Chapitre 2

« - On doit se retrouver à quelle heure ?

- Quatorze heures, au café du bas de la rue. »

Katsuki répond sur un ton légèrement tendu.

Kirishima le connaît assez pour savoir qu'il appréhende la situation, lui faisant jusqu'à quémander un câlin, comme un adolescent en mal d'amour.

Parce qu'il a prit la responsabilité de rencontrer ce jeune homme, qui a visiblement besoin d'une main tendue, et qu'il pourra difficilement s'opposer à lui proposer quelque chose, sans passer pour le pire des enfoirés auprès de leurs amis. Même s'ils savent tous les deux que personne ne leur en tiendrait rigueur, et qu'ils sont maîtres de leur vie, le blond s'impose malgré lui une pression de folie.

« - Respires, ça va le faire Kat's. »

Eijiro l'entoure de ses grands bras musclés, l'enfermant dans une étreinte emprunte d'une douceur évidente. Bakugo n'essaye même pas de s'en soustraire, ni même de lâcher une raillerie quelconque. Il se contente de poser sa tête au creux du cou de son petit ami, tout en entourant sa taille à son tour. Il hume l'odeur du parfum du jeune homme, qui est encore et toujours le même depuis leur rencontre.

« - J'sais pas pourquoi ça me stresse à ce point-là.

- C'est pas grave. Moi aussi j'appréhende un peu tu sais.

- Donc...on est pas net tous les deux, c'est ce que t'es en train de me dire ?

- Exactement.

- Bon...ça me rassure alors, merci Eiji. »

Le comique de la situation leur fait lâcher un petit rire, tandis qu'ils rompent ce petit moment d'intimité improvisé. Le blond jette un œil à sa montre, rappelant gentiment à son partenaire qu'il est désormais l'heure de partir, s'ils ne veulent pas se pointer en retard à cette « rencontre ».

Le lieu du rendez-vous, situé à seulement un petit kilomètre dans l'agglomération qu'ils habitent, est un petit café/bar où se réunissent surtout les habitués. À partir d'une certaine heure, celui-ci est ensuite envahit par les étudiants, et jeunes adultes qui viennent profiter d'une consommation ou deux, lors de leurs week-end.

Au vu de la météo incertaine, le couple joue la carte de la sécurité en s'y rendant dans la voiture de Katsuki. Ils se garent sur le parking à 13h56 précise, valant une petite moquerie de la part d'Eijiro quand à la ponctualité intensive de son compagnon, qui ne répond même pas à la pique lancée.

Ils rentrent tous les deux dans le bâtiment, et saluent le barman qui est un de leur énième pote de quartier, avec qui ils font quelques soirées de temps à autres.

L'intérieur de la bâtisse est décoré avec goût, mêlant modernité avec une touche de rustique. Le lieu est doté d'un cachet incroyable, faisant l'unanimité auprès de tout ceux qui s'y arrêtent, même occasionnellement.

Un meuble bar en bois légèrement noirci délimite l'espace, tandis que de l'autre côté se trouve une petite piste de danse improvisée, accompagnée d'une scène et d'un vieux jukebox. La luminosité est assurée en journée par quelques spots, se chargeant ainsi de bien illuminer la pièce. Puis lorsque l'heure se fait plus tardive, ils laissent place à quelques guirlandes électriques qui sont enroulées autour des poutres apparentes, offrant une ambiance plus pétillante. Les murs sont sertis de graphismes divers et variés, produits par quelques artistes locaux.

L'espace encore disponible est emplit de tables, dans les mêmes tons que le mobilier déjà existant. Les assises varient entre de superbes fauteuil en cuir, quelques banquettes longeant les murs, ou encore des chaises de bistro dans un coloris similaire.

Malgré l'heure, en ce début de semaine, le bar affiche déjà presque complet. Le couple se félicite d'avoir songé à réserver au préalable, se retirant le poids du stress d'être recalé à l'entrée.

Dans cette ambiance plutôt douce, certains partagent quelques conversations autour d'un café, signant la fin de leur repas, ou juste un petit coup de boost avant la reprise du travail. Pendant ce temps, d'autres terminent une portion de frite en se racontant leurs déboires, de leur folle nuit du week-end, en imaginant déjà ce qu'il feront de samedi soir prochain.

