Chapitre 6
« - Putain t'en mets partout !
- Attends, attends... voilà, c'est bon c'est rattrapé. »
Kirishima tente tant bien que mal de rassurer son compagnon, en lui montant le sachet de viennoiseries à peu près intact, après l'avoir légèrement maltraité. Katsuki lève les yeux au ciel, devant son minois qui signifie un petit « allez boude pas ».
Déjà parce qu'il sait qu'il n'y résiste absolument pas, et qu'Eijiro s'en sert sans aucun scrupule pour le faire céder. Mais aussi parce qu'après son emploi du temps plus que chargé à la librairie ces dernières semaines, c'est le premier jour qu'ils peuvent passer en tête à tête. Et il se voit difficilement tout foutre en l'air, juste à cause de son caractère infernal.
À côté d'eux, leur chienne attend patiemment que ses maîtres ne daignent lui apporter un peu d'attention, en reportant la sienne sur les quelques passants qui sont dans la rue. Le temps est très ensoleillé, sans pour autant être totalement insupportable. Des superbes journées qui donnent envie de se balader pendant des heures, et découvrir de magnifiques paysages finalement.
Assise sur ses pattes arrières, elle pose son regard vairon sur un ou deux bambin, qui traversent le chemin en tenant la main à leur parent respectif. Sans jamais grogner, ou faire un seul bruit. Juste ses petites prunelles curieuses, qui découvrent le monde et ce qui l'entoure.
« - Kumo, on y va ma grande. »
Ayant parfaitement entendu l'appel, elle reporte son attention sur ses deux maîtres qui la regarde de manière attentionnée. Comprenant la demande, elle prend naturellement le chemin de leur domicile, après cette longue promenade matinale qu'ils viennent de faire en famille.
Et il leur faut moins d'une vingtaine de minutes au total, pour rejoindre leur habitation, et se poser confortablement dans la pièce à vivre avec le petit-déjeuner. Le husky savoure sa ration journalière, en compagnie des deux garçons, qui répondent à ses marques d'affections continuellement.
Katsuki et Kirishima, sont quand à eux posés avec leur thé à la table de la salle à manger, en profitant du calme de cette matinée, tandis que l'horloge de la cuisine affiche déjà un bon neuf heures vingt-trois.
« - C'était bien, ça fait longtemps qu'on avait pas prit le temps de partir en balade tous les trois.
- Ouais, ça lui a manqué à elle aussi, regarde sa frimousse là.
- En fait tu dis de moi, mais t'es complètement gaga d'elle aussi Kat's.
- Pas du tout, jamais. »
Quelques taquineries règnent à travers cette conversation sympathique, porteuse d'une bonne humeur débordante, qui se fait sentir dans tous leur gestes. Avec les quelques mauvaises nouvelles qu'ils ont traversés ces derniers temps, notamment par la perte de travail d'Eijiro, qui a énormément angoissé ce dernier, rares ont été les moments doux de la sorte.
Alors, cet instant, ce petit morceau de paradis, ils sont bien décidés à le vivre pleinement. Parce qu'ils l'ont complètement mérité.
« - T'as eu des nouvelles de ta mère ?
- Oui, hier j'ai eu papa au téléphone. Elle se remet doucement de son intervention. Les médocs l'aident à traverser la douleur, même si ça reste compliqué par moment. Ils doivent voir le doc bientôt.
- D'accord. T'inquiète pas Eiji, y a pas de raison que ça aille pas. »
Celui-ci hoche la tête doucement, prenant le temps de respirer un bon coup. Il n'aime pas spécialement imaginer ses parents en situation délicate, lui qui les a toujours vu faire attention à tout au court de leur vie.
Alors, quand il a su que sa mère avait eu un accident entraînant diverses blessures, y compris une fracture importante au niveau de sa jambe droite, nécessitant une intervention chirurgicale, son anxiété à grimpé d'un cran. Finalement, les évènements prennent une tournure plutôt positive, puisque la mère de famille a été excellemment bien prise en charge. Mais le stress a la vie dure, et le jeune homme peine à se délester de ses angoisses omniprésentes, au plus grand damne de Katsuki, qui s'en veut tout de même un peu de ne pas toujours avoir les mots qu'il faut pour le soulager.
