Chapitre 5

Il y a des journées comme celles-ci.

Le printemps abdique, rembarque les rayons du soleil qu'il avait gentiment parsemé sur le monde, ainsi que ses températures agréables. S'offrant le luxe d'un petit jour de congé, il passe le relais au temps déprimant de l'automne.

Heureux de revenir sur les feux de la rampe, durant une journée ou deux, il s'amuse à disperser un peu de pluie fraîche, voir carrément glaciale sur les environs. Instaure une ambiance très maussade dans l'atmosphère, avec un ciel bien gris et terne.

Qui donne tout simplement envie de retourner se coucher, se terrer bien au fond de sa couette, en attendant que les beaux jours ne daignent faire leur grand retour.

Et, sans doute histoire de se réchauffer un peu, ou pour se mettre dans le thème, le jeune homme patiente gentiment avec deux gobelets de cafés fumants à la main. Adossé aux portes d'un établissement, protégé par le petit préau sur lequel les gouttes d'eau font un capharnaüm monstre.

Dans une autre vie, lui qui était sensible à tant de choses, aurait pesté face à cette symphonie hurlante, qui lui aurait brisé les oreilles. Mais cette époque semble bien éloignée, et l'homme qu'il était à ce moment n'a plus rien de la personne qu'il est aujourd'hui.

Peu importe le vent qui scande son propre chant dans la tôle du toit, ou même l'eau qui s'immisce jusqu'à lui à cause des quelques courants d'air, qui l'obligent à remonter le col de sa veste. Tout ça lui passe bien au-dessus.

« - Izuku ?

- Hey Shoto ! Alors, ça donne plus de nouvelles... »

Le bicolore, qui sort tout juste du bâtiment, lui offre un sourire moqueur devant cette petite phrase. Une rengaine très récurrente, qu'ils ont prit l'habitude de se dire dès qu'ils peuvent se voir. Sous-entendant au passage que peu importe le temps, les évènements, leur amitié est si forte qu'ils n'ont pas besoin de s'envoyer des textos à toutes heures pour nourrir cette relation.

Instinctivement, le jeune homme se dirige vers son meilleur ami, et le prend dans ses bras quelques secondes. Tout en prenant garde à ne pas renverser les boissons, Izuku répond autant qu'il le peut à cette étreinte, qui est sincèrement la bienvenue.

« - Tiens, café !

- Toujours le même à ce que je vois.

- On change pas une équipe qui gagne. »

Devant eux, passent un petit groupe de jeunes, qui s'engouffrent dans la bâtisse après leur avoir adressé un petit signe. La porte claque un peu, poussée par la bourrasque qui n'en finit plus de souffler sur la ville, tandis que Todoroki suit leur route du regard, tel le garçon bienveillant qu'il est.

« - T'en connais dans le lot ? Lâche Izuku.

- Une qui est arrivée il y a deux semaines, elle est enceinte. La deuxième gamine, elle attend d'être placée dans une famille d'accueil. Ils essayent de faire en sorte qu'elle soit avec son petit frère au même endroit.

- Pauvres gosses...

- Comme tu dis ouais. »

Le musicien se rappelle de ce jour, celui où son meilleur ami lui a raconté qu'il souhaitait venir en aide aux autres. Il se souvient avec précision de cette petite flamme, cette détermination qui brillait dans son regard, la même qu'aujourd'hui finalement.

Pourtant, avec le cadre familial que Midoriya avait comprit qu'il possédait, il voyait aisément Shoto finir médecin, ou professeur dans une prestigieuse université. Quelque chose qui lui aurait demandé énormément d'études. Son père ambitionnait que son fils devienne avocat également, à une époque. Seulement, le garçon ne l'entendait pas de cette oreille.

Après des discussions très mouvementées, remettant toute son existence en perspective, Todoroki est parti habiter chez sa grand-mère, qui s'est assurée de lui offrir un toit autant que cela s'est avéré nécessaire. Puis, se dirigeant tout naturellement vers un milieu social, désirant certainement être au cœur de l'action, il travaille depuis trois ans dans ce foyer venant en aide aux mineurs.