Les deux garçons s'attablent au fond, profitant d'un espace qui est encore un peu tranquille. Ils s'assied tous les deux sur la banquette noire, laissant soin à leur invité de prendre place sur le siège d'en face.

Katsuki fourre les mains dans les poches de son sweat-shirt, tandis que Kirishima retire sa veste en jean. Machinalement, il vient attraper son mobile, qui attendait son heure au fond de sa poche, et consulte les quelques notifications qui s'affichent sur l'écran.

L'anxiété les martèle quelque peu, mine de rien. Malgré tout, ils respirent un peu. Il ne s'agit surtout que d'un « rendez-vous » visant à rencontrer leur potentiel colocataire, afin de voir si leur personnalités pourraient coller.

Denki s'est déjà assuré de lui transmettre les informations concernant l'habitation, ainsi que la chambre, avant d'abdiquer face à cette mission un peu trop complexe. Cédant à la facilité, il s'est contenté de faire en sorte qu'ils échangent leur numéro de téléphone, permettant ainsi au dit Izuku de poser toutes les question nécessaire aux propriétaires directement.

« - Il m'a envoyé un message, il arrive dans cinq minutes.

- Pas foutu d'être à l'heure... grogne le blond.

- T'as fini d'être bougon un peu ?

- Tu m'as déjà vu ne pas l'être un jour ? »

Sa remarque fait mouche, obligeant Eijiro a admettre sa défaite sur ce coup-là. L'atmosphère le fait sourire un peu, lui provoquant un petit ricanement, tandis qu'il se penche vers Katsuki pour l'embrasser sur la joue. Celui-ci se laisse faire, sans rechigner. Sous ses airs de grand bonhomme qui râle continuellement, c'est avant tout quelqu'un d'accroché à cette affection débordante. Un véritable cœur d'artichaut, qui cache très bien son jeu.

Ils n'ont d'ailleurs jamais réellement eu peur de ces démonstrations en public. Restant tout de même vigilant, et peu désireux d'attirer l'attention sur eux comme n'importe quel autre couple, ils ne s'empêchent pas pour autant de s'accorder un petit geste amoureux, l'un envers l'autre. Leurs doigts entrelacés, un mot doux murmuré au creux de l'oreille, ou encore un petit baiser... tout ce qui vient leur mettre continuellement du baume au cœur.

Tout en se réinstallant, le garçon à la longue chevelure se place un peu en biais, de manière à croiser les yeux si intenses de son compagnon. Discrètement, il vient poser sa main sur sa cuisse, dans un mouvement emprunt de toute la tendresse dont il est pourvu. L'expression sur son visage, témoigne de la douceur et de l'amour qu'il lui porte, ainsi que sa reconnaissance d'avoir finalement cédé à sa demande.

« - Merci d'avoir accepté Kat's. Je sais que t'es réticent à tout ça, alors je suis vraiment touché que tu fasses un petit effort...

- Disons que dans ces conditions ça change un peu la donne. Et puis...arh tu les as vu comme moi ? La tête d'ampoule là, et double-face...avec leurs yeux de merlans frits. Je pouvais décemment par leur dire non. J'suis pas une enflure à ce point.

- Arrête, t'es pas une enflure tout court chéri. »

Le surnom vient causer quelques rougeurs au blond, qui tente désespérément de le cacher. Manœuvre totalement infructueuse d'ailleurs, parce que Kirishima s'empresse de le lui faire remarquer. Ce qui lui vaut un doigt d'honneur, accompagné d'un petit sourire narquois, qu'Eijiro accueille de manière outrée, en faisant usage de son meilleur jeu de comédien.
Une main posée négligemment sur sa poitrine, alors que ses yeux s'écarquillent exagérément, il mime une sorte de malaise. Tel un acteur de théâtre, qui serait en train d'offrir sa plus belle prestation au public, en émoi devant tant de démonstration.

Leur petite chamaillerie infantile se poursuit encore quelques minutes, les faisant rire comme des gamins, avant qu'une silhouette ne s'avance jusqu'à leur rencontre.

« - Excusez-moi ? Vous êtes Katsuki et Eijiro ?

- Mmh ? » Lâche le blond en grognant un peu.

Le couple cesse tout échange, se stoppant net dans leur conversation. Ils tournent mutuellement le regard en direction du garçon qui se présente à eux, et sont prit d'un temps d'arrêt monumental.

