Combustibles, chapitre 5
And so he spoke, and so he spoke,
that lord of castamere,
But now the rains weep o'er his hall,
with no one there to hear.
Yes now the rains weep o'er his hall,
and not a soul to hear.
sept heures plus tôt, normandie
— Parfait.
La jeune médecin récupère sa mallette plus loin sur la table de la cuisine nettoyée pour l'occasion. Puis elle range son stéthoscope dedans avant de se tourner vers les deux jeunes adultes qui lui font face.
— Et ce sera à confirmer lors du prochain rendez-vous de suivi mais la gestion de son diabète parait bonne.
Deux immenses sourires viennent s'étaler sur les visages des parents. La découverte de la maladie de leur fils quelques mois plus tôt avait été un véritable coup de massue. Apprendre que son enfant de six ans a un diabète de type un change une vie. Mais après des mois de test, de traitement et d'adaptation de toute la famille, la bonne formule semblait enfin avoir été trouvée et il serait sous contrôle pour un long moment. Désormais, il fallait surtout qu'ils arrivent tous à apprendre à vivre avec la maladie dans le foyer.
Elle tend un bonbon au petit blond qui l'observe avec ses yeux bleus émerveillés.
— Tiens, pour toi champion, tu as été très courageux tout à l'heure.
Ce jour-là, ce n'était pas pour sa maladie qu'elle s'était déplacée. Il fallait qu'elle vérifie la cicatrisation de nombreuses plaies suite à une lourde chute à vélo alors qu'il apprenait à en faire sans les roulettes. Le jeune garçon s'était brisé les deux jambes et un poignet lors de celle-ci. C'était pour cette raison qu'elle avait fait le déplacement, la situation étant particulièrement compliquée.
Elle était heureuse de voir que les points de suture avaient permis de refermer rapidement les ouvertures, notamment celle qu'il avait à l'arrière du crane. Elle en avait donc profité pour les enlever lorsqu'elle l'avait constaté, tout comme l'absence d'infection. Mais elle avait profité de sa présence pour faire un point complet de la situation.
— Qu'est-ce qu'on dit ?
— Merci Docteur Dupré !
Il lui adresse un immense sourire qu'elle lui rend immédiatement son visage montrant son amusement. Le blondinet avait une tête d'ange mais il cachait particulièrement bien son jeu. Il pouvait être une véritable terreur et elle en avait déjà fait les frais un jour où il accompagnait sa mère au cabinet.
— C'était ton dernier rendez-vous ?
Elle acquiesce d'un hochement de tête. La fatigue retombe et elle lutte contre celle-ci qui l'envahit. La journée qu'elle avait entamée à sept heures du matin touchait enfin à sa fin. Avec les épidémies de grippe et de bronchiolites, elle s'était uniquement arrêtée un quart d'heure, le temps de manger le midi avant d'enchainer sur les visites à domicile l'après-midi.
— Il est tard, tu restes manger avec nous ?
— Ça ne vous dérange pas ?
— Non non, j'ai fait une tartiflette, il y a largement pour une personne en plus.
Elle suit la blonde jusque dans la salle à manger où son mari est en train de mettre la table. Elle s'installe sur une des chaises libres. S'il n'était pas rare qu'elle se fasse offrir le café, ce n'était pas tous les jours qu'elle mangeait chez des patients. Mais cela arrivait. Elle savait que c'était l'avantage de la vie dans cette zone reculée. Les gens comptaient les uns sur les autres et ils restaient attentifs à leurs voisins. Il lui arrivait d'ailleurs régulièrement de refuser les propositions d'apéro ou de goûter. L'enchainement des consultations ne permettant pas de faire de réelles pauses.
L'agréable odeur de fromage emplit l'atmosphère alors que le grand plat arrive remplis du plat montagnard. David et Marie étaient sympathiques et elle les connaissait plutôt bien à suivre leurs deux enfants. Ils faisaient partie des patients qu'elle avait rencontré la première fois alors qu'elle n'était encore qu'une interne et le courant était immédiatement bien passé entre eux. Si elle ne pouvait pas les considérer pleinement comme des amis, ne les rencontrant que dans le cadre de son travail, elle était toujours heureuse quand elle voyait leur nom s'afficher dans son agenda bien rempli.
