Le temps hivernal fait frissonner le garçon.

Son souffle s'évacue en une buée visible dans l'atmosphère, alors qu'il vient tout juste de sortir de sa voiture, et de faire trois pas sur ce fichu parking. Le thermomètre affiche un bon zéro, voire moins un, et la neige a déjà recouvert l'entièreté de la ville.

Absolument tout le paysage est blanc autour de lui, rendant la luminosité particulièrement éclatante. Les prémices des fêtes de fin d'année commencent également à se faire omniprésentes. Les décorations ont déjà été installées dans les rues, et illuminent le chemin des passants le soir, pendant une bonne partie de la nuit.

Quelques marchés de Noël fleurissent ici et là, faisant rêver les jeunes enfants de cette magie douce et incroyable. C'est une période qu'il trouve presque réconfortante, alors qu'il n'a jamais trop adhéré à ces traditions, même lorsqu'il était enfant.

Mais ses conjoints sont adeptes de ces moments, et il n'y a rien de plus beau pour lui que de les voir s'émerveiller, tels deux gamins qui auraient des étoiles dans les yeux. Pour eux, Katsuki est prêt à se plier à n'importe quoi, y comprit décorer un sapin de plus de deux mètres au beau milieu de leur salon, et affronter la foule des centres commerciaux pour leur trouver à chacun des cadeaux dignes de ce nom. Kumo aussi se prête au jeu, et essaye tant bien que mal de ne pas mettre son museau au beau milieu des décorations lumineuses et colorées, qui semblent l'attirer comme un aimant. Et il ne fait nul doute, qu'il faudra surveiller sa petite sœur cette année, Yuki, qui est arrivée il y a tout juste quatre petits mois dans leur quotidien. Il y a déjà trop de souvenirs qui découlent de ces fêtes. Des bribes qui sont ancrées dans une partie de sa mémoire, et qu'il ne pourrait jamais oublier.

Avec un sourire naissant sur les joues, et une excitation nouvelle qui guide ses gestes, le blond parcourt la distance qui le sépare du shop de tatouage, dans lequel il est attendu. Sa petite veste, peu adaptée à ces températures quasiment négatives, ne le coupe pas vraiment du froid. Mais il n'en a que faire du potentiel rhume qui va poser ses griffes sur lui, ni quoi que ce soit d'autre. Aujourd'hui, c'est un jour important, et il ne peut pas s'arrêter à des détails aussi futiles que quelques flocons récalcitrants, qui s'amusent à se poser sur le bout de son nez.

La devanture devant lui est pratiquement flambant neuve, rénovée il y a seulement quelques semaines en arrière. Et ce qui est sûr, c'est qu'aucune vitrine ou façade de boutique n'aura le même cachet que celle-ci.

Le Riot's Universe est unique en son genre, avec un cadre spécialement décoré par Eijiro, qui s'est fait un plaisir de retranscrire tout son petit monde. À l'intérieur, derrière la petite vitre, suivant l'exemple de son ancien patron à qui il doit tout d'après ses dires, le tatoueur s'est amusé à disposer quelques figurines et petites choses pouvant rappeler ce qu'il aime faire. C'est un endroit tout à fait attractif, qui attire immédiatement l'œil, que ce soit pour sa beauté indéniable, mais aussi pour son côté inhabituel et surprenant.

L'endroit a ouvert il y a tout juste trois mois en arrière, après que les travaux à l'intérieur se soient achevés, et le carnet de rendez-vous n'en finit pas de désemplir. Une de ses plus grandes fiertés, bien qu'il ne s'en accordera jamais le mérite seul. Même si Katsuki et Izuku lui répètent continuellement que c'est lui qui a travaillé comme un acharné, pendant plus de trois ans, pour en arriver à un tel résultat.

Et le blond hoche une nouvelle fois la tête, amusé de se rappeler de tout ceci, alors que le froid rigoureux l'incite à se presser de rentrer dans le bâtiment. La différence entre l'extérieur et la pièce dans laquelle il vient d'entrer est tout à fait notable. Une douce chaleur agréable et pas du tout étouffante l'entoure. Il soupire de bien-être, tout en retirant sa veste qu'il accroche au porte-manteau à sa droite. Puis, Katsuki se rapproche du comptoir qui est utile pour la prise de rendez-vous, et qui sépare l'entrée de « l'arrière-boutique » ainsi que de la salle de travail de son conjoint.

« - Eiji !

- Kat's ? Tu devais pas arriver que dans une heure ? Gueule une voix un peu plus loin.

- Moi aussi, je suis ravi de te voir chéri.