Le jeune homme qui vient de leur adresser la parole, visiblement dans leur tranche d'âge, est affublé d'un sourire tout bonnement éclatant. Sa chevelure aux nuances verdâtres, telle une forêt de sapin en plein hiver, ondule légèrement, le tout dans une coupe très soignée. Quelques ondulations retombent de part et d'autres de son front, agrémentant son visage aux angles très marqués. Celui-ci est bordé d'une nuée de tâches de rousseur, qui parsèment discrètement son nez, ses joues jusqu'à redescendre dans son cou au niveau du col de son t-shirt.

Ses prunelles, d'un vert très profond, brillent presque à la manière d'un joyau. Il ne fait nul doute que cet aspect de lui le rend totalement hypnotisant, et que leur profondeurs sont capable de venir happer n'importe qui. Telle l'eau d'un lagon dans lequel personne ne trouverait de sortie.

Leur grandeur accentue cet aspect-ci, lui ajoutant une petite note d'un « on-ne-sait-quoi » totalement chamboulant, et incroyable à observer.

« - C'est toi Izuku ?

- Oui c'est moi ! Enchanté !

- Oui..oui enchanté également. » Articule difficilement Eijiro.

La mâchoire qui se dévisse un tantinet, le couple ne parvient que peu à montrer son étonnement. Parce que, d'après les quelques informations le concernant, fournies par Denki et Shoto, ils étaient loin d'imaginer un tel tableau. Au-delà de son attitude solaire, et sympathique, Izuku dégage quelque chose d'autre, sans doute du à son look.

Très « bad boy » sur les bords, il attise la curiosité et l'intérêt d'un grand nombre de personnes dans le bâtiment. Et pour cause : il a de quoi faire fureur avec cette veste en simili cuir noires, ses boots du même coloris, et ce t-shirt blanc qui dessine à merveille sa musculature. Il porte quelques bijoux qui agrémentent le tout, notamment une chaîne argentée, et quelques chevalières dans une teinte similaire, tandis que d'autres sont noires.

Dans son cou, se distingue un tatouage très apparent, au tracé plutôt fin. Les garçons y devinent une fleur, sans pour autant savoir laquelle, tant leurs connaissances sur le sujet sont limitées. Ils constatent la présence d'un autre, venant englober la quasi totalité de sa main droite, remontant sans doute sur le reste de son avant-bras, dont l'autre partie du motif est caché par sa veste.

Deux anneaux noirs agrémentent sa lèvre inférieure, et d'autres piercing du même goût viennent orner ses deux oreilles. Il porte une grande paire de lunettes, une monture métallique très fine, qui met en avant le coloris unique de ses yeux.

Non vraiment, ce n'est pas ce qu'ils avaient tous les deux en tête.

« - Mmh...Moi c'est Eijiro, et lui c'est Katsuki !

- Merci d'avoir accepté de me rencontrer, c'est vraiment gentil de votre part.

- Pas de soucis.

- Non mais vraiment ! Et puis, si jamais vous vous opposez à la location, aucun soucis. Je comprend que ce ne soit pas une décision à prendre à la légère. Denki et Sho' m'ont dit que vous étiez pas trop pour de base. »

Katsuki, qui n'a pas encore réellement prit la parole, ne peut s'empêcher de maudire mentalement le duo d'avoir lâché cette information. Il lève légèrement les yeux au ciel, se donnant sans doute un air exécrable. Malgré son opinion réservée quand à cette histoire, il n'est pas méchant gratuitement, et n'aimerait pas que cet inconnu possède un avis erroné sur sa personne. Curieusement, lui qui a toujours été très détaché de ce genre de choses, se sent un peu piqué.

Le blond se redresse sur son assise, faisant abstraction de ses quelques pensées parasites, tandis qu'Izuku prend place sur la sienne, juste en face de lui, en posant à ses côtés un casque de moto. Le garçon s'assied de manière à les voir tous les deux, se rendant totalement disponible pour la conversation. L'ambiance laisse vaguement penser à un entretien d'embauche, prenant une tournure un peu solennelle.

Bien décidé à le mettre dans un climat de confiance, tout en jetant une œillade à son compagnon, qu'il rassure d'un mouvement discret, Eijiro se charge de prendre le relai.

« - Disons qu'on a quelques réserves. Mais c'est pour ça qu'on a organisé cette rencontre après tout, poursuit Kirishima, très confiant.

