2. Garçon
En média "Garçon" de Koxie
Je sors à peine de la douche quand j'entends sonner à la porte.
- Ma puce, j'ai les mains dans la farce, peux-tu aller ouvrir s'il te plaît, me crie Mamie depuis la cuisine.
Je lui affirme que j'y vais et c'est sans prendre le temps de sécher mes cheveux qui gouttent sur mes épaules que je me dirige jusqu'à l'entrée. En passant devant la grande horloge suspendue au mur qui sépare le vestibule du salon, je remarque qu'il est à peine 9 heures. Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel sachant déjà qui je vais trouver derrière la porte.
Parce que ça ne lui suffit pas d'être la coqueluche du lycée, il faut aussi que Monsieur soit péniblement ponctuel. Un samedi matin ! Comment il peut être déjà debout à cette heure un lendemain de soirée de beuverie. Parce que sa bande et lui fêtent chaque semaine le début du weekend en organisant, chez les uns ou les autres, des soirées bien arrosées, et je ne parle pas d'eau. Lors de ces fêtes, les seuls tuyaux qu'on dégaine se trouvent bien enroulés dans les pantalons des mecs jusqu'à ce que des pouffes en chaleur s'en servent pour éteindre leur feu.
Enfin, c'est ce qu'on m'a dit, puisque je n'y ai jamais mis les pieds. Au départ trop jeune selon mes parents, puis il y a eu Loly et sa maladie et j'avais autre chose à foutre que d'aller me torcher avec ces imbéciles.
Je souffle un bon coup. J'ai promis à Mamie de me montrer cordiale, de ranger ma tête de cochon au placard, d'épingler sur ma face un air affable et de tourner ma langue dans ma bouche, jusqu'à ce qu'une parole aimable se pointe sur le bout de mes lèvres.
Si ça ne tenait qu'à moi, je laisserais pourrir cet indésirable derrière la porte. Mais une promesse est une promesse ! Je devrais peut être revoir mon quota à l'année car là, ces petites chaînes invisibles commencent sérieusement à me peser.
Allez ! je m'intime au courage. Je peux bien faire ce petit sacrifice, concéder à cet effort de courtoisie pour la femme qui m'élève depuis le divorce de mes parents, il y a 5 ans. Si Papa, lui, a préféré retourner dans son Québec natal où il a refait sa vie avec une compatriote à la jeunesse beaucoup plus avantageuse que ma mère, celle-ci a décidé de s'installer chez sa mère, m'emportant dans son baluchon. Mais le remariage de l'amour de sa vie a été comme un coup de massue qu'elle s'est mangé en pleine tête. Pour se reconstruire en se sentant utile aux autres, et après s'être assurée que Mamie et moi étions Ok à ce sujet, elle s'est engagée à Médecins Sans Frontières comme médecin bénévole. Du coup, elle part souvent en mission et Mamie et moi pouvons rester plusieurs mois sans la voir. Vive internet et la technologie sinon j'aurais l'impression d'être une véritable orpheline !
Avec Papa, c'est plus compliqué. On s'appelle souvent, mais je lui en veux un peu pour la peine qu'il inflige à Maman. J'vous le dis, ça craint l'amour !
Je sors de mes pensées, en me rendant compte que je n'ai toujours pas ouvert à l'importun qui rompt la quiétude de mes samedis matins. Avec un peu de chance, il se sera fait la malle.
Je me fais la promesse à moi-même, oui encore une, de ne plus prendre mes désirs pour la réalité, quand je me retrouve nez contre torse, face à ce péteux de Manoé.
Bon je reconnais, que la sensation est plutôt agréable : il sent bon. Faudrait que je lui demande sa marque de lessive pour que Mamie achète la même. Rien à voir avec lui, bien sûr, c'est juste que.... Enfin bref ! Si ça se trouve, il n'en sait rien. Ça m'étonnerait que Monsieur sache faire sa propre lessive. Encore heureux que sa môman lui laisse faire ses lacets tout seul !
Je me redresse en prenant appui sur son torse, qui au passage semble bien sculpté et solide selon ce que ressentent mes doigts par dessus son sweat à capuche. Sans m'en rendre compte et indépendamment de ma volonté, ces mêmes doigts, les miens en l'occurrence se mettent à palper, pas discrètement du tout pour le coup, le corps de cet adonis, me suscitant des idées à mille lieues de la piété. Encore une chose que j'aurai à confesser le jour je remettrai les pieds à l'église.