« - Mais financièrement...
- Faut vraiment que tu détende avec l'argent. Je sais ce que ça représente pour toi, je sais ce que t'as traversé gamin. Mais les assurances ont prit en charge les frais, et tu sais que la situation professionnelle de tes parents n'est plus la même qu'autrefois.
- Oui...oui t'as raison, pardon. J'crois que je fais une fixette dessus. »
Et pour cause. Plus jeune, Eijiro se rappelle sans peine de la détresse dans le regard de ses parents, au moment de tenir les comptes, et d'aller faire les courses. Le moindre sous à sortir représentait quelque chose de considérable, allant jusqu'à obliger le couple à se priver par instant afin de pouvoir subvenir aux besoin de leur enfant. Lui qui assistait impuissant à la chose, en voyant tout ce que cela ruinait dans leurs existences, sans pour autant être en mesure de faire quoi que ce soit.
Il se remémore encore l'expression bienveillante de son père, qui tentait de le rassurer et de lui expliquer que tout était normal, tandis que sa mère le couvrait d'amour, au creux ses étreintes maternelles. Et puis, après cela, il y avait les larmes de cette femme, tard le soir.
Le jeune homme, du haut de ses huit ans à cette époque maudite, entendait les pleurs de désespoir à travers les murs de la cuisine, alors qu'il se levait discrètement pour écouter aux portes. Ça l'a heurté, au plus profond de son cœur.
Alors même si les choses sont différentes aujourd'hui, et qu'avec le temps la situation s'est améliorée, il vit dans cette peur. Tel un traumatisme qui l'a impacté fortement, fusionnant avec son être, pour ne plus avancer qu'avec cette crainte sourde qui guide ses pas.
« - C'est pas grave mon cœur.
- Mon cœur ? C'est pas souvent que j'ai droit à ce genre de surnom.
- J'ai une pulsion de romantisme écoute, profites-en tant que ça dure. »
Katsuki grogne un peu, fidèle à son caractère comme toujours. Il se rapproche de son compagnon, assit juste à sa gauche, pour lui poser un baiser sur la joue. Et Eijiro se sent fondre sous un tel débordement d'affection, un peu comme s'il redevenait celui qu'il était, au commencement de leur relation. Les joues rouges, un sourire béat qui se greffe à son visage, tandis qu'un gloussement se laisse entendre après cet acte de démonstration.
« - Tu vois ? Lâche le libraire, fier de son effet.
- Je constate oui. »
Kirishima répond sur un ton joueur, tout en tournant la tête de manière à capter son regard. Proches l'un de l'autre, à seulement quelques centimètres, ils sentent leurs souffles respectifs se glisser sur leurs peaux tandis que l'air s'enveloppe de ce petit quelque chose. Cette étincelle qui fini inlassablement par voir le jour entre eux, chaque fois que cette ambiance électrique naît. Ils sont constamment dans la recherche de cette petite tension, qui leur crée une envolée de papillon au creux du sternum. Qui vient les retourner, sans qu'ils ne comprennent comment tout ceci fonctionne. C'est un mystère complet, dont ils n'ont pas envie de connaître les origines.
Juste se contenter de le vivre, au travers de petite bribes de leurs existences tels que celui-là.
Celui où Eijiro n'y tient plus, et comble la maigre distance qui s'immisçait encore entre eux, afin de sentir cette paire de lèvre sur les siennes. Toujours d'une douceur incroyable, avec la même dextérité que depuis le commencement, qui fait de ce baiser un moment magistral. Encore plus lorsqu'ils partent respectivement à la recherche du goût de leur peau, de leurs bouches, auquel se mêlent les quelques saveurs sucrées de ces pâtisseries qu'ils ont partagées il y a peu.