« - Alors, comment ça se passe la coloc ? T'es content d'avoir emménagé là-bas ?

- Tu t'imagines bien que si ça se passait mal, au bout de trois semaines j'aurais déjà fuis quand même ?

- J'espère bien ouais. Ou j'organise un commando pour venir te chercher. Denki saura peut-être se faire discret...

- T'as intérêt de lui mettre un bâillon. »

Tous les deux partis dans leur imagination, propre à leurs bêtises qu'ils partagent depuis déjà dix ans, ils ne peuvent étouffer ce fou rire qui les prend à l'unisson. Et c'est une réelle bouffée d'air frais, alors que le temps autour d'eux continue de se dégrader. Cette petite bulle, qu'ils parviennent à se créer en dehors de tout ceci.

Parvenant tant bien que mal à se calmer, après cinq bonnes minutes à rire jusqu'à s'en étrangler, Izuku essuie ses yeux d'où s'écoulent quelque larmes.

« - Bordel, ça fait du bien de rire comme ça.

- Y a un truc qui va pas ?

- Disons que c'est juste un jour sans. Mais tu me connais, demain ça ira mieux.

- Justement Izuku, je te connais. Et je sais que tu vas avoir tendance à tout laisser de côté. Tu traverses pas une période très simple à appréhender. Je te demande juste de pas t'enfermer dans la musique ou je ne sais quoi, et de tendre une main si t'as besoin d'aide.

- J'suis pas un de tes mômes d'ici, t'en as conscience de ça ?

- Toi t'es mon meilleur ami, c'est pas pareil encore, et c'est plus important.

- Oh...Trop dégoulinant d'amour pour moi, désolé. »

Sa remarque fait pouffer Shoto, qui hausse tout de même les yeux au ciel, en lui donnant un léger coup d'épaule. Ils terminent tous les deux leur café, toujours aussi peu goûteux qu'à l'époque où ils ont découvert cette enseigne, avant de se poser quelques instants dans le silence total.

Comme d'ordinaire, Izuku joue avec l'un de ses piercings, réellement peu capable de tenir en place sans bouger, avant de jeter un œil à l'heure. Il a conscience que la pause de son ami n'est pas à rallonge, et que même s'ils sont content de l'avoir ici, cela ne lui laisse pas non plus tous les droits. Et attirer des ennuis à son camarade de toujours, il en culpabiliserait jusqu'à la nuit des temps.

« - Comment ça va avec Sero ?

- C'est niais si je dis que c'est le grand amour ?

- Bof, ça peut être niais et être la vérité. Et j'suis assez content si mon meilleur pote est heureux.

- Tu feras gaffe, c'est toi qui devient dégoulinant d'amour là. »

Ils se mettent à rire ensemble, avant de se dire au revoir. Izuku attend la toute dernière seconde pour partir, que son ami soit sortit de son champ de vision, prenant ensuite la direction du parking où est garée sa moto. La pluie commence un peu à se calmer, juste assez pour lui permettre de rejoindre son domicile, qui n'est qu'à quelques kilomètres d'ici.

Et, tout en se dirigeant vers celui-ci, il repense rapidement à son échange rapide avec Shoto, avec qui il est toujours ravi de passer quelques instants.

Si rien de très concret n'est ressorti de cette conversation, il apprécie toujours ces conversations qu'il peut partager avec son ami. D'ailleurs, le musicien s'en veut toujours un peu, de ne pas avoir pu placer leur amitié là où il le souhaitait autrefois, et tâche de se racheter depuis déjà quelques mois. Même si Todoroki lui répète à chaque rencontres que ce n'est pas nécessaire, et qu'il n'est en aucun cas fautif de ces longs mois de silence entre eux, sa culpabilité cogne fort entre ses côtes et dans son esprit.

Alors, autant qu'il est en mesure de se le permettre, il se libère quelques minutes chaque semaines, afin de rattraper le temps perdu dans cette précieuse amitié, qui lui évite sincèrement de perdre les pédales dans son existence.

