Chapitre Onze

Point de vue Mia

- Bonjour Mia ! Bien dormi ?

Je me gratte la tête et grimace à la question de mon père. La réponse est non. J'ai passé une des pires nuits de ma vie. Après mon cauchemar, je n'ai pas retrouvé le sommeil et comment dire qu'une nuit blanche n'est pas vraiment ma tasse de thé. Je n'ai pas cessé de penser à ce bal et à tout ce qu'il s'est passé. Sérieusement, comment j'ai pu parler ne serait-ce qu'un peu de ça à mon frère ?

Je réponds par un haussement d'épaules et m'aventure dans la cuisine pour me prendre un café. Rien de mieux pour me donner un peu d'énergie pour cette nouvelle journée à Oxfordshire.

Lorsque je commence à boire mon café, je m'étouffe légèrement et commence à tousser très fort, renversant ma boisson sur mon vieux pyjama de mes dix-sept ans. Super bonne journée en annonce...

- Putain, je grommelle en essuyant le café.

Ma mère entre dans la pièce où mon père et moi nous trouvons et vient l'embrasser. Quarante ans passé ensemble et ils sont toujours aussi amoureux. J'aimerais connaître ça. Rencontrer l'homme qui va mourir à mes côtés. J'espère de tout cœur que Mike est cet homme.

Je secoue la tête et souris devant la scène qui se déroule devant moi : ma mère dans les bras de mon père.

- Vous êtes trop mignons, je dis tout bas toujours en les observant.

Les deux me sourient et ma mère sort de l'embrassade pour venir me prendre dans ses bras. Dieu que ces moments m'ont manqué.

- Mia ?

Je relève la tête et regarde ma mère soucieuse.

- Pourquoi tu pleures ma puce ? Me demande-t-elle en passant son pouce sur ma joue.

Je renifle et m'aperçois seulement que je viens de lâcher une larme. Wahou. Je ne pensais pas que je pouvais être aussi nostalgique.

- Pour rien, ne t'inquiète pas, je la reprends tendrement dans mes bras.

À leur tour Andrew et Kaitlyn entrent dans la cuisine et nous saluent. Je décide de partir prendre un peu l'air et passe la porte qui mène au jardin. L'air frais d'Angleterre m'accueille et je regrette automatiquement mon pyjama à velours qui est resté à New-York. Mais ce n'est pas à New-York que je pourrais profiter d'un paysage comme celui-ci. Les oiseaux chantent, le soleil se lève progressivement à ma gauche, un homme se balade en vélo sur le bord de la route. Je souris et croise les bras. Ça va me manquer plus tard.

Quand je rentre dans la maison, je passe par le salon où Andrew et Kaitlyn sont assis sur le canapé, ma meilleure amie dans les bras de mon frère.

- Tout va bien Mia ? Me questionne-t-elle.

Andrew passe son bras sur ses épaules et embrasse sa tempe. Punaise eux aussi ils sont adorables. Je hoche la tête et prends le chemin de ma chambre pour m'habiller.

*

Finalement, je descends les escaliers et atterris dans le salon où tout le monde se trouve. Andrew me fait de gros yeux tandis que ma mère pose ses mains sur ses joues.

- Mia tu portes un short ?

Je baisse les yeux sur le bas de mon corps. Effectivement je porte un short et mes vieilles Stan Smith. J'ai croisé les doigts pour qu'elles m'aillent toujours et visiblement, mon vœux a été exhaussé.

- J'ai pensé que je pouvais reprendre certaines de mes vieilles affaires, dis-je en me balançant que les deux jambes.

Ma mère se lève et prend son sac à main ainsi que ses clés.

- En route pour la clinique !

*

Dans la salle d'attente du petit hôpital, j'attends ma mère qui passe son scanner. Un peu stressée, je sors mon téléphone de mon sac à bandoulière et regarde mes messages.

Je m'amuse avec un de ces jeux chiants mais qu'on télécharge quand même pour passer le temps, lorsque mon téléphone m'avertit de l'arrivée d'un message, faisant se retourner toutes les personnes présentes dans la salle. Quoi ? J'ai le droit d'avoir une vie.

Reçu à 11h37 : Hey Mia tu fais un truc mardi soir ?

Je fronce les sourcils et m'empresse de répondre.

Envoyé à 11h38 : Non mais qu'as-tu derrière la tête Ryan ?

