qui embaume chaque pièce et surtout le silence, ce silence de mort au milieu duquel on perd vite la raison.

Après le départ d'Hanna, ma mère est vite repassée pour s'assurer que tout allait bien, puis mon père et Tina sont venus prendre de mes nouvelles. Ma tante a fait le tour du lit plusieurs fois en répétant sans conviction "C'est vraiment merveilleux que tu ailles bien". Plusieurs fois elle a entrouvert la bouche, s'apprêtant à ajouter autre chose, et plusieurs fois elle a renoncé.

Je ne peux qu'imaginer ce qu'elle a envisagé de me dire à cet instant, sûrement quelque chose de larmoyant et d'hypocrite du genre "Désolée de t'avoir menti au sujet de l'arrivée d'Hanna" ou encore "Désolée de ne pas m'être rangée de ton côté pour une fois, d'avoir préféré te trahir et te décevoir comme tous les autres". De toute façon, rien de ce qu'elle aurait pu prononcer ne m'aurait satisfait, donc j'ai préféré laisser planer les non-dits entre nous, considérant que j'avais déjà eu mon lot d'honnêteté pour la journée.

L'infirmière peroxydée du nom de Sylvia est passée vers 19h pour annoncer à ma petite famille que les heures de visites touchaient à leur fin, ce qui les a fait partir au galop après un dernier bisou, comme si ils étaient comblés d'avoir enfin une excuse suffisante pour s'éclipser. Vu le cadre, je ne peux que les comprendre.

Mon dîner - ou plutôt le steak difforme et mal cuit qui me servait de repas - est arrivé quelques minutes après, et j'ai refusé d'en avaler la moindre bouchée, ce qui m'a valu un regard désapprobateur de la part de Sylvia.

Puis dès le moment où elle a quitté la pièce, j'ai immédiatement monté le son de la télévision au maximum. Mes yeux ont dansé sur l'écran pendant de longues minutes sans que je regarde vraiment ce qui s'y passait, et puis Sylvia a fini par revenir, plus en forme que jamais. Elle a éteint le poste en maugréant qu'il était tard et que "ce n'est pas raisonnable vu votre état".

Je me suis donc retrouvée là, il y a trois heures déjà, avec pour unique but de trouver le sommeil, le seul bruit alentour étant le gargouillement insatisfait de mon estomac.

Croyez-moi ou pas, j'ai vraiment tout essayé pour me glisser dans les bras de Morphée. Je me suis tortillée dans tous les sens et j'ai demandé coup sur coup deux antalgiques pour ma côte. J'ai compté les moutons si longtemps que j'en suis venue à me demander pourquoi tout le monde disait que cette technique débile marchait parce qu'à l'évidence, non. Puis dans un second temps, j'ai inspecté la pièce dans ses moindres recoins, découvrant parfois avec fierté une petite boule de poussière dans un angle ou une prise mal enfoncée.

Il est maintenant presque une heure du matin, et, totalement à court d'idées pour me distraire, je n'ai d'autre choix que de laisser finalement mes pensées noires me submerger. Je les ai senties pointer le bout de leur nez sans relâche toute l'après-midi, et jusque-là je pouvais les maîtriser, mais l'ennui profond qui m'empêche de voir plus loin que l'instant présent a raison de tout.

Je ne regrette absolument rien du déroulement de ma journée, mais force est de constater que je me retrouve une fois de plus totalement seule, tant avec les autres qu'avec moi-même. J'ai perdu mon frère et ma meilleure amie en l'espace de si peu de temps en y réfléchissant bien, et même si je voudrais déjà archiver leur perte, ce serait mentir que de nier la peine qui m'étreint comme une vieille amie que je ne connais que trop bien.

Et j'ai beau me répéter que ce que j'ai fait n'était qu'un juste retour des choses, je n'arrive pas tout à fait à me convaincre moi-même. À vrai dire, seul un masochiste pourrait se détacher immédiatement des gens qu'il a aimés sans rien regretter de sa relation avec ces personnes, quelque soit le motif de leur séparation.

Cette réflexion m'amène évidemment à penser à Harry, parce que ce choix terrible est en tous points celui qu'il a suivi en faisant une croix sur nous. Les traits de son visage enfantin et le souvenir de ses yeux émeraudes ont vagabondé dans mon esprit à chaque instant depuis mon réveil. Cette petite boule emprisonnée dans ma gorge s'acharne de plus en plus quand je ressasse pour la énième fois le triste scénario de notre histoire.

Il a semé tant de pagaille, détruisant mon cœur sur son passage, et pourquoi ? Parce que Monsieur n'avait pas la force de m'avouer qu'il ne voulait rien d'autre qu'une plate amitié quand il a dû déménager. Pas pour me protéger comme il le prétendait mais pour se préserver de mon incompréhension et de ma colère. Il a été lâche dans tous les sens du terme. Et quand je pense qu'il n'a même pas été capable de me dire cette raison minable en face, j'en viens encore à me demander ce qui nous a rendus si proches à une époque. Ou peut-être ne l'ai-je tout simplement jamais cerné...

