Partie 1 : 7 - Piégés.
Point de vue :Daniel.
Ce matin-là, je me réveillai avec un terrible mal de crâne. Un détail attira néanmoins mon attention: je n'étais pas dans mon lit. La culpabilité commença à s'immiscer en moi, me demandant comment j'avais pu me retrouver là alors que ma femme était toujours disparue. Toujours loin de moi, toujours avec deux monstres. J'espère qu'elle est encore en vie. Non, je n'espère pas en fait. J'en suis sûr, je sais qu'elle est vivante.
Je me lève péniblement du lit et observe la pièce dans laquelle je me trouve. C'est de toutes évidences une chambre de femme. Les murs sont blancs immaculés, comme tout ce qu'il se trouve ici. L'odeur d'un parfum de lys était perceptible et je remarquai que j'étais dénudé. Mais qu'est-ce que j'ai fait.. ? Je n'ai aucun souvenir d'hier soir, après ma sortie du bar. Je ne sais plus ce qu'il s'est passé, je suis perdu. Je ne dois plus boire d'alcool. Plus jamais.
Je ramasse mes affaires au sol, me rhabille avant de me diriger vers la porte. En espérant que la fille ne soit pas dans les parages. Pourtant j'ai beau baisser la poignet, la porte refuse de s'ouvrir. Que se passe-t-il ? Moi qui voulais passer inaperçu et filer en vitesse, c'est loupé. Je soupire et me dirige vers la fenêtre. Bloquée aussi. Comment vais-je faire ? Casser la vitre ? Vais-je me résoudre à ce moyen ? Non, sûrement pas.
Pourtant, je dois sortir d'ici. Peut-être que c'est la femme avec qui j'ai passé la nuit qui m'a enfermé. A vrai dire, je ne me souviens même pas de son visage.
Je soupire à nouveau. Dans quel pétrin me suis-je encore fourré ?
Tout à coup la porte s'ouvre, me laissant (re)découvrir une femme aux cheveux blancs, aux yeux gris et en nuisettes blanche également. Ses cheveux lui arrive au ventre et tout homme doit la dévorer du regard. Même moi, alors que je suis déjà pris, je ne peux que dire qu'elle est d'un beauté à en couper le souffle.
En même temps, j'ai sûrement couché avec elle. Je ne peux qu'être objectif.
Elle me sourit et se place en califourchon sur moi. Je la laisse faire, pour je ne sais quelle obscure raison. Elle s'approche de mon visage avant de me basculer en arrière. Elle passe ses mains sur mes abdominaux avant de les caresser, me procurant toute une série de frisson. Ma tête me crie de la repousser, mais je ne peux m'y résoudre. Cette femme me mordille le lobe tout en continuant ses multiples caresses. A un instant, elle prend l'une de mes mains avant de la position sur son postérieur.
Et je ne bouge toujours pas.
Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Je ne comprends pas. C'était comme si elle me contrôlait, comme si j'étais devenu un pantin. Son pantin. Alors, pendant qu'elle essaye de me faire perdre le peu de moyens qu'il me reste, je lutte. Je lutte en pensant à Mélissa et en cherchant à comprendre comment cette inconnue arrive à faire ça.
Serait-ce une sorcière ? Non, elle n'a pas de bijoux avec une pierre. Pourtant, je sais et je suis sûr qu'elle use d'un moyen surnaturel pour arriver à ses fins.
Je réfléchis, je réfléchis, je réfléchis. Mais pendant ce temps, elle fit voler mon t-shirt dans la pièce et commença à défaire ma fermeture éclair. Aussi bizarrement sur cela puisse paraître, elle me fait de l'effet. Et ça se voit, je peux vous l'assurer.
Mon jeans descend lentement le long des mes jambes et je me surprend à réclamer qu'elle aille plus vite. Pourtant, je ne veux pas. Je ne veux pas tromper ma femme, même s'il est peut-être déjà trop tard.
Lorsque ses yeux remontent vers les miens, je remarque une lueur dorée passer dans son regard. Et alors, je comprends tout. Le pire dans tout cela, c'est que j'aurais dû m'en douter. J'aurais pu empêcher cela mais j'étais trop saoule la nuit dernière, alors elle a abusé de moi. Comment, me diriez-vous ? Et bien c'est parce qu'elle fait partie de celle que je suis censée traquée. C'est une louve. Normalement, j'ai une barrière contre le surnaturel. Comme tous Chasseurs qui se respectent. Mais l'alcool embrouille l'esprit, donc embrouille nos protections également. Elle a donc eu tout le loisir de me manipuler.
Chose à savoir, une fois que vous avez une relation quelconque avec un loup ou une louve, vous ne pouvez pas partir. Soit la créature vous tue, soit elle vous relâche, soit elle vous garde avec elle. De ce fait, si elle n'a pas brisé le lien qu'elle nous a donné, nous mourrons en même temps qu'elle.
