Partie 1 : 9 - Captive.

Point de vue : Astrid.

Je suis attachée, je suis faible, je suis affamée. J'ai les yeux fermés, les poings serrés et la mâchoire contractée. Je me sens haineuse, je me sais captive.

J'ai envie de tuer cette Chasseuse, tout est de sa faute ! Tout est de sa faute, absolument tout. Si la nature de son sang n'avait pas refait surface, rien de tout cela ne serait arrivé. Si je n'étais pas allée dans une impasse, rien de ça n'aurait eu lieu d'être.

J'ai envie de sentir son sang se vider petit à petit sous mes canines, ses veines vibrer aux battements de son petit cœur frêle. Ses soupirs de souffrance, la fin de sa vie. Plus rien pour me ramener mon passé à la figure. Rien pour me rappeler qui j'étais avant tout ça. Darren me l'a clairement dit : n'aie aucune attache humaine. Coupe les ponts avec ta famille, ne leur parle plus.

Mais comment ignorer le sang de mon arrière-petite-fille ? Comment l'ignorer, elle et son physique ? Elle me ressemble tant, on ne peut nier notre lien familial. Je ne peux le nier.

Pourtant, c'est mon ennemie. Pourtant, c'est une Chasseuse Black. Pourtant, elle est différente de moi.

Puis alors, j'entends le cliquetis d'une porte qui s'ouvre. Celle de ma cellule. Je ne relève pas la tête, je la garde baissée. Je n'ai plus la force, plus rien. Mon instinct me dit de me jeter sur mes hôtes mais ma raison me dicte de rester sage. De ne rien tenter de dangereux. Et je ne veux pas aggraver mon cas déjà bien critique.

Je sens la présence d'une sorcière et d'un agent du Ministère. Leur pulsation sanguine m'appelle, leur odeur me nargue. J'émets un grognement.

La sorcière s'avance vers moi. Elle ne devrait pas. Ma nature me rattrape et je me propulse vers elle. Du moins, je devrais. La garce m'a lancée un sort, me tordant de douleur. Mais je ne crie pas, je ne leur donne pas ce plaisir.

J'ai subi pire avec le Chasseur Black.

Or, alors que je m'attends à un coup fatal, tout s'arrête. Ils ne sont plus dans la salle, me laissant seule. Seule, avec une poche de sang. Si mon odorat est toujours bon, ce liquide rougeâtre est de groupe sanguin O. Ce n'est pas mon préféré, mais je vais m'en contenter.

Contrairement à ce que tout le monde devrait penser, je ne me jette pas dessus. Non, pas du tout. Je m'approche lentement de ce sang, si précieux à mes yeux. Peut-être que je rêve, peut-être même que c'est un piège ? Mais bon, je n'ai plus rien à perdre. Alors je le bois, d'abord doucement puis de plus en plus rapidement de telle sorte qu'il ne me reste plus rien.

Mais ce n'est pas assez. A croire qu'ils m'ont juste donné la quantité qu'il fallait pour répondre à des questions. Sûrement leur intention depuis le départ, fin bon.

La sorcière fait, encore une fois, son entrée dans la salle. Désormais, je peux la décrire. Elle est blonde et possède un teint halé. Ses yeux sont marrons et elle possède quelques taches de rousseurs sur ses joues. Elle est mignonne, oui. D'ailleurs, je suis sûre que l'homme qui l'accompagne, soit l'agent du Ministère, n'est pas indifférent à son charme. Cela se voit et se sent à des kilomètres. Seulement, est-ce réciproque ? Je ne saurais dire, cette sorcière a brouillé son esprit. Futée, la petite.

— Astrid Allister, nous avons quelques questions à te poser, commença l'homme.

Je souris de toutes mes dents et lui fait un clin d'œil.

— Bien sûr, que puis-je faire pour toi Don Juan ?

Il ne bronche pas suite à ma pique et je vois la femme froncée les sourcils. Elle ne comprend pas ce qu'il se passe, la pauvre. Elle n'a pas l'habitude de recevoir des vampires je crois.

— Où se trouve ton repère, Allister ?

Je manque de m'étouffer en rigolant. Je me tords même de rire tellement c'est drôle. Il a vraiment cru que j'allais le lui dire ? Sérieusement ?

— Tu es bien naïf pour un agent du Ministère.

Cette fois-ci, j'avais employé un ton sérieux. Il croyait vraiment que j'allais lui dire ?

Une douleur envahit mon crâne, j'avais mal. Je n'avais jamais eu aussi mal de toute ma vie de vampire.

— M-mais que...qu'est...ce q-que vous me...

«On te dissuade de te taire, Allister. Si tu ne dis rien, tu souffres.»

C'était comme si quelqu'un avait parlé dans ma tête, me persuadant que parler était la meilleure solution. Ma vue se brouillait de plus en plus et je savais que j'étais en train de me tordre de douleur, je ne pouvais m'en empêcher. Je savais aussi que je laissais échapper quelques gémissements de douleurs à certains moments, mais je ne criais pas.

«Alors, tu vas nous le dire ?»