Même si l'oxygène se raréfie, même si l'air commence à manquer, ils ne semblent pas décidés à rompre cette passade délicieuse, à mettre un terme à cet interlude.
Pourtant, entre deux de ces contacts qui prennent délicatement en intensité, un aboiement se faire entendre. Rappelant ainsi aux deux tourtereaux qu'ils ne sont pas seuls.
Kirishima tourne le regard dans la direction de Kumo, qui leur offre une œillade neutre, presque blasée, alors que Katsuki persiste à déposer une nuée d'embrassades d'une douceur déconcertante au creux de son cou.
« - Kat's...
- J'suis occupé là. »
Le garçon lève les yeux au ciel, tout en pouffant un peu devant ce traitement agréable, qui lui provoque quelques chatouilles, suivant les zones où le blond passe.
Il fini par lui relever la tête, en lui déposant un dernier baiser sur les lèvres, doucement, avant de lui jeter un regard emplit d'amour.
« - Je t'aime.
- Moi aussi. »
La chienne fait entendre sa voix, aboyant à tout va, signifiant vaguement un « ne m'oubliez pas ». Le couple reporte son attention sur elle, venant lui grattouiller le poil gentiment, avant qu'elle ne se mette à couiner.
« - Eh beh ? Qu'est-ce que tu as ? »
Katsuki la regarde perplexe, tandis qu'elle part dans le couloir. Le canidé se rapproche d'une porte, à laquelle elle vient gratter frénétiquement, avant de tout bonnement se laisser rouler sur le sol. Kumo continue son petit manège encore quelques minutes, cherchant sans relâche le troisième garçon qui a prit une place dans son quotidien.
« - C'est pas la première fois qu'elle fait ça, aller pleurer derrière la porte d'Izuku.
- Je l'avais jamais vu faire ça, lâche le libraire.
- Il est déjà rentré les trois quart du temps quand tu es là. T'as pas vu à quel point elle est accrochée à lui ? L'autre jour il s'était endormi sur le canapé, Kumo lui ronflait à moitié dessus.
- En même temps il sait y faire avec les animaux. Le chat de la voisine vient le voir quand il est dehors. J'dois admettre que c'est assez adorable de voir ce grand gaillard se plier en quatre devant des petites bêtes comme ça. »
Eijiro hoche la tête positivement, en approuvant les dires de son conjoint, tout en se perdant dans ses propres pensées. Il repense à ces moments de discussions qu'ils ont partagés, que ce soit à deux ou même tous les trois. Les quelques soirées films qu'ils ont pu faire tous, à commenter les moindres réactions des personnages, sous le regard totalement furieux de Katsuki qui voulait les étrangler tous les deux. Et à ce rire, celui d'Izuku, totalement pur et cristallin qui a prit une place importante dans leur vie.
Après presque un mois et demi de colocation, le couple qui s'imaginait réellement subir ceci, se rend compte qu'ils s'y sont accoutumés, et que tout tourne merveilleusement bien. C'en est presque déconcertant, d'avoir trouvé une personne qui s'adapte à ce point à leur fonctionnement, et avec qui ils ont envie de partager tant de choses.
Le trio n'a pas sincèrement connu de désaccord jusqu'à présent, voir même pas du tout. Les quelques éventuelles points à revoir, ont tous pu être abordés calmement au détour d'un simple échange très poli et courtois.
Oui, tout va pour le mieux.
« - Tu trouve pas que c'est vide quand Izuku est pas là ? » Lâche-t-il, sans préambule.
Une expression de surprise s'empare du blond en premier lieu, devant cette affirmation qu'il n'avait pas réellement vu venir. Il fini cependant par soupirer un peu, et se joindre à la réflexion également.
« - Si. C'est vrai que ça fait plutôt étrange.
- J'crois...ça va vraiment me faire bizarre, le jour où il va nous annoncer qu'il part. Je saurais pas comment expliquer, tu dois me trouver un peu étrange, mais...
