Chapitre 8
Izuku n'a jamais douté de leur bienveillance.
À aucun moment, il n'a ressenti le besoin de reconsidérer le sujet, ou même de se poser des questions quand à leur sincérité. Mais cette simple conversation, qui a eu lieu il y a moins d'une heure à l'avant de la voiture de Katsuki, l'a conforté dans ses impressions.
Il y a quelque chose chez ces deux-là, qui l'incite à faire tomber ses barrières, et l'aide à se sentir bien plus en sécurité. Pourtant, ça n'a pas toujours été facile, surtout lorsque l'on a connu l'abus de confiance et un passé tel que le sien.
Quand les choses ont finit par prendre une autre tournure, et qu'il s'est de nouveau rapproché de Shoto et Denki, après cette période à être coupé du monde, Izuku imaginait réellement ne plus pouvoir inclure quelqu'un dans sa vie de cette façon. C'était une idée bien trop saugrenue pour être réelle, faisant écho à trop de choses délicates à gérer.
Ou alors, cela aurait été envisageable bien plus tard. Lorsque le temps aurait fait son œuvre, lavant son esprit de toutes ces idées qui résident en lui. Ses plaies pansées tant bien que mal, et ses craintes reléguées au rang de mauvais souvenir.
Mais ce duo surprenant a fait l'apparition dans sa vie, le tirant sans réellement le savoir du bourbier dans lequel il se trouvait. C'est la constatation qu'il fait de toute cette situation, alors qu'il est encore assit sur son lit, l'air hagard.
Peu après sa conversation avec Katsuki, tandis qu'ils se séparaient de cette étreinte particulière qu'ils ont partagés, il a sentit ce poids qui s'évadait de ses épaules. Sans doute parce que cette confirmation donnée à voix haute de la part du blond, a terminé d'éradiquer les derniers éclats de craintes pouvant résider dans son corps.
« - Je sais Kumo, je suis là. »
Malgré la porte fermée, la chienne a fait son petit numéro pour s'incruster dans la chambre de son troisième compagnon de vie, dont la présence lui est devenue indispensable. Le voyant partir très loin dans ses pensées, le husky grimpe juste à côté de lui sur le matelas, afin de lui donner quelques coups de museau très délicats.
Sa gestuelle fait rire le jeune homme, qui lui octroie quelques caresses, avant de se lever pour enfiler son t-shirt, après cette douche plus que méritée.
Cependant, Izuku se hâte de terminer de se préparer. Bien que l'heure soit déjà plutôt tardive, et la soirée très avancée, il se sent prit d'une pulsion de courage, qu'il n'est pas certain d'avoir encore demain matin au réveil. Même s'il ignore ce qui est exactement à l'origine de ce besoin soudain de se confier, il ne souhaite pas laisser échapper cette opportunité pour autant.
Malgré le fait Shoto et Denki connaissent une grande partie de cette histoire, si ce n'est la quasi-totalité, Izuku se sent prêt à en faire part à Eijiro et Katsuki. Ça lui apparaît comme une symbolique assez spéciale, comme si cela venait prouver la place qu'ils ont pu prendre auprès de lui. Parce qu'il ne peut décemment pas nier qu'ils sont devenus de précieux amis, dont il ne saurait se passer à présent.
Un aboiement le rappelle à l'ordre, alors qu'il se trouve devant sa porte, la main juste au-dessus de la poignée, sans pour autant l'avoir actionnée. Ses doigts tremblent légèrement, tandis que son souffle se fait un peu plus chaotique qu'à l'accoutumée.
Bien sûr, ce n'est pas parce qu'il est décidé à ouvrir sa boîte à souvenirs, que la perspective de parler de tout ceci le mette sincèrement en joie. L'angoisse le prend à la gorge, lui remettant devant les yeux quelques images désagréables, qu'il avait pourtant prit soin de ranger tout au fond de sa mémoire.
« - J'ai la trouille Kumo. »
L'animal s'assied à sa droite, poussant du bout de son nez ce bras droit, qui pend le long du corps du jeune homme. Elle couine doucement, afin d'exprimer son soutien, comme si elle comprenait la force des songes qui assomment violemment le garçon.
Celui-ci ne peut réprimer son sourire, devant tant de gentillesse, et s'applique à lui rendre autant que possible. Malgré tout, la boule grossissante dans sa trachée, peine à disparaître. Il sent quelques larmes poindre aux abords de son regard, sans pour autant parvenir à les ravaler.
