23-1. Coeurs en étau

En média "Adagio" de Lara Fabian

Quoi ? Il est sérieux là ? 

Je décide de l’appeler pour tirer cette histoire au clair. Je ne comprends pas sa réaction. Je ne le comprends plus. Comme la veille, je tombe directement sur sa messagerie pleine. 

Je ne peux contenir les larmes qui s’échappent en rafale de mes yeux. Je suis perdue. Je regrette amèrement cette fichue randonnée avant de me rappeler la raison pour laquelle je la fais et de me fustiger d’autant plus pour avoir eu ces pensées malvenues. 

Suzelle et Fanny me rejoignent et quand je leur montre mon portable, elles aussi ne savent pas quoi penser de tout ce merdier. L’une me console, m’assurant qu’une fois de retour à Carrières tout s’arrangera quand Manoé et moi, nous aurons discuté. L’autre envisage de sérieuses représailles contre le Châtain. Mais ce que je retiens, c’est qu’en dépit de l’absence de Loly, mes deux fidèles amies me montrent toute leur affection à mon égard et cela suffit à panser provisoirement mon coeur meurtri. J’embrasse donc le déni et fais comme si ces dernières 48 heures n’avaient pas eu lieu. 

Les jours qui suivent, je me donne à fond dans ce séjour. J’effectue chaque sentier de randonnée avec un enthousiasme non feint. Avec les filles, nous prenons part à l’élaboration des repas pour alléger la charge de Mme Sarault et lui tenir compagnie. Nous apprécions les soirées “feux de camp” où Mr Sarault nous abreuve d’histoires aussi originales que pittoresques. En somme, nous passons une très bonne semaine. Et même si l’ombre de Loly plane au-dessus de nos têtes, nous la ressentons comme la présence d’un ange veillant sur nous. Des larmes coulent, de nostalgie, de tristesse et même de joie ; mais le désespoir ne nous envahit pas comme j’aurais pu le craindre. Seul le silence assourdissant de mon portable mine mon moral.

De retour à Carrières en fin de journée de dimanche, après cette belle semaine revigorante au vert, Mr et Mme Sarault ne cessent de nous remercier, les filles et moi, pour leur avoir consacré nos vacances. Ils savent à quel point les jeunes préfèrent les passer en ville à s’amuser plutôt qu’à la campagne. Nous leur assurons y avoir pris énormément de plaisir puis nous nous quittons pour regagner chacun nos pénates.

Une fois franchi le seuil de la porte, alors que je vois le visage souriant de Mamie, mon coeur qui s’était mis sur off durant cette dernière semaine, sort de sa veille imposée, et c’est écrasée de chagrin trop contenu que je me réfugie dans les bras de ma grand-mère, contre sa poitrine, là où je me sens le plus en sécurité. 

Alors, je lui raconte tout, la dernière soirée chez Manoé , les révélations de Carla, ma fuite, son silence, l’aveu de Paul, mon délicat refus, et enfin les derniers mots tranchants de Manoé. 

Mamie m’écoute religieusement, devant un bon plat de lasagnes que je grignote plus que je ne mange, puis me suggère de l’appeler de nouveau. Ce que je fais avant de me résigner une ultime fois quand mon appel est rejeté sans tomber sur la messagerie. Je comprends alors qu’il m’a bloquée dans ses contacts. 

Et là, ma tristesse se mue en rage sourde. S’il ne veut plus avoir l’inintéressante Mélissa Dicken dans ses pattes, il n’a qu’à me le dire en face ! Je balance le téléphone qui rebondit sur mon oreiller quand un bip annonce l’arrivée d’un message. Ni une ni deux, je cours vers mon lit et le chevauche jusqu’à atteindre mon sésame. Je suis déçue de voir qu’il ne s’agit que d’un message groupé de Suzelle envoyé à Fanny, Stan et moi, auquel nous répondons tous par l’affirmative.

Suzylove : Hé les gars ! rdv demain à 10h au QG pour un brunch ?

Je me recroqueville dans mon lit, essayant de refaire le passé, serrant mon oreiller dans mes bras aussi fort que je le peux, et pour la seconde fois en une semaine, je déverse silencieusement ma peine sur mes draps. Je finis par m’endormir, d’un sommeil agité, peuplé de monstres arracheurs de coeur.