- Non, j'te trouve pas bizarre ou quoi Eiji. Moi aussi j'me suis habitué à ses conneries, et à notre petit rythme quotidien. C'est comme si la vie avait prit une tournure un peu différente, et c'est pas déplaisant j'avoue. Pourtant j'suis pas du genre à aimer bousculer mes habitudes. Mais c'est pas pareil. Je comprend. »
Eijiro souffle de soulagement. Un peu soucieux à l'idée de braquer Katsuki, il a sérieusement hésité sur le moment, à l'idée de formuler à voix haute son cheminement de pensée.
Et puis, se rendant doucement compte de ce qui a été dit, il se met à observer son compagnon d'un œil plutôt doux et curieux.
C'est assez surprenant, avec le recul, de voir que le libraire puisse agir avec autant de délicatesse avec quelqu'un d'autre que son petit ami. En temps normal, il est plutôt du genre cassant et brut de décoffrage, à parler sans vraiment de filtres. La totalité de leur cercle d'amis s'y sont fait, apprenant à lire entre les lignes pour déceler les mots que Bakugo ne dit pas, ou peu. Il dissémine sa protection et son affection derrière des phrases brusques, et pas sincèrement ponctuée de tact.
Seulement là, il a pu être témoin à plusieurs reprises d'une gentillesse particulière à l'égard de leur colocataire. Certes, ils se cherchent continuellement tels deux gamins toujours en recherche de fou rires. Mais Katsuki ne provoque que lorsqu'il constate que le musicien est apte à répondre, et n'insiste pas quand le jeune homme se referme. Comme s'il prenait soin de lui à sa manière.
Et Kirishima peut le comprendre. Après tout, Izuku fait partit de ces quelques personnes au grand cœur, qui semblent renfermer une grande détresse sous une carapace bien présente. Une armure dont il ne se décharge que peu de fois. Ou face à un public réduit.
Même s'il se garde bien d'ouvrir la porte sur les histoires qui ont menées sa vie ici, et les créatures torturantes qui cherchent à le happer continuellement, il paraît cependant dévoiler quelques failles en la présence du couple.
Ont-ils réussit à trouver la voie qui mène à son âme brisée ?
Eijiro l'ignore, mais il y a ce petit quelque chose qui le pousse à chercher plus loin, et à prendre soin de cet esprit meurtri qui se débat courageusement pour aspirer à mieux.
« - Il pleurait l'autre soir.
- Sérieux ? »
Le garçon hoche la tête, devant l'expression soucieuse de Katsuki face à lui, tout en se rappelant les prémices de ce moment particulièrement éprouvant. Le blond faisait des heures supplémentaires sur son lieu de travail, laissant Eijiro en tête à tête avec Izuku. Le jeune homme avait dans l'idée de prévoir une soirée sympathique, et peut-être même de commander à manger afin de partager un bon moment.
Mais c'était sans compter sur l'humeur bien morne de leur locataire, qui est rentré de sa journée avec une moue triste. À mille lieux de cette joie qui irradie continuellement de sa personne. Comme si, ce jour-là, le masque qu'il s'impose continuellement était trop lourd pour être supportable. Et qu'il n'avait d'autre choix que de s'en délester pour une fois. De dévoiler une partie de lui, qu'il s'appliquait désespérément à maintenir loin du regard d'autrui, depuis très longtemps.
Kirishima se souvient de cette manière qu'il a eu de le saluer. D'une façon si maussade, à contrario des autres jours. Lui offrant un petit geste de la main, avant de juste prendre le chemin de sa chambre, en flattant Kumo d'une caresse affectueuse.
Ses débordements d'énergies, ses fous rires incessants, étaient retournés en coulisses. Laissant la place à des doublures insupportable, porteuse d'une tristesse immense. Incapable de montrer autre chose qu'une profonde neurasthénie.
Le propriétaire des lieux a longuement hésité, quand à la démarche à suivre. Devait-il aller le voir ? Lui laisser de l'espace ? Il ignorait quels limites s'appliquaient à la situation, ni même ce qu'il était en droit de faire, à l'égard de ce garçon peiné.
