Chapitre 4
« - Mais qu'est-ce que tu fous par terre ?
- J'étais plus très sûr de si elle avait le droit d'aller sur le canapé ou pas. »
Katsuki est légèrement partagé en observant ce qui se passe juste devant lui, alors qu'il vient à peine d'entrer dans le salon. Sur le sol, encore et toujours à moitié affalé, se trouve Izuku. Un peu perplexe, le blond commence à se dire qu'il ne s'agit là que de sa position de prédilection, et qu'ils n'auraient peut-être pas du se fatiguer à lui mettre un lit dans la chambre.
Au beau milieu du tapis gris, à la matière très fluffy, le jeune homme est presque couché en flattant le poil de l'énorme husky, qui est visiblement en accord avec ce traitement.
Vu de cette manière, le musicien ressemble presque à un bambin, qui serait totalement incapable de foutre la paix à cette pauvre boule de poil. À la différence que là, l'enfant est déjà âgé de vingt-cinq ans, mesure plus d'un mètre quatre-vingt, et que la chienne affectionne particulièrement d'être le centre d'attention.
Le libraire pourrait presque avoir un peu de pitié, s'il n'était pas trop occupé à rire d'être témoin de ceci. Ayant presque envie d'immortaliser l'instant avec une photographie, afin de le montrer à Kirishima, il s'abstient également d'expliquer à Izuku qu'il n'a aucune obligation de rester par terre, comme un petit malheureux. Leur animal étant d'une douceur, et d'un calme déconcertant, le couple a finalement cédé à lui laisser l'accès au canapé, qu'elle squattait de toute manière lorsqu'ils avaient le dos tourné.
« - Donc, pour être sûr de pouvoir câliner le chien... T'as préféré rester sur le tapis ?
- Kumo est adorable.
- Tu sais que ça répond pas à la question.
- Oh si, c'est une affirmation largement suffisante pour y répondre. »
Katsuki lève les yeux au ciel, tout en riant un peu. Ça ne l'étonne pas tant que ça de voir le garçon réagir de la sorte, alors que la rencontre entre eux s'est très bien passée.
Bien que le couple n'ai jamais caché la présence de Kumo à leur colocataire, celle-ci n'était pas présente durant son emménagement. Ils se sont donc vu quelques jours plus tard, et ceci a été énormément appréhendé notamment par Kirishima.
Le blond, ayant discuter légèrement avec Izuku, n'avait pas tant de doute quand à leur entente. Mais leur animal reste leur priorité, et il était évident que si tout ne se passait pas bien entre eux, cette situation aurait soulevé plusieurs questions.
Leurs craintes ont été balayées très rapidement. En moins d'une dizaine de minutes, le musicien s'amusait comme un petit fou à l'extérieur de leur maison, avec le canidé qui semblait plus que ravi d'avoir trouvé un nouveau partenaire de jeu.
« - Eijiro va rentrer tard ?
- Dans un quart d'heure à peu près, normalement. C'est quoi la gamelle sur la gazinière ?
- J'ai eu des cours d'annulés. Du coup, comme je suis rentré plus tôt, j'ai fait la bouffe. »
Si la question de la gestion des repas, ainsi que du frigo, s'est posée au tout début, les choses ont prit une tournure très naturelle et rapidement. Depuis ce déménagement, deux semaines auparavant, le garçon s'est montré très exemplaire concernant les tâches ménagères.
Remplissant à plusieurs reprises les placards si nécessaire, sans qu'aucun des deux propriétaires des lieux ne quémande quoi que ce soit.
« - Et...t'as fait des courses à ce que je vois ? Encore ?
- J'avais le temps.
- T'sais, t'es pas obligé de le faire tout le temps. »
Izuku ne répond rien, et se contente de hausser les épaules, tout en reportant son attention pleine et entière sur Kumo. Celle-ci semble s'amuser à lui faire les yeux doux, avec son regard constitué d'une pupille brune et l'autre d'un bleu très profond.
Tout sourire, il vient lui grattouiller la tête à deux mains, en remontant juste derrière ses oreilles, soit sa zone favorite. Elle grogne presque de satisfaction, en lui accordant une léchouille affectueuse sur le nez, lui provoquant ainsi un petit rire.
