18-1. Où le cœur nous mène

En média "That's the way love goes" de Janet Jackson

Manoé décolle nos lèvres puis pose son front contre le mien.

— Si tu savais comme j’en meurs d’envie depuis que je suis parti ce matin, m’avoue-t-il les yeux brillants de désir et … d’amour ?

— C’est toi qui t’en es privé tout seul ! lui rétorqué-je un peu mauvaise. Si tu avais annoncé d’emblée la couleur, c’est nous qu’on charrierait à la place de Ronan et Eva. 

— C’est justement pour éviter que l’on nous charrie que je me suis fait violence et ai gardé mes mains loin de toi, même si ça me démangeait de caresser ta peau satinée, accompagne-t-il ses mots de cercles concentriques dessinés par ses doigts à même la peau de mon dos.

— C’est quoi le problème de Carla ? lui demandé-je tout en scrutant le langage de son corps.

— Elle est un peu jalouse, mais ça lui passera, me répond-il naturellement sans arrêter ses caresses. Aucun des mecs de notre groupe n’a jamais eu de petites copines stables qui soient restées plus de quelques jours, donc elle n’a jamais eu à se soucier qu’une autre fille s’intègre et lui vole un peu de notre attention, c’est tout.

Je me retiens de lui balancer que c’est son attention et uniquement la sienne que Carla recherche. Elle ne semble pas se soucier des masses des personnes avec qui Quentin et Sébastien discutent, au grand dam de ce dernier qui semble avoir craqué pour la jolie blonde au regard venimeux.

— Désolée de te demander ça mais… il s’est déjà passé un truc entre vous ? lui murmuré-je à peine en baissant les yeux comme une enfant prise en faute.

— Non mais qu’est-ce que tu vas t’imaginer ? me relève-t-il le menton. Mis à part un pauvre smack lors d’un jeu d’action et vérité, quand nous étions en 1ère, il n’y a jamais rien eu avec Carla ou Anne-So ou aucune autre fille présente aujourd’hui avec nous. Mélissa, je n’arrive pas encore à poser les mots sur ce qu’il se passe entre nous, mais c’est très très fort et c’est la première fois que ça m’arrive, crois moi.

Je me laisse pénétrer par ses douces paroles qui posent un baume apaisant sur mon coeur égratigné par le doute que les regards fielleux de Carla m’ont déversé dessus. De peur de laisser mes lèvres prononcer les mots que me crie mon coeur chaque jour un peu plus, je les pose sur celles de Manoé qui m’étreint un peu plus fermement comme s’il cherchait à me faire glisser sous sa peau. Après un long moment, et vu qu’il nous faut malgré tout reprendre notre souffle, nous éloignons nos lèvres de celles de l’autre.

— Viens, je voudrais te montrer le sous bois de cette partie de la forêt. C’est un endroit merveilleux, enlace-t-il nos doigts afin de me diriger vers le lieu mentionné.

Nous nous arrêtons au niveau d’une étendue verte où des herbes de quelques centimètres bourgeonnent presquent à ras le sol. Il y règne un calme paisible. Peu de visiteurs circulent. Le visage de Manoé est serein et il inspire à pleins poumons comme s’il se regorgeait de cette nature verdoyante. Je prends plaisir à le regarder, lui, l’amoureux des plantes, mon amoureux. A cet instant, il est d’une beauté sans pareille. Sentant mon regard appuyé sur lui, ses lèvres s’étirent dans un sourire taquin.

— Ce que tu vois te plaît ? me taquine-t-il.

— Oui absolument ! Je n’ai jamais vu un aussi beau… chêne, enchaîné-je en me rapprochant de l’arbre derrière lui. Il est majestueux, quelle force, quelle essence !

Manoé m’attrape et se met à me chatouiller les côtes. Je gigote dans tous les sens, sensible à la sensation de ses doigts sur ma peau. Nous finissons par en perdre l’équilibre et roulons sur l’herbe fleurie.

— Mince, Manoé ! On est peut être tombés sur des orties, paniqué-je un peu.

— Non, t’inquiète Mon abeille, ce ne sont que des jacinthes des bois. Dans quelques semaines, elles fleuriront et cette zone se recouvrira de son tapis lavande, me rassure-t-il.

Nous nous redressons et il s’appuie sur le chêne en me gardant lovée entre ses jambes. Nous restons un moment, là, silencieux, à profiter de cet instant de plénitude.

— Pourquoi une abeille, Manoé rompt-il soudainement le silence. Ton tatouage, je veux dire, pourquoi as-tu choisi une abeille ?

