How can we dance when our earth is turning
How do we sleep while our beds are burning
How can we dance when our earth is turning
How do we sleep while our beds are burning

Élise a retrouvé ses proches le temps des fêtes. Après avoir passé une seconde soirée chez Dominique, les vacances des fêtes de fin d'années sont arrivées et avec elle le temps de rentrer chez les siens. Elle a profité de l'occasion pour visiter quelques maisons, jetant son dévolu sur un pavillon dans le village voisin du sien. De là, la vue ne vaudrait pas celle dont elle aurait dû profiter, mais elle semblait neuve, bien entretenue, isolée et surtout, c'était une maison. Le logement possède donc un petit jardin et plusieurs chambres. Elle sait qu'elle n'aurait pas supporté de se retrouver de nouveau dans un appartement après en avoir quitté un depuis quelques mois. 

— Tu les aurais vus, en une demi-heure, toute la maison était vidée. Efficaces les types, je sais même pas pourquoi on s'embête à faire nous-mêmes les déménagements quand je vois comment ils font ça. 

— Surtout vu le bazar que ça devait être. 

Son rire se mêle à celui de son frère qui se moque gentiment d'elle. Elle lui met un léger coup dans les côtes et il éclate de rire. 

— C'est clair. T'imagines, ils ont même dû vider mon lave-vaisselle qui était qu'à moitié rempli. J'espère que j'aurai pas à racheter tout l'électroménager en tout cas. Vu la pluie que tout a pris en une semaine. 

Les images de certaines de ses boites et plats remplis d'eau jusqu'à rebord dans sa cuisine lui reviennent. Elle n'a aucune idée des quantités d'eau qui sont tombées, mais elles devaient être relativement importantes. A l'intérieur de son ancien chez-elle, les murs ruisselaient d'eau partout.

 La rouquine plante sa fourchette dans le rôti qu'on vient de leur servir avant de le tremper dans la compote de pommes qui l'accompagne. Celle-ci est une tradition à Noël et Élise ne se souvient pas d'un seul repas où l'acidité des pommes ne se serait pas mêlée à la dinde. 

— N'empêche, quelle histoire. Tu vas pouvoir faire fureur avec un tel bazar en soirée. Ce serait un film que les gens penseraient que c'est de l'abus !

Les éclats de rire s'élèvent autour de la table alors que les verres et bouchées sont portées à intervalles réguliers à leurs bouches.

— Buche glacée en dessert ? 

— Non, j'en ai fait une. Elle est très loin d'elle belle, mais elle est bonne. 

— Rien n'égalera jamais celle au glaçage miroir raté. 

Les pupilles pétillent alors que le fils se fait charrier par ses deux sœurs qui ne loupent aucune occasion d'enfoncer celui qui reste malgré tout le meilleur cuisinier de la famille. 

— En tout cas, le rôti et les légumes sont super bien cuits !

— Ils sont pas cramés comme ta baraque.

Les éclats de rire résonnent une nouvelle fois alors que les assiettes sont resservies. La médecin est heureuse d'avoir retrouvé ses frère et sœur après plusieurs mois sans les voir. Si elle ne vit pas mal l'éloignement avec eux, les retrouver en ce moment précis lui fait un bien fou. 

L'ambiance vient de changer alors que les jeux de société offerts en cadeaux sont testés devant un poêle allumé. Le dos de la rousse la chauffe alors que les flammes s'élèvent dans celui-ci, rendant l'atmosphère immédiatement plus conviviale. Les jetons sont déposés sur la table alors que tous tentent une première partie. 

Ça souffle à côté d'elle alors que les règles n'ont pas été entièrement données et que sa jeune sœur se retrouve à perdre sans raison. 

— T'avais pas tout dit en même temps ! 

— Désolé. Bon, je réexplique. 

Tous observent alors les larges mouvements de mains alors que de nouvelles explications sont données. Le jeu peut alors reprendre non sans plusieurs remarques sur l'ensemble des informations qui étaient passées à la trappe quelques minutes plus tôt. 