- Arh, mais j'ai pas dit ça ! Viens ramène toi. »

Amusé de sa réaction, il contourne le petit comptoir en bois noirci et avance de quelques pas. L'espace est découpé en deux parties. Sur la droite, tout le côté qui sert de bureau afin de traiter l'administratif, mais aussi pour entreposer le matériel d'Eijiro. Puis, sur la gauche, juste derrière une porte coulissante donnant un effet très industriel, il y a l'endroit où le garçon accueille ses clients pour les tatouer.

La salle est décorée avec goût et s'avère très agréable à l'œil. Sur l'un des murs, une grande fresque a été peinte par l'artiste, dans divers coloris acidulés, reprenant des motifs mandalas et quelques références pop culture qui parlent au plus grand nombre.

Sur un autre, plusieurs dessins sont épinglés, dans l'attente de trouver un propriétaire qui souhaitera bien les adopter.

« - Alors ? Comment ça se passe par ici ? Tu souffres pas trop le nerd ?

- Une promenade de santé Katchan.

- Il a même pas sourcillé une seule fois, je suis presque déçu.

- C'est parce que t'es trop doux ça, mon cœur. » Roucoule Izuku, qui est allongé sur le fauteuil prévu à cet effet.

Dans l'un des coins, une enceinte diffuse une playlist éclectique, accompagnant la séance de tatouage qui a commencé depuis quelques heures déjà. Comme promis, et ce depuis leur rencontre, Izuku a confié sa jambe droite à son compagnon, pour l'orner d'un motif tout bonnement incroyable.

Katsuki ricane devant leur bêtise, et pose le petit carton qu'il porte depuis sa sortie de la voiture sur l'une des assises juste à côté de lui. Il s'approche de ses compagnons, et les embrasse chacun leur tour, pour un bonjour digne de ce nom.

« - Vous en avez encore pour combien de temps ?

- Une petite heure, je pense, on va pas tout faire en une fois. Lâche Eijiro, le regard vissé sur la zone qu'il est en train d'ombrer.

- Il dit que c'est pour mon bien, mais j'suis sûr c'est parce qu'il en a marre et qu'il ose pas le dire, se moque le musicien.

- Tu veux que je trace un trait en plein milieu du dessin, Izu ? »

Kirishima le regarde tout sourire, en le menaçant ouvertement de ruiner la pièce qui est en train d'être réalisée. Et cette réaction a juste pour effet de faire éclater de rire le tatoué, qui se redresse à son tour pour se pencher vers lui, et l'embrasser sans douceur. Il termine en mordillant sa lèvre gentiment, et chuchote d'un air mutin.

« - Promis, je vais être sage, Eijiro...

- Je préfère ça, grogne le professionnel.

- Vous êtes infernaux...

- C'est pour ça que tu nous aimes, Katchan.

- Ouais ben pour l'instant j'y réfléchis. »

Le visage d'Izuku se couvre d'une petite moue. Un subtil mélange entre « je suis vexé » et « cause toujours, je ne te crois pas ». Katsuki ne peut s'empêcher de glousser légèrement, alors qu'il craque devant cette expression particulière, qu'il a pourtant tant déjà vu en trois années de relation.

« - Bon sinon, à part pour nous emmerder, t'es venu faire quoi ici, Katchan ?

- Tant d'amour dans cette phrase...

- La faute à qui ?

- Z'avez fini de vous chamailler bande de gosses, y en a qui essayent de bosser ici, lâche le tatoueur, qui se concentre tant bien que mal.

- Beh bien sûr monsieur le travailleur modèle, ricane Katsuki. J'ai juste voulu faire un crochet par ici pour vous montrer quelque chose qui est arrivé plus tôt que prévu. »

Interpellés, les deux garçons redressent la tête vers lui. Satisfait d'avoir leur attention, le blond se dirige vers son colis, et en sort le contenu avant de revenir vers eux. Le duo face à lui écarquille les yeux, tandis que leurs visages se couvrent d'une surprise évidente.

« - Mais je croyais que c'était pas avant trois semaines Kat's !

- Moi aussi. Mais ils ont envoyé ça à l'imprimeur plus tôt que prévu, et les premiers exemplaires sont déjà là... Je l'ai fait les gars... J'ai réussi. »

Son regard brille d'une forme de fierté, et une émotion palpable se fait ressentir dans ses paroles bien qu'il tente désespérément de garder le contrôle. Parce que dans ses mains, après presque deux ans d'acharnement, se tient son tout premier roman qui va être édité.

« - Ton livre Katchan ! Tu l'as fait !

- J'suis putain de fier de moi... »

Les deux garçons se mettent à sourire de toutes leurs dents, et délaissent leur activité en cours pour se redresser, et féliciter comme il se doit leur conjoint. Bien évidemment qu'ils comprennent que c'était compliqué d'attendre quelques heures supplémentaires, pour faire part de cette bonne nouvelle. Après avoir travaillé si dur, et si longtemps, c'est là la consécration de cette charge monumentale d'efforts. Le résultat de longues nuits d'acharnement, et de périodes de doutes évidentes qu'il a essayé de laisser de côté autant que possible.

