Chapitre Vingt
Point de vue Mia
- Allez tu vas y arriver, m'encourage t-il. Je serai juste là si tu as besoin.
Je serre la main de Ryan et finis par la lâcher lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrent. Je me tourne vers le beau blond et rapidement, embrasse ses lèvres. Juste le temps de quelques secondes. Pour me donner le courage nécessaire.
Ryan me sourit timidement et me regarde m'éloigner de lui. Je remets mon sac sur mon épaule et m'approche de ma famille devant la porte de la chambre de ma mère.
Le premier à me remarquer est Andrew. Il se décolle du mur et vient me prendre dans ses bras, comme si j'allais disparaître.
- J'ai eu peur que tu sois repartie pour New-York, il me chuchote à l'oreille et m'entoure plus fort contre lui.
- J'aurais jamais fait ça, je lui assure, je ne partirai plus jamais.
Il me lâche et je m'avance près de mon père qui semble perdu et triste. En même temps, qui ne le comprendrait pas ? Sa femme ne se souvient plus de lui, il va falloir tout réapprendre à notre mère.
- Je suis désolée d'être partie comme ça, je m'excuse et l'étreins.
Mon père me murmure une réponse plate et s'éloigne pour se poster devant la fenêtre qui donne sur la chambre. Nous regardons maman, une télécommande dans la main, en train d'essayer de zapper les chaînes de la télévision.
- Je n'arriverai pas à y aller, nous avoue t-il. Si elle ne me reconnaît vraiment pas, je ne sais pas comment je vais faire.
Mon frère ne répond pas, trop occuper à fixer la femme dans la chambre devant nous.
Mon regard se porte derrière nous et je croise celui de Ryan, appuyé contre le mur près de l'ascenseur.
- Je vais y aller, je leur affirme.
Ils ne me contredisent pas et ne bougent même pas. Il semblerait que je sois seule sur ce coup là. Enfin presque.
- Qu'est-ce qu'elle a oublié exactement ?
- On ne sait pas exactement, m'explique Andrew, les médecins nous ont demandé de vérifier si la zone qui correspond à l'enfance a été touchée ou une autre.
Je me dirige vers la porte et la pousse discrètement pour ne pas faire peur à ma mère. Quand j'entre, elle m'observe silencieusement et me regarde prendre une chaise pour m'assoir près d'elle. Au moins cette fois-ci elle n'a pas eu de mouvement de recul.
- Salut, j'essaie de sourire normalement mais mon sourire paraît bizarre vu la tête qu'elle tire.
Elle hoche la tête et remet une de ses mèches de cheveux bruns derrière son oreille.
- Bonjour.
Entendre sa voix a l'effet d'une bombe dans mon cœur. Je ne pensais pas que ne pas l'entendre me manquait à ce point.
- Comment ça va ?
- Bien, j'imagine, elle se redresse sur son lit et se lèche les lèvres.
- Tu as soif ? Elle hoche vivement la tête.
Je lui souris et lui tends le verre d'eau qui était posé sur la table de chevet du lit.
- Merci, elle approche le verre de sa bouche et le boit vite. Mais j'ai une question.
Elle me repose sur la table près d'elle et croise ses mains entre elle. Je ne sais pas quoi lui dire. 'Coucou je suis ta fille, tu m'as oublié'
- Tu peux me demander ce que tu veux.
J'ai un peu peur de ce qu'elle va me dire. Est-ce qu'elle va me demander qui elle est ou ce qu'elle fait ici ?
- Est-ce que c'est bien toi Mia ?
Sa question me laisse sans voix. Elle se souvient de mon prénom ? Ça veut dire qu'elle se souvient de moi ?
- Oui c'est moi, je secoue la tête, mais tu te souviens de moi ?
- Bien sûr que oui ! Mais tu as tellement grandi ma puce !
Mon sourire se fane et laisse place à de la déception. Elle a oublié combien de temps exactement ?
- Quelle est la dernière chose dont tu te souviens ? Je la questionne.
Elle cherche dans sa mémoire et me sourit.
- Mmh... oh ! Je me souviens ! Elle s'exclame. Tu as fait ta rentrée en dernière année il n'y a pas longtemps je crois.
Je baisse les yeux et préfère regarder le sol plutôt qu'elle ne voit mes yeux qui se baignent au fur et à mesure de larmes. Putain. Elle a oublié douze ans de sa vie.