— Ça a quand même du bon cet incendie. C'est pas avec une cabane de jardin qu'on aurait pu occuper cette soirée !

Les yeux roulent dans les orbites de la rousse alors qu'elle adresse un sourire amusé à sa sœur. 

— T'es en France pour le réveillon ? 

— Ouais, je vais le faire avec les potes du lycée. Tu le fais dans le Nord ?

— Je sais pas encore trop. Mais j'ai un plan avec Domi et vu que je suis de garde le jour suivant je pense que je vais aller là-bas, faut que je sois dans le coin. 

Les discussions se tassent alors que chacun se reconcentre sur les cartes étalées sur la table et tenues bien fermement dans les mains de chacun. 

La première chose que Pierre remarque lorsqu'il rentre dans la grange transformée en salle de soirée le temps d'une nuit est Élise. Elle rayonne au milieu de la pièce vêtue d'une robe verte légèrement ouverte dans le dos et laissant voir une grande partie de ses jambes dont les pieds sont ornés de chaussures à légers talons. Il reste plusieurs secondes à la contempler avant de s'arracher à cette vision. 

C'est la première fois qu'il la revoit depuis cette dernière soirée où elle était restée dormir chez Dominique. La nuit suivante, elle avait filé chez une collègue la rapprochant de son premier rendez-vous matinal. Ils n'ont donc pas pu reparler de ce baiser et Pierre ne sait pas sur quel pied danser. Alors il se contente de l'ignorer dans un premier temps. Pourtant, ses prunelles bleutées dérivent régulièrement sur ses cheveux coiffés en un chignon tressé et son visage délicatement maquillé. 

— C'est cool que tu sois là pour la nouvelle année !

Il sourit à un ami d'enfance. Cela fait des années qu'il ne l'a pas vu. En effet, il n'est souvent que de passage pendant ses trêves, mais ses anciens camarades ne sont alors pas forcément présents, chacun vacant à d'autres occupations. C'est l'une des raisons pour lesquelles il a accepté la proposition de sa cousine de fêter le nouvel an en sa compagnie. Elle lui a très bien vendu les retrouvailles à venir avec ceux en compagnie de qui il a passé tous ses étés et une grande partie de son adolescence. 

— Je suis content d'être là aussi. Ça fait du bien de revoir toutes ces têtes.

Un franc sourire se peint sur leurs deux visages. Son adolescence est une période de sa vie que Pierre regrette souvent. Il y pense régulièrement avec nostalgie. A l'époque, tout était alors plus simple. La pression du résultat était là mais il n'avait pas celle de la médiatisation. Il pouvait vivre sa vie quasiment comme il l'entendait sans risquer de faire la une d'un quelconque journal people ou sportif.

C'est également pourquoi il est heureux de passer cette soirée en leur compagnie. Dans la grange de son oncle, il est à l'abri des flashs des téléphones et des vidéos sur ses frasques en soirée. Ici, personne ne relatera ce qu'il fera de sa nuit comme ce pourrait être le cas ailleurs. Les notes de restaurant, les repas pris, ses activités en journée. Tout est toujours disséqué, alors que planqué dans la ferme de Dominique à faire du VTT dans les chemins gadouilleux et en forêt, personne ne peut savoir ce qu'il fait de ses journées.

— Parfois, la simplicité me manque.

Le brun avec qui il discute lui adresse un léger sourire désolé. Pierre n'est pas certain qu'il puisse réellement comprendre alors que beaucoup jalouse tout ce qu'il a. Mais lui rêve d'une vie où il pourrait faire sa passion tout en étant tranquille. 

— Tu l'auras à ta retraite. 

 — Pierre Gasssslyyyyy !

Il éclate de rire quand la voix de son cousin résonne un peu plus loin, coupant leur conversation quelques secondes avant qu'il se jette sur lui. 