- T'as quel âge ?

- J'ai vingt-cinq ans, et vous ?

- Vingt-six, t'es plus jeune que nous. »

Pourtant, à le voir de cette manière, n'importe qui pourrait imaginer qu'il a déjà presque vingt-huit ou vingt-neuf ans. Il n'y a que son attitude, ainsi que son immense sourire, lui donnant un petit air juvénile, qui pourraient faire planer le doute. Au final, cela soulève juste plus de question. Il apparaît comme un petit mystère à lui seul, que les deux garçons ont étrangement envie d'apprendre à connaître. Sensation plutôt surprenante, puisqu'il n'est assit en face d'eux que depuis cinq petites minutes finalement.

« - Mais t'as rencontré Shoto et Denki où ? Questionne Katsuki, en fronçant les sourcils.

- Denki c'était en soirée, il y a peut-être quatre ans ? Et Shoto prenait des cours de piano à l'établissement où j'étudiais. On s'est lié d'amitié à ce moment-là, on devait avoir 15 ans, par là. J'ai appris plus tard qu'ils se connaissaient tous les deux. Et vous ?

- Kat's les a rencontré au lycée. Moi plus tard, j'ai emménagé dans le coin j'avais déjà dix-huit ans. Mais je connaissais déjà Denki depuis très longtemps, nos familles se côtoyaient, donc on se voyait de temps à autres, quand on était gamins. »

Le garçon approuve en hochant la tête, très attentif aux informations données. Il vient retirer ses lunettes, les posent soigneusement juste devant lui tout en passant une main dans ses ondulations un peu rebelles. Elles viennent ensuite retomber négligemment de part et d'autre de son visage, dans un effet un peu décoiffé, le rendant indéniablement irrésistible.

Visiblement un peu soucieux, le jeune homme se mordille la lèvre, avant de finalement oser prendre la parole de nouveau.

« - Denki m'a dit que tu avais perdu ton travail, je suis désolé pour toi.

- Le sois pas, mon patron était pas du genre...compréhensif on va dire.

- Je vois...et toi Katsuki ? Tu bosses dans quoi ?

- Je bosse dans une librairie, je suis responsable des rayons des fictions, des mangas et bande-dessinées. »

Le regard d'Izuku se couvre d'une certaine admiration, tandis que dans ses prunelles se mettent à briller quelques étoiles. La scène fait étouffer un petit rire à Kirishima, qui tâche de se faire discret, ne pouvant empêcher ses lèvres de s'étirer devant une telle scène.

Vu de la sorte, il aurait presque l'impression de voir leur nouvel « ami » serti de paillettes, comme dans un dessin animé pour enfant. Partant à la découverte d'un monde nouveau, emplit de surprises en tout genre.

Et, même si le blond se garde bien de le dire, il est toujours très heureux lorsque quelqu'un s'intéresse à son emploi. Il appartient à cette catégorie de personnes qui ont la chance d'être dans une entreprise qui leur convient totalement, et qui ne rechignent pas à partir au travail le matin. Passionné d'écriture et de lecture depuis l'enfance, Bakugo a besoin d'être entouré de livres pour se sentir bien. Créant sans cesse un univers bien à lui, ou prenant plaisir à faire prendre vie à ses personnages dans son imagination. C'est ce qui le fait vibrer quotidiennement.

Alors forcément, lorsqu'Izuku s'empresse de lui poser de plus amples questions, concernant ses goûts en terme de lecture ainsi que la fonctionnalité de son job, il ne se fait pas prier pour répondre. Feignant de n'en avoir rien à faire, alors qu'au fond de lui, il jubile tout de même un peu. Ils se lancent immédiatement dans une conversation très animée. Quiconque les observeraient échanger ainsi, ne pourrait s'imaginer qu'ils se connaissent seulement du jour même.

Puis, titillé par sa curiosité qui lui murmure deux ou trois questions à l'oreille depuis déjà plusieurs minutes, Eijiro fini par se lancer.

« - Et toi ? Tu bosses dans quoi ?

- J'suis prof de musique, au conservatoire dans la ville d'à côté.

- Attends...le truc huppé, avec les gens tirés à quatre épingles là ? Quand on passe devant se sont toujours de vieux schnocks aigris.

- Kat's purée...