Reçu à 11h40 : Le village fait une petite fête chaque année à cette date. Je voulais que tu viennes ;)

Son message me fait sourire et je suis sûre que mes joues ont pris la couleur d'une tomate. Ça ressemble à un rendez-vous ? Oh et puis je n'ai pas à aller à un rendez-vous. J'ai déjà Mike.

Envoyé à 11h43 : Tu voulais ? Je te manque autant que ça ? ^^

Reçu à 11h45 : Aha je sais que tu as autant envie que moi d'y aller !

Et il a raison. Ça m'énerve. J'ai vraiment envie d'y aller mais je sais que je dois partir mercredi soir, pour être sûre d'être au bureau jeudi matin.

Envoyé à 11h47 : Peut-être que oui, peut-être que non ;) Aller retourne à ton travail toi :)

Je range mon téléphone n'ayant plus de réponse de mon ami et attends patiemment le retour de ma mère. Si vous m'entendez, faites qu'elle aille bien.

*

- Et donc ? Ma mère demande au docteur présent devant nous.

Elle triture ses doigts nerveusement. Ça me rappelle vaguement ce que je fais quand je suis stressée. Je le tiens certainement d'elle.

- Et bien l'IRMf a confirmé ce que pensait votre médecin traitant, il répond, vous avez un problème de plasticité cérébrale.

- Oh, ma mère baisse la tête, et je pourrais me faire opérer quand ?

Le médecin ouvre un cahier se trouvant sur son bureau et place ses lunettes sur son nez.

- J'ai une place disponible dans la semaine.

- Ça serait bien.

- Jeudi ça vous conviendrez ? Il propose et mon sang ne fait qu'un tour.

Non non non. Je pars avant jeudi. Je ne peux pas ne pas être là.

- Et pourquoi pas mercredi ? Je me réveille. Mercredi ça serait parfait. Le plus vite c'est fait, mieux ça ira.

- Mademoiselle j'ai des centaines de patients et le seul moment disponible se trouve être jeudi à onze heures au bloc opératoire.

Je grince dents et vois ma mère hocher la tête. C'est donc décidé. Ma mère se fait opérer jeudi. Et je ne pourrais même pas être là. J'ai envie de pleurer.

*

Quand j'entre dans la boutique, la clochette retentit avertissant les occupants de mon entrée. Andrew me sourit et retourne vite à ses occupations, c'est-à-dire la préparation d'un bouquet. Ryan sort de la pièce à l'arrière et s'approche de moi d'un pas sûr.

- Alors je te manquais tellement que ça ? Me dit-il en faisant référence à mon message.

Je lui tire la langue et frappe son épaule. Foutu réflexe de garçon.

- Tu as toujours ce réflexe, hein ? Il me questionne et se frotte l'épaule.

Les souvenirs remontés à nouveau à la surface, je souris difficilement et m'éloigne de Ryan de quelques mètres. J'ai besoin de respirer. Vraiment.

- Hey Mia ça va ? Me demande-t-il inquiet posant sa main sur mon épaule.

Je me tourne de façon à ce qu'il ne voit pas mon visage et essuie une larme qui a eu le temps de couler. Bordel c'est pas le moment de faire une crise de panique. Rapidement, j'arrive à me calmer et reprends une respiration normale. Ryan qui est resté derrière moi fait le tour et vient se placer devant moi.

- Mia qu'est-ce qu'il se passe ?

- Rien ! Je cris plus fort que je ne l'aurais voulu.

Ryan fronce les sourcils. Merde merde merde. Je voulais pas.

- Désolée je n'ai pas vraiment contrôlé ma voix je...

- C'est bon Mia, tu vas passer ta vie à t'excuser pour ce que personne ne sait. Si c'est pour ne pas nous parler de ce qui ne va pas, franchement Mia, ne t'excuse plus.

Sur ces mots, il s'éloigne de moi et je trouve le froid glacial qui m'habite lorsqu'il n'est pas près de moi.

*

J'ai passé une après-midi de merde. Après être allée voir Ryan, j'ai décidé de rentrer à l'hôtel et je me suis emmerdé. J'ai commencé à chercher des idées pour la tenue que je sois créer pour le défilé mais je n'ai rien trouvé.

- Stupide dessin, je lâche en jetant mon cahier de croquis par terre.