Et, comme un bleu, je me suis fait avoir. Comme un bleu, j'ai trop poussé sur la boisson. Comme un bleu, j'ai cédé aux tentations de l'alcool. Mon dieu, je n'ose même pas imaginer la sanction que je vais avoir. Si je rentre un jour, cela va de soi.
Maintenant, j'ai deux choix. La coopération ou le mutisme. Lui donner ce qu'elle veut ou devenir un pantin. Or, je déteste être un pantin. Je déteste être soumis, déteste qu'on ne me demande pas mon avis.
Alors, me sentant obligé et étant le seul choix judicieux à faire, je la retournai. De sorte que je me trouvais désormais au-dessus d'elle. Je remarquai que nous étions désormais en sous-vêtements, tous les deux. Je lui souris, faussement bien entendu, avant de prendre la parole :
— Qui es-tu, louve ?
Elle me rendit un sourire hypocrite également avant de reprendre le dessus sur moi.
— Ton pire cauchemar, Black. Tu vas souffrir, autant que ta femme souffre.
Point de vue :Mélissa.
« Tu t'es bien foutu de moi, Mélissa Black. Et tu vas devoir en assumer les conséquences. »
Je repense sa proximité d'il y a quelques instants, les comparant avec ces paroles. Ces paroles qui me font froids dans le dos. Même si le plus cruel c'est Darren, il peut rapidement changer d'avis si je lui expose des arguments. James, lui, est le plus têtu des Allister et une fois qu'il a pris une décision, il ne revient jamais dessus. Alors quand il s'est approché de moi, j'ai cru qu'il allait me mordre. Mais au lieu de cela, il n'a rien fait. Ce qui est en parfait opposé avec ses dires, à l'instant. Il est contradictoire. Je me dis de garder cela dans un coin de ma tête afin de le rapporter au poste. Du moins, si j'en sors vivante.
Maintenant, il me fixe. Attendant sûrement que le supplie et lui demande de me prendre ne pitié. Or, je déteste que l'on ait pitié de moi. Comme je déteste être faible. Or, je le suis. Je suis faible alors que je prétends au quotidien le contraire.
Dans un moment de rébellion, je décide enfin à relever la tête vers lui. La colère monte désormais en moi, comme une flèche. De toutes manières, qu'ai-je à perdre ? Je suis en position de faiblesse et ils vont me faire du mal. Alors autant dire ce qui me vient, on verra par la suite.
— Et bien, vas-y. Viens, je t'attends.
Aucune réaction de sa part.
— Hein, James ? Qu'est-ce que tu attends ? criais-je presque hargneuse, ça te plait de regarder dans quel état je suis ? D'observer ta proie, ta trouvaille ? Je suis comme un trophée en fait, c'est ça ? Tu me regardes parce que tu te dis que tu as devant toi une Black à ta merci ! Mais dis-toi bien une chose, tu n'imagines même pas dans quel pétrin tu t'es mis. Tu ne t'imagine même pas comment Daniel va réagir quand il va me retrouver. Il va te tuer, te réduite en poussière. Tu n'auras même pas de procès, rien. Tu seras traité comme ce que tu es, en fin de compte : rien du tout. Tu...
— Cela suffit ! rugit-il en me clouant le bec.
Je reprends ma respiration et le regarde dans les yeux avant de dire une dernière parole avant de garder le silence.
— En fait, ça te tue de savoir la vérité. Tu as peur de toi-même, peur de ce que tu es. Tu es un lâche, James.
Je sentis un courant d'air avant de me rendre compte que c'était lui qui venait de partir. Un sourire victorieux sur le visage, je dépose ma main sur mon ventre.
« Mon bébé, maman va trouver un moyen de sortir. Je te le promet. »
Cette fois-ci, mon sourire est mélancolique. Je manque d'éclater en sanglots. Pourquoi ai-je des sautes d'humeur comme ça ? Je suis énervée de ne pas me contrôler, de ne plus être maître de mes émotions.
Je veux revoir Daniel, je le veux près de moi. Où est-il ? Si seulement je n'étais pas sortie, si seulement...
Les larmes coulent toutes seules, je n'arrive plus à les retenir. Toutes ces épreuves, c'est trop pour moi. Je suis faible, tout le temps. Il n'y pas une seule journée, une seule nuit, une seule heure, une seule minute ni une seule seconde où je ne le suis pas. J'ai tant d'erreur dans ma vie, tant d'erreur en si peu d'années. Tant d'erreurs en me taisant, en agissant impulsivement. En parlant trop, en n'agissant pas.
Je suis encore jeune, dans la vingtaine. A dire vrai, je n'ai jamais aimé fêté mon anniversaire. Je n'ai jamais aimé. Encore une preuve de ma faiblesse. Je suis faible, si faible. J'ai été faible en ne parlant pas à Daniel de mon ressenti. Faible quand je me suis rendue. Non, en fait ce n'était pas qu'un acte de faiblesse mais également un acte d'égoïsme. Oui, je suis égoïste de ne pas avoir pensé à mon mari. De ne pas avoir pensé à mon bébé. De ne pas avoir pensé aux conséquences, seulement à moi et à ma faiblesse. Je suis faible, faible, faible.