- Bah quoi ?? Oses me dire que tu le penses pas. »

Katsuki le défie du regard, en reposant sa tasse de café apportée un peu plus tôt par le serveur. Kirishima fronce les sourcils, s'apprêtant à lui répondre avec une remarque cinglante, avant d'être aussitôt interrompu.

Face à eux, le jeune homme à la chevelure verdoyante rit ouvertement, sans doute amusé par leur babillage dénué d'un quelconque sens.

Ils ignorent ce qui est à l'origine d'un tel fou rire : la remarque du blond, ou la réaction d'Eijiro. Mais ils peuvent difficilement s'empêcher de s'y joindre tant cet éclat de voix est communicatif.

Son ton est cristallin, d'une douceur exquise à l'oreille, ne pouvant que ravir ceux qui ont la chance d'entendre une telle mélodie. À l'image de ce qui constitue de sa vie, sa voix est un instrument à elle seule, pourvue d'une gamme de notes magistrales, que beaucoup doivent apprécier écouter.

Un peu curieux, Kirishima fini par se calmer, tout en se demandant si le professeur de musique possède quelques capacités de chant également. Et s'il leur ferait l'honneur de leur en faire part, un jour ou l'autre.

« - Désolé pour ce fou rire, lâche le garçon, en essuyant une larme au coin de son œil. J'en ai pas eu depuis un bail. Mais du coup, pour répondre à ta question Katsuki, oui c'est bien cet endroit là. Mes collègues sont tous plus âgés que moi. On me confond régulièrement avec les élèves, je me fond dans la masse.

- Mais...ton style t'as pas...comment dire ça, tente Eijiro.

- Fermé une porte ? C'est évident que non, sinon je n'y serais pas, poursuit le garçon toujours en pouffant. Disons que mes capacités ont parlées d'elles-mêmes, et qu'ils ont presque rampé pour me supplier de venir enseigner là-bas, quand j'ai laissé sous-entendre que je cherchais un poste fixe. J'aime pas me vanter, mais au moins ça m'a évité de chercher un travail en dehors de mon domaine de prédilection.

- Je comprend. »

Ils terminent tous les trois leur tasse de café, dans un silence plutôt apaisant, avant que Katsuki ne se décide à venir troubler le calme ambiant.

« - Et...Pourquoi tu cherches un endroit où crécher rapidement ? Si c'est pas indiscret bien sûr. »

La question semble mettre mal à l'aise le jeune homme, le dénuant tout à coup de cette expression de joie qui l'accompagnait jusqu'à maintenant. D'un geste nerveux, il se passe une main sur la nuque, semblant chercher comment formuler sa phrase, pour expliquer sa situation. Il vient ensuite jouer frénétiquement avec ses doigts, les tordant un peu dans tous les sens, laissant vaguement imaginer la tournure ou même l'ampleur qu'à pu prendre cette conjoncture délicate.

« - Disons... Commence-t-il, avant de soupirer bruyamment. On va dire que mon ancien coloc m'a foutu dehors, et le marché de l'immobilier m'aide pas à trouver un endroit où dormir. Ma mère est pas d'ici, alors j'ai pas vraiment pu retourner chez elle. J'ai un ami qui m'a prêté son canapé le temps que je me retourne, mais j'aimerais bien retrouver le confort d'un lit, on va dire.

- Je vois... Désolé que ça se soit passé de cette manière.

- Oh le sois pas. Le sois vraiment pas. »

Son visage qui s'était fermé, reprend quelques couleurs après avoir jeté un œil à son portable. Avisant sans doute l'heure, Izuku se redresse ensuite, en leur adressant un regard désolé.

« - Je suis désolé, j'ai un rendez-vous dans une demi-heure. Je vais être obligé de partir. Vous voulez savoir autre chose avant ?

- Non t'inquiète pas, on va y aller aussi de toute manière. Et si besoin on a ton numéro. »

Tout en se mettant debout, il ramasse ses clés ainsi que son casque et son portable. Instinctivement, le couple le suit jusque sur le parking, prenant soin de le raccompagner jusqu'à son véhicule.

Impressionné, Katsuki émet un petit sifflement en voyant l'engin.

« - Chouette bécane, tu roules depuis longtemps ?

- Un moment ouais. C'est mon beau-père qui me l'a offerte. Elle prenait la poussière dans son garage, alors il m'a fait la surprise un jour.

- Elle est sublime !

