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- Clementine ?

Je me retourne vers Alas. Je reconnais toujours quand il m'appelle, c'est le seul qui s'obstine à utiliser mon prénom en entier. Au début ça m'a fait bizarre mais à force je me suis habituée.

- Ça te dis on fait le slow ensemble, il continue.

Je hoche la tête. J'en ai jamais vraiment fait, même avec mon ex. De toute manière je ne vais pas rester plantée là sans rien faire alors autant se lancer. Je m'approche de lui et entoure son cou. Pendant ce temps là, lui se contente d'encercler ma taille en silence. On commence doucement à bouger et d'autres couples se forment près de nous.

N'empêche, je suis dégoûtée. J'aurais largement préféré qu'il y ait du hard rock toute la soirée mais bon visiblement c'est pas prévu. Heureusement c'est bientôt la saison des festivals sur Paris et je sais que je vais bien m'amuser. Seulement je sais pas trop avec qui je vais y aller. Faut que je vois avec Abi mais ça me gêne de lui demander ça vu qu'on est un peu en froid depuis qu'on s'est pris la tête. Peut être que Joli-cœur sera chaud pour venir.

Je sens une pression qui se relâche et ça me sort de ma rêverie, la musique vient de se terminer. Je lâche mon cavalier et m'écarte.

- Je vais chercher une bière, je lance.

Je m'extirpe tant bien que mal de la foule et rejoins le stand des boissons. Y'a la queue, fait chier.

Pendant que je patiente j'observe les gens. Je sais, c'est malpoli, mais au moins ça à le mérite de m'occuper.

- Qu'est-ce qu'y d'mand la demoiselle ?

Immédiatement, je fais volte-face et me retourne vers le caissier. J'ai pas vu le temps passer.

- Une bière s'il vous plaît, je réponds.

Je me retiens de pouffer de rire, l'accent que les gens ont à Montréal est vraiment drôle. J'affiche un grand sourire, paie et part vers les gars.

Au final je me décourage du coup je m'assois à même le sol, à côté de là où j'ai laissé ma planche un peu plus tôt. Y'a beaucoup trop de monde entre l'équipe Paz et moi. En face je repère Antoine qui regarde dans le vide. Il ne parle à personne, même pas à Marca et Yassine qui tentent de faire la conversation. Il a l'air perdu et triste.

Il relève un instant la tête et je vois dans ses yeux qu'il est en colère. Je sais même pas pourquoi il se vexe. Je baisse alors le regard et reporte mon attention sur l'herbe. À cette heure là elle est fraîche, c'est agréable. Je sais que mon père adore l'odeur de la pelouse que l'on vient de couper. Contrairement à lui je déteste ça.

Je sors de ma torpeur quand je sens mon portable vibrer.

De Joli-cul : "Ton cul était trop lourd, t'as eu besoin de le poser ?"

Il m'énerve. Je ne perds pas une seconde et réplique. Il veut jouer au con, il n'a qu'à assumer.

À Joli-cul : " Vas te faire foutre".

Je verrouille mon téléphone et trempe mes lèvres dans ma bière. C'est pas la meilleure que j'ai goûtée dans ma vie mais elle est pas degueu non plus.

Quand je me relève Joli-cœur parle avec une meuf. Ils sont bien trop près l'un de l'autre. C'est con mais j'ai un pincement sous le plexus.

Je détourne la tête mais je suis beaucoup trop curieuse de savoir ce qu'ils font. Je n'en peu plus de résister alors je jette un coup d'œil.

Sauf que la scène qui se déroule devant moi me brise le cœur. Antoine a fourré sa langue dans la bouche de cette salope. Alors qu'il lui roule la pelle du siècle il me fixe. Il fait exprès.

Je ferme les yeux une demi-seconde et serre les dents. Putain. Ce mec est vraiment un connard.

Dire que ça ne me fait rien serait un mensonge. Au fond je ne comprends pas pourquoi ça me fout en rogne, après tout on est rien lui et moi. Il fait ce qu'il veut.

Je pose les pieds sur le béton et donne une impulsion à mon skate. Ça me permet de fendre la foule : je me casse. Je suis même pas sûre de pouvoir me repérer dans la ville pour retourner à l'appartement. En plus il fait nuit, je ne discerne pas grand chose. Et puis merde, je suis la route. On verra bien où le chemin me mènera.

Pourquoi tout ça me blesse ? J'essuie rageusement l'unique larme qui m'échappe.

À partir de maintenant il peut se la garder, sa bite. J'en ai plus besoin.

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