— C'est ma première de la saison !
— On a dû déjà en faire au moins deux. Le fromage chaud reste la grande passion de Marie.
Cette remarque lui arrache un rire.
— Je reste plus raclette personnellement.
Elle pense alors qu'il allait sérieusement falloir qu'elle organise enfin cette soirée dont elle parlait depuis plusieurs semaines avec ses collègues. Ce serait l'occasion qu'ils découvrent tous la maison dans laquelle elle avait investi quelques mois plus tôt.
Le froid la saisit alors qu'elle quitte les lieux. L'hiver arrivait enfin et avec lui les températures basses et le gel matinal. Pour l'instant, les routes n'étaient pas glissantes mais avec la météo annoncée la semaine suivante, elle savait qu'elle allait devoir faire attention lorsqu'elle emprunterait les routes de campagne si facilement verglacées et rarement salées.
Après une quinzaine de minutes, elle rentre dans son salon, envoyant ses chaussures valser de l'autre côté de la pièce. Elle se précipite vers son poêle dans lequel elle pose plusieurs buches. Ne sachant pas à quelle heure elle rentrerait, elle ne programmait jamais le chauffage. En effet, elle s'était plusieurs fois retrouvée à chauffer alors qu'elle s'enfouissait immédiatement dans son lit à la seconde où elle pénétrait dans sa maison.
Elle s'arme d'un briquet et d'un allume-feu. Comme à chaque fois, les battements de son coeur accélère un peu alors que la flamme vient lui lécher les doigts. Elle essaie de déposer le petit morceau carré délicatement entre les buches mais finit par le laisser tomber quand son pouce et son index commencent à chauffer.
S'installant dans un fauteuil à proximité, elle observe les flammes naitre puis finalement s'élever dans l'âtre. Elle récupère le troisième tome de A Song of Ice and Fire trainant sur la table basse depuis des semaines. Elle n'avait jamais le temps de l'avancer, bien trop prise entre ses entrainements de volley, ses consultations et les réunions du conseil municipal. Elle espère parvenir à terminer un chapitre ce soir-là.
Pourtant cela fait des jours qu'elle repousse la lecture de celui simplement nommé Catelyn VII. Ayant regardé la série avant de se plonger dans la fantastique saga, les images de ce qui va nécessairement se produire dans les pages suivantes la hantent encore. Une idée traverse alors son esprit et elle récupère son téléphone pour lancer The Rains of Castamere depuis son application de musique.
Quelques minutes plus tard, les larmes roulent sur ses joues alors qu'elle les écrase dans son sweat à capuche au fur et à mesure. Elle ne savait jamais trop si elle aimait pleurer en regarder dans films ou en lisant des livres. Elle se trouvait toujours ridicule, mais elle trouvait cela merveilleux que l'on puisse arracher des pleurs par de simples mots ou images.
Elle relève ses yeux brouillés de gouttes salées vers le feu qui brûle derrière la vitre faite pour résister à sa chaleur. Ses pupilles sombres brillent doucement sous les ondulations des flammes qu'elle ne parvient pas à distinguer distinctement. Elle perd son regard sur celles-ci pendant des minutes entières. Son visage est chauffé et rougi à cause de la température mais elle ne bougerait pour rien au monde.
Elle finit pourtant par se lever pour rejoindre sa chambre. Dans le poêle, les buches terminent de se consumer lentement. Elle en rajoute une avant de régler le débit d'air s'y engouffrant au minimum dans l'espoir de garder un peu de chaleur pendant une partie de la nuit.
7 heures plus tôt, los angeles
— Je suis étonnamment bien pour tout ce qu'on a bu hier soir.
Un éclat de rire lui répond alors qu'il sort les pains à hamburger de leur sachet pour les disposer sur une grille. Les deux amis se faisaient quelques jours entre mecs. S'ils s'occupaient en journée, leurs soirées consistaient à des bons restaurants suivis de sorties dans des bars et boites de nuit. Ils avaient déjà écumé un certain nombre de celles de Los Angeles.
— Du coup, randonnée cette après-midi ?
