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Nous nous séparons sur le palier, notre nouvel ami se dirigeant vers la porte voisine à la notre et nous... et bien vers la notre justement. Belle sort ses clés et pousse la porte, s'engouffrant dans la cuisine et balançant son sac sur la chaise.

"Bon ! On mange quoi ?

-Ben je te rappelle qu'un vient de claquer tout notre budget dans une robe et un T-Shirt, et que la seule nourriture qu'on a c'est un paquet de pâtes à moitié vide. Du coup, je propose du caviar."

Ou bien du homard. Au choix. Au pire on fait open-bar avec pleins de plats.

Tu sais, les blagues les plus courtes sont toujours les meilleures.

Et dans ce cas je mourrais jeune. Tant pis.

"Très drôle. Cependant, pour te prouver que tes blagues pourries et ta trahison constante ne m'atteignent pas, et parce que je suis la plus géniale des meilleures amies, je propose de faire les pâtes ce soir. Merci merci.

-Tu parles. Non seulement ça n'a aucun rapport, mais en plus c'est juste parce que t'as pas envie de m'aider à ranger ma chambre.

-Touché.

-Coulé plutôt."

Tandis que Belle, faussement vexée que je pense avoir "gagné" (bien que je l'ai fait, hé !) se dirige vers l'unique placard de la cuisine, je m'approche de ma chambre, dévastée par le carnage qu'il va falloir ordonner. Tout à coup, des coups retentissent à la porte.

"BELLE ! Va ouvrir !

-Je suis occupée, vas-y toi !

-Grmmmmlll.."

De mauvaise grâce, je fais demi-tour et vais ouvrir, pour me retrouver nez à nez avec Gaspard.

"Heu... oui ? J'ai encore fait tomber quelque chose, c'est ça ?

-Non non ! Simplement, ma mère a  entendu dire que vous aviez aidé mon frère pour son cadeau, et souhaite vous remercier. Thomas et Mathieu, eux, ont supplié mes parents de vous inviter pour qu'ils puissent de nouveau "dessiner dans les cases et sans que mon petit frère ne rouspète". Je suppose que vous devinez qui a dit quoi."

Je souris, imaginant très facilement les petits garçons avec de grands yeux de chiens battus.

"Et donc... nous nous demandions si vous accepteriez, vous et votre amie, de dîner avec nous ce soir.

-Et bien... il est vrai que je serais contente de revoir Mathieu et Thomas... et puis nous n'avions rien de prévu... mais il faut que Belle soit d'accord ! Je lui demande attendez. "

Je me retourne et beugle en direction de ma colocataire :

"Belle ! Tu veux manger chez les voisins ce soir ?

-Heu... ben ouais c'est pas de refus... puis je crois bien que je viens de foirer les pâtes..."

Rater les pâtes... c'est pourtant moi le boulet en cuisine... elle me désespère.

"Vous l'avez certainement entendu, c'est d'accord !

-Génial ! Le repas n'est pas encore prêt, mais venez dans une demie-heure, ça vous convient ?

-Parfait ! Oh et Gaspard... tutoyez-moi, je n'aime pas beaucoup les relations trop formelles..."

Du moins, pas avec les gentils gars polytechniciens et chevaliers servants. Alors qu'avec les sinistres M ennuyant, pas de souci, on peut même arrêter de se parler pour respecter les pensées de l'autre si ça lui chante !

"Très bien ! Dans ce cas, à tout à l'heure Lucie, je préviens ma mère que vous êtes d'accord ! Mes frères seront contents de te voir !

-Je le serais aussi ! A tout à l'heure !"

Je referme la porte et me tourne vers mon amie, un sourcil levé.

"Comment t'as fait ça encore ?

-Mais heu...

-Bon écoute je veux même pas savoir. Tu me ranges ton bazar et tu vas ranger ma chambre.

-Oui chef ! Mais ranger ta chambre ? Sérieux ?

