Chapitre n°3

Au village, dans le pub animé où les habitants se rassemblaient souvent pour discuter des nouvelles du jour, Hajoon se trouvait assis à une table sombre, entouré de quelques-uns de ses amis. Il ne cessait de se plaindre depuis plusieurs jours du rejet de ses avances par Jin, considéré comme le plus bel homme du monde.

- Comment est-ce possible ? S'exclama-t-il avec frustration. Jin m'a rejeté encore une fois ! Il a beau être magnifique, il a un cœur de glace ! Pour qui se prend-t-il ? Il ne sait pas à qui il a affaire. Personne ne résiste à Wi Hajoon !

Ses amis, habitués aux lamentations de Hajoon, échangèrent des regards amusés tout en sirotant leurs boissons. Hajoon continua à décrire avec dépit combien il était captivé par la beauté de Jin, mais aussi déçu par son manque d'intérêt.

- Je suis loin d'être le seul à avoir succombé à ses charmes. Peut-être suis-je trop parfait pour lui ? Peut-être que cela l'effraye ? Conclut-il avec un soupir résigné, alors que ses amis essayaient de le consoler avec des encouragements et des taquineries amicales.

Certains hochèrent la tête avec empathie, d'autres esquissèrent des sourires compatissants tout en lançant des plaisanteries taquines.

- Tu sais bien que Jin est pratiquement hors de portée pour la plupart d'entre nous. Peut-être qu'il a ses propres critères bien spécifiques, suggéra l'un de ses amis, tentant de détendre l'atmosphère.

- Abandonne ! Ça fait combien de fois maintenant ? Dit un autre ami en riant doucement.

- Jamais ! Jin sera à moi ! Je n'ai jamais raté ma proie. Renvoyé ! Rejeté ! Humilié publiquement ! Je ne peux pas tolérer ça !

À la table voisine, un groupe de filles observait Hajoon avec admiration, leur conversation animée tournant autour de ses prétentions et de sa déception vis-à-vis de Jin. Elles pestaient avec véhémence contre Jin pour avoir osé rejeter Hajoon, ne pouvant concevoir qu'un tel homme puisse résister à ses avances.

- Oh non, vraiment ? Jin a dit non à Hajoon ? Mais c'est fou, il est tellement beau ! Ça ne devrait pas être permis, s'exclama l'une des filles avec indignation, alors que les autres hochèrent la tête avec désapprobation.

À l'opposé de la pièce, un groupe de personnes intéressées par Jin, hommes et femmes confondus, observaient la scène avec amusement et un brin de fierté. Pour eux, voir Seokjin éconduire quelqu'un comme Hajoon était presque une confirmation de son indépendance et de son charme incontestable.

- Ça ne m'étonne pas, Jin est sélectif. Il sait ce qu'il veut, murmura un homme, déclenchant des rires discrets parmi ses amis.

- Exactement ! Hajoon ne fait pas le poids contre Jin, renchérit une femme avec un sourire en coin. C'est amusant de voir Hajoon si frustré pour une fois.

A la table de Hajoon, ses amis tentaient de lui redonner confiance.

- De quoi te plains-tu ? Ce n'est qu'un homme ! Tu as plein d'autres filles à tes pieds ! Tout le monde voudrait être dans ta peau, Hajoon. Tu es le chouchou de tout le village !

- C'est clair ! Personne ne peut nier que tu es le plus balèze du village. Tes muscles sont impressionnants ! Et cette force que tu as, c'est vraiment quelque chose ! Dit un autre avec enthousiasme, espérant peut-être changer le sujet de la conversation de Jin vers quelque chose de plus positif pour son ami.

Hajoon, d'abord surpris par ce changement de sujet, esquissa un sourire satisfait.

- Eh bien, oui, c'est vrai ! Répondit-il avec une certaine fierté mal dissimulée.

Ses autres amis hochèrent la tête en accord, ajoutant des compliments sur sa détermination et son engagement envers sa condition physique.

- Tu es le gars le plus costaud que je connaisse, Hajoon. Ne laisse pas une histoire comme celle-ci te décourager, ajouta un autre ami, levant son verre pour trinquer à leur amitié et à la force de Hajoon.

À la table voisine, un autre ami de Hajoon décida de vanter ses prouesses au lit avec un ton espiègle, faisant sourire ses amis et suscitant quelques regards amusés parmi les autres clients du pub.