Une fois arrivé dans son nouveau chez lui, Izuku rentre la moto dans le garage, à la place que lui ont fait les garçons afin de préserver le véhicule. Il retire ses affaires, qui sont mine de rien bien plus trempées que ce qu'il avait prévu initialement et rentre dans la maison.

À sa grande surprise, lui qui pensait être seul à cette heure-ci, se retrouve face à un Kirishima torse nu. En effet, celui-ci est accroupi sur le sol, juste devant Kumo à qui il essuie les pattes avec un linge propre. Ses cheveux sont encore gorgés d'eau, et quelques gouttes s'échappent de ses mèches pour venir s'échouer le long de sa ligne dorsale, qui n'est tout de même pas désagréable à regarder.

Lui qui est toujours vêtu de hauts plutôt larges, contrairement à Katsuki, cache plutôt bien son jeu. Le jeune homme s'imaginait bien qu'Eijiro était sincèrement bien sculpté, sans pour autant penser que cela allait jusque-là. Mais il est bien obligé de l'admettre, l'artiste est vraiment bien foutu.

Toujours prit dans sa contemplation, son regard se perd sur ses épaules, avant de scruter le chemin que prend sa colonne vertébrale. Il y décèle quelques cicatrices, certainement à cause de son travail. Izuku se rappelle avoir entendu Katsuki mentionner à plusieurs reprises que son compagnon ne prenait pas forcément soin de lui, lui laissant quelques traces bien trop apparentes.

Sans trop le vouloir, ses yeux continuent leur route, n'arrivant visiblement pas à se lasser du spectacle, scrutant cette nuque légèrement découvertes, alors que cette longue chevelure rouge retombe sur son épaule gauche. Deux ou trois grains de beauté se dévoilent, suivi de quelques autres bien plus petits, qui pourraient constituer une constellation à eux tous.

Ses prunelles finissent par se relever, croisant celles de l'adorable husky qui l'observe déjà, avant de se mettre à aboyer un peu, visiblement ravie de le revoir. Ce son le sort de ses pensées, l'obligeant à déclarer sa présence, qu'il a un peu tardé à annoncer.

« - Oh ? Salut Izu, comment tu vas ?

- Salut Eiji, ça va et toi ?

- Ouais. J'ai tenté de profiter de l'accalmie pour faire prendre l'air à Kumo, mais finalement on s'est laissé surprendre par la seconde grosse averse. Toi aussi apparemment ?

- J'suis allé faire une course. J'en ai profité pour aller voir Sho' au foyer, et j'ai un peu prit la flotte ouais.

- Dans le meuble de l'entrée, on y laisse des grosses serviettes pour les retours pluvieux comme aujourd'hui. »

Atteignant l'endroit indiqué, Izuku attrape un des tissus tout en le passant sur sa tête pour essuyer ses boucles rebelles, et en prend une seconde pour Eijiro.

« - Attrape Eijiro.

- Merci. »

Le jeune homme se retourne, dévoilant ainsi au musicien une musculature parfaite dans les moindres détails. Izuku se racle légèrement la gorge et détourne le regard, en essuyant grossièrement l'humidité qui submerge la quasi-totalité de ses vêtements. S'il avait été seul, il ne se serait pas gêné pour retirer son pantalon dans l'entrée, évitant ainsi de tracer son chemin jusqu'à sa chambre, et aussi pour se débarrasser de cette impression désagréable de fringue qui lui colle à la peau.

Comme s'il devinait son trouble, Eijiro fronce un peu les sourcils et s'adresse à lui, après avoir libéré Kumo de sa session nettoyage.

« - Si c'est ton pantalon qui t'emmerdes, tu peux l'enlever ici t'inquiète pas.

- J'voudrais pas... tu vois, Katsuki...

- C'est bon il dira rien, vraiment. Mais après si ça te gêne, tu me laisse quelques secondes le temps que j'aille à la salle de bain, et voilà. »

Le regard du propriétaire des lieux est bordé d'un monticule de délicatesse, ainsi que beaucoup de bienveillance. Le garçon à la chevelure verdoyante, se sent à la fois soulagé, mais aussi un peu fébrile devant cette paire de prunelles rouges, qui ne cesse de le fixer.