Non mais n'importe quoi, jamais je ne trahirais Darren. Comment réagirait-il s'il le savait ? Bonne question. Je pense qu'âme-sœur ou pas, ce serait ma fête.
Mais je devais poser une question à ces humains. Une seule. Leur réponse sera déterminante pour l'information que je m'apprête à divulguer.

Bizarrement, en pensant cela, toute la douleur s'arrête. J'ouvre doucement les yeux avant d'apercevoir la sorcière qui me fixait.

«Tu as réfléchis, donc ? »

Attendez, c'était elle qui me parlait ? Soit, cela ne change en rien ma décision. Rien du tout.

— J'ai une question avant de donner l'information, dis-je d'une traite.

— Nous t'écoutons, me sourit l'homme.

Je posai le pour et le contre, sachant que je n'aurais le droit qu'à une seule réponse. Pas besoin de me le dire pour comprendre : vu la manière dont je suis traitée ici, pas la peine de l'écrire en grand format pour comprendre que normalement, c'est à eux de poser des questions. Pas l'inverse.

— J'aimerais savoir pourquoi Black et sa femme ne sont pas venus me voir depuis maintenant deux jours.

Je sentis la sorcière se crisper sous cette question, me montrant l'importance qu'avait leurs absences ces temps-ci. J'espérais que l'homme me raconte dans les moindres détails les raisons de leurs non-présences, mais je ne devais pas me faire de faux-espoirs.

— Malheureusement pour toi, répondit l'agent, je ne peux pas te répondre. C'est confidentiel.

Je soupirai, j'en avais marre d'être ici. Je m'ennuie. Tout est sous dossier et tout est sous contrôle. Ils peuvent pas se détendre un peu ces chasseurs !

— C'est donnant-donnant. Si vous me dites pourquoi, je vous dit où j'habite.

Je suis restée vague quand à ma condition. Ce qu'ils ne savent pas c'est que je possède plusieurs maisons. Toutes à des endroits bien précis. Et je sais où Darren loge actuellement, en espérant qu'il ne soit pas parti.

Au pire, s'il se trouve que James se trouve au logement que je vais citer, tant pis. Tant que Darren est sauf, tout va bien.

— Pourquoi cela t'intéresse autant ? m'interroge-t-il.

— Parce que c'est à cause d'eux que je suis ici, répondis-je le plus naturellement possible.

Il eut l'air de céder à cet espèce de chantage que j'ai instauré. Peut-être vais-je au moins reprendre ne serait-ce qu'une once d'avantages ?

— C'est compliqué, réussit à dire l'homme, tu ne préfèrerais pas autre chose ?

Ah, j'ai comme l'impression qu'il y a une faille. Je perçois enfin la lumière, au sens figuré du terme bien entendu. Je vais pouvoir sortir plus facilement si les deux Black ne sont pas dans les parages : un jeu d'enfant !

«Ne sous-estime pas les autres Chasseurs, Allister. Moi-même je ne cautionne pas leurs actes pourtant je sais ce qu'ils valent au combat. »

La sorcière m'a donné un conseil ou je rêve ? Je ne crois pas, mais je sais qu'elle a raison. Du moins, en partie. Enfin je pense.

— Pourquoi es-tu réticent à me dire la raison de leur absence ? A moins que cela soit grave, je ne vois pas en quoi ça te dérangerait.

Je vis le visage de mon interlocuteur se durcir, ses traits se crisper et ses expressions devenir neutre. Tout comme son ton, d'ailleurs.

— Je n'ai pas à me justifier face à toi, Allister. Surtout à une vampiresse dans ton genre.

Il ne veut rien me dire ? Très bien. Il veut se taire ? Sans problème. Il veut me tenir à l'écart ? Aucun soucis.

Désormais, seul le silence répondra à ses questions.

«Tu ne devrais pas, Allister. Je te le déconseille vivement. »

Elle veut parier ? Je sais très bien que pour le moment je suis trop importante pour être exécutée. Tout comme je sais que je suis immortelle et que je me remettrais vite de mes blessures. Certes, je souffrirais mais au moins je ne mourrais pas. C'est déjà pas mal.

Alors que je m'attendais à ressentir une douleur dans tout mon être, les deux protagonistes sortirent de la pièce.  Pourquoi ? Que me réservent-ils ? Vont-ils me tuer ? Ou bien sont-ils juste partis car je ne leur étais d'aucune utilité ?

Je fermai les paupières, peut-être vais-je pouvoir communiquer avec Darren maintenant que j'ai repris des forces. Ou peut-être pas. Cette faculté marche une fois sur deux, on ne sait jamais si cela marchera ou non.

Alors je pense fort à lui et répète le message que je veux lui faire passer. Encore et encore, sans m'arrêter.

Puis alors, sa voix se fait entendre. Comme un murmure qui viendrait me chatouiller l'ouïe.

« Astrid, je te retrouverais ne t'inquiète pas. Je t'aime. »

~~

Excusez-moi pour le retard, j'ai complètement oublié de poster hier...

En tous cas, j'espère que ce chapitre vous aura tout de même plu.

N'hésitez pas à commenter !

Gros bisous :).

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