« - Je sais que je crains absolument rien à leur parler. Mais...Bordel j'ai vraiment peur. »
Izuku souhaiterait saisir les raisons de cette anxiété omniprésente. Elle lui paraît tellement déraisonné et infondée, que la colère commence progressivement à se mêler à la partie. Passant ses deux mains dans sa chevelure encore humide, il racle bruyamment sa gorge pour évacuer une toux imaginaire.
Kumo continue tant bien que mal de le pousser, apparemment très soucieuse de son état. Puis, parce qu'il ne peut pas rester indéfiniment bloqué derrière sa porte, à craindre un jugement qui ne viendra sûrement jamais, ou quelque chose du même goût, il fini par se décider à l'ouvrir.
Le tout dans un geste pourvu d'une lenteur folle et presque désespérante. Mais il n'est pas en mesure de produire mieux en cet état, et se contente de suivre ce que lui dicte son esprit.
Sans trop regarder ce qu'il fait, le musicien sort de la pièce les yeux rivés sur le sol, et percute de plein fouet Eijiro qui se rendait de toute évidence à la salle de bain. Et il est indéniable que la musculature de l'artiste est vraiment développée. C'est ce que constate Izuku, quand son nez heurte l'épaule de Kirishima, lui causant une vive douleur.
« - Oh bordel !
- Izu' ?? Pardon je savais pas que tu sortais de la chambre ! Montre-moi ? »
Aux petits soins, Eijiro se pare d'une expression réellement inquiète alors qu'il ne s'agit que d'un accident mineur, qui ne laissera pas une seule trace. Ça ne l'empêche pas de se pencher vers le musicien, qui se couvre le visage à deux mains, l'incitant à lui montrer les dégâts pour savoir comment gérer la chose.
« - Mais c'est quoi tout ce boucan ? Vous foutez quoi au juste là ? »
Katsuki apparaît au bout du couloir, les sourcils froncés, témoignant de son degré de perplexité, devant ce spectacle assez comique. Appuyé contre le mur, Izuku marmonne des paroles sans réel sens, tandis que face à lui se trouve l'artiste, qui l'ausculte comme s'il se trouvait dans un épisode de l'une de ces séries médicales à succès.
« - C'est Eiji, il a des muscles en pierre putain...
- J'lui ai mit un coup d'épaule dans le nez.
- Vous êtes de vrais boulets. »
Essayant tout de même de ne pas se parer d'une expression moqueuse, le blond se rapproche du duo infernal, afin de jauger lui-même de l'étendu du mal.
Bien évidemment, Izuku n'a pas une seule égratignure, et s'en sortira sans aucun hématome. Mais Katsuki veut bien admettre que le corps de son conjoint est fort solide, et que l'impact n'a pas été des plus agréables.
« - C'est bon t'as rien. Tu veux mettre de la glace quand même ?
- Non ça va, merci Katchan. J'vais être un grand garçon courageux et prendre sur moi.
- T'es un vrai Deku en fait toi.
- Vraiment ? Je suis assez outré de voir que tu me traite de bon à rien.
- C'est une vengeance pour le Katchan... »
Le garçon à la chevelure verdoyante répond de manière puérile, en se contentant d'un tirage de langue. Eijiro, quand à lui, fini par souffler, heureux de ne pas être à l'origine d'un nez cassé ou quoi que ce soit d'autre du même registre. Il pose une main sur son palpitant en soufflant bruyamment, comme s'il venait d'être en proie à une frayeur pas possible, pouvant lui causer une attaque foudroyante. Le libraire lève les yeux au ciel, mi-amusé, mi-usé d'avoir un clown pareil en guise de compagnon.
« - C'est bon respire, il est entier ton Izu' hein.
- Mais j'ai eu peur de lui avoir fait mal.
- Moh, Eiji tu t'inquiète ? Lâche le musicien, d'un ton mutin.
- C'est ça, foutez-vous de moi tous les deux. J'y peux rien si j'm'inquiète... Bande de chieur... »
Kirishima tourne le dos en grommelant, prenant le chemin de la salle de bain comme prévu initialement, tout en mettant les mains dans les poches. Katsuki contient difficilement son éclat de rire, alors qu'il suit sa trajectoire des yeux, le tout sous le regard étrangement vide d'Izuku.
Une fois Eijiro entré dans la pièce, le blond se retourne de manière à faire face à son colocataire, soudainement très sérieux.