Stupide dessin. Stupide souvenirs. Stupide moi. Je m'en veux tellement. Ryan a raison. Je devrais leur dire mais je n'y arrive pas. C'est trop dur et rien que d'y penser mon cœur bat trop vite.

- Mia t'es là ? On toque à ma porte.

Il est dix-neuf heures. J'ai mangé une pizza dans ma chambre, seule, devant la petite télé. Et ça m'a bien fait chier.

- Ouais, j'arrive.

Je me lève du matelas et vais ouvrir à mon meilleur ami qui me tend un paquet de bière et pénètre dans ma chambre.

- Wow je peux savoir ce qu'il peut se passer pour que tu débarques avec des bières ? Je l'interroge et referme la porte.

Nathan déchire le paquet, en sort une bouteille et l'ouvre. Il boit une gorgée en s'asseyant sur le sol et regarde par la fenêtre.

- Mon magasin a été racheté et vu que je l'ai loué, je ne peux pas refuser l'achat, il me lâche avant de boire à nouveau.

Son magasin de musique ? À New-York ? C'est pas possible ! Comment quelqu'un peut avoir le pouvoir de faire ça ?

- Qui l'a racheté ? Je demande après quelques minutes d'analyse de la situation.

- C'est là que c'est très drôle, il m'explique en pouffant. La banque de Mike.

- Quoi ? Je grimace. Il n'aurait jamais racheté son magasin volontairement. Tu es sûr ?

- Ouais malheureusement. J'ai reçu le mail de l'entreprise y a une heure.

J'attrape mon téléphone, ma veste et claque la porte. Un coup de fil s'impose.

*

- Jackester Bank, que puis-je faire pour vous ? Me demande une voix féminine au bout du fil.

Énervée, j'ai décidé aller prendre l'air pour téléphoner à Mike. Mais puisqu'il travaille, j'ai trouvé ça encore mieux de l'appeler sur le téléphone de son travail.

- Oui vous pouvez, j'annonce méchamment. Je voudrais parler à Mike Jensen.

Elle se gratte la gorge et me répond d'une voix aussi tranchante que la mienne.

- Il n'est pas disponible pour l'instant.

- Si il l'est. J'ai besoin de lui parler.

- Mademoiselle je vous conseille de baisser d'un ton, elle me dit sévèrement.

Non mais elle se prend pour qui celle-là ?

- Vous êtes qui pour me dire ça ?

- Je suis la nouvelle patronne de la banque, elle m'apprend.

Patronne ? Mike m'a pourtant parlé d'un nouveau patron. Pas d'une nouvelle patronne.

- Patronne ? Je l'interroge stupéfaite. Mais je croyais que le nouveau patron était un homme.

- Et bien non mademoiselle. Donc je vous demanderai de ne pas me parler comme ça. Monsieur Jensen vous appellera plus tard.

J'entends d'autres voix dans le téléphone et la femme souffle.

- On dirait que vous avez de la chance, elle me dit et j'entends du bruit.

- Mia ? Me demande-t-on de l'autre côté du téléphone.

- Mike ?

- Qu'est-ce que tu veux Mia ? Il me questionne semblant ennuyé.

- Merci je vais bien et toi ?

- Oui bon Mia j'ai pas le temps, je bosse moi.

Je bosse moi. Moi. Bien sûr Mia tu ne bosses pas, voyons.

- Tu es au courant que ta jolie banque a racheté le magasin de Nathan ? Je ne passe pas par quatre chemins.

- Oui puisque c'est moi qui était en charge du dossier.

- Attends tu veux dire que c'est toi qui a ordonné le rachat de la boutique de Nath ?

- Qui d'autre Mia ? Bien sûr que c'est moi. Ça a un grand intérêt pour mon boulot. Je peux être promu.

- J'en ai rien à foutre ! Je cris tellement fort qu'on doit m'entendre à des kilomètres. Comment t'as pu faire ça à Nathan ? Pour de l'argent en plus !

- De l'argent pour nous Mia !

- J'en veux pas de ton argent dans ces cas là Mike ! C'est horrible ce que tu as fait !

- Écoute Mia tu m'engueuleras plus tard si tu veux, là je dois y aller.

- Mike ? Mike ! Je hurle voyant qu'il a sûrement raccroché.

Je rentre violemment mon téléphone dans ma poche et reprends le chemin de l'hôtel. J'ai besoin d'une autre bière là.

Journée de merde.

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Léa <3

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