Mais il me suffit de lever les yeux vers son rictus satisfait pour chuter de dix étages.
Voilà tout le problème avec Manoé Beauchamp : il est aussi beau que prétentieusement con !
Mère nature a été d'une générosité exemplaire avec lui : un visage sublime aux traits virils mais fins, des yeux si bleus dont le regard profond arriverait à noyer un poisson, une délicieuse fossette dans laquelle on rêverait de plonger un doigt et de belles boucles châtain clair qui lui caressent la peau hâlée de la nuque. Un vrai look de surfeur, contradictoire pour un mec qui a toujours grandi en banlieue parisienne, même s'il passe chacun de ses étés chez ses grands parents dans le Var.
Comment je le sais ? Ben j'ai des oreilles, quoi ! Et malheureusement pour moi je n'arrive pas à être sourde aux gloussements des pintades du bahut sur son compte.
En somme, Manoé c'est une belle gueule d'ange qui dissimule le connard diabolique qu'il est en réalité. Un vrai paradoxe, ce mec ! Et, promis juré, je n'exagère en rien ! Lui et sa clique en ont humilié plus d'une qui, sans dignité aucune, retournent toujours vers la godasse qui les piétine.
Et même si mes hormones, ces traîtresses, tendent à se réveiller en sa présence, ma tête, elle, a bien compris que cette beauté létale ne devrait jamais approcher mon cœur.
- Bonjour Mélissa ! susurre le diable en personne. Si j'avais su que j'aurais droit à une telle haie d'honneur pour accueil, il y a bien longtemps que j'aurais proposé mes services à ta grand-mère !
Devant mon incompréhension face à ses paroles, Manoé m'indique d'un geste de la main, l'avant de mon tee-shirt blanc, qui, trempé et rendu transparent à cause de mes cheveux dégoulinants, ne cache rien de mes seins qui pointent dans la direction du malotru, comme pour lui dire bonjour. Punaise ! Dans mon empressement, j'ai oublié d'enfiler un soutif. A ce moment, je n'ai qu'une envie, c'est d'arracher à ce prétentieux connard, ses yeux vagabonds et sans gêne. Croisant prestement mes bras contre ma poitrine, je réplique mauvaise :
- Ta gueule, Beauchamp ! Le jardin est derrière toi. Donc, finis ta besogne presto et tire-toi !
- Ma besogne, hein ? C'est quand tu veux mon chaton ! Par contre, rentre les griffes, si c'est comme ça que tu demandes à chaque fois, pas étonnant que tu paraisses aussi frustrée ! Tu verras, j'aime bien prendre mon temps pour bien faire les choses. Je suis quelqu'un de très consciencieux, me répond-il avec un clin d'œil.
Là, c'en est trop ! Je m'apprête à lui claquer la porte au nez, parce que soyons honnêtes, je n'ai rien trouvé comme réplique cinglante à lui rétorquer, quand Mamie apparaît derrière moi et l'invite à la suivre dans le salon pour discuter des modalités de ses interventions.
J'ai beau me décaler un maximum pour le laisser passer, ce mec ignore toute notion d'espace vital quand il me frôle volontairement et chuchote pour que je sois la seule à l'entendre :
- Je sens que dorénavant, je vais aimer mes samedis matins !
Oh punaise ! Malgré moi, je viens de me lancer dans la partie. J'ai plus l'impression d'être le canari qui va se faire bouffer par le matou. Parce qu'en dépit de ce que j'avance et de l'assurance dont je feins, je ne suis pas sûre de remporter le jeu...
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Coucou à tous !
Mais qui fait son apparition aujourd'hui ?
En tout cas, ce n'est pas du goût de notre petite abeille qui sort son dard, prête à attaquer !
Mais Manoé n'est pas du genre à se laisser intimider et il se pourrait même qu'il en ait justement après le "dard" de Melissa !
Je ne sais pas pour vous, mais moi j'ai comme l'impression que celle-ci va devoir voler vite et très haut si elle ne veut pas se faire prendre dans son filet à papillons !
On se retrouve lundi pour la suite.
Bisous dardants !
Namsra
PS : Réchauffez moi de vos étoiles svp ! ❤️
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