Chapitre 7

La nuit commence déjà à bien tomber sur la ville, signe que l'heure se fait plutôt tardive.

Katsuki se retient autant que possible de souffler bruyamment, en fermant la portière de sa voiture. Crapahuter à des heures pareilles, ce n'est pas vraiment son genre. Il préfère de loin se poser chez lui tranquillement, à cuisiner paisiblement. Auparavant, c'était juste pour son compagnon. Mais désormais, avec Izuku qui s'est joint à la troupe, ils sont maintenant deux garnements qui s'amusent à l'observer comme des gamins, avec des étoiles dans les yeux.

Au départ, il trouvait ça un peu gonflant, et admet volontiers avoir sérieusement douté de la situation qui progresse entre les murs de leur maisons. Accueillir un parfait inconnu, dont il n'avait pratiquement, si ce n'est jamais, entendu parler. C'était une idée tout à fait saugrenue, quand il y repense.

Mais la donne a changé, alors qu'Izuku intégrait une place qui semblait tout juste faite pour lui, dans leur petite existence. Même Kumo, qui n'est pourtant pas forcément tendre avec autrui, s'est accrochée à cette bonne âme, dont ils auront du mal à se séparer le moment venu.

Aujourd'hui, le blond au caractère un peu bourru, s'est habitué à cette douceur ambiante qui règne dans sa maison. À leurs éclats de rire, peu importe l'heure et le sujet. À ces échanges qu'ils peuvent avoir. Les longues conversations avec ce garçon, sur ses écrits qu'il rêve d'avoir la chance de publier un jour, ou juste leurs films favoris d'All Might. Il apprécie aussi lorsque Kirishima montre ses dessins à Izuku, dans une expression mêlée de peur et d'une certaine euphorie de partager son talent, tandis qu'ils discutent ensemble des points à améliorer, après une foule de compliment.

C'est bien trop surprenant que cela puisse lui plaire à ce point d'observer ceci. De se complaire dans un quotidien simple, sans chichi. Mais surtout une existence à laquelle une troisième personne s'est greffée, sans réellement le chercher.

Katsuki en a la quasi certitude : avec une autre personne, la colocation se serait déroulée d'une toute autre manière.

Et il aurait eu la flemme de venir se perdre au beau milieu des rues de la ville encore trop effervescente, afin de venir chercher leur locataire à la sortie du boulot, parce qu'il n'avait pas d'autre moyen de transport pour rentrer.

Seulement, lorsqu'Izuku s'est avancé vers eux quelques jours plus tôt, réellement gêné et un peu hésitant, en expliquant qu'il allait devoir laisser sa précieuse moto au garage sans autre possibilité pour revenir chez eux, le blond a eu un léger sourire. Kirishima a de suite compris que son petit ami venait de s'auto-déclarer meneur de cette opération, et qu'il se portait volontaire pour jouer les chauffeur de taxi.

« - N'empêche, il aura intérêt de faire la bouffe demain soir... »

En remontant un peu le col de sa veste, le blond grommelle dans son début de barbe, qu'il n'a pas eu le temps de raser depuis quelques jours. C'est rare qu'il se laisse aller de cette manière, mais parfois quand le temps lui manque, ou que ses pensées sont trop éparpillées, le libraire cède plus facilement à la tentation de « on verra ça plus tard ».

Malgré le fait qu'il n'apprécie pas plus que ça, lui donnant la sensation d'être à la dérive ou complètement négligé, c'est quelque chose qu'Eijiro aime tout particulièrement.

Le blond se remémore ce jour même, quand ils en débattaient ensemble dans la cuisine de bon matin, alors qu'il grognait qu'il devenait urgent de s'en occuper. Son compagnon maugréant discrètement, entre deux petits rires que ce n'était pas si catastrophique, et que ce début de barbe n'avait rien d'un look à la « Robinson Crusoé ».

