Chapitre Un

Photograph - Ed Sheeran
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Point de vue Mia

Dans les couloirs du siège de Gala, je me faufile entre les gens qui comme moi se précipitent à leurs tâches. Je me dirige rapidement jusqu'au bureau de ma patronne, Justine Grande, une femme au parcours remarquable. Elle a commencé par de petits boulots tels que dans des restaurants en tant que serveuse et est maintenant à la tête d'une des plus grandes firmes du moment.

Avant de toquer à la porte, je regarde ma montre et constate qu'elle m'avait demandé ces papiers il y a plus de cinq minutes. Je frappe la séparation en bois, tremblante, les documents en main et rentre lorsqu'on m'en donne la permission.

Je pénètre dans le bureau de ma supérieure et m'approche doucement de son grand bureau en verre. Elle se trouve sur sa chaise, dos à moi et regarde la vue sur la ville de New York par ses baies vitrées.

- Tu as, elle attrape son téléphone et regarde l'heure, exactement deux minutes de retard. J'espère que tu as les documents que je t'ai demandé au moins ? Me dit-elle sévèrement.

Je m'avance devant son bureau et y dépose les feuilles qu'elle m'a demandé de chercher parmi toutes les archives.

- Les soldes du mois derniers, je dis sans me laisser impressionner par la personne, oui je les ai.

Elle se retourne toujours sur sa chaise et me foudre de ses yeux noirs en amandes.

- Très bien, me dit-elle en saisissant brutalement les feuilles.

Elle les regarde et attrape les lunettes sur sa table qu'elle place au bout de son nez. Après quelques secondes, elle relève la tête et me fixe.

- Bien, elle commence avant de faire des signes avec ses mains, tu peux sortir.

Je me décale et pars vers la sortie.

- Oh et Dolan, me rappelle par mon nom ma patronne en se levant de sa chaise et mettant sa veste de tailleur, je veux un café noir sur mon bureau quand je suis revenue de ma réunion.

Je hoche la tête et sors finalement du bureau pour me rendre à mon étage, l'espace entre le studio est l'atelier. Depuis mon entrée dans cette entreprise, il y a déjà plus de sept ans, j'ai gravis les échelons pour arriver jusque là, c'est-à-dire au métier de coordinatrice de collection.

- Mia, m'appelle un des stylistes et mon ami, John, on a besoin de ton avis sur cette robe de soirée.

Je m'approche de la robe, la touche et la retourne pour mieux l'observer. Une robe à manche longue bleue nuit, accompagnée d'un col avec des diamants.

- C'est parfait mais ajoutez juste un peu de dentelle sur les épaules, je lui conseille.

Il me sourit et part dans l'atelier terminer la robe pour l'essayage de cette après-midi. Pour ma part, je m'installe à mon bureau et continue le travail que j'étais en train de réaliser avant que la vipère de patronne ne m'appelle.

- Le café ! Je crie dans la pièce.

Les secrétaires et stylistes me regardent bizarrement mais je n'y fais pas plus attention. Je me précipite sur mon sac, prends de l'argent et cours jusqu'à l'ascenseur pour aller chercher un café à Madame Grande.

*

- Pardon, poussez-vous ! Je m'exclame en courant difficilement avec mes talons, le café noir à la main, en direction du bureau de ma supérieure.

Je toque mais n'obtiens pas de répondre. Quelle chance ! Elle n'est pas encore revenue de sa réunion !

J'entre et dépose rapidement son café Starbucks sur son bureau puis ressors cette fois-ci en toute discrétion.

J'arrive en douceur jusqu'à mon bureau et m'y installe pour reprendre mon souffle.

Mon téléphone sonne dans ma poche de tailleur et je l'attrape pour regarder le nom de mon correspondant. Numéro inconnu mais indicatif de ville oui : Oxfordshire. Pourquoi quelqu'un de ma ville natale chercherait-il à me joindre ?

- Allo ? Dis-je en décrochant.

- Bonjour, vous êtes bien Mademoiselle Mia Dolan ? Me demande une voix rauque.

- Oui c'est bien moi, je confirme en remettant une mèche de ma tignasse rousse derrière mon oreille. Qui êtes-vous et pourquoi m'appelez-vous ?

- Dieu soit loué, s'exclame mon correspondant, j'ai cru que je ne te retrouverai pas ! Tu as changé de numéro depuis que tu es partie.

- Excusez-moi mais je ne sais pas qui vous êtes Monsieur alors...

- Je suis le docteur Sharp, Mia.

Je me relève de la chaise sur laquelle je suis assise et fais les cents pas. C'est la première fois en dix ans que quelqu'un de mon ancienne vie cherche à me contacter.

- Docteur Sharp ? Pourquoi m'appelez vous ? Je demande à l'homme qui m'a mise au monde vingt-huit ans plus tôt.

