24-1. La loi du Talion
En média "Je t'aime ou je te hais " de Frékans Zouk
Le lendemain, Suzelle et Fanny débarquent dans ma chambre, bien décidées à me remettre d’aplomb. Elles nous concoctent une journée “séries et crèmes glacées” pour s’abrutir de sucre devant des histoires d’ados bien plus mal lotis que nous. Même si je sais que mon fessier va sévèrement morfler dans ce marathon anti-déprime, je passe mes nerfs sur mon maxi pot de macadamia nut brittle. Tout ce sucre ingéré répand dans mon corps une dose d’endorphine, qui, le temps de cette journée, apaise un peu mon mal être.
Le mercredi, mes précieuses amies accompagnées cette fois-ci de Stan, me proposent un pique-nique particulier, au cimetière, face à la tombe de Loly. Oui je sais, ça peut paraître glauque mais quitte à consommer un sandwich-soda dans un lieu calme et paisible, pourquoi ne pas le faire en compagnie de notre amie. Nous nous partageons des anecdotes connues et moins connues mettant en scène notre amie décédée. C’est magnifique de voir que par delà sa mort, Loly reste le ciment qui nous lie.
Le jeudi, nous décidons de réviser tous ensemble chez Suzelle avant de nous accorder une séance cinéma en fin d’après-midi. Je me rends alors compte que la semaine se déroule à une vitesse folle, que mes amis ne m’ont pas lâchée et ont tout fait pour que je ne me lamente pas sur mon chagrin. Je réalise la chance que j’ai de les avoir dans ma vie.
Ce soir-là, tandis que nous sommes réunis chez Fanny pour une pyjama party, Stan nous apprend que la bande des PPHC a prévu de se rendre au Diamond le lendemain soir et qu’Anne-Sophie est bien décidée à sortir Manoé de sa tanière.
Si les filles s’étonnent que Stan en sache autant sur les faits et gestes de ce groupe, en particulier d’Anne-Sophie, ce qui retient mon attention est le fait que Manoé se soit isolé de ses amis. Ils étaient si proches que je ne comprends pas son attitude. Il devrait être content, il a empoché son argent donc ils devraient être en train de relancer les paris sur une autre pauvre quiche.
_ Ce n’est pas parce qu’il y a du rififi entre Manoé et Mèl que ça veut dire que les affinités nouées depuis le pique-nique de Saint-Germain ne tiennent plus. J’ai gardé le contact avec quelques uns, c’est tout, se justifie Stan. Et puis, je rappelle que dans quelques jours, nous retournerons en cours et nous les y retrouverons. D’autant plus que maintenant, on mange tous ensemble au self, alors autant limiter la casse, non ?
_ Ne t’en fais pas Stan, tu as le droit de fréquenter les amis que tu veux. Ne t’occupe pas de moi, ca ira, le rassuré-je. Tu sais pourquoi Manoé s’isole de son groupe ?
_ Selon Anne-Sophie, depuis la dernière fête chez lui, il n’est plus comme avant. Il s’est refermé comme une huître. Aucun de ses amis ne sait ce qu’il s’est passé après son départ pour te retrouver Mèl. Ils savent juste que depuis, il s’enferme chez lui. Je crois que t’avoir vue avec Paul l’a ébranlé.
_ A mon avis, il n’y a qu’un mec fou amoureux pour réagir ainsi. Tu ne devrais peut être pas lâcher l’affaire ma belle, renchérit Suzelle. Regarde moi, avec Théo c'était soit disant tout feu tout flamme pourtant ça fait des jours qu’il répond laconiquement à mes messages. Je crois qu’il est déjà passé à autre chose, tandis que ton châtain semble ne pas arriver à tourner la page.
_ J’ai essayé de discuter avec lui, mais il ne veut rien entendre. Il m’a bloquée dans ses contacts et je ne veux pas faire la psychopathe devant chez lui pour qu’il daigne m’accorder un regard, lui dis-je la mort dans l’âme.
_ Tu dois peut être aller le chercher là où il ne t’attend pas, suggère Fanny.
_ Comment ça ? lui demande-t-on.
_ La Mélissa toute gentille qui s’excuse, apparemment ça ne le fait pas réagir. Peut être que la Mélissa forte qui relève la tête et s’assume déclenchera quelque chose chez lui. Il agit ainsi parce qu’il pense peut être que tu resteras à le pleurer et ça nourrit peut être son égo blessé. Alors que si tu l’attaques sur son propre terrain, qui sait s’il ne voudra pas empêcher que tu lui files définitivement entre les doigts, propose Fanny.
_ Ca fait beaucoup de peut être, tu ne crois pas ? intervient Suzelle sceptique.