-Oui, sérieux. T'avais qu'à pas balancer toute mon armoire sur mon lit. Moi, je vais acheter des fleurs pour remercier la maman des voisins. À tout à l'heure !

-Mais attends !"

Trop tard. J'ai bien envie de rire de manière maléfique, mais les voisins pourraient m'entendre, et j'aimerais éviter qu'ils me prennent pour une dégénérée.

Ils vont de toute manière te prendre pour une dégénérée.

Certes mais au moins si je ramène des fleurs ils me prendront pour une dégénérée polie ! C'est toujours mieux que rien !

Je remonte les marches, fière de mon exploit sportif et une orchidée à la main. Bon j'ai encore moins de sous maintenant mais c'est bientôt la fin du  mois... Nous avons déjà de la chance que nos parents nous donnent de l'argent ! Parce qu'avec nos horaires, je ne vois pas quand on aurait pu travailler...

"Belle ! T'es là ?

-Nan, tu crois. Je me suis barrée à Bora Bora pendant les quinze minutes que t'étais absente.

-Tant mieux. T'es prête, ça va être l'heure ?

-Ouais ouais j'arrive. Je finis ça.

-Finis quoi ?

-De ranger ta chambre !"

Héhé. Je suis maléfique. Je vais pouvoir avoir une chambre toute en ordre sans même m'être fatigué. Si c'est pas de l'intelligence ça.

Cinq minutes plus tard, mon amie me rejoint dans la cuisine, l'ai renfrogné.

"J'espère au moins que ce sera bien parce que bourrer toutes tes robes dans ta minuscule commode, ben c'est pas une mince affaire.

-Tu remercieras ma mère de m'avoir forcé à en prendre autant "au cas où on sait jamais"

-Certes mais je crois quand même que j'ai vu une robe de nonne qui traînait au fond."

Je hausse les épaules, vu toutes les bizarreries que je possède, ça ne m'étonnerait pas. Je pense d'ailleurs que les trois quarts du peu de carton que j'avait étaient pleins de robes. Quel investissement utile que celui d'aujourd'hui dans ce cas !

Nous toquons à la porte de nos voisins, piles à l'heure. La ponctualité est la politesse des... des quoi déjà ? Ah zut j'ai encore oublié mon proverbe du jour. Je devrais vraiment essayer de faire un effort. Pour une fois.

Une femme nous ouvre, de cinquante ans environ et des cheveux blonds aux quelques mèches argentées. Je devine qu'il s'agit de la femme du portrait de Mathieu, avec quelques années de plus tout de même.

"Bonjour ! Vous êtes Lucie et Belle, c'est cela ?

-Oui tout à fait ! Merci pour votre invitation !

-Ho, c'est normal, vous avez bien aidé les garçons, il me semble. Entrez, je vous en prie ! Je m'appelle Camille, d'ailleurs !"

Je passe la porte et retrouve le salon se j'avait vu la dernière fois, bien plus rempli et bruyant désormais. Mathieu est assis à la table et discute avec une jeune fille que je ne connais pas, mais il s'interrompt dès qu'il me voit.

"Lucie ! Tu es venue ! Trop cool !

- Salut ! C'était aussi gentil de penser à m'inviter !

-Bah ouais, fallait bien te remercier ! Regarde, nos dessins sont sur l'armoire !"

Je m'approche des deux cadres dans lesquels je reconnais effectivement les œuvres de la dernière fois, toujours aussi éblouie par le talent du garçon.

Une voix m'interpelle et me coupe dans ma contemplation :

"Alors c'est vous Lucie ? Ravie de vous rencontrer !"

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Bonjour bonjour, oui je suis en retard mais vous avez l'habitude maintenant !

Bon, en vrai j'étais pas sensée poster aussi tard ni couper là, mais en fait j'ai 900 mots de près depuis la fin du dernier chapitre, mais ça coupait en plein milieu. Et j'ai coupé à cet endroit parce que sinon ça allait être trois fois trop long et sortir dans six ans.

Sur ce, à plus tard !

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