Katsuki a déjà remarqué cette tendance que possède le garçon. C'est assez régulier qu'il se renferme de la sorte, coupant totalement le dialogue. Sans doute parce qu'il ne souhaite pas discuter, ou que le sujet abordé ne le met pas à l'aise.
Malgré son tempérament, Bakugo n'a jamais insisté auprès de lui. Envers Denki ou Mina, il ne se serait sans doute pas gêné. Les taquinant au possible, pour leur arracher les vers du nez. Mais ici, quelque chose l'empêche d'agir de cette manière.
Peut-être cette pointe de sensibilité qu'il pense percevoir derrière ce masque très « sûr de lui », que le garçon paraît vouloir se donner en toute circonstance. Pour autant, il ne voit pas Izuku comme quelqu'un de faible, ou dénué d'une quelconque force. Au contraire même.
Sortant de ses pensées, son regard est attiré en direction de la porte d'entrée. Il n'est pas le seul d'ailleurs, puisque le husky se redresse subitement, bien décidé à aller faire la fête à son second maître. Kirishima la réceptionne sans trop de mal, tentant assez infructueusement de calmer ses ardeurs.
Le libraire parcourt la distance qui les séparent, en quelques enjambées, bien décidé à dire bonjour comme il se doit à son compagnon. Ils s'échangent un baiser assez discret, tout de même emplit d'amour, par respect pour Izuku. Celui-ci a prit soin de détourner le regard, afin de leur offrir l'intimité qui leur revient absolument de droit.
Le couple, qui craignait un peu l'atteinte de leur vie privée au départ, et le fait de devoir limiter leur interactions amoureuses à leur propre domicile, n'a finalement eu que quelques ajustements à faire. Le musicien s'avérant être un colocataire tout bonnement exemplaire, qui sait parfaitement s'effacer lorsque cela se montre nécessaire.
Même peut-être un peu trop parfois.
« - Salut Kat's. Salut Izu !
- Salut Eiji. »
La tendance des diminutifs, a fini par être contagieuse et s'étendre à l'ensemble du trio. Rendant sans doute l'atmosphère plus sympathique, et plus légère.
« - Alors vos journées ?
- On a pas eu grand monde à la librairie. Du coup j'ai avancé sur les portes ouvertes de la semaine prochaine.
- Les portes ouvertes ? Demande Izuku, très curieux.
- Ouais, tous les ans le patron aime bien faire ce système. En dehors des lectures qu'on organise de temps à autre. Y a des auteurs qui viennent faire des dédicaces, on présente les nouveautés, on prévoit un genre de buffet.
- C'est une idée que je trouve géniale. L'ambiance doit être super ! »
Lui collant quelques étincelles dans les rétines, le jeune homme irradie d'une excitation totalement risible mais rafraîchissante. Apparemment emballé par le projet, Katsuki se sent heureux de voir que ses activités journalières sont intéressantes à être racontées.
Eijiro sourit également, plus discrètement, ravi de voir son amoureux content de ce nouveau quotidien qui prend place dans leurs vies respectives. Parce qu'il a conscience de l'effort demandé à son conjoint, et de l'immense pas que le blond a effectué dans sa direction en envisageant un tel changement.
« - Et toi Izuku ? Ça s'est passé comment ? »
Kirishima pose sa question, s'intéressant réellement à la profession de ce jeune homme, tout en rejoignant son petit ami, qui est retourné à leur cuisine. Naturellement, le troisième suit le pas, s'appuyant contre le plan de travail afin de répondre. Comme à son habitude, Izuku ne tient absolument pas en place, et fait quelques mimiques en gesticulant un peu. Rien qui soit vraiment dérangeant, mais les deux garçons se sont déjà demandé pourquoi il ne parvenait jamais à être statique quelque part, et d'où lui venait cette manie de constamment bouger.
Un vrai gamin, vu de cette manière.
« - C'était plutôt cool. Je m'entends bien avec la classe que j'ai géré aujourd'hui.
- T'es pas trop crevé ?
- J'ai jamais vraiment vu mon taf comme un fardeau. Même si c'est pas vraiment ce que je voulais faire de base, je suis bien dans cet établissement. Les gamins sont sympa, on s'entend bien. Et j'ai déjà aidé plus d'un môme à dépasser ses limites. C'est inspirant. »
Comme toujours, lorsqu'Izuku parle de musique ou de sa profession, sa prestance change. Il prend un caractère bien différent, et communique avec plus de profondeur. Dévoilant certainement une partie importante de sa personne.