— Ah ! En fait c’est ma meilleure amie qui l’a choisie comme cadeau pour son dix-septième anniversaire. Mais elle a fait de même avec Suzelle, Stan et Fanny, lui précisé-je.

— Et elle a déménagé ? On ne la voit jamais avec vous. C’est bizarre de laisser une autre personne choisir quelque chose que l’on portera à vie, me dit-il sans se douter de la plaie qu’il vient de rouvrir sans le savoir.

Je ferme un instant les yeux, le temps de me ressaisir et de permettre à ma voix de sortir malgré la peine qui continue toujours de m’étrangler.

— Non, elle n’a pas déménagé. Elle est toujours à Carrières ; c’est même sa demeure éternelle, laché-je dans un souffle. Loly est morte l’année dernière, peu de temps après son anniversaire. Elle souffrait d’une maladie chronique incurable et lors de cet anniversaire qu’elle savait être le dernier, elle a voulu nous laisser une marque indélébile d’elle, comme pour laisser une trace de son passage dans nos vies. Nous avons tous accepté de bon coeur. Chaque tatouage était très symbolique et elle les a magnifiquement bien choisis.

— Je suis désolé, je ne savais pas, essuie-t-il une larme orpheline qui s’est échappée de mon oeil. Que symbolise ton abeille ?

— L’un de nos derniers cours ensemble. La prof de français nous avait demandé d’effectuer un travail sur l’étymologie de nos prénoms. Loly a découvert que Mélissa venait du grec melitta qui signifie abeille mais aussi du latin méli qui veut dire miel. Elle a commencé à m'appeler L’abeille à partir de ce moment. Tu es le deuxième qui a eu ce privilège, lui dis-je d’un ton badin forcé.

Manoé ne me répond rien, en tout cas pas avec les mots mais me fait ressentir tout un tas d'émotions et me partage tout ce qu’il pourrait me dire, dans un langoureux baiser que je lui rends avec ardeur.

Quand nous rejoignons le groupe, un peu plus tard, nous les retrouvons en train de plier bagages. Ils nous expliquent qu’ils ont eu la merveilleuse idée de finir la journée dans le nouveau bar lounge branché qui vient d’ouvrir à Poissy, Le Diamond.

Les filles ayant appelé la mère de Suzelle durant mon absence, celle-ci arrive rapidement. On lui fait part de nos plans pour la soirée et elle nous propose de se préparer directement chez elle. J’appelle donc Mamie pour l’avertir que je suis chez Suzelle, que nous sortirons ce soir puis que je resterai dormir avec mes amies. Même si elle est surprise de mon adhésion à cette sortie, moi, la casanière de service, elle se montre davantage sceptique quant à l’endroit où je finirai ma nuit. Malgré tout, elle m’encourage à bien profiter tout en restant raisonnable, prudente et responsable. 

Comme mue par une envie soudaine de marquer moi aussi mon territoire, je m’accroche au cou de Manoé et lui offre un baiser digne du cinéma sous les huées de nos amis. Il ne se fait pas prier mais me confirme que le retour de manivelle sera délicieusement chaud ce soir. 

Nous quittons le groupe après avoir convenu de l’organisation pour les voitures ce soir : Ronan et Eva se chargeront de récupérer et véhiculer Quentin, Anne-Sophie et Stan ; Alexandre sera le chauffeur de Sébastien, Carla, plus un de leurs amis et Théo qui a négocié la voiture paternelle, se chargera de nous véhiculer, Manoé, mes amies et moi. Je sens que la jolie blonde enrage de cette organisation mais j’y peux rien, moi, si les chauffeurs qui nous été attitrés ont préféré se charger de ceux qui n’habitent pas trop loin de leur domicile !

Le rendez-vous est pris pour 21h et il ne nous reste que quatre malheureuses heures pour effectuer le ravalement de façade nécessaire pour la soirée. 

Une fois arrivée chez elle, Suzelle et Fanny me prennent en main. Tout en jouant aux pygmalion en me faisant essayer une multitude de tenues qui franchement ne me vont pas, elles m’expliquent qu’après notre départ avec Manoé, Anne-Sophie a remonté les bretelles de Carla en lui disant qu’il fallait vraiment qu’elle se fasse une raison et se calme me concernant. Mes amies n’ont pas vraiment tout compris mais, après être partis sur des discussions en tout genre, Quentin lui a demandé de laisser tomber, que Manoé ne suivait plus la mise. Fanny m’assure avoir poussé l'enquête auprès des autres et ils sont formels, Manoé est raide dingue de moi.

