27. Invité surprise
En média "Stay" de Rihanna
Cette semaine de révisions se déroule à la fois trop lentement et trop rapidement. Je sais que ça peut paraître paradoxal mais j’ai envie d'accélérer certaines journées puis d’appuyer sur le bouton “pause” pour ralentir d’autres.
Je ne suis pas retournée au lycée après mon malaise, puis la période de révisions a débuté. J’ai rassuré mes camarades et depuis je participe de temps en temps aux échanges par messages et visio. Je me suis excusée auprès de Jonathan et lui ai proposé de rédiger notre devoir commun de sciences et de le lui envoyer pour qu’il le remette au prof pour nous deux, ce qu’il a accepté sans rechigner.
J’ai décliné la proposition de mes amis de réviser ensemble. Je leur ai sorti un bobard dont ils n’ont pas été dupes mais ils ont eu la gentillesse de ne pas me le faire remarquer. Non pas que je m’isole, mais je préfère ne pas trop passer de temps avec eux pour le moment, de peur de me trahir. Je ne pourrai pas les regarder en face tout en leur cachant ma nouvelle situation. C’est sûr qu’ils me comprendront, qu’ils seront de parfaites épaules pour recueillir mes craintes, mes doutes, mes espoirs et mes illusions. Mais je ne veux pas les perturber ; pas maintenant où comme tous les élèves de terminale, ils s’échauffent pour le sprint final.
De plus, je ne veux pas encore ébruiter ce qui m’arrive. Je veux l’annoncer moi-même à Manoé et non pas qu’il l’apprenne par le bouche à oreille. J’ai confiance en mes amis mais j’estime que par respect, c’est le potentiel futur papa qui doit avoir l’exclusivité de cette annonce bouleversante. C’est quand même nos deux vies qui vont être impactées, peut importe le choix que nous retiendrons.
Je passe donc mon temps enfermée chez moi, entre révisions et introspection, pesant le pour et le contre. J’ai même loupé ma visite hebdomadaire à Loly aujourd’hui. Ça ne m’était jamais arrivé, mais mon rendez-vous pour l’échographie de datation tombait ce jour et depuis mon retour, je suis scotchée devant le miroir de ma psyché.
Debout, mes sous-vêtements pour seuls habits, je me regarde, scrutant le moindre changement qui révélerait la présence de la vie qui se développe en moi. Je caresse de mes paumes mon ventre plat, essayant de l’imaginer s’arrondir au fil des mois. Mes yeux balaient mes courbes pleines mais élancées d’adolescente et je réalise que mon adolescence s’efface pour laisser place à une future femme, peut être bientôt maman.
Mon regard remonte le long de mon corps et s’arrête sur le pendentif qui se balance au gré de mes mouvements entre mes seins : le fameux faux bourdon qui ne quitte plus mon coeur, depuis le soir où Manoé me l’a offert pour mon anniversaire. Bien dissimulé sous mes vêtements, je n’ai jamais osé le retirer même quand je me suis écroulée sur les cendres de notre amour. Je l’attrape entre mes doigts et le serre très fort, comme pour tenter d’y puiser la force nécessaire d’affronter tout ce qui me tombe dessus.
“... A sa place près de ton coeur…”
Ces paroles de Manoé résonnent dans ma tête un instant avant d'être chassées par un bruit apaisant, le souvenir de celui du petit être qui s’est fait son nid, discrètement, silencieusement.
Quand l’échographiste m’a demandé si je voulais entendre les battements du coeur du bébé, j’ai été surprise que ce soit déjà possible, vu que de l’extérieur, on ne décèle rien. J’ai alors appris qu’à 9 semaines de grossesse, le foetus est déjà bien formé.
Oui, 9 semaines ! J’ai donc la confirmation du jour où nous l’avons conçu. C’est fou comme malgré ces cinq malheureux centimètres, on arrive à voir autant de choses grâce aux technologies modernes.
En le regardant à l’écran, même si je n’y comprenais pas grand choses dans ce camaïeux de gris, associé aux bruits de son coeur résonnant de vie, les larmes d’émotion me sont montées aux yeux, et à voir Mamie, qui me tenait la main, essuyer les siennes, je les ai accueillies comme la délivrance de tout ce que je retenais depuis l’annonce de ma grossesse. J’ai vraiment pris conscience de ce qui se passait dans mon corps à mon insu.
Il ne me reste que trois semaines en France pour me décider à le garder ou non. Quoique j’ai toujours la possibilité de procéder à l’IVG jusqu’à la 24ème semaine au Royaume-Uni et encore plus de temps au Canada. Je me suis renseignée sur les possibilités qui s’offrent à moi, vu que je ne sais toujours que décider.
J’en suis encore à me scruter quand Mamie frappe à la porte de ma chambre pour m’informer que j’ai de la visite. J’enfile rapidement ma robe chasuble d’été et lui dis qu’elle peut faire monter mon visiteur, après avoir rangé dans mon bureau mes documents d’échographie.