« - Tu voulais faire quoi de base ? Lâche Kirishima, interpelé.
- J'te l'ai déjà dit. Un truc qui sort de l'ordinaire. Danseur dans les cabarets, j'aurais été si classe avec leurs tenues toute pailletées ! Au pire, j'aurais vendu des cacahuètes à l'entracte.
- La semaine dernière t'as parlé d'être catcheur professionnel le nerd, va falloir accorder tes versions un jour.
- J'suis polyvalent »
Il n'ajoute rien de plus, et retourne porter son attention sur Kumo, qui se sent visiblement délaissée dans cette conversation. Katsuki, quand à lui, se contente d'allumer le feu sous la casserole afin de réchauffer leur repas, sans relever son comportement. Ayant déjà assisté plusieurs fois à la manœuvre, le blond a bien comprit qu'il ne délivrerait les informations de sa vie qu'une fois qu'il l'aura décidé. Ou pas du tout, c'est également une possibilité.
Eijiro semble un peu plus frustré. Pas qu'il ne veuille le forcer à parler, bien au contraire. Seulement, il est intrigué par toute cette mise en scène qui accompagne cet individu, et les raisons qui le poussent à mettre tant de distance entre lui et la perspective de se confier.
« - Et toi Eijiro, comment ça s'est passé ta journée ? Demande Izuku, en relevant la tête quelques secondes.
- Bof, ça me tape légèrement sur les nerfs cette recherche d'emploi.
- Et Shota ? Il t'as rien trouvé ?
- Non, du moins rien qui soit vraiment intéressant. Soit des boîtes dans lesquelles j'ai déjà postulé, ou alors des contrats de misère, dans des trucs miteux. Il en était totalement désolé d'arriver à me parler de ces trucs-là. »
Bien décidé à se rendre utile, le garçon à la chevelure verdoyante se redresse, tout en écoutant le discourd de Kirishima d'une oreille. Bien qu'il ne connaisse pas ce fameux « Shota », il est attentif à la question qui semble bouleverser l'existence de l'un de ses colocataires.
« - J'comprends...Et les filles ?
- Elles ont quelques travaux à faire dans leur baraque. Elles ont proposé de m'engager, et de me payer au black, histoire que ça me fasse un peu de thune. Je sais pas trop, je vais accepter je pense. Ça me fera bouger un peu, et au moins on aura un peu d'argent.
- Les filles ? Demande Izuku.
- Ouais, Momo et Kyoka. Elles se sont mariées y a peut-être trois mois. Et elles ont acheté une maison. Mais y a quand même deux ou trois choses à revoir.
- Ah ouais ! Je les ai vu une ou deux fois. Elles connaissent bien Denk'. »
C'est assez récurent pour eux. Ces instants où ils se rendent compte que leur entourage, leur cercle amical, est constitué de connaissances communes. Cela ne dépend définitivement pratiquement que du hasard, si leurs chemins ne se sont pas croisés auparavant.
La conversation suit son cours encore quelques instants. Izuku termine de dresser le couvert, tandis qu'Eijiro donne au chien sa ration du jour. Katsuki se contente d'écouter l'échange entre eux, ponctuant la conversation de quelques onomatopées ou remarques de temps à autres, signalant ainsi qu'il est bien présent et qu'il écoute.
Seulement, le garçon est tout de même adepte de sa tranquillité, surtout après une journée de travail. Alors, même s'il aime Kirishima de tout son cœur, il est plutôt ravi de voir que quelqu'un d'autre se charge de converser à ce point avec lui.
« - Mais pourquoi tu te lance pas dans un autre projet professionnel dans ce cas ?
- Et dans quoi ?
- Ben j'en sais rien moi, t'as pas une passion ? Un truc qui te fait vibrer à fond, et que tu voudrais développer pour en vivre ? »
Un peu renfrogné, l'ouvrier cherche comment éluder la question. Seulement, Katsuki ne semble pas de cet avis, et se décide soudainement à se mêler de tout ceci.
« - Oh si ! Il en a une.
- Kat's !
- Bah quoi ? »
Feignant l'innocence, le jeune homme fait usage de son regard le plus charmeur et doux qui soit, afin d'apaiser la tension évidente qui règne entre eux. Izuku hésite à répondre, comprenant assez aisément que ce n'est pas l'heure à la plaisanterie, et qu'il s'agit de toute évidence d'un sujet légèrement sensible.