Esquissant un léger sourire, tandis qu'il monte les escaliers menant au bâtiment du conservatoire, Katsuki repense à l'expression moqueuse d'Izuku devant leur petit numéro, qui s'est fait une joie d'approuver les dires de Kirishima. Jouant les charmeurs, avec une petite voix mielleuse, tout en passant un doigt curieux le long de la ligne de sa mâchoire, soulignant à quel point cela lui donnait un sex-appeal de folie. Ils se sont tous les trois mit à rire à l'unisson, avant que le musicien n'attrape un fruit à la va-vite clamant un petit « j'comprend pourquoi Eiji t'as mit le grappin dessus ! », et leur a souhaité une bonne journée en claquant la porte.

Ce n'est pas si exceptionnel, ce genre de petit commentaire entre eux. Un peu comme un petit jeu qui a commencé, sans qu'ils ne le préméditent ni ne sachent de quelle manière il a vu le jour. C'était il y a peut-être une ou deux semaines, alors que leur colocataire a emménagé il n'y a pas tout à fait deux mois désormais.

Devant cette constatation, Katsuki souffle fortement. Il ne s'imaginait pas que le temps passait si vite, et d'un autre côté, il a cette folle impression que cela fait bien plus longtemps. Comme s'ils se connaissaient tous les trois depuis déjà des années. C'en est aussi perturbant que cela peut s'avérer plaisant. Parce qu'ils n'ont pas eu besoin de beaucoup d'adaptation pour leur quotidien, même si leur proximité est certainement surprenante vu de l'extérieur.

Tout en jetant un œil sur son téléphone, contenant les informations pour trouver son ami dans tous ces grands couloirs, Katsuki fini par arriver à l'une de ces immenses salles qu'il ne pensait voir que dans les films. Cela ne fait nul doute que l'argent investi dans la construction de ce bâtiment doit être une somme astronomique, et qu'il écarquillerait les yeux devant les chiffres.

Un peu en contrebas, appuyé contre le cadre de la porte, il observe Izuku qui est posté sur la scène qui mange un bon quart de la pièce. Le reste est constitué de dizaines de rangées de sièges, qui montent en escaliers, un peu comme dans ces classes qui accueillent des cours magistraux.

Concentré sur son élève, à qui il explique quelques petites choses concernant le piano auquel le jeune garçon est installé, il emploie un ton absolument doux bordé d'un monticule de termes pédagogiques. Le blond est un peu perdu devant tout ceci, dont il ne saisit véritablement rien de rien. Mais c'est plutôt surprenant et agréable de découvrir le musicien dans le cadre de son travail, alors que lui et Eijiro n'en avaient eu que des retours verbaux jusqu'à maintenant. De cette façon, Katsuki peut être témoin du rôle que joue Izuku auprès de ceux dont il est responsable, et le voir dans son élément.

Le libraire n'est pas si étonné que ça, de le voir faire preuve d'une grande patience et d'une gentillesse incroyable. Corrigeant patiemment chacune des erreurs que l'adolescent effectue, en faisant vivre la partition face à lui, sur son instrument de musique.

Le blond est prit d'un petit sourire en coin, alors que Midoriya ne l'a absolument pas remarqué. Ses traits témoignent de sa concentration, ses sourcils sont légèrement froncés et il est encore prit de cette manie de venir jouer avec l'un de ses piercing à sa lèvre. Souvent celui de droite, allez savoir pourquoi.

Lorsque le jeune homme parvient au bout de son morceau, pratiquement sans aucun accro, Izuku se met à sourire à pleine dent, dévoilant ainsi toute son attitude solaire et inspirante. Il pourrait presque se lever de son tabouret en criant à la victoire, tout en levant les bras au ciel. Oui Katsuki en est absolument certain.

« - Tu vois ! Je t'avais bien dit que tu étais capable de le réussir ce morceau.

- Mais je fais encore quelques fautes... Se met à geindre l'adolescent, en refermant l'instrument.

- Tu ne peux pas tout réussir du premier coup tu sais.

- Je veux juste...j'ai pas envie qu'on vienne encore me dire à quel point je suis nul, ni même que je mérite pas ma chance d'être ici. »

Le visage d'Izuku s'assombrit, tandis qu'il s'assied de manière à être face à face avec son élève. Il s'assure de capter son regard avec le sien, et commence sa tirade en soupirant.