- Il faut dire que Hajoon n'est pas seulement fort, mais il assure aussi au lit. Les filles, vous devriez l'avoir vu en action ! Déclara-t-il avec un clin d'œil.

Les filles assises à proximité, ayant entendu la conversation, échangèrent des regards complices et commencèrent à discuter ouvertement de leurs expériences avec Hajoon.

- Franchement, il sait vraiment ce qu'il fait, dit l'une d'elles avec un sourire coquin.

- J'ai passé une nuit incroyable avec lui il y a quelques mois. Il sait comment s'y prendre, c'est sûr ! Ajouta une autre, provoquant des rires étouffés parmi elles.

Ses amis se joignirent aux éloges avec une certaine fierté, certains faisant des gestes suggestifs pour amplifier les récits. Dans cette ambiance détendue et joviale où les mérites de Hajoon étaient célébrés, l'entrée inattendue du médecin du village fit taire momentanément les conversations. Son visage grave et préoccupé contrastait fortement avec l'atmosphère légère du pub. Kim Jun s'approcha du groupe d'hommes, cherchant visiblement de l'aide. Sa présence suscita immédiatement l'intérêt et la curiosité parmi eux.

- À l'aide ! Commença-t-il d'une voix empreinte d'urgence. Au secours !

- Jun ? S'interrogea Hajoon.

- Je vous en prie, j'ai besoin d'aide ! Il l'a enfermé dans un cachot !

- Qui ? Demanda la propriétaire qui essayait de comprendre son discours alarmé.

- Jin ! Il n'y a pas une minute à perdre !

- Doucement, Jun ! L'interrompit Hajoon en saisissant ses épaules. Qui a enfermé Jin dans un cachot ?

- Une bête ! S'écria-t-il affolé. Une bête horrible ! Monstrueuse !

Hajoon l'interrompit avec un rire méprisant, très vite suivi par les autres habitants.

- Oh, Kim Jun, sérieusement ? Se moqua-t-il, provoquant des gloussements parmi les autres villageois. Quelle histoire farfelue vas-tu encore nous raconter ? Un monstre t'a kidnappé ton fils, vraiment ?

Les rires et les chuchotements moqueurs se propagèrent dans le pub, alimentés par le scepticisme généralisé face aux histoires souvent excentriques de Kim Jun. L'homme bouleversé se sentit soudain très seul dans la pièce bondée, confronté à l'incrédulité de ceux qu'il considérait comme ses voisins et amis.

- Je vous assure, c'est la vérité ! S'exclama-t-il, sa voix tremblant d'émotion contenue. Je l'ai vu de mes propres yeux ! C'était une bête terrifiante dans un château au-delà de la forêt !

- Elle était grosse ? Se moqua l'un d'eux en surplombant le médecin de sa grande taille.

- Énorme ! Répondit-il avec sérieux.

- Avec un affreux long museau ?

- Hideux ! Confirma-t-il.

- Et des crocs acérés ? Firent-ils mine de chercher à le mordre.

- Oui ! Oui ! Vous allez m'aider ?

Les murmures sceptiques persistaient, certains villageois hochant la tête avec une condescendance amusée, d'autres échangeant des regards douteux. Hajoon, cependant, ne pouvait pas retenir sa raillerie.

- Et bien sûr, cette « bête » t'a laissé t'échapper pour venir pleurer ici. C'est pathétique, Kim Jun, lança-t-il avec un sourire narquois, provoquant un nouvel éclat de rire parmi ceux qui l'entouraient. Les monstres n'existent que dans les contes pour effrayer les enfants.

Jun, accablé par le manque de soutien et la dérision des villageois, sentit ses épaules s'affaisser sous le poids du désespoir. Il baissa les yeux, réalisant qu'il ne pourrait pas persuader ces personnes sceptiques sans preuve tangible de ce qu'il avait vu et vécu.

- Je vois que vous ne me croyez pas, murmura-t-il tristement, sa voix empreinte d'une profonde déception. Mais si quelqu'un pouvait au moins m'aider à chercher Jin...

Les autres villageois évitèrent son regard, mal à l'aise devant la détresse de Kim Jun. Wi Hajoon s'avança et aida le vieil homme à se tenir droit.

- D'accord vieillard, on va te rendre service.