Après plusieurs semaines à se côtoyer, bien qu'il se doute ne pas tout connaître de ses réactions, il a tout de même conscience que quelque chose cloche chez le jeune homme. Ses yeux sont encore plutôt gonflés, et Bakugo n'est pas certain que cela remonte à leur conversation d'il y a un moment, dans la voiture.
« - Oh ? Y a quelque chose qui va pas ? C'est à cause de ce que je t'ai dit tout à l'heure ? »
Midoriya sort soudainement de ses pensées, se retrouvant devant la mine inquiète de son ami, qui s'assurait d'attirer son attention. Il écarquille presque les yeux de surprises, alors que l'écrivain a planté son nez à seulement quelques centimètres du sien, instaurant de cette façon une proximité bien trop inattendue.
Ils ont pourtant l'habitude de se taquiner, et de se chercher ouvertement. Mais ici, à voir ces prunelles d'un rouge si intense posées sur lui, et visible d'aussi près, Izuku sent vaguement ses joues se réchauffer légèrement. Quelques secondes lui sont nécessaires pour reprendre ses esprits, lui faisant secouer la tête et détourner le regard, en prenant la direction de la cuisine.
Katsuki et Kumo avancent sur ses talons, sans poser davantage de questions.
« - J'ai juste le moral en dent de scie ces derniers temps, je crois. Et ça concerne un peu ce qu'on a dit dans la voiture.
- J'suis désolé Deku, je voulais pas te mettre mal. Vraiment.
- T'as rien fait Katchan. C'est pas toi qui m'a mit mal. Bien au contraire même.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? »
Les mains fermement accrochées au plan de travail, le musicien respire un grand coup, avant d'affronter une nouvelle fois ces pupilles vermillons. Il garde en tête toute la conversation entretenue dans le véhicule du blond, ainsi que ses pensées, qui se sont légèrement éparpillées en cours de route. Quelques larmes humidifient ses prunelles une nouvelle fois. La fois de trop sans doute, parce qu'il essuie nerveusement cette eau, en frottant rigoureusement ses paupières.
« - Izuku ? Tu pleure ? »
Le ton d'Eijiro, qui vient à peine de les rejoindre, témoigne de son inquiétude. Mais le concerné ne parvient pas à répondre à la question. Malgré l'ambiance un peu plus légère qui planait quelques minutes auparavant, cette boule d'angoisse recommence à grossir dans sa gorge. Il le sait, parler maintenant, c'est prendre le risque de succomber à une horde de sanglots, tous plus atroces à supporter les uns que les autres. Cependant il ne veut plus reculer. Izuku a besoin de s'ouvrir à ces deux personnes qui le soutiennent sans rien savoir de ses troubles.
« - Tu sais Katchan...quand t'as dit que je pouvais vous parler de tout ?
- Bien sûr.
- J'voudrais vous parler de mon ex... »
Katsuki et Eijiro échangent un regard mutuel, tandis que leurs expressions s'assombrissent. Bien qu'il ne connaisse pas les attenants et les aboutissants de cette passade de la vie de leur camarade, ils ont déjà quelque peu réfléchit à la question. Au détour de deux ou trois conversations, dans l'intimité de leur chambre, ils se sont penchés sur le sujet à plusieurs reprises.
D'abord par curiosité, en partageant tous les deux leurs soupçons. Et ensuite pour faire redescendre leur colère, lorsqu'ils ont devinés après l'intervention de Denki, le passage d'une relation aux traits sincèrement toxiques, qui a éprouvé leur ami.
Eijiro s'approche d'Izuku, se parant d'une expression aussi bienveillante que possible, tout en lui prenant la main. Il laisse un petit sourire prendre place sur ses joues, et essuie instinctivement une des larmes qui continue de couler sur la joue du musicien, à l'aide de son pouce.
« - T'es sûr que tu te sens prêt à en parler ? T'es réellement pas obligé. Kat's et moi on veut pas te forcer.
- Oui, j'suis vraiment sûr.
- Allez viens le nerd, encourage Katsuki. On va aller se poser dans le salon. »
En quelques minutes, les voici assit sur le canapé, à attendre que le musicien se sente apte à ouvrir le dialogue. Installé entre le couple, il se sent tout de même en sécurité.
Sans réellement contrôler sa gestuelle, ni même réfléchir, Izuku reprend la main d'Eijiro après que celui-ci l'ai tendu dans sa direction, lui offrant ainsi un point d'ancrage auquel se raccrocher.