« - Personne n'a le droit de te dire ce que tu mérite ou non. Tu es le seul à pouvoir en attester et à être en mesure de te donner les moyens de rester ici. Tu as eu le meilleur des réflexes en venant me demander de l'aide, et tu as eu la force de reconnaître que tu avais besoin d'un petit coup de pouce pour venir à bout de tes difficultés. Peu de gens en sont capables tu sais ? Reconnaître ses faiblesses, c'est une preuve de force.

- Vraiment ?

- Oui. Une des plus grandes forces qui soit. Et surtout, s'il te plaît n'oublie pas que tu ne dois pas te plier aux autres au point d'en oublier qui tu es et tes rêves. Ceux qui te soutiennent t'aideront à aller au bout de ce qui te fait vibrer, ce qui te fais te sentir bien et toi-même. Tu n'es pas nul, tu n'es pas un bon à rien ou je ne sais quelle bêtise de ce genre. Tu es fort et incroyable. Tu me promet de garder ça en tête ? »

Katsuki se mord la lèvre nerveusement. Il sent bien ce qui transparaît à travers ces quelques paroles, et toute l'implication qu'Izuku peut y mettre. Soucieux de voir son ami touché de la sorte, il tente de se faire le plus discret possible, en attendant de pouvoir retrouver Midoriya.

Et s'il s'inquiète, ce n'est pas juste parce qu'il a remarqué la détresse de leur colocataire à plusieurs reprises, sans qu'il ne lève le voile dessus. C'est aussi parce que cela fait écho à une conversation qu'ils ont entretenu, Kirishima et lui, avec leur ami Denki quelques jours plus tôt.

Au détour d'un simple petit service à rendre. Le blond, que Katsuki s'est amusé à renommer la pile électrique, à cause de son caractère très jovial entre autre, était simplement venu effectuer quelques réparation sur l'un de leurs ordinateurs. De fil en aiguille, abordant la question de la cohabitation, il a laissé échapper une phrase bien particulière, qui a fortement interpelé le couple.

« - J'suis content de voir qu'il commence à reprendre du poil de la bête. Il était vraiment pas bien ces derniers temps, et l'autre enfoiré lui en a fait voir de toutes les couleurs... Il mérite d'être heureux, c'est un gars bien. »

Seulement, après ceci et conscient d'en avoir déjà bien trop dit sans l'accord de l'un de ses meilleurs amis, Kaminari a gardé le silence. Faisant preuve d'une loyauté aussi belle qu'agaçante, il a désespérément gardé les lèvres scellées, au grand damne du duo qui s'imaginait glaner un peu plus d'informations au sujet d'Izuku.

Après coup, ils ont bien évidemment eu conscience que ce n'est pas une manière de procéder, et que c'est à lui seul de bien vouloir ouvrir les portes de son passé. Malgré tout, une vague idée de ce qu'il a pu traverser commence à se dessiner dans leurs esprits, venant faire vibrer leur cage thoracique d'une colère sourde qui pourrait guider leur gestuelle s'ils se laisser aller à l'écouter.

« - D'accord je retiens tout ça, merci monsieur, vraiment ! Vous êtes le meilleur de tous les profs !

- C'est normal voyons. Allez file il est déjà tard. »

L'adolescent rassemble ses affaires et enfile sa veste, avant de partir comme une furie, tout de même bien heureux d'être libéré de ses obligations pour retourner vaquer à ses occupations. Le professeur se met à rire devant tant d'entrain, et referme ses propres cahiers de partition.

« - Et arrête de m'appeler monsieur, et de me vouvoyer aussi. J'ai l'impression d'être un grand-père, j'ai même pas vingt-six ans... »

Faisant craquer sa nuque, il vient ensuite récupérer sa veste en cuir, visiblement son inséparable afin de la mettre pour rejoindre la sortie. Il consulte son portable, sans doute dans l'optique de contacter son chauffeur, qu'il n'a pas remarqué jusqu'à maintenant. Katsuki se met à rire doucement, avant de mettre un pied dans la salle.

« - Bah alors papy ? Comme ça on me voit pas ?

- Bordel tu m'as fais peur Katchan !