- Ah oui ? Oh ! Merci ! Merci Hajoon !

- On dirait que le médecin de notre très cher village est sénile.

- Non ! Hajoon ! Je t'en prie ! Jin est en danger !

Kim Jun fut attrapé par deux hommes tandis que Hajoon s'assit pour réfléchir à la situation. Un sourire malveillant étira ses lèvres.

- Toi... Tu viens d'avoir une idée, remarqua l'un de ses amis dans un chuchotement.

Il prit soudainement conscience de l'opportunité qui se présentait à lui. L'idée de se débarrasser de Kim Jun en le faisant passer pour sénile et dément, lui ouvrit la perspective d'avoir Jin à ses côtés. Un rire sournois s'échappa de ses lèvres alors qu'il imaginait déjà les conséquences de ses actions.

- Eh bien, eh bien, Kim Jun, commença-t-il, feignant un ton de compassion. Il semble que le poids des années pèse lourd sur tes épaules. Ces histoires de monstres et de châteaux enchantés... Peut-être serait-il temps de te reposer un peu.

Les yeux de Kim Jun s'élargirent de surprise et d'inquiétude en réalisant les implications des paroles de Hajoon.

- Hajoon, que veux-tu dire ? Demanda-t-il d'une voix tremblante.

Hajoon se leva lentement de sa chaise, se rapprochant de Kim Jun avec une assurance calculée.

- Je veux dire que peut-être... Il serait sage de te faire examiner par un médecin, répondit-il avec un sourire faussement aimable. Tu comprends, pour ton propre bien-être. Tu as simplement imaginé toute cette histoire à cause de ton âge avancé... Il est peut-être temps pour toi de te retirer dans une maison de repos, où tu pourras recevoir les soins appropriés.

Kim Jun, désemparé et vulnérable, sentit la colère et la frustration monter en lui. Il savait que Hajoon utilisait la situation pour ses propres desseins, mais se sentait impuissant devant la tromperie subtile du jeune chasseur.

- Non ! Je ne suis ni fou ni sénile. Je dis la vérité.

- Faites le conduire à la maison de repos. Il semble exténué par sa fièvre.

Kim Jun, paralysé par le choc et la frustration, sentit plusieurs mains fermes se poser sur lui. Il leva les yeux pour voir plusieurs villageois, sous l'influence de Hajoon, s'approcher de lui avec une expression déterminée.

- Kim Jun, pour ton bien, nous pensons qu'il est préférable que tu viennes avec nous, déclara l'un des villageois, un homme à la carrure imposante.

- Non ! S'écria-t-il, tentant désespérément de les faire lâcher. Vous ne pouvez pas faire ça !

Hajoon, souriant avec satisfaction, se dirigea vers lui, posant une main faussement réconfortante sur son épaule.

- Jun, mon ami, commença-t-il, sa voix empreinte d'une douceur calculée. Nous devons faire ce qui est le mieux pour toi, et pour Jin, cela va de soi. Tu comprends cela, n'est-ce pas ?

Les villageois, sous l'autorité implicite de Hajoon et influencés par ses paroles trompeuses, firent un geste ferme vers Kim Jun. Ils l'entourèrent doucement, mais fermement, ignorant les protestations du médecin qui devenaient de plus en plus désespérées. Kim Jun fut emmené vers la route qui menait à la maison de repos, sous le regard silencieux mais accusateur des autres villageois. Hajoon, observant la scène avec une satisfaction dissimulée derrière un masque d'innocence, murmura pour lui-même : « Tout cela est pour ton bien, Jin. Tu comprendras un jour. »

Seokjin se trouvait seul dans la chambre sombre du château, les larmes coulant silencieusement sur ses joues. Il se sentait pris au piège, loin de son village et de son père bien-aimé. Alors qu'il pleurait amèrement, la porte grinça et s'ouvrit lentement. Dans l'encadrement, se tenait une silhouette familière mais étrangement transformée : c'était Mme Son Yejin, autrefois la gouvernante du château, désormais métamorphosée en une théière enchantée. Son cœur se serra en le voyant.

- Oh, mon cher M. Seokjin, murmura-t-elle d'une voix douce et mélodieuse qui rappelait son humanité malgré sa nouvelle forme. Ne pleurez pas, mon enfant. Je suis là pour veiller sur vous, même dans cette apparence.