Je ramasse mon sac à côté de moi et me relève pour sortir malgré les cris de ma mère pour que je reste.
La porte refermée, je m'appuie contre celle-ci et laisse échapper un soupir. Au moins elle se souvient de nous.
- Alors ? Me demandent-ils en chœur.
- Elle ne nous a pas oublié.
Des sourires prennent place sur leurs visages et ils se prennent dans les bras. Mon père soulève son fils et ensembles, ils sautent de joie. Quand ils s'aperçoivent que je n'ai pas bougé de derrière la porte, mon frère se stoppe et vient poser sa main sur mon épaule.
- Qu'est-ce qu'il y a Mia ?
- Elle a oublié les douze dernières années.
- Oh, s'exclame mon père, c'est pas grave ! On va rattraper tout ça !
- Vous comprenez pas, je secoue la tête, elle a tout oublié de ce qu'il s'est passé après notre fête de fin d'année. Elle a oublié mon départ, elle ne sait pas que tu vas te marier...
- Mia, ça va, c'est pas important et...
- Pas important ? Je rigole faussement. C'est pas important qu'elle ne sache pas que sa fille vous a laissé pendant tout ce temps ? Que son fils a grandit et qu'il va épouser la femme qu'il aime ?
Je me retourne et décide de rentrer à l'hôtel. J'ai juste besoin d'un peu de temps et de repos. Ces derniers jours ont été épuisants et je ne me souviens pas avoir fait une nuit complète depuis des lustres.
Devant l'ascenseur, Ryan pianote sur son téléphone et me remarque lorsque j'appuie sur le bouton d'appel de l'engin.
- Hey Mia qu'est-ce qu'il se passe ?
- Rien ça va, tout va bien, je secoue la tête et ferme les yeux en attendant la montée de l'appareil.
- Tu peux me parler, il pose sa main sur mon avant-bras et je le repousse rapidement.
- S'il te plait arrête Ryan.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et j'y rentre. J'appuie sur le bouton du rez-de-chaussée et vois les portes de la cabine presque se fermer avant qu'un bras ne s'y glisse, Ryan entrant à la suite.
- Tu vas me dire ce qu'il se passe, il m'ordonne et je crois voir des flammes danser dans ses yeux.
Visiblement la façon dont je lui ai parlé ne lui a pas plu. Les portes se ferment et nous nous retrouvons face à face dans un espace clos. Les yeux bleus de Ryan sont accrochés aux miens.
- Non.
- Si tu vas me le dire.
Je fronce les sourcils et m'approche plus de lui, si bien qu'il ne reste que quelques centimètres entre ma tête et la sienne.
- Non.
Ryan attrape mon visage de ses deux mains et me plaque contre la paroi de l'ascenseur. Je lâche un gémissement quand sa bouche entre en contact avec la mienne et sa langue vient caresser la mienne. Mes mains passent derrière son cou et l'entourent pour le rapprocher encore de moi. Les siennes viennent se poser sur la peau de mon dos et remontent jusqu'au haut de ma poitrine, venant comprimer mes seins.
Pulsions sexuelles direz-vous.
- Ryan, je gémis alors qu'il embrasse mon cou, les portes vont s'ouvrir.
Il se détache de ma peau et rabaisse mon t-shirt qui était remonté. Je recoiffe mes cheveux pendant que Ryan passe une main dans les siens ce qui leur donne un côté 'je viens de pratiquer le sexe et c'était décoiffant'.
Les portes s'ouvrent et avant que je n'ai pas sortir, Ryan attrape ma main pour entrelacer nos doigts et me sourit. Durant quelques minutes j'ai réussi à oublier ma mauvaise après-midi et je l'en remercie infiniment.
*
Je jette mes clés de voiture sur la commode, mon sac par terre et m'étale sur mon lit. Derrière moi, Ryan ferme la porte et pouffe de rire. La tête dans les draps, je sens leur odeur. Le parfum de Ryan est toujours présent sur les couvertures.
- Tu veux que je te commande un truc à manger ? Il me demande et je relève la tête pour le regarder.
Ses mains sont glissées dans son pantalon et il se lèche les lèvres. Foutues lèvres dangereuses.
- Avec plaisir si tu restes manger, je lui souris.