- Arrrh je t'ai déjà dit de pas m'appeler comme ça !

- C'est toi qu'à commencé en me disant papy. Tant pis pour toi. »

Le blond grommelle dans sa barbe, sous l'amusement non-dissimulé de son colocataire qui tente de ne pas glousser. Ce surnom enfantin est né il y a tout juste trois ou quatre jours, alors qu'Eijiro et lui s'amusaient à commenter la susceptibilité incroyablement élevée de cet homme colérique, avec qui ils partagent leur quotidien. Izuku s'est fait un malin plaisir à lui roucouler ce petit nom toute la soirée, sous les rires incessants d'Eijiro. À force, il ne pouvait plus respirer, ni même parler, se contentant d'essuyer ses larmes au coins de ses yeux, avant de repartir de plus belle à chaque « Katchan » prononcés de manière bien exagérée, par le musicien.

Pendant ce temps Katsuki rageait tout seul dans son coin, en marmonnant qu'il n'en pouvait vraiment plus de ces deux-là, et qu'il commençait à se demander s'il n'allait pas juste les faire dormir dans le jardin à le belle étoile. Histoire qu'il puisse avoir un peu la paix.

« - T'as toutes tes affaires ? On y va ? »

Izuku hoche la tête en attrapant son sac à dos. Il sort de la pièce qu'il prend soin d'éteindre et de fermer à clé, puis se dirige vers la sortie en adressant un petit signe de la main au concierge, toujours dans sa loge. Le blond lui emboîte le pas, silencieusement, et inspire profondément en sentant le vent lui toucher le visage lorsqu'ils arrivent à l'extérieur.

C'est une sensation délicieuse, ces soirées qui annoncent doucement l'été, avec cette ambiance particulière qui s'élève dans l'atmosphère.

« - Merci d'être venu me chercher.

- Appelle-moi Katchan encore une fois, et je te laisse sur le parking.

- Hé ! J'ai encore rien dis ! En plus tu te ferais engueuler par Eiji, si tu rentrais sans moi. J'ai pas raison ? »

L'écrivain pouffe un peu, en approuvant d'un geste de la tête. C'est vrai que son copain lui ferait sans doute sa fête, et pas dans le bon sens du terme, s'il rentrait sans lui. Et Kumo également, irait de son petit regard dédaigneux en lui tournant le dos. Ça il en est sûr et certain.

« - Alors ? Comment ça a été ta journée ?

- Mmh...ça va. C'était pas exceptionnel. On réorganise l'un de mes rayonnages la semaine prochaine. Du coup je commence à mettre en carton les réfs qu'on me demande le moins, les trucs qui urgent pas... C'est un peu chiant. »

Comme toujours, Izuku écoute attentivement les dires de son camarade. Peu importe qu'il ai une foule de choses à lui dire, que Katsuki ai conversé avec un auteur qu'il affectionne particulièrement rendant ainsi sa journée incroyable, ou qu'elle n'ai été ponctuée que d'évènements d'une grande banalité... Il lui accorde toujours son attention pleine et entière. S'intéressant au moindre détail, à tout ce qui a pu être dit ou fait.

C'est un trait de caractère très appréciable chez lui, le rendant juste adorable et le genre de personne que l'on apprécie avoir autour de soi. Parce qu'il donne l'impression d'être réellement présent, même si le libraire a remarqué qu'il ne prend pas forcément le temps de demander la même attention.

« - Mais va y avoir beaucoup de changements ?

- Non, c'est surtout de la déco franchement. Et on change aussi progressivement le système d'étiquetage et de classement. On a reçu les nouveaux logiciels, et ils agrandissent la boutique. Du coup ils vont bien faire la différence entre la partie emprunt, et la partie achat.

- Vous agrandissez ? Purée c'est cool ça !

- Ouais. Le bâtiment d'à côté a été acheté par la boîte. Le boss veut qu'on revoit l'espace lecture, et peut-être un pour l'écriture aussi. Comme ça on pourra bosser en collaboration avec des auteurs qui proposent des ateliers.

- Tu devrais en faire toi aussi !