Et puis, après une bonne demi-heure, alors qu'il s'était enfin décidé à au moins demander à Izuku s'il désirait manger, il a reconnu les sons étouffés des chagrins que l'on tente de masquer. Sans succès, puisqu'Eijiro les connaît sur le bout des doigts, tant il a pu entendre cette mélodie bouleversante dans le passé.
« - Oui, il s'est pas trop étendu sur les raisons... »
L'artiste s'est juste heurté à un Izuku submergé par les larmes, qui peinait presque à respirer tant son angoisse prenait le pas sur tout le reste. Sa bonne humeur habituelle avait prit le large, le laissant se noyer dans cette mer d'amertume, et d'un défilé d'autres émotions du même goût.
Les mots restaient bloqués dans sa gorge, sans qu'il ne soit jamais capable d'en prononcer un seul.
« - Tu crois que ça va aller pour lui ?
- Tu t'inquiète Kat's ?
- Pas toi peut-être ? »
Comment Eijiro pourrait-il décemment prétendre le contraire ? Surtout après ce qu'il a vu ce soir-là. Parce que, désireux de soulager un peu ses craintes ainsi que cet abattement évident, il s'est précipité vers lui sans trop contrôler ses gestes. Comme si son corps n'avait obéit qu'à son instinct, qui lui intimait de sauver cette âme perdue.
Il s'est assit auprès d'Izuku, dont le puits de larmes ne semblait pas tarir, et lui a offert un regard emplit de toute la bienveillance possible. L'artiste se rappelle brièvement, avoir balbutié une phrase un peu bancale, témoignage de sa préoccupation, tout en lui ouvrant les bras. Et puis, cette manière qu'à eu le musicien de se raccrocher à lui. Comme si Eijiro était son phare dans la nuit, sa seule accroche à ce rivage qu'il cherchait à tout prix à ne pas quitter.
« - Si... Bien sûr que ça m'inquiète. »
Et, alors que son esprit divague entre cette image de lui serrant le musicien au creux de ses bras, et le regard vermeil de son compagnon assis à ses côtés, Kirishima se sent légèrement submergé. Il se rappelle cette sensation étrange, qui s'est immiscée dans son thorax, alors qu'il le consolait de cette journée apparemment délicate à coup de phrases très douces, et deux ou trois bêtises visant à provoquer un rire ou un sourire sur sa frimousse d'ordinaire si rayonnante.
C'était déconcertant ce qu'il a pu ressentir, sans qu'il n'en comprenne pour autant les raisons ou l'origine. L'artiste imagine, sans trop de peine, qu'à force de se côtoyer une affection particulière voit le jour entre eux tous. De la même manière que leur quotidien se construit autour de leurs habitudes à eux trois, leur relation dépasse celle d'une simple connaissance ou d'une amitié basique.
« - Tu sais, l'autre jour quand j'ai discuté avec Izu... il a vaguement mentionné que l'amour c'était pas pour lui, ou quelque chose du genre.
- Hein ?
- Je te jure. On parlait de sa relation avec Shoto, et je lui ai posé quelques questions. De fil en aiguille, on en est venu à parler de relations amoureuses. Et il a dit que c'était pas pour lui. J'imagine que ça a un rapport avec ça.
- C'est vrai qu'il s'étend jamais à ce sujet. Il m'a dit qu'il était célibataire, mais à part ça il en a jamais rien dit. »
Kumo vient poser sa tête sur la cuisse d'Eijiro tout en couinant un peu, comme si elle comprenait que la détresse de celui qu'elle affectionne désormais énormément, se trouvait au centre de la conversation. A-t-elle conscience de ce que Midoriya semble traverser dans le plus grand des silences ?
« - En plus j'trouve ça idiot.
- Kat's...
- Bah quoi ?