Loin de me rassurer, cette histoire de mise me glace l’échine. J’ai peur que cela me concerne. Mais l’attitude de Manoé dément toute machination. Ces personnes avec lesquelles j’ai passé mon après-midi, ne pourraient pas toutes être impliquées dans une sale combine, si ? Je refuse de croire que tout est faux. Carla, cette vipère a réussi à s'immiscer sous ma peau et me faire douter de tout. Mais je ne la laisserai pas gagner. Elle veut la guerre, elle va trouver un adversaire de taille !

C’est ainsi que j’accepte sur un coup de tête la robe moulante gris perle que me propose Suzelle. Elle reste assez simple, droite, s’arrêtant bien au dessus de mes genoux puisque mon amie est légèrement plus petite que moi ; sa seule extravagance réside dans son faux style bustier puisque des manches qui démarrent mi-épaule vont jusqu’au poignet. 

Je laisse mes amies s’amuser à jouer à la poupée avec moi quand elles décident de me lisser les cheveux, qui une fois raides, atteignent mes épaules. Elles finalisent le tout par un rouge à lèvres mate couleur prune qui sublime mes lèvres et fait magnifiquement ressortir mon teint caramel.

Mes amies se préparent elles aussi et elles sont toutes les deux à tomber, Fanny dans une combi short bleu marine et Suzelle dans une robe style patineuse en broderie noire. Nous optons pour des chaussures plates. Heureusement que Chantal fait la même pointure que moi car je ne suis pas sûre que mes Doc auraient été de très bons goûts.

A 20h45, nous rejoignons les garçons garés le long du trottoir devant la maison de Suzelle.

Les yeux de Théo brillent de convoitise quand il dévore Suzelle du regard. Manoé n’est pas en reste. Sa mâchoire lui en tombe presque quand il me détaille et me passe au scanner de son appréciation. Il n’est pas mal, lui non plus, avec sa chemise noire, son jean brut qui lui moule ses jambes musclées et de jolies converses en cuir noir. il a même fait l’effort de dompter sa chevelure.

Il m’octroie un chaste baiser sur les lèvres, empli de délicieuses promesses. Puis il m’ouvre la portière pour que je m’installe derrière lui. Pendant le court trajet qui nous conduit au Diamond, ses doigts me caressent les chevilles, faisant monter une douce pression dans mes veines où mon sang pulse de désir.

Arrivés à bon port, nous rejoignons les autres, nous complimentons les uns les autres sur nos efforts vestimentaires. Je suis celle qui en reçoit le plus tant la métamorphose en épate plus d’un. 

En m’observant dans les vitres effet miroir de la devanture du bar, debout à côté de Manoé, je réalise vraiment que notre couple est bien assorti.

Nous entrons assez rapidement, et on nous installe à deux tables. Je comprends alors que certains ont dû faire jouer leur relation car obtenir un vendredi soir deux tables de six, relève du miracle. 

Après quelques gorgées de ma boisson non alcoolisée, car je tiens à garder les idées claires, j’accepte de suivre mes copines sur le dancefloor. Nous sommes vite rejointes par les garçons. Le DJ de ce nouveau lieu select assure et met le feu à la piste. La playlist est moderne et très éclectique, tout ce que j’aime. Nous nous déhanchons et nous déchainons sur des rythmes endiablés, pendant quelques morceaux puis, notre artiste des platines nous annonce sa séquence Love et balance un morceau old school. Dès les premières notes, je reconnais la chanson de Janet Jackson. Ma mère en était fan et j’ai été bercée durant mon enfance de musique groove et  R’n’B. 

Je ralentis mes mouvements quand des bras m’encerclent et me font pivoter. 

Je me retrouve dans les bras de mon beau châtain. Il entame un mouvement de balancier aussi suave qu’intense. Quand je crochète mes bras autour de son cou, il me rapproche davantage à tel point qu’on ne pourrait pas glisser une feuille de papier entre nos corps scellés, puis pose son front contre le mien et me happe de son regard azur. Je ne détache pas mes prunelles des siennes. Même si je le voulais, je n’y arriverai pas de toutes façons. Je suis sa captive volontaire...

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Coucou tout le monde !

J'espère que vous avez apprécié la première partie de ce chapitre.

J'adore les moments en tête à tête de Manoé et Mélissa ! Ils sont choux, non ?

On découvre enfin la signification de l'abeille tatouée sur la nuque de Mel et Manoé se révèle d'une tendresse insoupçonnée.

Notre abeille se dévoile et marque enfin son territoire, et la soirée n'en est que plus délectable.

Que nous réserve la suite de ce chapitre ?

À bientôt pour le découvrir !

Bisous impatients
Namsra

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