_ Suzelle a raison, il est vachement risqué ton plan, ajoute Stan. S’il ne supporte pas l’idée que la Mèl gentille ait été proche d’un autre, comment penses-tu qu’il va réagir en la voyant beaucoup plus audacieuse. Il croira certainement qu’elle faisait semblant avec lui.
_ Mais elle ne va pas rester à l’attendre indéfiniment ! Moi je dis qu’il faut prendre le taureau par les cornes ! insiste Fanny en imitant un torero prêt à embrocher la bête.
_ C’est bizarre, la dernière fois que tu as utilisé cette expression, c’est plutôt des couilles du taureau dont tu parlais, la taquine gentiment Suzelle nous faisant tous éclater de rire.
_ Non mais ça c’était valable pour Dimitri, mon ex. Et tu as vu où ça nous a conduit ? Il a failli finir castré ! Non pour Manoé, on laisse ses couilles tranquilles si Mèl veut une descendance digne de ce nom, et on s’attaque à ses cornes ! argumente mon amie.
_ Ok ! Pourquoi ne pas essayer de le séduire avec un caractère plus affirmé. Mais j’espère ne pas finir encornée par Manoé, accepté-je son plan.
_ Ma belle, tu me remercieras quand tu finiras de nouveau empalée sur sa corne, crois-moi, susurre Fanny sous nos huées faussement choquées.
Nous décidons donc de nous rendre nous aussi au Diamond le lendemain pour mettre à exécution le plan certainement foireux de Fanny.
Je passe la journée du vendredi à faire les boutiques en compagnie de Mamie, de Suzelle et de Fanny, à la recherche de la tenue idéale pour la soirée qui m’attend. Je jette mon dévolu sur une petite robe patineuse sans manche rouge, au sage décolleté effet cache coeur devant, et au dos ouvert où un joli noeud à la taille rassemble les bretelles du corsage. Elle m’arrive mi cuisse et heureusement que le tissu épais cache suffisamment mes tétons qui pointent sous la fraîcheur de l’air conditionné du magasin. C’est un bon test car vu le dos ouvert, impossible de mettre un soutien gorge avec cette robe. J’ai de la chance que ma petite poitrine ronde me permette ce genre d’excentricité. Mamie valide la robe et en me regardant franchement dans le miroir en pied de la cabine, j'avoue qu’elle me rend sexy sans être vulgaire.
Le soir venu, nous nous préparons de nouveau chez Suzelle puisque c’est sa mère qui nous déposera, et son père qui viendra nous récupérer. J'agrémente ma robe de petites ballerines noires, car je ne sais pas marcher sur des talons. Mes cheveux sont relevés dans un high puff bouclé et mes yeux arborent un sublime smokey eye qui relève l’éclat de leur teinte. Ma bouche, quant à elle, est du même rouge passion que ma robe. L’ensemble fait un effet de fou et je peine à reconnaître la jeune femme qui me fait face dans le miroir. Mes amis optent toutes les deux pour des robes moulantes, noire pour Suzelle et verte pour Fanny. La première se fait un chignon flou tandis que la seconde opte pour garder ses ondulations lâchées. Stan, lui arbore un classique chemise blanche/jeans foncé. Nous sommes tous à tomber ce soir.
Quand nous arrivons, il est un peu plus de 21h et la bande de Manoé n’est pas encore arrivée. Contrairement à la dernière fois, nous n’obtenons pas de table et nous nous dirigeons vers la piste de danse afin d’évacuer le surplus calorique ingéré cette semaine.
Après ce qui me semble une éternité, je ressens des picotements à l’emplacement de l’abeille sur ma nuque. Je n’ai pas besoin de me retourner pour me rendre compte que Manoé est bien présent et que ses yeux sont braqués sur moi. Stan nous prévient qu’il va les saluer pendant que Suzelle et Fanny leur adresse par politesse, un bref geste de la main. Je me retourne pour ne pas paraître impolie. Je suis happée par la beauté magnétique de Manoé qui, là encore a opté pour un total look noir. Une envolée de petites abeilles bourdonnent dans ma poitrine mais elles retombent aussi sec quand je vois que Carla s’accroche à lui et qu’il a passé son bras autour de sa taille.
C’est à ce même moment que le DJ lance sa séquence zouk. Je m’apprête à m'éloigner de la piste de danse pour laisser la place aux couples, quand je surprends Carla qui entraîne Manoé à sa suite sur cette même piste. Elle accroche ses serres autour de son cou tandis que lui, laisse balader ses mains sur sa taille. Elle me fixe avec un rictus victorieux avant de chuchoter quelque chose à l’oreille de Manoé qui la tient un peu trop serré à mon goût.
Je me perds dans la contemplation de ce couple maudit quand un jeune homme d’une vingtaine d’années me propose de danser. Il est plutôt mignon, avec un style latino qui m’émoustillerait si mon coeur n’était pas déjà prisonnier d’un certain Châtain.