- Tu rigoles ? J'ai pas la patience d'apprendre aux gens. J'galère déjà pour moi-même. Je préfère parler des bouquins que j'aime aux gens. Mais si tu veux un de ces quatre, je te ferais lire un petit truc que j'ai écris. »

Izuku approuve joyeusement, avec une expression de bonheur intense sur le visage. Katsuki a la légère impression d'avoir promis à un enfant qu'il allait prochainement rencontrer le père noël, vu de la sorte. Et ça le fait légèrement glousser de le voir ainsi.

« - Et toi ? Ta journée ?

- Oh ça va, que des classes sympathiques. J'aime bien leur enseigner la musique.

- Et ce môme là ? C'était qui ?

- Un gamin qui est là depuis quelques mois. Les programmes sont assez variés ici. On donne des cours à des classes entières, ou juste à quelques élèves parfois. Lui a été inscrit il y a peu, grâce à son grand-père. Il bénéficie d'une bourse, du coup...

- Il se met la pression ? » Devine Katsuki sans peine.

Le professeur soupire fortement, en approuvant. Il jette un œil à la rue qu'ils traversent en voiture, maintenant juste illuminée par les lampadaires. Ils ne sont plus qu'à quelques pâtés de maison de leur habitation.

« - C'est plus que de la pression à ce stade. Son grand-père l'a recueillit il y a déjà cinq ans. Et il veut se montrer digne de sa chance et de ce qu'il veut faire. Le truc, c'est que dans ce genre d'institution on a souvent des gosses de riches, qui se prennent pas pour de la merde.

- Ouais, j'vois le genre.

- Certains l'ont prit en grippe j'ai l'impression. Je suis déjà intervenu de ce côté-là, auprès du directeur de l'établissement. On s'est assuré que ça ne prenne pas une tournure pire que celle-là. Sauf que maintenant, il a encore moins confiance en lui qu'avant...

- C'est vraiment dégueulasse putain...

- Ouais. »

Reposant ses prunelles vertes sur le conducteur, le jeune homme peut voir que le blond enserre fortement le volant. Tout en fronçant les sourcils, il passe une main gentiment sur son avant bras, effectuant une petite pression, lui intimant silencieusement de relâcher un peu.

Katsuki comprend, et desserre un peu ses doigts, en soufflant un peu bruyamment, comme s'il reprenait le contrôle de sa respiration.

« - J'voulais juste qu'il comprenne qu'il était pas seul pour traverser ceci. Ça m'a demandé quelques heures supplémentaires, mais au moins j'ai pu l'aider à travailler un peu.

- C'était super ce que tu lui as dit, à la fin du cours.

- Ah ça... »

Le sourire du musicien se crispe légèrement, alors que sa main vient nerveusement frotter sa chevelure en bataille, qui semble toujours aimer faire sa loi.

« - Je sais ce que c'est quand on se met la pression pour quelqu'un. Ou qu'on fini par abandonner ses rêves. Je veux pas qu'il fasse de mauvais choix par dépit, et qu'il se rende compte après qu'il regrette profondément le chemin qu'il a choisit. Il doit prendre soin de lui, se placer en premier dans l'ordre de ses priorités.

- Je comprend. Je pense que tu lui as dit de belles choses, et j'espère que ça ira.

- Ouais, j'espère que ça suffira moi aussi. »

Après quelques minutes, Katsuki jette un œil sur Izuku avant de prendre une grande inspiration. Il ne sait pas s'il fait toujours ce qu'il faut en parlant des sujets délicats, ni même s'il a les bons mots. D'ailleurs, après de nombreuses conversations avec Eijiro, il a bien remarqué à quel point il peut manquer de délicatesse ou d'empathie par moment.

« - Izuku ?

- Mmh ?

- Quand tu dis que tu sais ce que c'est de devoir abandonner ses rêves...tu parle de ta propre expérience ?

- Oui. »

Il répond d'une toute petite voix, tandis que le libraire gare le véhicule dans leur allée, juste devant la porte du garage. Il coupe le moteur, sans pour autant sortir de la voiture, laissant quelques instants le silence emplir l'habitacle. Puis, après quelques minutes, il se retourne face à Izuku, qui l'observe un peu perplexe, en passant une main frénétiquement sur son visage.