« - T'es chiant.
- Moi j'te dis de te lancer.
- Et si ça marche pas ?
- Ben, déjà si t'essayes pas tu le sauras pas, et en plus si ça se trouve tu vas faire un carton alors... Et puis, arrêtes d'être si prudent là ! C'est toi qui m'a poussé à partir de là où j'étais, pour prendre mon taf actuel. Jouer le mielleux auprès d'un patron, histoire d'avoir le job de mes rêves. Pourquoi tu prends pas les mêmes risques ? »
N'y tenant plus, même s'il s'attend à un potentiel « mais de quoi tu te mêles » surgir au beau milieu, le garçon intervient dans cette petite querelle d'amoureux.
De toute manière, en emménageant dans un tel cadre, il s'attendait à être confronté à telles situations. Ce n'est déjà pas simple de partager le quotidien de quelqu'un, et son intimité. Alors celle d'un couple... Un peu complexe à gérer.
Et puis, mine de rien, la culpabilité le submerge un tantinet. Après tout, c'est lui qui est venu poser une telle question à Kirishima, rallumant sans trop le vouloir les étincelles d'un désaccord évident. Izuku se dit qu'il devrait sans doute réfléchir un peu plus avant de parler, quitte à se mordre la langue et rester dans la flou, dans certains cas.
« - Pardon, mais de quoi il est question exactement ? Enfin, je comprend si ça me regarde pas, mais...fin' j'suis désolé d'avoir lancé un tel sujet.
- Quoi ? Mais t'excuses pas voyons ! »
Un peu penaud, Eijiro se passe une main dans les cheveux, ramenant ses longues mèches rouges bien en arrière. Celles-ci retombent presque immédiatement devant son regard, encadrant à merveille son visage, tandis que ses prunelles rouges se mettent à fixer Izuku d'un air peiné.
Le libraire, quand à lui, s'abstient de tout commentaire. Se murant dans un silence, dont personne ne saurait définir la raison exacte.
« - J'ai visiblement parlé d'un truc qui fallait pas. Donc si, je présente mes excuses.
- Je te jure que t'as rien fait de mal. C'est juste que...J'en parle vraiment très peu en fait. Même avec Kat's. Parce qu'on est jamais trop d'accord. Il me dit de suivre mes envies, alors que je suis du genre très sécuritaire.
- J'pense que c'est plutôt sain de sa part de t'encourager dans ce que tu aimes non ? Enfin, j'aurais tendance à faire pareil... J'peux te demander ce que c'est, cette fameuse passion ? »
Sans doute par soutient, ou une raison de ce genre, Kirishima vient chercher un réconfort visuel auprès de son compagnon, qui l'encourage avec un petit sourire. Bakugo vient lui prendre la main, très délicatement, et entrelacent leurs doigts en lui faisant un léger clin d'oeil, à peine perceptible.
« - C'est bon. Il a rien dit sur ma troupe d'All Might. Et t'es bien trop talentueux pour être jugé. En plus, s'il le fait je lui colle une mandale. »
Izuku, dont le visage commençait à se sertir d'un petit sourire, retombe très rapidement de haut. Il a conscience que la manœuvre visait à rassurer Eijiro, mais il ne peut s'empêcher d'envoyer un regard meurtrier à Katsuki, le tout en fronçant les sourcils. Celui-ci semble d'ailleurs bien s'en amuser, pouffant ouvertement, tandis que le musicien lève les yeux au ciel devant tant de puérilité.
Entre-temps, pendant cette petite bataille pratiquement muette entre ce duo étonnant, le garçon à la chevelure colorée s'est absenté dans son bureau, et en ressort avec un carnet à la main.
Très timidement, il le tend à Midoriya, qui l'attrape plutôt délicatement. Comme s'il comprenait ce que ce simple petit cahier représente aux yeux de son propriétaire, et avait conscience de la préciosité de ce bien. C'est peut-être le cas d'ailleurs. Lui qui est entouré de ses superbes guitares, dont une qu'il se vante de posséder depuis son adolescence, a sans nul doute connaissance de la valeur que représente ce genre de chose.
« - C'est toi qui a fait tout ça ?