On toque doucement et j’invite à entrer, me préparant à trouver à ma porte l’une de mes amies. Je suis surprise d’y découvrir un Paul au sourire contrit.
_ Bonjour Mèl, je te dérange ? me demande-t-il poliment.
_ Non pas du tout. Installe-toi, l’invitai-je à s’asseoir.
Il s’exécute mais choisit judicieusement ma chaise de bureau, laissant une distance raisonnable entre nous, puisque je suis assise sur le bord de mon lit.
_ Je suis venu prendre de tes nouvelles… après… après ton malaise d’il y a quelques jours. Je ne t’ai pas revu au lycée et en toute honnêteté, je me suis inquiété quand je ne t’ai pas vu au cimetière aujourd’hui, m’informe-t-il.
_ Euh… oui… Je me suis un peu trop mis la pression ces derniers temps et... j’ai été victime de surmenage, lui mens-je à moitié. Du coup, repos forcé pour moi. Mais c’est pas plus mal, j’en ai profité pour bien me préparer pour les épreuves à venir. Et pour le cimetière, j’ai accompagné Mamie à un rendez-vous médical aujourd’hui donc voilà pourquoi j’ai manqué ma visite à Loly. Tu y étais alors, c’est… cool !
_ Rien de grave j’espère ? s’inquiète-t-il.
_ Non, une simple visite de routine mais je l’ai accompagnée, mens-je pour de bon cette fois-ci.
_ Tant mieux, souffle-t-il. Oui je… je pensais t’y croiser en fait. Je voudrais qu’on discute de ce qui s’est passé et de ce qu’on s’est dit. Je ne veux pas que cet incident ait de fâcheuses conséquences sur notre amitié. Tu me manques Mélissa. En tant qu’amie, je veux dire.
Je l’écoute m’expliquer comment il s’est posé pour réfléchir à l’enchaînement des évènements et sur ses sentiments. Il m’assure que notre amitié pour lui est importante et qu’il ne supporte pas d’avoir causé cette distance. Je reste silencieuse quand il m’avoue avoir cru mourir de peur quand il m’a vu m’évanouir au lycée et que c’est en panique qu’il a déboulé dans le bureau de l’infirmière en me portant dans ses bras. Il a la décence de ne pas me poser de question sur Manoé et, petit à petit, notre discussion part sur des sujets beaucoup plus légers, moins dangereux.
Nous restons à parler un bon moment. Puis il prend congé en m’encourageant pour les épreuves qui débuteront la semaine suivante. Je le raccompagne jusqu’au portillon de notre jardin. Il me gratifie d’une accolade amicale. Je me perds un court instant dans le réconfort de ses bras quand le vrombissement d’une moto qui nous dépasse à toute vitesse, me fait sursauter, nous arrachant à Paul et à moi, un fou rire libérateur.
_ Encore le fils Verdier qui fait l’idiot sur sa moto, me rassure Paul avant de me saluer une dernière fois et de traverser la route pour se rendre chez ses parents.
Je reste un moment à regarder la route, réalisant que bientôt, comme mon voisin Ludovic Verdier, Manoé paradera lui aussi sur la moto, qu’il comptait s’offrir après le bac avec l’argent économisé durant ses années de services jardiniers. Je me rabroue mentalement en me disant, que de toutes les façons, il y a peu de chance pour qu’il m’invite à faire une balade sur son deux roues quand il l’aura.
********************
Coucou mes BeeLoved !
Comment allez-vous aujourd'hui ?
Moi, comme toujours, je suis un peu à la bourre, mais pour rien au monde, je n'aurai manqué notre rendez vous.
J'ai constaté qu'il y a eu cette semaine un accroissement de visites, et du coup, du nombre de votes.
Super ! 🎉🎉🎉
Je suis ravie de voir que ma petite abeille a réussi à planter son dard dans votre cœur ! 😍
Pour en revenir à elle justement, on la retrouve ici en pleine introspection et découverte de ce corps cachottier qui héberge, sans qu'elle ne s'en soit aperçue, le fruit de son amour avec le faux bourdon.
Il n'apparaît toujours pas dans ce chapitre et je sais bien que vous attendez impatiemment le moment où elle le lui annoncera.
Ce moment risque d'être épique, vu leur dernière confrontation !
Du coup, je vous invite à ne surtout pas rater la publication de mercredi car... (je ne vous en révèle pas plus 😉😁)
En attendant, je vous laisse en compagnie du sexy prof !
(Pourquoi en amour, choisit-on toujours la voie la plus semée d'embûches ? 🤔)
Même si ce n'est pas le véritable amour, il ferait un parfait substitut, non ?
À mercredi pour le découvrir !
Bisous maternels
Namsra
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top