- Ton tact... »
Le blond se renfrogne un peu, tout en resserrant sa prise sur la main de son petit ami. Il marmonne un petit « désolé » dans sa langue qui lui est presque propre, faisant rire Kirishima dans le même temps. Celui-ci vient l'embrasser sur la joue, avant de poursuivre la conversation.
« - Tu voulais dire quoi par là ?
- C'est juste... Arh j'sais pas comment expliquer. Je sais pas ce qu'il a vécu, et je minimise pas. Juste, c'est loin d'être un boulet ou quoi. Et faut pas qu'il se mette dans la tête qu'il mérite pas de l'amour.
- Je vois ce que tu veux dire.
- Et t'es pas d'accord avec moi Eiji ? »
Tout sourire, Eijiro le regarde dans les yeux, en faisant défiler la horde de souvenirs qui concernent leur colocataire. Et tant de détails transparaissent dans tout ceci.
En quelques semaines, en plus de réussir à se faire une place le plus naturellement du monde dans leur existence, ils ont apprit une foule de choses sur ce personnage qui paraissait si mystérieux à l'origine. Le jeune homme repense à sa manière de sourire, ses rires, et sa fâcheuse tendance à toujours exulter pour tout.
Comme si Izuku avait besoin de rattraper le temps perdu et vivre pleinement sa joie et sa bonne humeur.
« - Bien sûr que si je suis d'accord Kat's. Il a énormément de choses pour lui, c'est vraiment quelqu'un de bien.
- Bah ouais, ça va de soit. Sinon Kumo l'aurait déjà bouffé.
- Elle attrape déjà pas les mouches, ou d'autres bestioles et se roule sur le dos pour demander des caresses aux livreurs. Qu'est-ce que tu veux qu'elle s'en prenne à Izuku ?
- Et bien ça s'appelle une théorie, monsieur le grand génie ! »
Bien heureuse de constater que l'on parle d'elle, sans pour autant saisir ce dont il est question également, la chienne se redresse en jappant. Elle tourne en rond sur elle-même, en tentant de suivre la gestuelle de Katsuki, qui se plaît à jouer avec cette grosse boule de poil qui partage leur vie depuis quelques années.
« - Plus sérieusement, j'pense pas qu'Izuku doive se prendre le crâne avec ça. C'est quelqu'un de super, qui apporte énormément autour de lui. Il est hyper altruiste, du genre à carrément s'oublier pour les autres d'ailleurs.
- C'est vrai, combien de fois il est rentré à pas d'heure pour aider un de ses élèves, ou un ami ?
- Trop de fois. Et puis, regarde pour toi, avec l'histoire de son pote tatoueur ! C'est grâce à lui si tu vas essayer de te lancer. »
Touché, Eijiro sent son palpitant faire des siennes. C'est vrai que le garçon a réussit cette exploit, là où Katsuki seul a échoué durant des années. Tous les deux, ils l'ont poussés dans cette direction, afin de lui permettre d'envisager cette reconversion professionnelle. Comme s'ils avaient trouvés ensemble le juste milieu, afin de donner à Kirishima ce petit quelque chose qui lui manquait, pour se rassurer et tenter cette nouveauté importante.
« - En plus il est beau gosse, lâche le blond, très fier de son coup.
- Carrément. Il a tout pour lui en fait. J'devrais peut-être te larguer pour tenter avec lui. »
Très taquin, il fait un petit clin d'oeil au libraire, qui se met à rire fortement. Approuvant la pique, qui est tout de même bien envoyée, il vient passer un index joueur juste sur le bout du nez de l'artiste, avant de répliquer une nouvelle fois.
« - Si t'imagines que t'aurais pas de la concurrence, tu te trompe lourdement mon amour. »
Kirishima hoche la tête en souriant, usé du caractère de son compagnon, qui ne lui épargne décidément rien. Puis, tombant tout deux d'accord sans réellement se concerter, ils s'octroient une petite bulle d'affection en profitant de ces quelques heures dédiées juste à eux.
Même si ce garçon n'est jamais très loin dans leur pensées.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top