Jin essuya ses larmes d'un geste rapide et tenta de sourire faiblement.

- Mme Son Yejin... C'est si difficile. Je ne sais pas comment je vais faire face à tout cela.

La théière s'approcha lentement de lui, émettant un léger tintement à chaque mouvement.

- La vie nous met parfois à l'épreuve de manières inattendues, mon cher, mais gardez espoir. Il y a toujours une lumière au bout du tunnel, même dans les moments les plus sombres.

Les paroles de Yejin apportèrent un léger apaisement à Jin. Il se sentait moins seul maintenant qu'il avait quelqu'un avec qui partager ses peines.

- Merci, Mme Son, dit-il sincèrement. Votre présence ici me donne un peu d'espoir.

La théière inclina doucement son bec en signe de gratitude.

- C'est tout ce que je désire, mon cher. Soyez fort, et rappelez-vous que vous n'êtes pas seul. La bête, malgré son apparence, a aussi un cœur qui aspire à l'amour et à la rédemption, M. Seokjin.

- Appelez-moi Jin, Mme Son.

- Dans ce cas, appelez-moi Yejin, dit-elle avec un doux sourire. Vous prendrez bien un petit thé ?

- Je t'avais bien dit qu'il était beau, maman. Murmura une petite voix cachée derrière la théière.

- C'est vrai mon chéri, confirma-t-elle en servant son thé dans la tasse qu'était devenu son fils. Vas-y Hyun. Doucement ! Sans en renverser.

Jin s'empressa de se pencher vers la petite tasse ébréchée et la récupéra avec délicatesse entre ses doigts.

- Merci, murmura-t-il avant de siroter la douceur de ce thé chaud.

- Je vais te montrer un tour, déclara le fameux « Hyun ».

Il souffla de toutes ses forces et des bulles apparurent à la surface du thé, faisant rire Jin en voyant la petite tasse, qui semblait être un jeune enfant, être sermonné par sa mère.

- Quel courage vous avez eu, mon cher ! Reprit Yejin.

- Nous le pensons tous, intervint une armoire sous la surprise du jeune homme.

- Mais j'ai perdu mon père, mes rêves, tout... Confia Jin, les yeux larmoyants.

- Rassurez-vous, mon enfant. Tout se terminera bien, vous verrez, le réconforta-t-elle. Oh ! S'exclama-t-elle soudainement. Je bavarde comme une pie et il faut préparer le souper. Hyun ?

- Bisous ! Cria la petite tasse en sautant pour rejoindre sa mère.

Jin regarda la théière et la petite tasse s'éloigner doucement de sa chambre, emportant avec elles une atmosphère de réconfort et de douceur. Malgré la tristesse de sa situation, il ne put s'empêcher de sourire devant leur charme et leur gentillesse.

- Ils sont vraiment charmants, murmura-t-il pour lui-même. Même dans leur forme enchantée, ils parviennent à apporter un peu de lumière à ce château sombre.

Il se sentait un peu mieux, un peu moins seul, sachant qu'il y avait des âmes bienveillantes comme Mme Son Yejin et les autres serviteurs transformés qui veillaient sur lui. Leur présence lui rappelait que, malgré les apparences, il y avait de l'espoir et de la bonté à découvrir ici. La porte de l'armoire s'ouvrit doucement, révélant une voix douce et polie qui s'adressa à Jin.

- Alors, qu'allez-vous porter au dîner ? Un costume cérémonial pour le dîner avec notre maître, peut-être ? Vous serez ravissant dans cet accoutrement ! Tel un prince !

Jin regarda l'armoire avec un léger soupir. Il se sentait reconnaissant pour cette attention délicate, mais une boule d'angoisse monta dans sa gorge.

- C'est très gentil à vous, mais je ne dînerai pas avec la Bête ce soir, répondit-il calmement.

L'armoire sembla surprise.

- Oh, mais pourquoi donc ? Notre maître a sûrement préparé le dîner avec soin. Ce sera délicieux !

Jin détourna le regard, sentant le poids de sa décision.

- Je suis désolé, mais je ne peux pas. Pas après tout ce qui s'est passé. Pas après ce que j'ai vu ici.

L'armoire baissa doucement ses portes comme pour donner à Jin un moment de réflexion.

