21-2. Au conditionnel

En média " someone you loved" de Lewis Caspaldi

Manoé

Je jette un regard circulaire aux personnes présentes dans mon salon. Je dois tous les congédier. Loin de m’agacer, l’idée de commencer plus tôt la soirée en tête à tête avec Mon Abeille est des plus excitantes. Mais je dois d’abord me débarrasser de mes amis et des pique-assiettes qui ont envahi mon salon. C’est sûr, qu’eux, ils ne vont pas le prendre avec le sourire. Je vais passer pour le looser de service qui ne sait plus organiser une super teuf depuis qu’il est casé, mais honnêtement, je m’en fous. Qu’ils pensent et disent ce qui leur chante. Plus vite, ils auront évacué le plancher, plus vite j’irai butiner le miel de ma reine. Ce soir, je vais lui révéler les sentiments que mon cœur lui crie chaque fois que je pose les yeux sur elle. Je me répète, mais avec Mélissa, je veux jouer en boucle la mélodie de notre amour et tant pis si ça fait de moi un canard amoureux, bien loin de l'image de connard arrogant que je me plais à cultiver avec les autres au lycée. Elle doit partir demain pour une semaine de rando avec ses amies et même si je balise à l'idée que d'autres mecs l'approchent en mon absence, je sais aussi que nos retrouvailles seront torrides. Avec elle, je m'abrutis d'amour. 

En passant près de mes potes je les surprends en pleine discussion, les regards braqués sur moi. 

— Qu’est-ce qu'il vous arrive les gars ? Pas d’embrouille j’espère. De toutes façons la fête est finie il faut tout remballer, ordre de l’adjudant chef, me marré-je tandis que Carla se pose à mes côtés et éclate de rire comme si ce que je venais de dire était la meilleure blague de l’année.

— Par ici la monnaie ! s’exclame alors Seb qui récolte les différents billets que lui tendent Quentin et Anne-So. J’avais parié avec ces crétins que ta fête ne durerait pas plus d’une heure. Et J’ai gagné !

— Quoi ? T'as osé parier sur ma fête ! C’est toi le crétin, lui lancé-je tout sourire en lui arrachant les billets des mains. Allez je vais dégager tout ce petit monde. Vous vous restez donner un coup de main avant de vous barrer à votre tour.

— Vraiment, Mano, tu sais parler aux potes, toi ! me tance sarcastiquement Quentin.

Je lui fais un clin d’oeil puis me dirige vers la chaîne hifi que j’éteins sans sommation. Malgré les manifestations de mécontentement de mes invités, je déclare théâtral :

— Oyé Oyé chers amis ! L’heure est venue de nous quitter. Je vous remercie d’être passés. N’oubliez pas de jeter vos gobelets dans le sac poubelle en sortant !  Je vous souhaite à tous une bonne fin de soirée !

Mon petit speech terminé et le gros des personnes présentes se dirigeant vers l’entrée, je pars à la recherche de Mel que je ne vois pas dans le salon. Je me dirige à l’étage, pensant qu’elle s’est isolée dans ma chambre. Je sais qu’elle n’est ni habituée ni fan de ce genre de soirée. Pourtant, je ne la trouve nulle part. Croisant sa brune de copine qui s’apprête elle aussi à mettre les voiles, je l’interpelle.

— Eh Suzelle, tu sais où est Mélissa ?

Elle me dévisage un instant, luttant contre la colère qui brille dans ses prunelles, puis elle me répond finalement vertement :

— T’as qu’à demander à ton chien de garde !

— Quoi ? lui demandé-je, ne comprenant rien de son charabia. Mon quoi ?

— Va demander à Carla, elle sait si bien faire le ménage qu’elle pourra certainement te dire où se trouve ce que tu as perdu ! rétorque-t-elle énigmatique avant de monter dans la voiture qui vient de se garer sur le trottoir.

Je retourne presque en courant dans la maison, en quête de Carla pour que celle-ci m’explique tout cela. J’ai l’impression d’avoir raté un épisode. La saison toute entière, tiens ! Je ne comprends plus rien. Un instant, je dansais un slow, tenant Mel dans mes bras, près de mon cœur là où est sa place depuis le premier jour, et l’instant d’après, elle s’est envolée. Je savais que j’aurais dû ignorer cet appel !