J’accepte malgré tout la danse et remarque que mes amies ont elles aussi trouvé un cavalier, tandis que Stan, lui, entame une danse maladroite mais très collé-serré avec Anne-Sophie.
Mes yeux continuent leur tour d’horizon quand deux topazes les accrochent pour ne plus les lâcher. Lui, avec Carla dans ses bras ; moi, dans ceux de mon inconnu. Nos yeux entament leur danse, comme à nos débuts. Mais là où jusqu’ici, ils n'avaient qu’expérimenté une valse harmonieuse, ils se livrent ici à un décadent paso doble. Chacun gardant la tête haute, ne cédant rien à l’autre. Nos cavaliers respectifs ne se doutent pas du duel qui se jouent sous leurs yeux. La chanson se finit, une autre commence, mais nous ne lâchons rien. Ni les bras qui nous retiennent ni nos regards qui nous emprisonnent. Nous continuons encore un moment jusqu'à ce que la séquence se termine et qu’une chanson plus rythmée retentisse. Nous sommes bien obligés de libérer nos otages inconscients de ce qui se passe à leur insu. J’en profite pour me réfugier aux toilettes afin de me rafraîchir et de reprendre un peu le contrôle de mes émotions.
Quand j’en ressors, je tombe nez à torse avec Manoé qui semble m’avoir attendue.
_ Mr le professeur n’a pas pu se libérer ce soir ? Non mais suis-je bête ! Il ne peut pas s’afficher avec sa douce élève dans un bar grouillant de lycéens ! Non, lui il préfère se faufiler en douce dans sa chambre quand elle reviendra du bal, me souffle-t-il de son haleine chargée d’alcool.
_ Non mais qu’est-ce qu'il te prend Manoé ? Ta jalousie injustifiée te rend misérablement con ! lui balancé-je au visage, blessée encore une fois par son mépris.
_ Con ! C’est bien ça ! J’ai été con de ne voir que ta beauté angélique qui dissimulait si habilement la diablesse en toi, poursuit-il en traçant l’arc de ma joue de son doigt.
_ Tu as bu ! Je ne te reconnais plus, capitulé-je aux bords des larmes.
_ Mais nous sommes nous jamais vraiment connus, Mon abeille ? susurre-t-il acidement avant de me planter pour rejoindre ses amis et particulièrement Carla qui en profite pour s’asseoir sur ses genoux sans qu’il ne proteste.
Si les autres semblent intrigués par son attitude personne ne pipe mot. Je rejoins Suzelle et Fanny sur la piste de danse et leur fais part de mon désir de rentrer. Elles font signe à Stan qui nous dit qu’il rentrera plus tard avec l’un des gars du groupe de Manoé. Le père de Suzelle arrive vite. Une fois, à l’abri dans sa chambre, je révèle à mes amies ma discussion avec Manoé. Elles sont désolées pour moi et Fanny s’excuse même de m’avoir poussé à le provoquer ainsi.
Je passe la nuit à cogiter. Je me convaincs que si pour avoir un tant soit peu d’attention de la part de Manoé, il me faut le provoquer, alors soit ! j’entre dans la partie. Je suis sûre que nous pouvons retrouver ce que nous avions avant que Carla ne vienne tout foutre en l’air. Même s’il m’a parié, je sais qu’il m’a aimé et qu’il souffre de notre rupture autant que moi, sinon plus. Dans le cas contraire, il ne s’infligerait pas autant de peine. Je prends son état d'ébriété de ce soir comme un appel à l’aide. Il ne supporte pas de me voir avec d’autres et ça le pousse à venir me chercher. Je prends la solennelle décision de tout faire pour qu’il passe son temps à venir me chercher. Si ça ne me le ramène pas, au moins ça l’éloignera de Carla.
Ou au contraire, peut être que ça le poussera davantage vers elle, me souffle ma conscience.
Peu importe, je suis bien décidée à endosser mon nouveau rôle…
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Coucou mes BeeLoved !
Première partie de chapitre où l'on retrouve notre abeille bien entourée de ses fidèles et exceptionnels amis.
Elle peut compter sur eux dans les meilleurs comme dans les pires moments !
Sous les conseils (pas si avisés) de Fanny, Melissa décide de contre-attaquer !
Ayayaïe !!!! Ça risque de piquer sévère !
D'autant plus que son Faux bourdon sait darder là où ça fait mal !
Qu'imaginez-vous pour la suite ?
Je ne peux que vous conseiller de vérifier que votre ceinture est bien attachée et votre cœur en lieu sûr !
Finie la lente ascension, place à la descente en piqué !
Vous êtes prêt(e)s ?
C'est parti !
Bisous surexcités
Namsra
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