Je sais que si je veux me remettre de cette déception qui grandit jour après jour, il faut que je l'oublie, et pour de bon. Il faut que j'aille au bout de ce projet fou qui a germé dans ma tête après son départ. Il faut que j'use de toute mon énergie pour repousser dans un coin perdu de ma mémoire son odeur, le goût de ses lèvres rugueuses et les petites fossettes qui se dessinent quand son sourire illumine la pièce. Je n'ai plus le droit de me bercer d'illusions désormais. Le voyage à Cap Cod n'était qu'un prétexte pour me distraire, jamais je n'avais imaginé l'oublier pour de bon.

Et puis, je me suis retrouvée dans ce lit.

Coincée devant une télévision éteinte sous une montagne de couvertures qui m'oppressent, impossible pourtant d'entreprendre quoi que ce soit. Les questions à son sujet fusent dans ma tête et je ne les repousse même plus. Elles m'inondent, littéralement.

Est-il au courant pour mon accident ? Que fait-il en ce moment-même ?

Je l'imagine successivement plongé sereinement dans un bouquin avec un bol de nouilles et allongé sur son lit, incapable de dormir comme moi, se posant exactement la même question à mon sujet.

Ce n'est pas correct, mais sur l'instant je ne peux me satisfaire de la première option et pour une raison terriblement égoïste, j'ai très envie de me dire qu'il est au fond du trou lui aussi. Pourtant, il n'a certainement pas eu écho de mon état. Qui l'aurait prévenu ? Tout le monde le considère comme "toxique", si on reprend l'expression bien trouvée de ma mère. Et puis si il avait su, on lui aurait sûrement interdit de venir me voir. J'imagine particulièrement Caspar s'interposer, le poing dressé et menaçant.

Quelque chose en moi respire encore malgré tout le bazar qu'il a causé, cette irrépressible envie de me dire qu'il aurait été capable de surpasser n'importe quelle contrainte, simplement pour me voir. Certes, il est impardonnable, mais il n'est pas encore envisageable de me détacher de ces quelques paroles si sincères qu'ils m'avaient offertes à son retour. Tout avait semblé tellement réel à l'instant où elles avaient traversé ses lèvres, si magique et si inespéré.

Je ne veux être nulle part ailleurs que dans tes bras.

J'en viens finalement à avoir froid au milieu de ses innombrables couvertures, rien qu'en me remémorant la chaleur contagieuse de sa peau. Je gèle. Mon cœur se serre si fort que j'ai l'impression que ma deuxième côte va se fendre elle aussi, le laissant s'échapper pour de bon. Peut-être serait-ce mieux comme ça...

Des larmes dévalent le long de mes joues et je n'ai pas le courage de lever mes mains pour les essuyer. À quoi bon ? Sans lui, c'est à cela que le quotidien ressemblera pendant un moment. Autant m'y habituer maintenant.

J'ai à peine le temps de m'horrifier de cette pensée que la porte de ma chambre grince. Je me redresse immédiatement dans mon lit, mortifiée à l'idée qu'une infirmière m'ait entendue couiner pitoyablement. Je m'attends à entrevoir la chevelure blanchâtre de Sylvia, mais ce moment n'arrivera jamais.

À la place, quelqu'un a ressenti le besoin de tenir sa vague promesse. Et c'est ainsi que j'ai aperçu Harry et son immense chevelure brune se précipiter dans la petite pièce, refermant la porte dans un mouvement si doux pour ne produire aucun bruit qu'on aurait pu croire qu'il avait fait ça toute sa vie. En se retournant, il s'est figé sur lui-même et ses yeux verts se sont écarquillés.

J'ai hésité à faire semblant de dormir pendant une demi-seconde, puis la curiosité l'a emporté. Cela fait tellement longtemps que je ne l'ai pas vu. C'est faible comme raisonnement, mais c'est plus fort que moi.

J'ai vu juste et ça me fend le cœur, il est effectivement massacré. À la lumière du maigre néon, je peux deviner ses traits creusés et les poches sous ses yeux, comme si il n'avait pas mangé et dormi depuis des jours. Ses cheveux me paraissent nettement plus longs, et à peine coiffés. Il porte un simple jean et un T-shirt blanc. Un pli s'est dessiné sur son front, le pli de cette attente insupportable que je ne connais que trop bien. L'évidence s'impose à moi : il savait.