« - Je suis si fier de vous ! Entre le shop et toi ton bouquin. Vous progressez tellement, ce sont vraiment de belles opportunités pour vous.

- Et toi ? T'as déjà réfléchi pour cette place dans cet orchestre ?

- Ouais. Et c'est non. »

Katsuki hausse un sourcil surpris, et Eijiro suffoque presque. C'est là une chance unique qui lui est offerte. Quelques semaines plus tôt, le directeur de l'établissement dans lequel Izuku travaille, lui a parlé de cette place libérée dans l'un des orchestres nationaux les plus réputés qui existe. L'un des violonistes se retrouvait contraint de se retirer, au vu de problèmes de santé importants, qui l'empêchaient de suivre la saison.

Naturellement, le choix avait fini par se porter sur le professeur, qui a toujours aspiré à ce genre de carrière lorsqu'il était plus jeune.

« - Mais, c'est pas ce que t'as toujours rêvé ?

- Si, mais c'était le moi d'avant. On va bientôt avoir trente ans, et on est heureux ensemble tous les trois. J'ai pas envie de fragiliser ce qu'on a avec une telle situation, qui me fait carrément douter. J'y ai beaucoup réfléchi, et ouais avant j'aurais plongé dessus sans hésiter. Mais aujourd'hui je veux plus de tout ça.

- T'es sûr de toi ?

- Ouais. Je préfère enseigner comme je le fais, et vivre avec vous. Accepter cette offre c'est devoir me plier à un grand nombre de déplacements, et régulièrement à l'étranger. Ça ne m'intéresse pas. Pas dans cette configuration. Je jouerais à l'occasion dans l'orchestre local, mais c'est tout. Et j'ai déjà conseillé un de mes élèves pour ce poste, et il est plus que qualifié pour ça. Ma place est auprès de vous, et nulle part ailleurs. »

Ses amants font signe qu'ils comprennent son raisonnement avec un petit hochement de tête. Et, comme à leur habitude, ils s'accrochent les uns aux autres pour une étreinte interminable. Une qui est constituée de baisers, de chuchotements au creux de l'oreille, et de petits rires. Parce qu'ils n'ont jamais cessé d'être tous les trois fous amoureux, et de se chercher de la sorte. C'est aussi puissant qu'au premier jour, aussi intense qu'au départ. La flamme ne faiblit pas, jamais. Elle augmente avec les années qui passent, pour les protéger de sa lumière si forte.

« - Oh...au fait. Puisqu'on continue sur la lignée des bonnes nouvelles... Lâche Deku.

- Qu'est-ce qui se passe ? Demande Eijiro.

- J'ai eu l'agence immobilière au téléphone tout à l'heure. »

Le souffle de Katsuki et Kirishima se coupe légèrement. Ils ont commencé les démarches il y a un moment maintenant, et leur choix à tous les trois s'est porté sur une grande maison en périphérie de la ville. C'est une volonté qui a vu le jour assez naturellement entre eux, sans que cela ne devienne un sujet de discorde. La place d'Izuku dans leur trouple et leur quotidien est primordiale. Rapidement, le besoin de trouver un endroit qui leur appartienne à tous les trois s'est fait ressentir.

Ainsi, au vu de la façon dont se profilait la vie de chacun à cette période, ils ont dû faire preuve de patience. Ce qui s'est avéré bénéfique, puisqu'ils ont pu déterminer ensemble ce qu'ils désiraient pour leur prochain domicile.

« - La maison est pour nous. Notre offre est passée, y a plus qu'à signer les papiers... »

Nouvelle explosion de joie dans le shop. Presque similaire à celle qu'ils ont connue trois ans auparavant, lorsqu'Izuku a annoncé ne pas vouloir les quitter et rester auprès d'eux.

C'est une nouvelle étape qui se dessine dans leur quotidien. Une toute nouvelle pierre qui trace l'édifice de cette relation, qu'ils construisent patiemment chaque jour.

Bien sûr, tout n'est pas toujours simple et évident. Ils ont connu des périodes d'adaptation complexes et pas forcément faciles à appréhender. Les angoisses du musicien ont longtemps été omniprésentes, obligeant les deux autres à faire preuve d'une patience infinie à son égard.

Eux aussi ont dû s'adapter, pour faire évoluer ce quotidien afin qu'ils leur conviennent à tous les trois. Ça a signifié revoir quelques habitudes entre autres, mais aussi acheter un lit plus grand, afin d'éviter que l'un ne termine sa nuit sur le sol, au vu du manque de place.