Malgré son souffle qui se fait quelque peu erratique, il parvient à contrôler un tant soit peu sa respiration, et assurer ainsi à ses poumons un apport en oxygène qui soit convenable. Cela relève presque de l'exploit, tant il à la sensation qu'un rouleau compresseur est en train de l'écraser de toute part. Absolument tout son corps y passe, pendant que son anxiété grimpe encore d'un cran.
« - Tout va bien Izuku, nous sommes là. »
Les encouragements de Katsuki sont sincèrement les bienvenus, et il les accueille à bras ouvert, tandis qu'il patauge un peu trop dans son radeau de fortune, perdu au beau milieu de la mer de ses peurs. Pourquoi est-ce si complexe ? Le jeune homme a tant besoin d'expulser cette rancœur envers cette âme malsaine, qui l'a tant détruit.
Quelques minutes supplémentaires sont nécessaire, pour décrisper sa mâchoire tendue, et lui permettre de débuter l'échange.
« - On s'est rencontré à un cours de musique. Lui aussi baignait dans le milieu depuis un moment. C'était son plus grand rêve en fait, il voulait à tout prix atteindre les meilleurs et se placer tout au-dessus. Il estimait faire partie de l'élite.
- Un ego surdimensionné le p'tit merdeux...
- Kat's la ferme. »
Katsuki hausse les épaules en entendant son compagnon le rappeler à l'ordre. Il est évident que s'il se met à tout commenter, ils ne sont pas prêt de voir le bout de cette conversation. Alors le libraire prend sur lui, et tâche de remballer ses petites piques. Loin de lui le désir de potentiellement mettre mal à l'aise Izuku, qui semble enfin être décidé à se délester de ce poids.
Alors il se contente d'attraper l'un des plaids qui sont sur le canapé, et les couvre tous les trois avec. Ainsi, avec leur jambes ramenées sur l'assise de manière plus ou moins confortable, ils se créent une bulle propice à cette confession. Il vient ensuite saisir la seconde main libre de Deku, et l'incite à continuer, d'un petit geste de la tête.
« - J'avais un truc comme treize ans quand on s'est vu pour la première fois. Kai a seulement un an de plus que moi. »
La simple évocation de son prénom fait frissonner le jeune homme, tandis qu'il déglutit avec peine.
« - Au départ on s'est juste parlé simplement. On est devenus des amis très rapidement. C'était vraiment quelque chose de très simple. Il avait beaucoup de culture, de conversation et faisait preuve de gentillesse envers moi. Je me sentais à l'aise avec lui, alors que je connaissais personne. Je logeais chez un ami de ma mère pas loin du conservatoire, je n'avais plus aucun point de repère. Alors il a fini par en devenir un.
- Tu ne connaissais pas Shoto à cette époque, si je ne me trompe pas ? Demande Kirishima, doucement.
- C'est exact. Sho' et moi on s'est rencontré l'année de mes quinze ans. Toujours à ce même établissement d'ailleurs. C'était à une période où Kai n'était pas là. Il avait eu la chance de partir avec quelques autres élèves voir un autre établissement, et jouer avec d'autres orchestres. À son retour, il a pas vu d'un bon œil ma nouvelle amitié avec Shoto. Mais j'ai essayé de le persuader que c'était quelqu'un de bien, et que j'étais sûr qu'il l'apprécierait, s'il prenait juste un peu de temps pour le connaître. »
Izuku se sent prit d'une légère nausée. Kai Chisaki et lui n'étaient encore qu'ami au moment où tout ceci s'est déroulé. Mais il y a avait déjà cette possessivité omniprésente, ce besoin de faire de lui sa propriété seule et unique.
Seulement, à cette époque, le musicien n'avait rien vu de tout ça. Juste quelque chose qu'il a prit pour une peur tout à fait légitime, que Chisaki perde son précieux ami. Alors Izuku s'est appliqué à le rassurer autant que possible.
« - On a commencé à se fréquenter quand j'ai eu seize ans à peu près. C'était juste avant qu'il ne quitte le conservatoire. Ses parents sont décédés dans un incendie quelques temps après. Il a été obligé d'arrêter la musique pour se trouver un travail et un appartement. Ça a été un coup dur, j'essayais d'être là pour lui. Notre relation allait plutôt bien, la première année c'était le bonheur on va dire, malgré ce qu'il traversait.