Je suis totalement déstabilisée en l'observant, et lui non plus ne cille pas. L'air qui me glaçait se dissout instantanément. Il se tient debout devant mon lit, les yeux posés sur les miens, qui le détaillent sans relâche. Je me trompais, savoir qu'il va mal ne m'accorde pas la moindre once de satisfaction, c'est même tout le contraire, et pourtant je n'arrive pas à me détester.

Soudain, il se met à pleurer. Je reste silencieuse alors que les larmes envahissent son visage, s'insinuant dans chacun de ses traits durcis par un mode de vie douteux. Il prend son visage entre ses mains rugueuses et émet un son étouffé qui raisonne sur les murs fades et m'enterre, définitivement.

- Madi, murmure t-il plusieurs fois avant d'oser s'accroupir près de mon lit.

Je mords dans mes joues de toutes mes forces pour m'empêcher de faire le moindre geste, étant incapable d'anticiper toute réaction de ma part.

- Madi, j'ai cru que tu ne reviendrais jamais, souffle t-il en laissant quelques larmes s'évanouir sur une de mes couvertures.

Je ne bouge toujours pas et sa main hésitante s'avance vers mon visage. Son attention est braquée sur mes yeux qui laissent encore s'échapper quelques larmes. Au moment où sa peau touche la mienne, je sens une multitude de petits picotements traverser tout mon corps. Je suis à deux doigts d'attraper sa main dans la mienne, mais le souvenir de mes nuits sans sommeil pendant son absence ressurgit brutalement. Lorsque j'imagine ses soirées, sûrement pleines d'insouciance à Boston, je hurle intérieurement et un cri sourd s'échappe de mes lèvres. Lorsque ma main se pose sur la sienne, c'est pour la dégager.

- Harry, tu ne devrais pas être là, déclaré-je en mordant de nouveau dans ma joue.

- Madison, pour ce que ça vaut, je suis désolé, bafouille t-il.

Ses yeux sont si remplis de tristesse que je ne peux pas me résoudre à les quitter. Il rompt seul ce contact visuel et son regard se tourne vers les tuyaux qui recouvrent ma main.

- Tu ne peux pourtant pas me dire que je ne devrais pas être là. As-tu pensé un seul instant à ce que j'ai ressenti en apprenant que tu voulais t'ôter la vie ? demande t-il en attrapant ma main alors que les larmes le submergent.

Quelqu'un sur mon épaule me chuchote des paroles rassurantes mais je l'assomme violemment d'un coup de massue.

- Je n'ai pas essayé de me suicider, répété-je simplement pour la énième fois de la journée en essayant de paraître insensible à son chagrin. Je vais bien. Tu es venu pour le vérifier, et c'est fait. Alors maintenant, tu peux partir.

Il jette sur moi un regard incrédule et quand ses lèvres s'entrouvrent à nouveau, une lueur de désespoir flotte dans sa voix :

- Quoi ?

- Je vais bien, insisté-je en focalisant mon attention sur les couvertures. Tu n'as pas à te sentir coupable, donc tu peux partir.

Il pousse un soupir, comme pour s'armer mentalement de courage.

- Hors de question, je ne bouge pas d'ici.

- Tu as décidé de me placer dans une nouvelle catégorie, alors ? Parce que je me retrouve dans ce lit, tu penses que tu as le droit de changer d'avis miraculeusement, de me faire évoluer du stade "ancienne amie avec qui je ne veux pas que ça aille plus loin" à "personne que je ne veux plus lâcher" ? Quand vas-tu arrêter de jouer, Harry ? Mon cœur n'est pas une balle de foot que tu ranges où tu veux parce qu'elle t'encombre, déclaré-je platement face à son silence, sans une once de colère dans la voix.

- Alyssa t'a menti, déclare t-il immédiatement en m'offrant un regard plein de regrets. Je lui ai demandé de venir vous voir avec Hanna et de vous servir cette absurdité.

Et c'est reparti pour un tour. Mais cette fois-ci, je descends du manège.

J'aurais pu piquer une nouvelle crise, le traiter de menteur à tord et à travers ou le cuisiner pour obtenir enfin son lourd secret, mais mon cœur me crie de ne pas relancer la machine infernale. Mes espoirs ont pourri entre mes mains il y a bien trop longtemps, ils sont irrécupérables et il serait peut-être temps de s'en rendre compte.

- Je m'en fiche Harry, soufflé-je simplement. Le secret n'a plus aucune importance.

Ça t'amuse de me faire tourner en rond dans cet espèce de brouillard, mais je suis épuisée. Ce jour-là, la veille de ton départ, tu m'as dit que tu ne voulais plus jouer. Et bien, moi non plus, je ne...

- Madison, je vais tout te dire, me coupe t-il en cherchant mon regard fuyant. Tout, depuis le début. Regarde moi.

Certainement pas..

- Regarde moi, répète t-il en attrapant mon menton entre ses doigts. J'ai failli devenir fou, murmure t-il pour lui même.