« - Ok...Bon écoute. J'suis pas très doué pour tout ça. Eiji te l'a déjà dit, et tu l'as aussi remarqué. Mais j'voulais juste... Je veux que tu saches. Peu importe ce que tu as vécu, peu importe ce que tu as pu traverser, on est là pour toi. »

Le regard du musicien se couvre d'un voile étrange, et Katsuki devine aisément l'apparition de quelques larmes aux abords de ses prunelles.

« - T'es pas obligé de devoir encaisser seul. T'es pas obligé de porter le poids de ton passé tout seul, et de te persuader de trucs qui sont hyper faux ou je sais pas quoi. Vraiment, même si t'as juste besoin de pleurer une soirée entière avec nous, en parlant de tout et n'importe quoi, alors ok ! J'te jure, on est pas juste des colocs franchement ! On est là les uns pour les autres, et je vois. Je vois à quel point tu peux souffrir de ce que t'as vécu. Eijiro aussi en a conscience.

- Je...

- Attend, juste...Laisse-moi finir s'il te plaît. C'est pas facile pour moi de parler comme ça. Et j'essaye de faire un putain d'effort. »

Cette remarque arrache un petit rire à Izuku, malgré son regard larmoyant et ses joues qui commencent progressivement à se baigner d'eau. Katsuki lui offre un petit sourire, et lui prend doucement les mains pour démontrer son soutient et sa détermination à lui remonter le moral.

« - En vrai, tu peux ne jamais en parler si tu préfère. On est même pas obligés de connaître les attenants et aboutissants, si ça te fait chier ou quoi. J'te cache pas qu'on commence forcément à avoir un avis sur la question avec Eiji, à force. Juste...Si t'as besoin de vider ton sac, sur absolument tout. Nous on sera là, du début à la fin et t'as pas à t'en inquiéter. Peu importe par quoi tu as pu passer. Et on t'aidera à aller mieux, à ce que tu te sentes mieux.

- Merci...

- T'es vraiment quelqu'un de bien. T'es une personne géniale et on adore t'avoir auprès de nous. Ne l'oublie pas tout ça. Je sais pas ce que la personne qui t'as blessé à ce point à pu te dire, mais j'suis sûr que c'était que des conneries. T'es vraiment incroyable, n'en doute pas. »

Le libraire respire de manière audible et rapidement. Comme s'il venait de courir un marathon. Le stress s'empare légèrement de lui, d'avoir peut-être employé des mots qu'il ne fallait pas, ou juste d'avoir été totalement à côté de la plaque.

Mais, alors qu'il aperçoit une petite lueur d'espoir dans le regard de son ami, assit juste à ses côtés et qui sourit un peu malgré ses larmes, il espère ne pas avoir trop cafouillé. Cela n'a jamais vraiment fait parti de son caractère, de savoir être à l'écoute et poser les mots adéquat. Tout ça, c'est plus du domaine d'Eijiro...

Cependant, Katsuki s'est demandé si en prenant les devants, il ne pouvait pas balayer quelques craintes résidant encore dans l'esprit d'Izuku. En se montrant d'un soutient équivalent, et moins bourru qu'à l'accoutumée, cela pourrait peut-être l'inciter à s'ouvrir. Ou au moins créer un climat de confiance plus important à ses yeux.

« - C'est vous deux qui êtes incroyables. Merci de m'avoir accueillit à bras ouvert, et de me donner autant. Merci pour tout. »

Sans trop le préméditer, ni même deviner lequel des deux amorce le mouvement en premier, ils parcourent cette distance qui les séparent en venant se prendre l'un et l'autre dans les bras. Une simple étreinte, qui ne dure que quelques secondes, dans laquelle transparaît tout ce qui vient d'être énoncé. Izuku savoure la chaleur de ce contact, qui lui réchauffe le cœur, tandis que Katsuki tente de lui partager toute sa bienveillance. Toute cette gentillesse, et cette compassion à son égard.

Juste ce petit quelque chose qui signifie beaucoup.

Qui veut dire « tout va bien, nous sommes là ».

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