- Et ça a commencé à se gâter après. » devine Katsuki.
Le garçon hoche la tête, tout en évitant soigneusement le regard de ses amis. Il serre leurs mains respectives de plus en plus fort, en se mordant la lèvre inférieure par instant, comme pour ravaler ses larmes qui menacent de couler. Eijiro s'essaye à le rassurer, en effectuant un petit geste circulaire sur la peau de sa main, à l'aide de son pouce.
« - J'ai toujours eu beaucoup de talent pour la musique. Mes professeurs croyaient énormément en moi, et en mes capacités. Ils me poussaient le plus possible, parce que j'avais selon eux ce qu'il fallait, pour réussir dans le milieu.
- J'imagine que ton p'tit copain était fou de jalousie que tu réussisse et pas lui, grogne le blond.
- Oui... Il a souvent fait passer ça pour de l'inquiétude. Parce que ça me demandais des heures en plus. Je dormais moins, je passais plus de temps en cours. Il me disait que je devais prendre soin de moi, et que dès que ce serait possible il fallait que je vienne habiter avec lui. Qu'il se chargerait personnellement de veiller sur moi, et s'assurer que je ne dépasse pas mes limites.
- Quel charmeur... »
Le ton de Kirishima se veut bien évidemment sarcastique. Même s'il a demandé à Katsuki de ne pas déblatérer de la sorte, il contient difficilement cet excès de rage qui l'emporte.
D'ailleurs, il peut apercevoir à l'expression de son conjoint, que c'est une colère partagée, et qu'il ne faudrait certainement pas qu'il croise ce fameux « Kai » sur leur route.
Et cette hargne à son encontre, ne cesse d'augmenter. Encore plus quand le musicien conte son emménagement, carrément forcé avec le recul, chez son petit ami de l'époque. Mais surtout, comment celui-ci s'est assuré de briser sa carrière sans aucun scrupule.
« - On m'offrait une opportunité unique. Partir faire des essais dans un établissement, et pouvoir ensuite éventuellement jouer en solo sur certaines scènes. Et aussi me joindre à un orchestre mondialement connu. C'était une chance incroyable ! Mais quand je l'ai annoncé à Kai...
- Il n'a pas partagé ton engouement... »
C'est le moins que l'on puisse dire. C'est encore ancré dans son esprit, chaque mot prononcé ce soir-là. Il n'avait encore jamais vu autant de colère dans les yeux de son compagnon, alors que lui était simplement guidé par le désir de partager sa réussite. Pourtant, il n'y avait rien de beau dans cette discussion. Juste une flamme brûlante et ardente, ponctuée de hurlements atroces, sans doute guidés par une jalousie ultime. Parce qu'après tout, Izuku était en train de réussir, là où lui avait échoué.
« - J'ai été tellement minable de le laisser faire... J'aurais pas du l'écouter... »
N'y tenant plus, ses sanglots commencent à se faire audible, alors que ses joues se couvrent de cette eau salée. Témoignage de sa tristesse ainsi que de cette amertume, d'avoir vu ses rêves piétinés de la sorte. Kumo vient instinctivement poser la tête sur ses genoux, en couinant légèrement, afin d'attirer son attention. Le garçon lui sourit quelques secondes, très heureux de les avoir tous les trois auprès de lui.
« - Quand il a fini par se calmer, il est devenu tout mielleux. Il m'a dit que je pouvais pas le laisser tout seul ici, que si je partais c'était comme si je nous abandonnais. Kai a laissé sous-entendre un tas de truc pour me faire culpabiliser. Alors je ne suis pas partit.
- Quel espèce d'enfoiré... »
Katsuki resserre sa poigne, tout en bougeant légèrement de manière à pouvoir passer un bras autour des épaules d'Izuku. Celui-ci suffoque presque, à l'énonciation de tous ces souvenirs douloureux, qui n'étaient pourtant au départ que porteur d'une simple histoire d'amour.
Eijiro sent son cœur grossir, de voir le jeune homme presque se blottir contre le blond. Il se sait affecté de le voir souffrir à ce point, et se demande comment alléger ne serait-ce qu'un peu son mal-être. Il comprend cependant désormais sans peine les raisons qui poussent Izuku à être réticent face à une nouvelle relation.