Repérant mon amie qui ramasse les nombreux gobelets abandonnés au sol, je lui attrape le bras et la redresse, un peu trop vigoureusement certainement, au rictus de douleur qui se forme sur son visage.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Tu sais où est Mélissa ? RÉPONDS ! m’impatienté-je attirant par la même occasion l’attention des autres membres du groupe restés m’aider à tout nettoyer.

C’est Quentin qui intervient, m’obligeant à relâcher Carla, que je ne m’étais même pas rendu compte secouer.

— Calme-toi, mec. Qu’est-ce qu’il te prend ? me demande-t-il en s’interposant entre la blonde et moi.

— J’en sais foutrement rien justement. Je veux juste savoir pourquoi Mélissa n’est plus là et pourquoi sa copine m’a dit d’aller demander des comptes à Carla. As-tu quelque chose à y voir ? lui demandé-je pour la seconde fois, sentant la moutarde montée et prête à lui exploser en pleine gueule.

— Qu’est-ce que j’ai fait ? C’est bien ça ta question ? commence-t-elle en se dégageant derrière Quentin. Je lui ai simplement ouvert les yeux, à cette fille. Quelle comprenne qu’elle peut arrêter de jouer son rôle de gentille fille amoureuse. Qu’entre vous, il n’y a jamais rien eu de sérieux. Tu voulais prouver que tu pouvais te mettre en couple avec l’une des plus coriaces du bahut. Et elle, elle n’a pas non plus jouer franc jeu avec toi. tu n’es qu’une couverture pour elle !

— Mais ta gueule ! FERME-LA ! Tu ne sais rien, ne comprends rien, ne connais rien nous concernant ! Qu’est-ce que t’es allée foutre, bordel !!! crié-je hors de moi, m’arrachant littéralement les cheveux jusqu’à ce que les doigts d’Anne-Sophie desserrent les miens des mèches qu’il me reste.

— Sérieux, tu fais chier Carla ! Qu’est-ce que t’as encore foutu ? lui demande mon amie.

— Eh ! Arrêtez avec votre cirque en mode tragédie larmoyante ! Tout ça ce n’était qu’un défi, non ? Un défi de plus ! Rappelle-toi, Manoé, à la suite d’un délire où tu disais que rien ni personne ne te résistait, on avait parié que tu n’arriverais pas à séduire une fille coriace qui n’en avait rien à faire de ta belle gueule. Et c’est même Anne-So qui avait entériné le pari en désignant Mélissa Dicken comme objet du défi. Alors ne venez pas me reprocher d’avoir juste révélé la vérité ! balance Carla sur la défensive.

— Tu la veux la vérité ? grondé-je furieux. La PUTAIN de vérité c’est que j’ai toujours craqué sur Mélissa. Depuis que je me suis rendu compte lors de notre année de seconde que cette fille avait un petit quelque chose qui m’attirait. Alors, oui, j’ai joué au con en sortant avec un tas de filles au lieu d’aller directement vers l’objet de mes fantasmes, tout simplement parce que j’avais peur de son refus ou pire encore de son dédain. Oui, lorsqu’Anne-So m’a tendu la perche avec ce défi, l’imbécile heureux, lâche et égoïste que je suis, y a vu le moyen de m’approcher d’elle, mine de rien sans que qui que soit n’y voit autre chose qu’un défi de plus à relever. Mais pour moi, il n’a jamais été question d’un putain de défi à la con. Je la voulais comme je n’avais jamais voulu quelqu’un jusqu’à elle. Voilà pourquoi je ne me suis jamais intéressé à une autre fille, plus longtemps qu’un simple instant de plaisir consentant partagé. Les autres n’ont jamais été Mélissa ! finis-je mon monologue presque à bout de souffle.