- Ouais... »
Sous ses yeux verts ébahit, de multiples dessins viennent orner les feuilles. À mesure qu'il tourne les pages de cette galerie d'art ambulante, Izuku ne peut que s'émerveiller devant de telles œuvres. Le garçon semble être pourvu d'un coup de crayon très sûr, mêlant parfois douceur et force dans le même motif. Passant tantôt du réaliste, à d'autres productions plus abstraites, aux multiples arabesques et formes géométriques. La plupart de ces productions sont en noir et gris, même si quelques croquis colorés se glissent ici et là.
Au détour d'une page, le jeune homme reste totalement bloqué sur l'une de ces ébauches, qui représente tout simplement Katsuki en plein travail d'écriture. Tout est absolument respecté au millimètre près, rendant hommage à son modèle qui est déjà superbe dans la réalité. Sa mâchoire carrée, ce grain de beauté sur sa joue droite, juste à côté de son oreille. Ce petit sourire en coin, lorsqu'il se perd dans les univers qui lui plaisent. La profondeur de son regard.
Oui, tout y est, représenté dans les moindres détails et d'une précision tout bonnement bluffante.
« - T'as un talent incroyable !
- Tu trouves ? »
Peu résistant aux compliments, ou juste ne sachant pas comment les réceptionner, l'artiste devient légèrement cramoisie, tout en passant une main nerveusement dans sa nuque. Il sourit tout de même, preuve de la joie de voir ses œuvres susciter un tel intérêt chez quelqu'un, malgré sa réticence à les dévoiler.
« - Tu vois, je t'avais dit qu'il aimerait, surenchérit Katsuki, fier d'avoir eu raison comme toujours.
- Ah mais je suis fan ! Y a un tel travail là... Mais tu veux faire quoi ? Exposer ? Produire plus d'œuvres ? Parce que là mais...purée faut foncer. Tu sais les perles comme toi, on en trouve pas à tous les coins de rues. Faut croire en ton talent. Et tes capacités. T'as de l'or dans les mains ! Mais ça fait longtemps que tu dessines ? Tu peins aussi ? Faudra que tu m'apprenne un jours, j'suis nul avec un crayon dans les mains. Sincèrement c'est bluffant. Et-
- Oh le nerd ! Respire ! »
Reprenant ses esprits, tout en levant le nez des quelques productions qu'il continuait d'observer en blablatant, Izuku sursaute presque. La voix du blond l'a ramené à la réalité, tandis qu'Eijiro assistait à la scène, les yeux ronds comme des billes.
Honteux de s'être emballé de la sorte, le musicien referme le cahier tant bien que mal, le repose sur la table, tandis que son visage vire couleur coquelicot.
« - Désolé je me suis un peu...emporté...
- Ouais, on voit ça. Ça t'arrive souvent ? Questionne Katsuki, un peu rieur.
- D'après Shoto, mes élèves, mes collègues, et quelques autres connaissances... Va falloir vous habituer. »
Cette constatation qui le dépite totalement, vient provoquer l'hilarité chez le couple, qui ne peut s'empêcher de rire devant cette bouille qu'il leur offre. Kumo, apparemment plus compatissante, se rapproche gentiment en venant poser son museau sur l'une de ses cuisses, s'excusant du regard du comportement moqueur de ses maîtres.
« - Bon sinon, professionnellement parlant, t'aimerais faire quoi Eijiro ?
- J'aurais adoré devenir tatoueur.
- Il a l'étoffe pour en plus ! Il a déjà fait des tests et tout hein !
- Arrête chéri, calmes-toi. J'ai fait des petits essais sur de la peau synthétique déjà. J'avais envie de voir si ça me plaisait vraiment, ou si c'était juste l'activité en elle-même qui me fascinait.
- Et du coup ?
- Ben... Dans une autre vie j'aurais sans doute ouvert un putain de shop, tu peux en être sûr ! »
Cette tournure de phrase interpelle Izuku, qui hausse un sourcil en l'entendant.
« - Pourquoi dans une autre vie ? Qu'est-ce qui t'empêche de le faire maintenant ?
- Tu me vois tout lâcher, pour me lancer dans un truc pareil ?