« - Prends ton temps Izu, on est là t'inquiète pas. »
Peu importe les heures qui défilent sur l'horloge du salon, et la nuit qui poursuit sa route à l'extérieur. Ils ne comptent pas le temps à allouer au jeune homme, et ont tout deux bien l'intention d'écouter Izuku autant que nécessaire.
« - Quand est venu le temps pour moi également de quitter le conservatoire, j'ai trouvé un taf en tant que vendeur dans une boutique de musique. Ça restait dans mon domaine, et au moins je ramenais un peu d'argent pour aider à payer les factures. Maman commençait à s'inquiéter, mais je lui disais que c'était rien. J'me persuadais moi-même d'être dans quelque chose de sain.
- Et tes amis ? »
Le musicien redresse le regard, et croise les prunelles si intenses d'Eijiro, dont le ton démontre l'intérêt qu'il porte à son histoire. Midoriya se sent de nouveau couvert de honte et de culpabilité. Bien évidemment qu'il se posait des questions, mais il était sûr d'avoir fait le bon choix à cet époque. Son copain avait besoin de lui, de sa présence, alors il lui offrait tout le temps nécessaire. Jusqu'à cette période où Chisaki est parvenu à ses fins, en le coupant totalement d'autrui. Par pure fatigue mentale, Izuku a fini par abdiquer et lui donner entièrement raison, sans prendre conscience de la réalité dans laquelle il évoluait.
Les crises de jalousies qui se faisaient de plus en plus fréquentes. Cette pression psychologique, pour qu'il cède au moindre de ses caprices. Cette manière d'appuyer sur sa corde sensible, et de lui créer une nuée de remords en tout genre...
« - Il a réussit petit à petit à m'éloigner d'eux. J'ai fini par couper les ponts, sans trop m'en rendre compte. J'étais une loque qui ne savait plus comment gérer les choses. Je craignais chacune de ses réactions.
- Putain j'ai envie de l'éclater cet enfoiré... »
Le musicien ignore quoi répondre face à la colère de Katsuki. Lui aussi a été très énervé, que ce soit contre lui-même ou à l'encontre de son ex. Il a retourné tant de fois toute l'histoire dans tous les sens. Lui qui a toujours eu du mordant, et qui se félicitait d'être caractériel. Il a laissé cette âme mauvaise le destituer de sa personnalité, afin d'en faire son pantin.
« - Comment tu t'en es sorti au juste ? C'est pas facile de se défaire de ce genre de relation... C'est même admirable que tu y sois parvenu Izu'.
- Je l'ai pas fait tout seul. J'ai commencé à me rendre compte des choses, lorsque j'ai surpris Kai me tromper. Ça m'a énormément affecté, parce que je l'aimais encore. Sauf qu'il m'a encore une fois fait comprendre que je lui donnais pas assez de temps, et que mes choix de vie lui faisait tant de mal qu'il s'était trouvé un exutoire. Tout ça parce que j'avais lâché mon poste de vendeur pour enseigner au conservatoire.
- Il a vraiment aucune qualité ce salopard...
- T'as tout compris Katchan. J'en reviens pas de m'être laissé embobiner pendant presque dix ans.
- Alors c'est pas si vieux que ça ta rupture...
- Ben...Votre proposition de location de chambre est tombée à pic. »
Izuku se laisse aller à un touche d'humour, sans sincèrement trop y croire lui non plus. Malgré tout, il se sent progressivement soulagé de parler de tout ceci. Cette présence autour de lui, que ce soit par ce bras protecteur passé autour de lui d'un côté, ou cette poigne ferme et rassurante de l'autre, l'aide à ne pas succomber.
« - Heureusement que j'ai convaincue Kat's de te laisser venir ici alors... Lâche Eijiro, avec un petit sourire.
- Je sais pas ce que j'aurais fait sans vous. Ça m'a énormément facilité la tâche.
- J'imagine bien Deku. J'suis soulagé quelque part de te savoir ici maintenant, et plus avec ce détraqué. »
Le garçon à la chevelure ondulante hoche la tête et souffle un peu. Son état nauséeux se dissipe un peu, mais reste encore un peu trop présent à son goût.
« - Excuses-nous, on te laisse finir.
- T'inquiète pas Eiji. Du coup, quelques temps avant notre séparation j'ai commencé à bosser au conservatoire. Mais je crois qu'il m'en voulait, sans doute parce qu'on m'avait presque déroulé le tapis rouge alors que lui galérait et avait du abandonner ses rêves. Il me le faisait continuellement payé. Et un soir, je sais pas trop comment...J'ai eu un déclic, et j'ai eu besoin de voir Denki et Shoto. »
Le soulagement du duo qui croulait sous l'inquiétude, fut immense lorsqu'ils reçurent un simple SMS du jeune homme. Ainsi, la machine visant à libérer Izuku de cette relation toxique commença à se mettre en place progressivement.