Il fini par hocher la tête positivement, approuvant la proposition de Kirishima, qui lui fait un sourire avant de partir dans la direction opposée à la sienne. Et, comme il lui avait promis, le laisse totalement seul dans cette entrée.

Izuku ne peut s'empêcher de souffler bruyamment, comme si un poids venait de s'ôter de ses épaules, sans qu'il n'en comprenne l'origine. La main posée sur son palpitant qui fait des siennes, il secoue sa tête comme un cocotier, en se répétant en boucle qu'il doit absolument se reprendre.

Puis, parce qu'il sait que son ami ne va pas rester indéfiniment dans son lieu de repli jusqu'à ce qu'il ne daigne bouger d'ici, se hâte de retirer ce fichu bout de tissus qui l'oppresse. Sprintant tel un gamin en direction de sa chambre, il s'empresse ensuite de refermer derrière lui. Le garçon s'adosse brièvement tout contre la porte, avant de reprendre ses esprits partant se changer.

La chienne, qui a prit ce mouvement pour un jeu, gratte un peu, boudeuse lorsque celle-ci se referme tout juste devant son museau. Grattant un peu après le bois, elle laisse échapper quelques éclats de voix, laissant penser qu'elle pleure après le jeune homme qui l'a superbement ignoré.

« - Kumo, arrête de faire l'actrice. Il va revenir ton copain. »

Dédaigneuse, elle tourne le dos à Eijiro, qui vient tout juste de ressortir de la où il était avec un nouveau t-shirt. Comme si elle le tenait pour responsable de ce qui venait de se produire, le canidé grogne un peu en le snobant.

« - Je rêve ? Tu me tires la gueule ? »

Approuvant les dires de son propriétaires, la boule de poil jappe légèrement, de manière à se faire comprendre. Puis, elle se contente de retourner dans son panier en prenant soin de se tourner face au mur.

Le garçon hausse les épaules, un peu perplexe d'observer ceci, et se dirige quand à lui vers la cuisine. Toujours déprimé par les temps aussi maussades, qui donnent une allure bien grise et terne à leur intérieur, il jette son dévolu sur un paquet de pop-corn à préparer, qui attendait son heure au fond du placard.

Lançant le programme dans le micro-onde, tandis que quelques éclairs se mettent à parsemer le ciel à l'extérieur, Kirishima se perd un peu dans ses pensées en mordillant la peau de sa lèvre inférieure. C'est toujours ainsi, lorsqu'il est un peu angoissé pour quelque chose. Entre l'atmosphère terne, ses questions de boulot et quelques éléments futiles de la vie, son moral n'est pas toujours aux beaux fixes.

Sous ses airs de grand gaillard, tout de même plus accessible que Katsuki, il reste quelqu'un de très sensible et facilement bouleversé pour certaines choses. Là où son conjoint lui répète sans cesse qu'il n'y a pas matière à s'inquiéter, il voit de multiples raisons de se faire du mourrons.

Cette situation a malheureusement été un sujet de discorde dans le couple, et ce à de multiples reprises. Pas que le blond soit dénué de toute compassion, seulement, il a parfois quelques difficultés à en faire preuve, contrairement à Kirishima. Même si le libraire tâche de toujours rester à l'écoute et disponible, ça n'a pas forcément été continuellement suffisant pour atténuer cette part envahissante qui subsistait dans le cœur d'Eijiro.

Les quelques derniers pop-corn finissent d'exploser dans leur sachet, et le bruit strident de la sonnerie du micro-onde retentit dans la cuisine. L'obligeant à se reconnecter de la réalité, il part en direction de la chambre d'Izuku, espérant que celui-ci n'est pas trop gêné par rapport à la situation qui s'est déroulée un quart d'heure plus tôt.

Loin de lui l'intention de le mettre mal à l'aise, au contraire même. Mais il peut reconnaître qu'il ne s'y est pas forcément bien prit, en lui lâchant qu'il pouvait se déshabiller sans crainte devant lui.

« - Izuku ?