— Tu regardes trop la formule un Tim.

Un rire éclate en réponse et il le rejoint bientôt, heureux de retrouver le dernier membre de son trio. Son interlocuteur s'échappe alors tout en lui glissant qu'ils se reverront plus tard, ce à quoi le normand répond par un immense sourire et un signe du pouce.

— Quand est-ce que tu nous le ramènes pour une soirée ? Le type a l'air sacrément amusant je suis certain qu'on passerait un super moment. 

— Mets-toi d'accord avec Domi sur le pilote à inviter, elle veut Charles de son côté.

— Quelle chieuse !  

 — J'espère que c'est pas de moi que tu parles Tim ! Tu veux te marier avec Ricciardo ? Non. De toute façon, il est pris, y a que Pierre qui a pas compris qu'il était déjà casé. Alors merci de penser à mon futur et de me laisser rencontrer mon âme-sœur grâce à Pierrot ici présent. 

Il roule des yeux devant les prunelles pétillant de malice de celle qui s'appuie sur lui, un bras déposé sur son épaule. 

— Et toi tu la soutiens dans son délire ? 

— J'ai jamais rien trop fait pour. Et arrête de toujours dire que Daniel et Max sont ensemble sur base de vidéos.

— Je confirme sur la première partie, ça fait trois ans que je me prends des vents sur ce sujet. En ce qui concerne la seconde, je suis sûre de moi, ils se regardent comme Tim et Chloé se regardent.

— Je suis pas en couple avec Chloé.

— T'as oublié le encore dans ta phrase ! 

Leurs rires se mêlent, alors qu'il peut lire l'amusement sur les lèvres de celle qui vient de reprendre l'exploitation familiale. 

— Mais bon, pour revenir aux non-invitations de mon futur époux, comme le dit l'expression, la famille avant la baise, donc je ne t'en veux pas !

— DOMI ! Sérieux ?!

— En plus c'est même pas ça l'expression. 

Elle se contente de hausser les épaules, l'espièglerie ne quittant ni son regard, ni son visage. Quelques secondes plus tard, sa coupe de champagne est levée devant eux. Il fait tinter sa coupe de champagne contre la sienne,  avant de faire la même chose avec celle du dernier cousin. 

— Allez, à nous ! 

— Ça m'avait manqué une soirée avec vous deux. 

Et leur cousine les serre une seconde contre son cœur avant de retourner au milieu de la grange où les danseurs sont regroupés en hurlant les paroles de la chanson en train de passer.  

— C'est ta chanson Élise !!!! 

Il ne comprend pas dans un premier temps avant d'écouter les paroles et de comprendre qu'il s'agit de Beds are burning. Il observe la rousse qui rejoint son amie et sautille avec tous les autres au milieu de la piste de danse.  

Quatre, Trois, Deux, Un, BONNE ANNEE ! Les voix se mêlent avant que chacun se retrouve à serrer dans ses bras la première personne passant à côté d'eux. Pierre cherche du regard les membres de sa famille pour ne pas les oublier. Il se fait régulier arrêter sur le chemin alors qu'il croise tous ses amis d'enfance. Il leur souhaite à tous la même chose, une bonne santé, parce que c'est le plus important. 

Cela fait bien longtemps qu'il sait que le plus important est de rester non malade et non blessé. Il a trop perdu pour aspirer à plus grand vœu. Il se souvient encore de la fin de la phrase quand il était plus jeune. Celle où l'on voulait aussi plein de sous dans le porte-monnaie. Elle lui semble bien futile désormais. Parce que ce n'était pas ça qui lui apportait le bonheur. Non, il le trouvait dans ses proches, parfois, ou quand l'adrénaline pulsait dans ses veines, souvent. Et il aurait aimé l'avoir à ses côtés quand il se réveillerait le matin, des fois. 

