15
Je me dirige vers Joli-cœur mais ce dernier essaie de s'esquiver. Je ne le laisse pas faire. Hors de question que tu te défile, connard. Il va réussir à me foutre en rogne.
- Mais lâche moi, il râle.
Je n'abandonnerais pas. Je saisis son poignet et le force à aller dans la cuisine. Monsieur n'est pas décidé alors il traîne des pieds et bougonne, un vrai gamin. Heureusement que mon frère n'a pas eu le temps de faire des gosses, j'aurais mal supporté le fait de devoir m'occuper d'un neveu chiant.
Je ferme la porte et fais face à Antoine. À la vue de mes yeux rougis et gonflés, sa colère s'évanouie. Enfin, je crois. Je souffle. Je préfère le voir indifférent qu'en colère même si j'ai un pincement au cœur.
Je grimace, je sais exactement ce qu'il me reste à faire. Sauf que j'ai pas trop trop envie de mettre mes couilles sur la table. Merde.
- Écoutes je suis désolé, j'aurais pas dû.
- Écoutes j'en ai rien à faire de tes excuses, il me coupe.
Ça y est, je vois rouge. J'ai fais un effort alors si il est toujours pas content il a plus qu'à aller se faire foutre. Je me retourne et m'apprête à ressortir de la cuisine.
- Tu peux au moins me dire que tu couches avec Deen au lieu de juste me virer comme une merde, il raille.
Je fais volte-face. Quoi ? Il se fout de ma gueule. En plus on s'est jamais promis l'exclusivité. Il a qu'à fourrer sa bite là où il veut, si ça le chante.
- Hein mais je couche pas avec Deen, je réponds.
J'arrive à percevoir une lueur dans ses yeux mais il doute encore de moi. Il me fait même pas confiance, ça m'énerve. Il finit par se détendre.
- J'avais juste besoin d'être un peu seule pour réfléchir, j'avoue timidement.
- Pourquoi tu m'as rien dis ? C'est sûr que c'est plus simple d'aller faire des câlins à Deen hein, il lance.
- Combien de fois je vais me répéter. Je ne couche pas avec lui putain, je râle.
Il affiche un sourire en coin. Il l'a fait exprès ce con ! Il savait que ça m'énerverais. Enculé. Ça le fait rire en plus.
Je respire, prête à lui avouer ce qui me tracasse. Faut bien que je le fasse un jour de toute façon. Sauf que je sais pas par où commencer. Pour me donner un peu de contenance je joue avec mes mains.
- Si t'as besoin de tripoter un truc on peut s'arranger. J'peux occuper tes mains.
J'ai à peine le temps de me rendre compte de mon geste que ma main claque déjà la joue d'Antoine. Je lui lance un regard noir. C'en est trop, j'allais me confier et lui il déconne. Ce mec ne sera jamais sérieux.
Je me retourne et m'échappe de la cuisine. J'attrape mon manteau et m'apprête à passer la porte de l'appart. Au moment où je m'en vais je croise le regard de Deen, l'air de dire "désolée". Il comprend et me sourit. C'est vraiment quelqu'un de bien. Pas comme l'autre.
- Attends !
Cette voix je la reconnaît entre mille. Arrivée dehors je ne me retourne pas. Le bruit de skate que j'entends me conforte dans mon idée : c'est bien lui. Je ne veux pas qu'il m'atteigne alors je cours. Sauf que ses roues vont toujours plus vite sur le béton.
Mais à l'instant où il arrive à ma hauteur sa planche stoppe net et il tombe.
- Putain Antoine !
Merde. La panique m'envahit vite, ma colère s'évanouie. Je me baisse et inspecte son crâne. Je souffle. Putain. Il n'a rien, enfin...
- Fair chier, il jure. C'était un cailloux.
Erreur de débutant, j'ai bien envie de le charrier. Je souris et inspecte ses poignets. Il grogne.
- Ça fait mal ?, je tente.
Il soupire.
- J'crois que je me suis pété le scaphoïde.
Génial il ne manquais plus que ça. En plus il ne fait pas les choses à moitié. Vu l'état, il s'est cassé les deux poignets. Je peux pas le laisser en plan. Maintenant je vais devoir le traîner comme un boulet.
- Bon bah y a plus qu'à appeler les pompiers.
Super. Je vais passer mon premier soir de vacances à l'hosto. On peut pas rêver mieux.
- Nan si on les appelle il vont m'emmener aux urgences d'Auber. Je préfère y aller chez moi, il réponds.
J'essaie de le convaincre mais Antoine me fait les gros yeux, il s'obstine à refuser. Tête de mule. Je souffle un coup et ferme les yeux. Je ne crois pas que je m'apprête à faire ça. Pas le choix, il peux pas rester comme ça vingts ans. J'ai une énorme boule au ventre. Je tente de prendre confiance. Allez, je fais ça pour Joli-cœur.
- Bon bah on va à la Pitié-Salpêtrière alors..., je lâche.
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