- Merci beaucoup. »

Izuku referme la veste qu'il vient d'enfiler, tout en offrant un sourire rayonnant au couple. Il est visiblement ravi de les voir s'intéresser à son petit bijou, qui vaut très clairement le coup d'œil.

Mais le temps joue contre lui, l'obligeant à couper court à cette conversation. Presque à regrets, si les deux jeunes hommes en jugent par cette petite pointe de déception qui passe dans ce regard unique.

« - Bon...Désolé je dois vraiment y aller. Merci d'avoir prit le temps de me voir. Et sincèrement, même si vous vous opposez à la location...J'espère au moins qu'on deviendra bons potes. Vous êtes vraiment supers.

- T'es quelqu'un de bien aussi Izuku, n'est-ce pas Kat's ?

- Ouais ça va, t'es pas totalement une catastrophe. Y a moyen de moyenner comme on dit. » Lâche le blond avec un petit clin d'œil.

Cette phrase arrache un petit gloussement au garçon, qui leur adresse un dernier signe d'au revoir avant de prendre la route. Eijiro et Katsuki restent là quelques minutes, jusqu'à ce qu'il ne sorte de leur champ de vision, avant de finalement se décider à rejoindre leur propre véhicule, quand ils sentent quelques gouttes s'inviter à la partie.

Confortablement installés à l'avant de leur voiture, ayant échappé de peu à l'averse soudaine et intense qui se déverse sur la ville, il n'y a que le silence pour emplir l'habitacle.

Ils sont pourtant rares ces instants, ceux où aucun mot ne parvient à s'immiscer dans leur existence. Mais parfois, c'est nécessaire, comme pour refaire le plein d'une énergie qui commence à leur manquer.

Bakugo soupire un peu, en se reposant pleinement contre l'appui-tête, avant de se risquer à faire un commentaire.

« - Je sais pas où il allait, mais il va y arriver complètement gaugé.

- Ouais. »

Il tourne ensuite la tête, de manière à croiser les prunelles de son compagnon, qui l'observe déjà.

« - Toi aussi t'as été surprit ? Baragouine le blond.

- Ouais. Avec ce qu'ils nous ont balancés les gars, je m'attendais sincèrement à un type tout frêle, pas sûr de lui. Pas-

- Pas un Apollon ouais.

- Oh !

- Roh ça va, tu l'as pensé aussi. »

Amusés par leur franchise mutuelle, et un peu habituelle il faut bien l'avouer, ils ne peuvent s'empêcher d'être fauchés par un rire sincère. Témoignage de leur complicité toujours aussi intense qu'au premier jour, leur permettant d'être capable de prendre ce genre de choses avec le sourire.

Ils finissent par reprendre leur sérieux progressivement, se rappelant qu'ils ont tout de même une décision à prendre à propos de tout ceci. Ce n'était pas juste un petit moment entre potes.

D'ailleurs, une notification sur le téléphone de Katsuki les rappellent à l'ordre.

En regardant rapidement, ils s'aperçoivent qu'il ne s'agit que de Denki, qui vient aux nouvelles sur cette fameuse rencontre. La petite phrase est agrémentée d'un simple smiley, sans doute pour faire passer plus facilement sa curiosité, un poil trop intrusive au goût des deux garçons.

Mais malgré tout, étant donné les liens étroits que Kaminari semble avoir tissé avec leur potentiel colocataire, ils comprennent cet intérêt et sa demande.

« - Alors t'en penses quoi ? Questionne Kirishima, sans trop savoir à quoi s'attendre.

- J'en sais rien. Izuku a pas l'air d'être un mauvais gars, et t'as vu sa réaction quand je lui ai demandé pourquoi il cherche.

- Ouais...Il avait l'air pas mal tendu, voir même carrément mal.

- Et puis...C'est pas n'importe qui, qui nous demande un service. Shoto et Denki on les connaît depuis un bail maintenant, je les imagine pas nous faire un coup de pute à ce point. »

Eijiro approuve dans un hochement de tête, tout en étant prit dans ses réflexions envers ce jeune homme bien mystérieux, qui n'en a que peu dévoilé sur lui.

Un peu perturbé, le garçon à la chevelure rouge se demande quels secrets rythment son existence, et ce qui lui cause un tel désarroi. Et, au beau milieu de ce fouillis de questionnements en tout genre, une certitude apparaît nettement.

Ils deviendront de grands amis.

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