***

Nous sommes tous attablés dans notre brasserie fétiche, dégustant les viennoiseries succulentes que le gérant nous a servi avec un supplément “spécial habitués”. Enfin, c’est plutôt Fanny et Suzelle qui dégustent car Stan, lui, les engloutit comme s’il participait à un concours, tandis que moi, je joue avec l’unique croissant que j’ai attrapé une fois la panière posée sur la table.

_ Alors, c’est quoi l’embrouille cette fois-ci ? démarre Stan, après avoir avalé son jus d’orange.

_ Je crois que Manoé et moi nous avons rompu, lui annoncé-je d’une toute petite voix.

_ Comment ça tu crois ? demande-t-il, perdu.

_ A la soirée avant notre départ, Carla a dit à Mèl que sa relation avec Manoé ne résulte que d’un pari. Du coup, elle est rentrée chez elle sans parler à Manoé et depuis celui-ci est injoignable, lui explique Suzelle qui comprend ma difficulté à expliquer les derniers évènements à notre ami.

_ Tu oublies qu’il lui a dit de ne plus l’appeler et de l’oublier, ajoute Fanny.

_ Ah ouais, quand même ! s’étonne Stan. Je me disais bien qu’un truc clochait mais j’aurai jamais imaginé que c’était ça. La semaine dernière, entre deux entraînements de mon stage de rugby, je suis sorti une ou deux fois avec le groupe et Manoé ne s’est jamais pointé. J’ai cru qu’il était parti dans le sud comme prévu mais apparemment les autres avaient l’air de s’inquiéter à son sujet. Il semblerait qu'il soit resté dans le coin pour je ne sais quelle raison. Alors j’ai pensé bêtement qu’il se terrait en attendant le retour de sa belle. Tu comptes aller lui parler ou dorénavant vous allez vous éviter ?

_ Je t’avoue que j’en sais trop rien. Je croyais qu'il était à Nice, mais si tu me dis qu'il n'est finalement pas parti, ça veut dire que l'on peut se croiser à tout moment durant cette semaine. Il vaudrait mieux que l'on s'explique avant la reprise des cours. J'y comprends rien, c’est moi qui devrais être dégoûtée du sale tour qu’il m’a joué avec ses potes pourtant c’est lui qui agit bizarrement, réalisé-je à voix haute.

_ Je pense que vous devriez avoir une sérieuse discussion, tous les deux. Même si votre histoire doit s’arrêter, ce serait bien de comprendre le pourquoi, pour ne pas pas nourrir de regrets dans l’avenir, tu vois ? me conseille Suzelle.

_ Oui, tu devrais lui dire d’aller se faire foutre, qu’il perd la plus belle chose qu’il n’aura jamais de sa misérable vie, tempète une Fanny vindicative. Puis tu lui montres que des Manoé Beauchamp, tu en ramasses à la pelle. 

_ Fanny ! Tu ne l’aides pas là. Soyons plus constructifs. Elle discute avec lui, lui demande de s’expliquer et après c’est Mélissa qui verra comment elle envisage la suite. Il nous reste encore deux mois avant les épreuves du Baccalauréat, donc je pense que c’est posément que Mélissa doit régler le problème. Ma belle, c’est toi qui vois, raisonne notre pacifique Suzelle.

_ Elles ont raison, Mèl, c’est toi qui vois. Mais sache que mes poings sont d’ores et déjà à ta disposition en cas de besoin, propose Stan qui s’amuse à gonfler les muscles de ses bras, nous arrachant un fou rire collectif.

Je les aime tellement mes amis ! C’est grâce à toute cette force qu’ils m’insufflent que je prends mon courage à deux mains et décide de rendre une petite visite à Manoé avant de rentrer. J'espère de tout cœur le trouver chez lui et que nous arriverons à aplanir les choses.

********************

Coucou mes BeeLoved !

Première petite partie de chapitre qui sert de transition avant LA confrontation.
Mel est de retour, Manoé n'est pas parti dans le sud... Il vont enfin pouvoir s'expliquer (ou pas 😈)

Comment imaginez-vous ces retrouvailles ?
Dites moi tout !

On se retrouve mercredi pour la suite qui fera des étincelles.
Feu d'artifices ou feu de forêt ?
À bientôt pour le savoir 😉 !

Bisous déterminés
Namsra

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