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- Aller Clem, j'tiens plus.

Je lève les yeux au ciel, excédée. Assise à califourchon sur Antoine, je tente de le canaliser. Je savais que c'était une mauvaise idée de rentrer tous les deux dans la baignoire.

- Laisse moi au moins regarder, il tire sur mon tee-shirt.

Je claque sa main pour qu'il lâche mon vêtement. Ce mec est pas possible, ça fait que deux minutes qu'on est dans la salle de bain. Putain, qu'est ce qui m'a pris d'aller voir Joli-cœur ?

Dès que je suis arrivée, Antoine a râlé parce que soit disant "il ne pouvait pas se laver les cheveux tout seul à cause de son plâtre". Mouais. Il m'a demandé de l'aider mais sur le coup j'étais réticente. Seulement j'ai eu pitié quand j'ai vu l'état de ses veuch. Bon, c'est vrai que d'habitude il est pas champion dans la catégorie "tignasse propre" mais là il a touché le fond. Sans deconner, plus gras tu meurs.

Voilà comment je me retrouve à faire du toilettage. Sauf que j'ai même pas fait le premier shampoing et Antoine est infernal, monsieur ne sait pas calmer ses ardeurs. Je regrette déjà d'aider ce con. Après tout si il peut se branler, il peut bien réussir à se laver ! Merde. Au pire il aurait pu demander à sa mère, c'est pas comme si elle ne l'avait jamais vu à poil.

Je sens que ça va être long. Ça m'apprendra à vouloir jouer la bonne samaritaine.

- Sérieux j'ai trop envie de toi, il murmure.

Cet enculé fait exprès de prendre une voix sexy mais je ne craquerai pas. Pour toute réponse, je me contente de saisir le shampoing et de lui en tartiner une bonne couche.

- Ferme les yeux sinon ça pique, je lance.

Antoine soupire pendant que je commence à lui masser le crâne. Je sais pas si il réalise que je dois prendre mon courage à deux mains pour réussir à plonger mes doigts dans ses cheveux. J'essaie de ne pas penser à tout le sébum qui repose là. Degueulasse. Faut que je songe sérieusement à lui donner un cours sur l'hygiène capillaire.

Une fois ma tâche accomplie, je saisis le jet d'eau. Putain j'anticipe déjà le truc : je suis sûre que je vais en foutre partout et que je vais finir trempée. Je prends bien soin de régler la température au robinet avant de noyer Antoine. C'est horrible j'ai l'impression d'avoir un gosse, bientôt je vais devoir lui filer des petits pots.

- T'as éclaboussé mon plâtre !, il bougonne.

Je regarde sa tête et j'éclate de rire, faudrait vraiment prendre une photo et l'afficher.

- Si t'arrêtais de gesticuler je t'éclabousserai pas, je raille.

Il me fatigue, il connait pas la prévoyance. C'est pourtant pas compliqué de mettre un sac plastique autour de son bras ! Tout le monde fait ça.

Pressée d'en découdre, j'attaque le deuxième - et j'espère dernier - lavage. Je grimace, à force de frotter je lui ai fait pleins de nœuds. Merde, j'espère qu'il a de l'après-shampoing sinon il risque de douiller. Au pire, il est tellement chiant qu'il mérite de souffrir un peu.

- Je savais pas que t'écoutais David Bowie, il lance en pointant mon tee-shirt.

Je hausse les épaules.

- Je t'avais dit de fermer les yeux, je râle.

Décidément il n'écoute rien. Qu'il aille pas se plaindre après sinon je lui coupe les burnes.

Très vite j'ai fini de shampouiner donc je rince, si bien qu'aucun de nous deux ne reparle. C'est presque un soulagement de l'entendre fermer sa gueule, il débite tellement de conneries parfois. Puis comme ça j'ai pas à répondre à sa question. Ou plutôt ça m'évite de lui dire que, non, je n'écoute pas Bowie. En réalité, ce tee-shirt et le seul souvenir que j'ai de ma mère.

Ça me déprime pas de le porter, j'ai jamais connu ma mère alors sa présence ne me manque pas vraiment. On peut dire que je me suis faite à l'idée qu'elle ne reviendra jamais donc j'ai pu faire mon deuil y'a un moment. Je mets juste ce bout de tissus de temps en temps parce que je trouve que le dessin est pas mal : on y vois le faciès du célèbre chanteur avec le fameux éclair qui lui barre le visage. Et puis il est assez coloré, c'est cool. Les produits dérivés des artistes et moi c'est une longue histoire d'amour, encore un truc que mon père m'a transmis.

En fouillant dans le bordel près de la baignoire j'arrive à trouver un masque pour cheveux, je désespérais de pas en trouver mais finalement j'ai sous-estimé Joli-cœur. Il m'étonnera toujours, comme quoi on peut être sale mais aimer avoir des veuch doux.

Une fois que je repose la pomme de douche, je soupire de soulagement. Enfin. C'est terminé mais on reste quand même dans la baignoire. La façon dont Antoine me regarde ne me donne aucune envie de bouger. Je frissonne, c'est quand je baisse les yeux que je remarque que je suis trempée et il commence à faire froid.

Je réfléchis pas longtemps et décide d'enlever mon tee-shirt. Je sais très bien à quoi mon geste va nous mener mais de toute façon je vais pas rester avec un truc humide sur le dos. Lorsque je soulève le bout de tissus, Antoine soupire de soulagement. Il bande, je n'attends pas une seconde de plus et m'empare de ses lèvres. C'est plus la peine de faire semblant de ne pas être impatients.

Inutile de se voiler la face, on pensait qu'à ça depuis le début.

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