- Je comprends, Cher Seokjin, reprit-elle avec compassion. Les apparences peuvent être trompeuses, mais notre maître n'est pas celui que beaucoup croient. Il a un cœur qui souffre et qui espère.

Jin hocha légèrement la tête, touché par les paroles de l'armoire.

- Peut-être que vous avez raison, mais je ne peux pas oublier ce que j'ai vu, ni la peur que j'ai ressentie.

L'horloge entra dans la chambre de Jin avec un tic-tac régulier et méticuleux.

- Bonsoir, Monsieur Kim. Le dîner est servi et le maître vous attend dans la salle à manger. Veuillez me suivre, s'il vous plaît.

Jin s'approcha lentement, le regard fixé sur Ji Changwook. Il secoua doucement la tête.

- Merci, mais je ne peux pas. Dites à la Bête que je ne viendrai pas ce soir.

L'horloge sembla surpris, ses aiguilles tremblant légèrement.

- Monsieur, je vous en prie, le maître a mis tant d'efforts pour vous accueillir ce soir. Il espère sincèrement...

Jin l'interrompit doucement, mais fermement.

- Je comprends, mais je ne peux pas. Pas maintenant.

Changwook baissa les yeux, comprenant la gravité de la situation.

- Je... Je vois, murmura-t-il avec une tristesse contenue. Je vais informer le maître de votre décision.

L'horloge fit demi-tour avec un tic-tac régulier et sortit de la chambre de Jin, laissant derrière lui une atmosphère chargée d'émotions contrariées. Il savait que la tâche qui l'attendait était difficile : annoncer à la Bête que le prisonnier avait refusé de dîner avec lui. Pendant ce temps, Jin resta seul dans sa chambre, le cœur lourd de regret et de confusion.

La salle à manger du château était un espace majestueux et somptueux, éclairé par d'imposants lustres en cristal qui pendaient du plafond voûté. Les murs étaient ornés de tapisseries anciennes représentant des scènes de chasse et de festins royaux, tandis que de grandes fenêtres laissaient entrer la lumière de la lune, projetant des reflets argentés sur les murs de pierre. Au centre de la pièce se dressait une longue table de banquet en bois massif, brillant sous le poli soigneux de nombreux siècles. Des chandeliers dorés portant des bougies créaient une ambiance chaleureuse malgré la grandeur austère de l'endroit.

Namjoon faisait les cent pas près de la table, ses yeux dorés brillant d'une lueur inquiétante. Ses griffes caressaient nerveusement le bois poli, et ses muscles puissants semblaient tendus d'une impatience contenue. Il était vêtu d'un habit sombre qui contrastait avec sa peau veloutée, mais effrayante.

- Qu'est-ce qu'il fabrique ? Gronda-t-il. Je lui ai dit de descendre ! Pourquoi n'est-il pas là ?

- Soyez patient, Sire, répondit la gouvernante. Il a perdu son père et sa liberté aujourd'hui.

- Maître, intervint Jackson. Avez-vous songé que ce jeune homme pourrait briser le sort ?

- Bien sûr ! Cria-t-il. Je ne suis pas idiot !

- Bien ! Vous tombez amoureux de lui, il tombe amoureux de vous, et le sort est brisé ! S'écria-t-il, joyeux. On redeviendra humains avant minuit !

- Ces choses prennent plus de temps, Jakcson, le contra Yejin.

- Mais la rose commence à se faner... Le maître à bientôt trente ans !

- À quoi bon ? Il est... Si beau, et moi... Regardez-moi ! Grogna Namjoon.

- Faites-lui oublier les apparences, conseilla Mme Son.

- Je ne sais pas comment, bouda-t-il.

- Rendez-vous plus présentable, Sire ! S'agaça Yejin. Redressez-vous ! Soignez vos manières ! Cessez de grogner à tout-va.

- Oui ! S'approcha le chandelier. Quand il entrera, faites-lui un sourire éclatant ! Montrez-moi ! L'incita-t-il.

La bête tenta de sourire, mais ce fut effroyable, ses dents acérées semblant prêtes à trancher la moindre proie.

- Ne l'effrayez pas ! Le sermonna Yejin.

- Faites briller votre esprit.

- Mais soyez aimable, ajouta la gouvernante.

- Complimentez-le, conseilla Jackson.

- Mais soyez sincère.