« - C'est un peu compliqué pour tout ce qui s'est passé ensuite. Mais ils m'ont tous les deux aidé à prendre conscience de se qui se passait. Kai enchaînait les aventures, et les humiliations envers moi. Alors un soir, après avoir longuement réfléchi, j'ai juste prit le large. Shoto est venu me chercher, j'ai créché chez lui et Sero quelques jours. Ils sont venus avec moi plus tard pour chercher le plus gros de mes affaires.
- Il a pas cherché à te recontacter ?
- Si, il a essayé. Ça a donné lieu à un échange hyper virulent, et Sho' lui a collé un sacré poing dans la gueule. »
Le couple échange un regard étonné, à l'entente d'un Todoroki énervé à ce point. Cependant, ils ne peuvent s'empêcher de sourire, ravi de voir que leur vengeance à été mise en œuvre par ce petit gars à l'apparence angélique et trop calme. Ils vont sans doute lui envoyer un panier garni à l'occasion...
« - Et après ça ?
- J'crois qu'il a jeté son dévolu sur quelqu'un d'autre après. Il a comprit qu'avec moi ça prenait plus. J'ai changé de numéro et tout. J'ai appris il y a peu qu'il avait été foutu à la porte de son appart, et qu'il avait déménagé avant que j'arrive chez vous. C'est un épisode définitivement clos il semblerait.
- Tu te sens mieux, d'en avoir parlé ? Questionne Katsuki.
- Oui... J'avais besoin et envie de vous en parler. J'veux juste... Vous avez pris une place importante dans ma vie. Je vous fait confiance, alors que j'imaginais plus ça possible, du moins pas à ce point. Je voulais juste que vous sachiez à quel point votre aide m'a sauvé. En plus d'un toit vous m'avez donné du soutient, une présence incroyable. Toi aussi Kumo ! »
Le husky se redresse à l'entente de son nom, et se met à sauter un peu partout dans la pièce. Ses jappements laisse planer une toute nouvelle ambiance, alors que le trio observe le canidé faire son petit manège, tout en riant joyeusement.
C'est étrange ce pouvoir qu'elle possède, comme si elle pouvait illuminer n'importe quel lieu, juste par sa présence.
« - Je suis content que tu te sentes assez en confiance avec nous, au point de nous parler de ce genre de sujet. Et... Ce mec a tord sur toute la ligne. Tu es vraiment une merveilleuse personne, qui mérite bien mieux que ce genre de traitement ignoble. Celui qui aura la chance de partager ton amour sera réellement chanceux Izu...
- Merci Eijiro. Vraiment t'es...vous êtes tous les deux incroyables.
- Pas autant que toi Deku.
- J'vais vraiment me coltiner ce surnom maintenant Katchan ?
- J'te promet que c'est affectueux. »
Izuku vient essuyer les sillons de ses larmes, qui ont séchés sur ses joues, tout en étouffant un petit rire. La douceur dont ils font preuve à son égard le touche profondément, et il apprécie cette proximité particulière qui s'est immiscée entre eux.
« - Allez viens là. »
Joignant le geste à la parole, Katsuki le ramène contre lui grâce à son bras qui réside encore sur ses épaules. Ainsi, Izuku se retrouve enfermé dans une étreinte tout contre lui, qui n'a pas tout à fait la même saveur que celle qu'ils ont partagé en début de soirée. Cependant, il profite de l'instant, et pose sa tête au creux du cou du libraire, sans réellement se poser de questions.
Derrière lui, se joignant à ce câlin, il sent Eijiro qui l'enserre également à la taille à l'aide de son bras droit, tandis que le gauche se place autour de son conjoint. Le torse de l'artiste épouse parfaitement son dos, pendant que sa tête se colle pratiquement à la sienne.
Le musicien laisse échapper un soupir de satisfaction, tout en fermant les yeux. Il pourrait presque s'endormir ici, dans cette position, entre ces deux corps qui le préservent de tout danger extérieur. Pour la première fois depuis longtemps, Izuku se sent réellement bien. Totalement heureux, soulagé et lui même.
Complètement à sa place.
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