J'ai juste pas envie de parler de ma mère, de New-York ou de Mike. Je veux juste passer un bon moment avec Ryan.
- Et bien, il se gratte la nuque et fixe le sol, je dois rentrer faire mes cartons.
- Oh, je me souviens et c'est comme si une tempête se déchaînait dans mon bas ventre. Oui bien sûr je comprends. Tu pars quand ? Je le questionne déçue.
- Je sais pas encore, le plus vite possible, il tente de me sourire.
- Reste pas pour moi Ryan, je lui dis, ça va s'arranger, je peux gérer.
- J'en doute pas, il soupire et sort son téléphone de sa poche avant de saisir un numéro. Bonsoir, j'aimerais deux pizzas mozza et reine s'il vous plaît.
*
- C'est la meilleure pizza de ma vie, je m'exclame la bouche pleine.
Ryan éclate de rire et se resserre une part de sa pizza. Assis sur mon lit, nous regardons la télévision, un programme de nouveaux talents je crois.
Ryan a décidé de rester avec moi ce soir, puisqu'il partirait s'en doute dans les jours qui suivent. Alors il est vingt-trois heures et nous rigolons devant les prestations des candidats à l'émission de télé.
- Je connais ce mec, Ryan pointe l'homme qui chante à la télé, il fait des vidéos sur internet !
Je le regarde fixer la télé face à nous, les yeux rêveurs. Certainement un mec qui a fait ce que lui a toujours voulu faire : réaliser son rêve.
- C'était quoi ton rêve ? Je le questionne subitement intéressée.
- Je voulais faire de la musique, tu t'en souviens ? Le soir après les cours j'allais dans ce petit bar chanter pour les clients.
Je hoche la tête et souris à ce souvenir. J'avais pour habitude d'aller voir Ryan jouer de la guitare là-bas. Il était vraiment doué et sa voix était incroyable, un peu comme quand il a chanté l'autre jour à la fête du village.
- Et maintenant je vais travailler pour une entreprise de merde, il jure.
- Pourquoi tu pars là-bas Ryan ?
- Parce que ça paie bien, il hausse les épaules.
- C'est quoi la vraie raison ? Je le regarde suspicieuse.
Ryan me regarde surpris et se frotte les mains pour enlever la farine collée à ses doigts.
- J'ai... juste besoin de m'éloigner d'ici quelques temps, un peu comme toi tu l'as fait. Maintenant que je sais ce qu'il s'est passé, je crois que j'ai plus rien que me retient ici.
C'est faux. Moi je veux te retenir ici.
- Je comprends, c'est sûrement mieux que tu partes le temps de quelques mois, je lui mens.
Je débarrasse le lit des cartons de pizzas vides et les pose dans l'entrée. J'irai les jeter demain matin.
Quand je retourne sur le lit, Ryan y est toujours allongé et fixe le plafond. Je m'allonge à côté de lui et me surprends à l'observer sans gêne. Et je m'imprègne de chaque détail de son visage, pour me souvenir de lui a jamais. Lorsqu'il tourne la tête pour me regarder, je ne bouge pas, au contraire, je le regarde dans les yeux.
- Tu es magnifique Mia, il m'avoue et mes joues chauffent immédiatement.
- Je ne veux pas que tu partes Ryan, je lui avoue à mon tour sans baisser les yeux.
- Je reviendrai vite, c'est promis.
Sa main vient prendre la mienne et il entrelace à nouveau nos doigts. Il fixe nos mains, comme s'il essayait d'avoir cette image dans la tête pour toujours.
- Après que tu sois partie, il commence, je croyais que j'avais peut-être enfin arrêté de t'aimer, il secoue la tête en souriant tristement. Mais la vérité Mia c'est que je n'ai jamais cessé de t'aimer et que je ne cesserai jamais de le faire.
Je me mets sur mes coudes pour me redresser et regarder Ryan. Il est sérieux. Il vient de m'avouer qu'il m'aime.
Je passe à califourchon sur l'homme à côté de moi et viens l'embrasser à pleine bouche, comme si c'était la dernière fois. Ryan étreint mon corps et me bascule pour se mettre au-dessus de moi.
J'avais juste besoin de ça, besoin de lui avant qu'il ne parte.
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C'est bientôt la fin les amis :/
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Merci. Léa <3
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