Les larmes coulent toujours, pourtant aucun sanglot ne s'échappe. Je fixe un point dans le vie, dans le mur. J'évite de jeter un regard vers la fissure. Cette fissure, elle montre à quel point je ne pense qu'à moi. A quel point je suis stupide. Irréfléchie. Immature. Égoïste. Impulsive. Faible. Toujours faible.
Je ne suis pas la seule à le dire. Mon père aussi, me le disait. Souvent, même. Trop souvent. Et ma mère ne disait rien, ne bronchait pas. C'est qu'elle devait être d'accord alors.
Au moins sommes-nous d'accord sur un point, avec mon géniteur.
Aujourd'hui, il est hors d'état de nuire. Un des avantages quand on est une Chasseuse réputée, c'est qu'on peut influencer. Oui, je sais ce n'est pas bien. Mais j'étais obligée. Savez-vous au moins ce qu'il faisait subir à ma mère maintenant que je n'étais plus là ? Savez-vous au moins ce qu'elle endurait chaque jour ? Non, vous ne savez pas. Alors vous ne pouvez pas juger. Personne ne le peut, de toutes façons.
La sentence ? Peine de mort. Brutal, comme à son image. Cruel, comme lui. Au moins est-il mort rapidement.
Mais en vérité, ne suis-je pas moi aussi une personne cruelle, sans remord ? C'est mon métier qui le veut, j'ai envie de dire.
Nouvelle larme. En vérité, je culpabilise. Je ne peux m'en empêcher. Mais j'étais tellement remplie de haine quand j'ai appris qu'il avait, encore une fois, frappé ma mère. C'était la fois de trop.
Et toutes ces créatures que j'ai tué ? Elles avaient une vie, n'est-ce pas ? Je ne peux m'empêcher de repenser à tous ces visages apeurés devant moi. Et puis, si tous les humains n'étaient pas bons, toutes les créatures n'étaient pas mauvaises. C'est logique, maintenant que j'y pense.
Je regrette. Je regrette tellement de choses Tellement de choix. Tellement de mauvaises décisions.
Nouveau déversement de larmes sur mes joues déjà bien humides.
J'ai besoin de parler à quelqu'un. Mais à qui ? Mon bébé ne me répondra pas, il ne peut tout simplement pas. Les vampires ne m'apprécient pas, même Caleb. Même lui, mon cousin. Et même si mon enfant est toujours dans mon ventre, c'est la seule personne qui m'écoutera sans me juger. Alors, je commence mon monologue :
— Tu sais, je ne sais si tu seras une fille ou un garçon. Ni même si tu survivras à cet enfer. Mais j'ai besoin de parler, alors je n'ai que toi. Je n'ai plus que toi. Je t'aime, tu sais ? Maman t'aime déjà si fort. Pourtant, je ne ferais pas une bonne mère. Je suis l'exemple à ne surtout pas suivre, je ne fais que les mauvais choix. Tu sais ce que je regrette le moins ? D'avoir épouser ton père. Lui, il sera apte à t'éduquer. Du moins, il aurait pu l'être si je n'avais pas disparue du jour au lendemain. Et puis, je me réveille ici en ayant perdu la mémoire avant qu'elle ne revienne. J'ai donc su que je, que l'on était chez les Allister. Tu sais, les vampires que maman et papa sont en charge de traquer. Et bien, il se trouve que je me suis rendue à l'un d'eux. Et tu sais pourquoi ? Seulement parce que je me suis sentie faible devant lui, comme dénue. Mais aussi parce que papa délaissait maman ces temps-ci pour s'occuper de la vampiresse. Tu sais, celle qui me ressemble. J'ignore pourquoi, d'ailleurs. Mon trouble se rajoutant à ma faiblesse face à ce vampire m'a fait perdre le peu de moyen qu'il me restait. Je regrette tellement de t'avoir embarqué là-dedans, tu sais ?
Je me stoppe et ravale mes sanglots qui, cette fois-ci menace de se faire entendre. Je dois me ressaisir, mais je n'en ai plus la force. Comme je vis sûrement les derniers instants de ma vie alors que tu n'as toujours pas commencé la tienne, je tiens à te donner un nom. Symbole que rien n'est perdu, que l'on pourra vivre en famille avec Daniel.
— Je suis tellement désolée, Ange.
Ange Black, voilà comment tu t'appelles.
— Tu es et sera mon Ange. A jamais.
~~
Aujourd'hui, on se retrouve pour un chapitre fort en émotion...
Que pensez-vous de la louve blanche ? Du comportement de Mélissa à l'égard de James ? De son ressenti par rapport à toute cette histoire ?
Passez un bon vendredi, et à la semaine prochaine !
Bisous :).
Ps: Merci à vous de lire mon histoire, vous êtes des amours.
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