- Ouais ? »

La voix, étouffée par la porte qui les sépare, paraît dénuée de toute animosité envers sa personne. Cette constatation le soulage un peu, lui faisant atténuer sa culpabilité naissante.

« - J'ai fait du pop-corn, ça te tente ? »

Un silence glacial raisonne, tandis que le jeune homme attend une réponse qui tarde à se faire entendre. Puis, lui faisant faire un bond magistral, la séparation entre eux s'ouvre subitement. Laissant place à un Izuku perplexe, qui fronce les sourcils, en montrant uniquement sa tête dans l'entrebâillement.

« - Mmh...ça dépend.

- De quoi ?

- Salé ou sucré ?

- Salé forcément. »

La réponse semble satisfaire le garçon, qui ouvre entièrement la porte et le rejoint dans le couloir. Marchant dans son sillon, un grand sourire vissé sur les lèvres, il commente joyeusement le choix de son colocataire.

« - C'est le meilleur, je suis fier de toi.

- Kat's mange du sucré.

- Quoi ?! »

Réagissant telle une drama-queen, le musicien s'effondre à moitié contre le plan de travail, en geignant quelques paroles incompréhensibles la tête dans les bras.

Eijiro hausse un sourcil, un peu dubitatif devant un tel comportement, en se faisant secrètement la réflexion qu'il comprend désormais d'où vient cette manie qu'à attrapé Kumo, de réagir de cette façon. Sans faire un quelconque commentaire, avec un petit sourire en coin, il attrape le paquet qu'il vide dans un saladier, et le pose juste devant le visage de son camarade, qui continue son petit manège.

« - Tiens, pour te consoler quand t'auras fini de faire l'andouille.

- J'comprends pas que tu ne sois pas révolté par un tel affront. Ton mec qui aime le pop-corn sucré... »

Le jeune homme hausse les épaules en souriant, tout en faisant un petit clin d'œil à son interlocuteur.

« - Faut bien qu'il ai quelques défauts. »

Cette remarque provoque un petit rire chez Izuku, qui vient plonger sa main dans le bol. Il en ressort une poignée pleine et s'en bourre les joues, un peu à la manière d'un écureuil qui ferait ses réserves pour l'hiver.

« - T'arrêtes jamais de faire le con ? »

Incapable de répondre de vive voix, le garçon se contente de hocher la tête négativement, faisant soupirer de désespoir le propriétaire des lieux. Il abdique en s'asseyant à côté du garçon, qui continue de se goinfrer comme un malheureux, qui n'aurait pas vu la moindre miette de nourriture depuis des semaines.

« - Tu sais pas que la gourmandise est un vilain défaut ?

- J'suis presque sûr que c'est la curiosité.

- C'est pareil.

- Ah ouais mais non, pas vraiment tu vois. »

Comme toujours, dès qu'ils sont dans la même pièce, la conversation prend une tournure un peu puérile qui les amuse tous les deux. C'est ainsi depuis le départ, et ils apprécient cette faculté qu'ils ont de rire de presque tout, mais aussi de parler de choses plus sérieuses. Rien ne les empêche à chaque fois de dériver sur autre chose, allant jusqu'à débattre de temps à autres, de sujets brûlants de l'actualité.

Et puis, parfois, quand l'échange s'y prête, ils finissent par parler un peu d'eux. Même si jusqu'à maintenant, c'est surtout Eijiro qui se laisse plus facilement aller à la confession, contrairement à Izuku qui élude presque constamment les questions. Le couple ne le force jamais à aborder quoi que ce soit.

Bien qu'il soit question d'un échange commercial entre eux, rien ne stipule dans le contrat qu'il soit dans l'obligation de leur fournir de quelconques informations personnelles à son sujet. Et, au vu du climat plus amical qui règne désormais entre eux, ont conscience que ce temps viendra quand le jeune homme se sentira prêt.

« - Au fait, comment il va Shoto ?

- Plutôt bien, en tout cas il avait l'air en forme.

- Et...Vous vous êtes rencontrés quand vous aviez quinze ans ?

- Ouaip. Enfin, j'avais quatorze ans, et lui quinze. Il prenait des cours là où j'étudiais. »

S'installant sur le canapé, l'un en face de l'autre avec le précieux saladier posé au centre, les questionnements vont bon train entre eux.