- Oui hum ta mère est... enfin elle a besoin de toi ici, il finit par me dire.

- Besoin de moi ? Je m'étonne.

Ma mère est toujours venue me voir ici à New York. Pourquoi voudrait-elle que je vienne moi la voir ?

- Mia, ta mère a fait un malaise très grave hier matin, m'apprend le médecin de mon village.

- Quoi ? Je m'interroge, affolée. Comment ça un malaise grave ? Elle va bien ?

Mes collègues me regardent une fois de plus bizarrement mais ne cherchent pas à s'approcher pour venir me voir et je les en remercie.

- Oui Mia, un malaise grave, me confirme mon correspondant. Il faut que tu viennes au plus vite.

- Mais enfin, j'ai tout ici. Je ne peux pas partir du jour au lendemain.

- Mia, on parle de ta mère. Tu vas vraiment laisser tomber ta famille ? Ton père est dans un état catastrophique et ne parlons pas de l'état de ton frère. Ils ont besoin de toi, et le plus vite possible Mia.

Je ferme les yeux et réfléchis à la situation. Comment je vais faire ? Bien sûr que je dois aller voir ma mère, je ne la laisserai pas. Mais je ne peux pas quitter le pays d'un seul coup.

- Très bien, je me débrouille, dis-je en grinçant des dents, je prends l'avion demain.

- Merci Mia. On t'attend.

Il raccroche et moi je m'affale sur mon fauteuil. Il faut que je trouve une excuse pour m'absenter de mon travail.

*

- Un problème familial ? Répète ma patronne. Voyons Mia tu me connais mieux que ça, non ?

Je baisse la tête et serre les poings. Bien sûr que je la connais. Jamais en dix ans je ne l'ai vu m'accorder ne serait-ce qu'un jour de congé payé donc je ne vois pas pourquoi elle aurait change d'un seul coup.

- Je sais mais c'est une urgence et je dois absolument m'absenter.

Elle fait mine de réfléchir et regarde sur son bureau. Elle fait glisser une feuille jusque devant elle et me sourit hypocritement.

- Tu as de la chance Dolan, me dit-elle, il semblerait qu'une stagiaire doive faire ses preuves ici. Alors je te donne deux semaines tout au plus. Mais tu vas travailler même pendant ces deux semaines. Je veux les rapports que je t'ai demandé et les quatre idées de tenues de soirée et une tenue pour le défilé du mois. Après si tu ne reviens pas, je trouverai un moyen de te remplacer.

Je hoche la tête et la remercie du regard. J'ai vraiment de la chance on dirait. Je sors de son bureau et pars au mien pour récupérer mes affaires.

*

- Je suis rentrée, je crie depuis l'entrée de mon grand appartement.

J'observe l'appartement de mes yeux tout en enlevant mes chaussures à talons que je laisse au milieu de la pièce. Tout est bien rangé, à sa place.

- Comme d'habitude, pensais-je.

- Tu as passé une bonne journée ? Me demande Mike qui arrive dans le salon où je me trouve.

Il porte un tablier de cuisine et a un peu de farine sur le visage. Mike s'approche de moi, m'embrasse tendrement et me sourit.

- Ça a été, dis-je en le regardant ramasser mes chaussures. Et toi ?

Toujours aussi maniaque et carré, me dis-je à nouveau.

- Comme toutes les journées dans une banque, me répond t-il.

Mike, mon petit ami depuis déjà cinq ans travaille en tant que responsable des affaires dans une grande banque de New York. Lui comme moi sommes bien payés ce qui nous a permis de nous offrir ce bel appartement avec vue sur Central Park.

J'enlève ma veste que j'accroche au portemanteaux et m'allonge lourdement sur le canapé. Mon beau blond vient me rejoindre et s'assoit à côté de moi, en oubliant pas d'enlever le tablier plein de farine.

- Au fait, je commence, le docteur de mon ancien village m'a appelé. Ma mère a fait un malaise.

- Mince, s'inquiète Mike, et elle va bien ?

Ma mère et Mike ne se sont jamais bien entendus. Trop chouchoute d'après Mike et trop coincé du cul d'après ma mère.

- Le médecin veut que j'aille lui rendre visite.

Mike déglutit et me fixe étonné.

- Tu as dit oui ? Je hoche la tête. Mais enfin ton travail, comment tu vas faire ?

- Ma patronne m'a laissé deux semaines de congé. Après si je ne reviens pas c'est la porte.

- Non mais non Mia. Tu ne peux pas partir comme ça. Tu as pensé à l'appartement, au retard à ton travail, à moi ?

- Je suis désolée Mike, je m'excuse, mais ma famille a besoin de moi et je ne peux pas dire non à ma famille.

Il me regarde sévèrement et marmonne dans sa barbe.