— Merde ! Je suis désolée Mano, je ne savais pas, me souffle Carla qui profite de mon épuisement émotionnel pour poser la main sur mon épaule. Mais avant de t’emballer autant pour cette fille, es-tu sûr au moins que ce que tu ressens est réciproque ? Je t’assure, elle n’est pas ce qu’elle semble être.Te laisse pas avoir par les apparences, elle te cache des choses…

— Tu insinues quoi ? la dégagé-je brusquement. Tu insinues que je ne suis qu’un pauvre con qui s’est fait avoir par la seule fille qui l’intéresse un tant soit peu ?

— Ce n’est pas ce que j’ai dit… essaie-t-elle de se rattraper.

Je ne l’écoute déjà plus. Je me dirige vers la sortie, bousculant au passage Sébastien et Quentin qui n’ont pipé mot durant tout notre échange. Je me doute que ça a dû leur en boucher un coin de savoir que le cœur du Grand Manoé Beauchamp n’était pas fait de pierre et que même si je le cache bien, il peut battre d’amour.

Jetant un œil dans mon dos, je constate qu’Anne-Sophie a enjoint les autres de finir le nettoyage. D’un hochement de tête, elle me fait savoir que tout est ok, qu’elle va gérer le rangement et que je peux partir retrouver celle qui fait battre mon cœur. Je dois lui expliquer, elle doit m’écouter, nous devons nous aimer. 

Après une longue course à pied jusqu’au domicile de Mélissa, je me retrouve devant une porte close où toutes les lumières sont éteintes. Je n'avais pas la patience d'attendre un bus et je voulais faire refluer la rage teintée d'inquiétude qui a pris naissance dans mes tripes quand j'ai compris que Carla avait par ma faute blessé Mon abeille. Dans le silence pesant, j’hésite à rebrousser chemin, à revenir demain. Pourtant, quelque chose me pousse à vérifier qu’elle est bien rentrée et qu’elle va bien. Je longe le jardin et repère le faible éclairage qui provient de la fenêtre de sa chambre. Je décide d’escalader tant bien que mal la palissade, juste pour la voir. je l’ai déjà fait dans un tout autre contexte donc elle ne sera pas surprise de m’y voir.

Agrippé maladroitement, j’en tombe presque en même temps que mon cœur qui s’écrase sur l’herbe que j’ai fraîchement tondue ce matin, face au spectacle qui se dresse devant mes yeux : Mélissa endormie, tendrement lovée dans les bras de………. Mr Sarault ?

Mais c’est quoi ce bordel ?

Tel un zombie, je redescends et, ramassant mon cœur en miettes, je rentre chez moi. Carla avait vu juste, je ne suis qu’un vulgaire bouche-trou quand son connard de prof ne peut pas se la faire. Je me repasse en boucle tous les moments heureux qu’on a passé ensemble. La bile me monte à la gorge quand je me dis qu’elle doit en passer autant avec lui. Cette seule idée m’achève.

L’abeille vient de m’enfoncer profondément son dard en plein cœur, et pour une fois, je ne suis pas sûr de survivre à son venin mortel...

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Coucou mes BeeLoved !

Rangez vos lance-pierres et vos arbalètes et n'abattez pas tout de suite le messager !!!
Je ne suis que l'humble plume qui retranscrit l'histoire de notre abeille et de son faux bourdon.
Je ne suis en aucun cas responsable de leurs agissements et mauvais choix (Hahaha 😁😂).

Maintenant que ce point "essentiel" est éclairci, faisons le topo sur cette fin de soirée chaotique.

Cette peste de Carla a bel et bien menti à notre abeille sur les intentions de Manoé. (Grrrrrr)
Nom d'un quiproquo !
Le pauvre n'y comprend plus rien.
Sa reine a quitté la ruche.
Il dévoile enfin à ses amis l'ampleur de ses sentiments pour elle mais...
C'est le coup de massue quand il la retrouve dans les bras de leur prof.

Vous sentez vous aussi cet orage qui gronde au loin et qui ne tardera pas à déverser des trombes d'eau glacées sur leur amour ?

Allez ! La nuit porte conseil... Ou pas !

À mercredi pour la suite !

Bisous mélancoliques
Namsra

P. S : Veuillez m'excuser pour le retard de la publication. Avec la reprise, je vis à 100 à l'heure et je trouve difficilement 5min pour me connecter à WP. Mais je promets de tout faire pour ne pas rater nos rdv. Biz <3

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