« - Woaw, ça fait un bail.

- Ouais, ça commence à faire.

- Et vous vous êtes côtoyés depuis cette époque ?

- C'est un peu compliqué. On va dire que oui. Il était toujours tout seul, et prenait des cours certains après-midi. Une lubie de son père, qui lui imposait bien trop de trucs, parce qu'il devait se montrer à la hauteur de ce que représentait sa famille. Mais Shoto il a jamais trop apprécié. La musique c'était pas son truc. C'est même un des rares trucs pour lequel il est super nul en fait. »

Sa remarque fait légèrement pouffer Kirishima, qui écoute attentivement. La chienne vient s'allonger auprès d'eux, aussi discrètement que son gabarit et ses intentions le lui permettent, profitant de l'ambiance douce qui règne dans l'habitation.

« - Son prof était épouvantable. Pas pédagogue pour un sous. J'me rappelle de la gueule que tirait Sho' à chaque fois qu'il lui faisait bosser des partitions.

- J'ai du mal à l'imaginer soûlé à ce point de quelque chose.

- Et pourtant... C'est quelqu'un d'adorable, mais quand ça passe pas... On le croit tout gentil et timide de visu comme ça. Mais il est pas si discret que ça. Je l'ai vu gueuler à plusieurs reprises. »

C'est assez surprenant à concevoir, l'idée que cette force tranquille de la nature puisse cacher un tel aspect de lui. Comme quoi, on ne laisse apercevoir au monde que ce que l'on souhaite bien démontrer.

« - Un jour j'me suis incrusté à un de ses cours. Le prof en avait marre, et je lui ai dit que je saurais sans doute faire mieux que lui. Ça l'a piqué dans sa fierté, et il m'a défié de réussir. Alors, les trois mois qui ont suivi, j'ai donné moi-même les cours à Shoto, sous la surveillance de ma propre prof. Au final, il a réussit à jouer presque sans accro à la fin. Et on est devenus potes.

- Et c'est resté.

- Ouais... »

L'attitude d'Izuku se pare d'une aura un peu plus sombre, comme si un de ces nuages était rentré pour l'envahir.

« - Hey, ça va pas ?

- Mmh ? Si, si bien sûr. C'est juste...pleins de souvenirs.

- Vous vous êtes disputés tous les deux ?

- Non, jamais. On s'est toujours très bien entendu. Dès que c'était possible on passait du temps ensemble, et j'essayais de l'aider au maximum.

- Et vous êtes jamais sortis ensemble ? »

Tandis que l'idée s'impose un peu dans son esprit, Izuku ne peut s'empêcher de glousser un peu. Comme si ce n'était qu'une hypothèse saugrenue, qui n'aurait jamais pu voir le jour, d'aucune manière.

« - Pardon, j'me moque pas de toi c'est promis. Juste... J'ai beau l'aimer de tout mon cœur, je l'ai jamais vu de cette manière. C'est un pilier, mais rien de plus. Et puis ça aurait été dommage, quand on voit comment ils sont adorable avec Sero.

- Ouais c'est vrai, j'comprends. Et toi aussi, t'as eu tes propres histoire après j'imagine. »

Le garçon se recroqueville un peu sur lui-même, en se raclant bruyamment la gorge. Kirishima devine sans peine qu'il vient d'appuyer sur un point sensible, et se mord assez violemment la lèvre, témoignant de son niveau de culpabilité.

« - J'suis désolé, je voulais pas te mettre mal à l'aise Izu', vraiment pas.

- Oh, t'inquiète t'as rien fait. C'est pas de ta faute. Tu peux pas continuellement marcher sur des œufs avec moi, en te retenant de parler de certaines choses.

- T'es sûr ?

- Sûr et certain. »

Flattant le poil de Kumo, qui s'est redressée toute compatissante, en lui offrant un regard emplit de douceur, il soupire un peu. Il lui grattouille l'oreille, bien gentiment, tout en souriant tristement.

« - L'amour c'est juste pas fait pour moi. »

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