En dehors de ces quelques aspects, tout leur sourit continuellement. Leurs relations amicales ont toutes évoluées dans le bon sens. Izuku a d'ailleurs beaucoup pleuré au mariage de son meilleur ami, dont il était le témoin. Ils y ont tous rencontré la compagne de Denki, qui a enfin réussi à se caser, après toutes ces années laborieuses.

Le groupe, qui s'est bien agrandi, continue de se retrouver régulièrement pour fêter leurs déboires et les grands évènements qui s'invitent chez chacun d'entre eux.

Dire que tout est parti d'un simple désir de rendre service. Parce qu'ils avaient tous les trois besoins les uns des autres. Finalement, de cette colocation assez étrange, est née une histoire d'amour tout aussi particulière.

Mais sans doute l'une des plus belles histoires que ce monde ait pu connaître. Izuku en a la certitude aujourd'hui. Les doutes qui l'assaillaient autrefois ont largement disparu, pour laisser place à l'espoir. L'espoir de continuer à se réveiller auprès d'eux, et de pouvoir les aimer aussi longtemps que son souffle existera dans son corps.

Ironiquement, lui qui a essayé de mettre de la distance entre eux à une époque, regrette presque d'avoir pris une telle décision. Malgré tout, le jeune homme reste pragmatique. Les regrets ne servent à rien, si ce n'est pourrir l'existence. Alors, il préfère se dire que cette séparation a été nécessaire.

Juste pour qu'ils puissent tous les trois se rendre compte. Comprendre à quel point leur attirance est forte, leur amour puissant, mais aussi inéluctable. Ils sont tous les trois faits pour être ensemble, et jusqu'à la fin de leur vie.

Peu importe ce qui a pu exister avant, ou ce qui a pu régir leur destin autrefois. Le passé reste là où il est, pour leur permettre de construire l'avenir.

Quand il regarde sa vie actuelle, Izuku peut le clamer haut et fort. Il a eu une chance inouïe de rencontrer ses conjoints. Et pour rien au monde, il ne veut changer sa vie ou son parcours, qui l'a menée à arriver dans cette maison.

Bien loin derrière lui les angoisses et la détresse. C'est un tout autre monde qui se dessine, depuis qu'il partage ses jours et ses nuits avec Katsuki et Eijiro. Cette relation n'a strictement rien à voir avec ce qu'il a pu connaître auparavant, le persuadant qu'il ne pourrait jamais avoir le droit au bonheur et à l'amour.

Il en a parfaitement conscience, et continuera de le dire à qui voudra bien l'entendre. Izuku est pleinement heureux. Et rien ne l'atteindra plus comme autrefois.

Parce que tout ça, c'était juste avant eux...

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Before Us

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Bonjour, ou bonsoir ! ✨

Pfiou, l'épilogue...Je pense que c'est une des histoires que j'ai le plus de mal à quitter. Sachez qu'à la base, cette fiction était vraiment imprévue ! Une gentille voix, douce, adorable et tout en délicatesse (j'ai nommé Amarylice  👀) m'a juste soufflé ce ship... Et il s'avère que j'avais ce scénario qui dormait dans mes idées en vrac.

Je me suis penché dessus, et au final ça a donné Before Us. Un récit que j'affectionne tout particulièrement, et qui m'a étrangement donné envie d'avoir un husky...allez savoir pourquoi !

Bref, je ne vais pas vous tenir la jambe dix ans. Simplement vous remercier pour votre aide, votre soutien et tous ces retours ultra bienveillants que j'ai eu à propos de cette fanfiction. Vous êtes constamment au rendez-vous, et je suis toujours autant touché de voir vos bouilles dans les notifications. J'ai du mal à réaliser que des gens lisent mes écrits, c'est assez fou ^^

Bien évidemment, je ne vais pas conclure sans mes remerciements habituels !
Et pour la couverture, je fais un énorme bisous à JustN0b0dys , qui a fait une merveille ❤️

Pour les bêta lectures, ma très chère ouraganjolie  qui a supporté mes angoisses continuelles, m'a ramassé à la petite cuillère, m'a gentiment dit des mots d'amour au creux de l'oreille alors qu'elle rêvait de me coller une baffe derrière la tête, histoire de me remettre les idées en place...merci et bravo à toi pour ce courage 🥲❤️

Et puis, en cours de route nous a rejoint Amarylice ,  qui nous a carrément aidé à sauver les meubles à un moment donné, tandis que je me laissais échouer comme un animal errant sur le bord de plage à attendre que mon heure vienne... 😅❤️
Bref, ce sont mes sauveuses ! ^^

Allez, cette fois je me tais (vous vous dites "enfin c'est pas trop tôt", je sais je sais...)
Encore merci ! Et à bientôt pour de nouveaux écrits

Onyx 🤍