Son regard est rougi par les larmes et ce qu'il reste de mon cœur se décroche, mais je ne le montre surtout pas.

Je dégage encore une fois ses doigts de mon visage. Si il ne part pas maintenant, je n'aurai plus jamais la force de le chasser. Ça revient à m'arracher tout ce qu'il me reste, mais je n'ai pas le choix. Il finira par me tuer, ce stupide jeu de mystère auquel il joue me perdra si je n'y mets pas un terme maintenant.

- Harry, regarde la vérité en face pour une fois. On a vraiment essayé tous les deux. Du moins, j'ai essayé. Je t'ai trouvé des excuses, j'ai oublié de nombreux mensonges et j'ai supporté ce spectacle ridicule dans lequel tu nous as propulsé. Je ne sais même plus que croire, en fin de compte. Tu as réussi à me déboussoler complétement. Je ne veux pas me perdre encore une fois.

- Madi, je...

- Chut, insisté-je en posant un doigt sur sa bouche. Il faudrait être insensés pour ne pas admettre notre défaite. C'est fini, Harry. La raison exacte de ton départ n'y changerait absolument rien. Je n'ai plus confiance en toi. Je donnerais tout pour cette illusion que tu es la personne qu'il me faut, mais cet accident m'a fait réaliser au moins une chose : ça ne marchera jamais entre nous.

- Non, tu ne peux pas dire des choses pareilles...

Il prend son visage entre mes mains, m'implorant du regard de me taire, de nous laisser une chance, mais je suis lancée.

- S'il-te-plaît, pars maintenant. Laisse nous être heureux, chacun de notre côté.

Il se lève précipitamment et je vois la douleur dans ses gestes, comme si un poids immense s'était soudain abattu sur lui.

- Alors, c'est ça que tu veux ? Ne plus jamais me revoir ? Vivre chacun une vie miséreuse parce qu'on a pas le courage d'affronter nos problèmes ?

- Tu es l'unique problème dans cette histoire, Harry. Arrête le massacre, nous ne sommes pas faits pour être ensemble, sinon cette affaire serait déjà réglée depuis longtemps. Je t'aimais, et tu m'as baladée comme un chien au bout de sa laisse.

- Ne parle pas à l'imparfait, souffle t-il instantanément d'une voix distante. Tu m'aimes Madison Parks et je t'aime aussi. Jamais je ne pourrais aimer quelqu'un d'autre comme je t'aime, c'est d'ailleurs pour cette raison que tu ne sais rien de mon passé.

- Cesse de te justifier, le coupé-je en brandissant une main devant moi. Ce jour-là, au parc, tu m'as dit que tu partirais si c'était mon choix. Ça semblait inconcevable, mais aujourd'hui... Je veux dire, regarde moi. Regarde nous. On est aussi pathétiques l'un que l'autre, à courir sans jamais se trouver. Nous sommes maudits, Harry.

- Je ne crois pas aux malédictions.

- Alors, crois-moi. Tout ça est au-dessus de mes forces. Sors de ma vie Harry, je t'en supplie, murmuré-je en essuyant de nouvelles larmes. Ou nous serons perdus tous les deux.

- Je t'aime plus que tout, nous ne pouvons rien y faire mon amour.

- C'est trop tard. Pars, demandé-je encore une fois. Harry, sors d'ici.

Ma gorge se noue lorsqu'il dépose ses lèvres sur les miennes. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit si douloureux. Mon estomac se tord et son souffle chaud flotte encore sur mon visage bien après la fin de ce geste d'adieu.

Sans un mot, je le suis des yeux, empreint d'une démarche maladroite et envahi par les larmes jusqu'au cou. Il finit par sortir de la chambre et ainsi, de ma vie.

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HELLO HELLO ! xx

Le chapitre 36 est enfin arrivé, je n'arrivais pas à le poster avant à cause du merveilleux réseau Wi-Fi qui ne fonctionnait plus... :(
Je suis enfin rentrée chez moi, donc les publications vont pouvoir reprendre (et j'ai de l'avance sur la suite hehehe).

Ce chapitre est celui que vous attendiez tous depuis l'accident de Madi et je vous en supplie, ne soyez pas trop fâchés du ton tragique. J'ai imaginé cette scène comme ça et j'espère qu'elle vous plaît. ;)

Comme d'habitude, j'aimerais quand même beaucoup avoir votre opinion. Que pensez-vous d'Harry ? De la décision de Madison ? Qu'envisagez-vous pour leur futur ?

Merci d'être toujours de plus en plus nombreux à lire mon histoire, à voter et à commenter sur les chapitres. Tout ça est tellement important pour moi, vous ne pouvez même pas imaginer.

Je vous aime fort, prenez soin de vous et on se retrouve vite pour la suite. Des bisous, Anne. xx

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