- Tu pars quand ? Il me demande finalement.

- Je vais prendre un billet d'avion pour demain.

Il hoche la tête brutalement et part s'enfoncer dans la cuisine. Bien, il ne changera jamais on dirait.

À mon tour, je pars dans la chambre et prépare mes valises pour mon départ.

*

Il est vingt heures. Mes valises sont prêtes, mon ordinateur aussi et j'ai déjà commencé à travailler sur les documents pour Madame Grande.

Deux coups sur la porte d'entrée se font entendre. Voyant que Mike ne se lève pas de son fauteuil pour aller ouvrir, je souffle et me lève pour aller ouvrir la porte.

- Holà la compagnie ! Nous salue mon meilleur ami, un paquet de bière à la main. Prêts pour la soirée foot ? Nous demande-t-il.

Mike grogne et se renfrogne dans son siège.

- Qu'est-ce qu'il a ? Me questionne Nathan.

Nathan, un beau gosse brun qui n'assume pas ses trente ans et vendeur dans un magasin de musique. Je le connais depuis mon arrivée à New York, c'est-à-dire depuis dix ans. Il a été mon premier colocataire et nous ne nous séparons pas.

- Il râle parce que je dois rejoindre ma famille, je lui explique. Ma mère est malade.

- Oh merde, jure mon ami, et vous partez quand ?

- Je pars demain, je réponds d'une voix ferme avant que Mike ne puisse parler.

- Tu ? Attends Mike tu ne pars pas ? Demande mon meilleur ami à mon copain.

- J'ai un travail que je ne peux pas quitter moi, lui répond t-il en insistant sur le "moi".

- Oh, soupire Nathan.

Il se tourne vers moi en me fait un grand sourire. Qu'est-ce qu'il me veut ?

- Oui Nathan ?

- Tu m'as toujours dit que tu m'amènerais chez toi un jour, tu te souviens ?

À mon tour de soupirer. Nathan peut être vraiment chiant quand il s'y met et là il ne lâchera pas l'affaire.

- Nath je vais rester avec ma famille, dans un petit village perdu en Angleterre, j'explique. Tu veux vraiment venir ?

- Ouais, ça a l'air cool. Et puis je pourrai peut-être trouver l'inspiration pour mes chansons.

Oui, Nathan compose ses propres chansons qu'il revend, ce qui lui permet de vivre aisément.

- Très bien, dis-je en me laissant retomber sur le canapé, mon avion décolle demain matin à huit heures trente. Tu devrais aller préparer ta valise, je m'occupe de ton billet.

Nathan saute de joie et de rue sur la porte pour courir jusqu'à chez lui. Je pouffe de rire et me tourne vers mon chéri.

- Tu es sûr de ne pas vouloir venir ? Je lui demande d'une petite voix.

- Je ne peux pas Mia, il me répond, attendrit, mon boss va me tuer si je pars. Mais allez y, tu m'enverras des messages et on s'appellera le plus souvent possible.

Je m'approche de lui et m'assois sur ses genoux en passant mes mains dans ses cheveux.

- Tu vas me manquer, je lui avoue.

- À moi aussi. Je t'aime Mia.

- Je t'aime aussi.

*

- Tu veux une bouteille d'eau ? Me demande Nathan alors que nous sommes assis dans l'avion.

Il a du remarquer mon stress. Depuis que je me suis levée ce matin, mon estomac se tord dans tous les sens. Retournée à Oxfordshire, mon village de naissance, me fout la trouille. Ça fait maintenant un peu plus de dix ans que je n'y suis pas retournée et l'idée ne me fait pas trop plaisir même si je le fais pour y voir ma famille. Lorsque je suis partie, alors que j'avais dix-huit ans, je n'avais qu'une envie : ne plus jamais y remettre les pieds. Mais apparemment, je n'ai pas d'autres choix que d'y aller.

- Non ça va aller, merci, dis-je en lui souriant difficilement, m'accrochant à mon siège et tripotant ma fermeture éclaire.

- Pourquoi es-tu si stressée Mia ?

- Quoi ? Je ne suis pas stressée, je lui assure en émettant un rire aussi faux que le visage botoxé de l'hôtesse de l'air.

- Mia, tu tripotes ta fermeture comme à chaque fois où tu es stressée alors oui, tu es stressée.

- J'ai peur de revoir les gens que j'ai abandonné il y a dix ans, je lui avoue.

- Tu n'as pas à t'en faire Mia, je serai là pour t'épauler.

Je serre la main que me tend mon meilleur ami et tente de respirer calmement. Ce voyage ne va pas être de tout repos, je le sens.

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Hey ! Bienvenue dans ma nouvelle histoire ! J'espère que ce premier chapitre un peu introductif vous a plu. Le prochain arrive dès que possible !

Mia
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