- Honnêtement ? Ça me paraît être le meilleur moment. T'as plus rien professionnellement parlant. Et ça a l'air d'être un bordel monstre pour trouver un poste. En plus t'en as pas vraiment envie, de ce que j'ai cru comprendre. Pourquoi tu ne ferais pas de cette étape de ta vie, le tremplin pour le job de tes rêves ? Transforme ça en une opportunité.
- Ah, tu vois Eiji ! Enfin quelqu'un de d'accord avec moi. »
Surprit, le musicien jette un œil à l'expression très sérieuse de Katsuki. Celui-ci a le regard tourné vers son propre compagnon, la mine bordée d'une attention toute particulière à son égard.
Izuku ne peut nier qu'il est un peu fasciné, et envieux d'un certain côté. Cet amour débordant, cette tendresse qui se dégage de leur lien d'une force inouïe. Malgré les réticences qu'il possède envers toute forme de sentiments amoureux, il sent cette petite pointe de jalousie poindre au creux de ses entrailles. Lui qui sait pertinemment qu'il ne connaîtra jamais une telle passion à son attention, se rend compte à côté de quoi il va passer.
Perplexe, et légèrement énervé de s'être perdu à ce point alors que la conversation portait sur Kirishima, il secoue la tête pour s'ôter toute pensées parasite de l'esprit.
« - T'es d'accord avec ça Katsuki ?
- Ouais bien sûr. J'ai jamais douté des talents de mon mec, le nerd ! C'est le meilleur ! Et j'ai essayé à plusieurs reprises de l'encourager. Je suis pas le seul d'ailleurs.
- Alors t'attends quoi au juste Eiji ? Qu'on t'y traînes par la peau du cul ?
- Hé !
- Ah pardon, trop familier peut-être... Son altesse attend-elle que nous traînions son royal fessier hors de ces lieux, afin de partir à la découverte de terres nouvelles ? »
Son petit manège fait ricaner le blond, qui se moque ouvertement de la tournure que prend cette conversation. Eijiro retient difficilement son fou rire également, tentant de se donner une contenance, se heurtant à l'expression mi-sérieuse, mi-aristocratique du musicien, qui semble lui même beaucoup s'amuser de sa répartie.
« - Pfff...T'es con.
- Ouais, mais tu sais que j'ai raison.
- Comme si j'avais pas déjà assez de l'égo surdimensionné de Kat's, maintenant faut aussi que je gère le tiens ?
- Oh ! Ça va j'te dérange pas trop ! »
Tandis que Katsuki se défend, face à cette pique lancée, qu'il reçoit à la manière d'une balle perdue, c'en est trop pour Izuku. Celui-ci éclate littéralement. Son rire retentit dans l'entièreté de la force, il ploie sous sa force, allant jusqu'à en avoir des larmes aux yeux.
C'est sans doute trop de bazar pour le husky, qui abdique devant tout ce remue-ménage, afin d'aller se rouler en boule dans son panier.
Mettant un temps fou pour se calmer, le garçon fini par redevenir maître de ses gestes, et cesser d'hoqueter à tout va devant cette crise. Le blond est encore en train de bouder dans son coin, menaçant de relancer son hilarité tout juste apaisée.
Soufflant une dernière fois, il s'adresse ensuite à Eijiro, qui semble fier de son ânerie.
« - Mmh...Bon, maintenant que t'as fini de casser Katsuki...
- P'tit con.
- Ouais, moi aussi je t'aime, lâche-t-il à l'explosif. Je disais donc, si jamais tu veux te lancer, sincèrement n'ai pas peur. J'imagine que vous devez en reparler entre vous bien évidemment. Mais si t'es intéressé...J'ai un pote dans le milieu. Je peux lui montrer ton taf, et lui demander un entretien pour toi. Il a déjà formé des gens, et c'est un excellent professeur. Et un tatoueur respecté bien sûr.
- T'es sérieux ?
- Bien sûr ! Si ça te tente, et que t'es partant, j't'aide à te lancer. »
Le regard de Kirishima brille d'une étrange lueur, comme si cette conversation lui mettait juste devant le nez une nouvelle possibilité. Comme si tout pouvait se réaliser, et que ses choix devenaient bien différents.
La présence d'Izuku apporte une fraîcheur nouvelle dans cette habitation, et un petit quelque chose en plus dans leur existence mine de rien.
À l'unisson, le couple ne peut s'empêcher de se dire qu'ils ont fait le bon choix, en invitant ce garçon à investir les lieux.
Un très bon choix.
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