Le monégasque interroge le normand qui lui fait face. Le climat californien est chaud même à l'approche de Noël et Pierre regrette presque son choix d'avoir suivi son ami. Il l'avait pourtant prévenu qu'il ne voulait pas partir au chaud pour leurs prochaines vacances. Mais en le voyant aussi abattu suite à sa rupture avec sa petite amie, il avait cédé sur la destination.
L'idée était qu'il se change les idées et pour cela, il fallait un lieu qui lui convienne parfaitement. Et pour son plus grand déplaisir, il s'agissait d'un lieu où il faisait chaud. Le blond se dit une seconde que cela aurait pu être bien pire. Il aurait pu vouloir rester dans un pays du Golfe où les températures étaient bien trop élevées.
— Oui, j'en ai trouvé une sur internet qui mène à un plateau avec une vue sur tous les alentours qui a l'air magnifique.
— Parfait ! Mais avant, repas !
Il hoche la tête avant de récupérer les oignons qu'il pose sur une planche à découper. C'était lui qui avait insisté pour qu'ils préparent eux-mêmes le repas. Il avait toujours aimé cuisiner et n'avait que trop peu l'occasion de le faire lorsque chaque calorie comptait pendant la saison. Alors il profitait grandement de la trêve pour se rattraper. De toute façon, il possédait un métabolisme qui faisait qu'il prenait peu de poids quoi qu'il mange pourvu qu'il fasse un peu d'exercice physique, ce qu'il ferait quelques heures plus tard.
— Te coupe pas un doigt.
Il lance un regard outré à Charles. Comment pouvait-il oser penser qu'il se couperait ?
— Dit-il. T'as vu comment tu tiens ton couteau ?
Il reprend sa découpe un sourire amusé plaqué sur le visage tandis que le vice-champion du monde râle de sa moquerie. La lame acérée s'abat rapidement sur l'oignon qui finit rapidement en fines tranches qu'il jette dans une poêle brûlante.
Une vingtaine de minutes plus tard, le voilà entrant dans la grande salle à manger de leur location, deux burgers posés au milieu d'un plat.
— Ehhhh voilà !
Il se laisse tomber lourdement sur sa chaise avant de récupérer un des deux pains garnis. Manger tout et n'importe quoi sans se poser de question lui avait manqué. Il profite donc de ce mois de pause si important pour permettre à son corps et son esprit meurtris par l'intense saison terminée se régénérer.
— Tu rentres chez toi après ?
Le silence est brisé par la question. C'est à ce moment précis que Pierre prend conscience qu'ils mangeaient dans un silence parfait. Mais il était régulier qu'il ne parle pas lorsqu'il profitait d'un plat lui plaisant particulièrement.
— Oui, normalement je vais direct à Rouen depuis Roissy.
Il peut lire la légère déception qui s'installe dans le regard émeraude lui faisant face. Le français ne savait pas vraiment comment réagir. Les ruptures n'étaient plus des choses qu'il vivait mal depuis de nombreuses années. C'était d'ailleurs toujours lui qui rejetait celle qui était à ses côtés pendant un éphémère instant. Alors il lui est difficile de se mettre dans la peau de Charles pour comprendre ce qu'il vit.
La douleur remonte quand il repense à sa première rupture, celle qu'il a enfouie au plus profond de son cœur. Celui qu'il a par la suite scellé et dont il a jeté la clé au point le plus bas des profondeurs. Avec les années, il ne se souvenait plus parfaitement de la douleur. Mais il se rappelait parfaitement de ses trop nombreuses pleurs.
— Tu es le bienvenu si tu veux venir passer quelques jours.
Il lui laisse une porte de sortie. Une où il pourrait le rejoindre s'il voulait quitter le cocon familial parfois envahissant et disparaitre le temps de se vider l'esprit.
— Merci, mais ça devrait aller, je vais aussi être en famille.
Il lui adresse un sourire encouragement avant de se lever quand le four sonne, récupérant la deuxième tournée de leur repas.
x x x
alors, vous avez le contenu du chapitre Catelyn VII de A Storm of Swords ? (haha).
j'espère que vous appréciez les ref musicales et autres qui trainent depuis le début de l'histoire, parce que je passe un temps fou à les sélectionner !
sinon on vient de finir l'intro, dès ce week-end on passe aux choses sérieuses avec la partie 2 « l'étincelle » et ça va être grave le feu ^^
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