Après avoir fait le tour de la salle, il se décide à prendre l'air. Sa chemise lui colle sérieusement à la peau et il commence à avoir chaud. Il sort et s'installe sur la table à l'arrière de la salle, loin des fumeurs. S'il n'avait pas de mal à boire par moment malgré son sport, il ne risque jamais de compromettre ses capacités respiratoires. 

— Bonne année Pierre !

Une voix résonne à côté de lui et il la reconnait parfaitement. Il se tourne pour faire face à la médecin qui se pince les lèvres maintenant qu'elle a son attention. Il voit son hésitation alors qu'elle s'approche de lui. Il reste quelques secondes immobile alors qu'il se perd dans ses yeux aux cils légèrement noircis par un léger coup de mascara qui l'observent doucement. Il finit par se ressaisir et se penche pour poser ses lèvres sur ses joues. 

— Bonne année Élise. Je te souhaite de vite retrouver ton chez-toi.

 Elle lui adresse un immense sourire en retour. 

— Et aussi de voir enfin la lumière sur la formule un.

Son rire éclate en réponse et il lui plait immédiatement. Même si elle ne cesse de taper sur sa passion et ce qui le fait rêver depuis qu'il est enfant, il se dit que ce n'est pas trop grave si cela l'amuse. Et puis, elle n'est certainement pas la seule à penser cela, il le lit parfois dans les commentaires, même s'il évite de se retrouver en leur présence la plupart du temps. 

Il sent la table craquer alors qu'elle vient s'y assoir à son tour à côté de lui. Ses doigts tapotent sur le verre qu'elle tient à la main qui semble venir d'être rempli.  Il se focalise sur les mouvements réguliers avant de se faire trainer ses yeux sur ses lèvres quand elle porte la boisson à celles-ci. Il l'observe silencieusement avant que le verre arrive devant lui et qu'il s'en saisisse machinalement.

— Tu peux le finir, j'arrête je suis de garde demain.

Il avale une gorgée, pendant mentalement sur le choix de la boisson avant de reposer le verre à côté de lui. Ce n'est que lorsqu'il relève les yeux qu'il s'aperçoit que la jeune femme ne l'a pas quitté du regard. Il se perd dans les prunelles sombres brillant légèrement sous les lumières du lieu.

— À quelle heure ?

— Beaucoup trop tôt.

Il la suit dans son éclat de rire. Pourtant il se pose alors plus sérieusement la question. Quand allait-elle commencer à travailler ?

— Je remplace ma collègue à quatorze heures et je fais la nuit.

— Et t'es pas fatiguée ?

— On s'habitue.

Il la comprend, lui aussi mettait des jours à se remettre du décalage horaire lors de ses premiers grands prix, c'était désormais une simple formalité.

— Et est-ce que je peux encore profiter un peu de toi ou tu pars bientôt dormir ?

Les doigts glissent doucement sur sa joue et Pierre entrouvre la bouche, retenant un instant sa respiration. Elle ne reprend pas avant que les fines lèvres rosées épousent parfaitement les siennes.

— Tu peux encore profiter un peu.

Il l'observe quelques secondes soufflé par sa beauté et la situation. Il ne sait plus quoi penser. Alors qu'il s'approche de nouveau, une main déposée sur son torse l'empêche de recommencer.

— C'était juste parce qu'il il y a du gui au-dessus de nous, je n'ai fait que respecter la tradition.

Il coupe alors le rire plein de malice qui s'élève en s'emparant une nouvelle fois de ses lèvres, le laissant s'écraser contre les siennes. Il n'a aucune idée de ce qu'il fait, et pour peut-être que pour la première fois depuis des années, il est légèrement terrifié.

x x x

et voilà, c'était un nouveau chap ici. désolée pour l'attente je galère un peu à l'écriture des derniers chaps et je suis pas pleinement satisfaite de ce que je produis sur leur chaotique mise en "couple". j'espère que ça ira mieux par la suite. le prochain chap sera le dernier de l'arc 'le feu'.