- Par-dessus tout, vous devez rester calme ! Ajoutèrent-ils en chœur, voyant la tension habiter les muscles de leur maître.

Soudain, Ji Changwook fit son entrée dans la salle à manger, ses aiguilles indiquant l'heure tardive d'une manière insistante. Namjoon tourna son regard vers lui, une lueur d'espoir mêlée d'appréhension dans ses yeux.

- Bonsoir... Maître.

- Changwook, où est-il ? Demanda Namjoon d'une voix rugueuse teintée d'urgence.

L'horloge s'inclina respectueusement.

- Maître, je... Je regrette de vous informer que... étant donné les circonstances... Monsieur Kim a refusé de dîner avec vous ce soir.

À ces mots, un frisson de rage traversa le corps de Namjoon. Ses yeux dorés s'assombrirent et une vague de frustration et de colère envahit la pièce. Il ferma les poings, ses griffes se resserrant contre sa paume, et une tension palpable emplit l'air.

- Comment ose-t-il ? Rugit-il, sa voix résonnant dans la salle. Après tout ce que j'ai fait pour lui, après tous mes efforts pour lui montrer... Il me rejette encore !

Changwook baissa la tête, sentant la tempête émotionnelle qui grondait en son prince. Il savait à quel point cette rencontre était cruciale pour son maître, une chance de briser la malédiction qui pesait sur eux tous.

- Monsieur Kim semble... Troublé, maître, essaya-t-il doucement, cherchant à apaiser la colère qui bouillonnait. Peut-être a-t-il besoin de plus de temps...

Namjoon tourna son regard furieux vers l'horloge.

- Du temps ? Sa voix résonnait d'une amertume profonde, mêlée de désespoir.

Dans un accès de rage incontrôlée, Namjoon se précipita à grands pas à travers les couloirs du château, ses griffes cliquetant sur les dalles de pierre. Arrivant devant la porte de la chambre où Jin résidait, il frappa de manière tonitruante et exigea d'une voix tonitruante : « Kim Seokjin, sors immédiatement ! Je t'attendais pour dîner ! » À l'intérieur de la chambre, Jin sursauta à l'impact retentissant sur la porte. Il sentit son cœur battre la chamade, mais resta déterminé malgré la peur qui l'envahissait.

- Je suis désolé, mais je ne peux pas, répondit-il fermement, sa voix tremblante mais résolue. Je n'ai pas faim.

La Bête grogna de frustration.

- Tu refuses encore ? Comment oses-tu me défier ainsi ? Sors, ou je... Je défonce la porte ! Menaça-t-il.

- Maître, intervint prudemment Jackson. Je peux me tromper, mais ce n'est peut-être pas le meilleur moyen de gagner son cœur.

- Je vous en prie, ajouta Changwook. Essayez d'être un gentilhomme.

- Il me rend la tâche difficile ! S'expliqua Namjoon en pointant la porte close du doigt.

- De l'amabilité, de la douceur ! Expliqua Yejin.

Après une profonde expiration, Namjoon tenta à nouveau d'une voix plus maîtrisé.

- Veux-tu venir dîner avec moi ?

- Non, répondit simplement Jin de l'autre côté.

Namjoon montra immédiatement la porte à ses serviteurs, comme pour leur signifier qu'il n'était pas le fautif dans cette mésentente.

- Suave... Gentil, commenta l'horloge, effrayée de la manière dont se déroulait les choses.

- Cela me ferait très plaisir si vous acceptiez de dîner avec moi, fit-il preuve de la plus grande politesse, vouvoyant soudainement son prisonnier.

- « S'il vous plaît », chuchota Changwook, pour lui rappeler les règles de bienséance.

- S'il vous plaît, ajouta le prince.

- Non merci, répondit une nouvelle fois Jin de sa chambre.

- Tu ne vas pas rester là-dedans ! Hurla-t-il, perdant patience.

- Si, assura Jin.

- Parfait !

Sa voix résonnait dans le couloir, emplie d'une colère contenue prête à exploser à tout moment. Sans attendre de réponse supplémentaire de Jin, Namjoon prit une décision impitoyable. D'un geste brusque, il ordonna aux domestiques de retirer le repas préparé pour Jin.

- Aucun repas pour lui ! Qu'il apprenne la conséquence de son insolence !

Les domestiques s'exécutèrent rapidement, retirant le festin de la table et désertant la salle à manger avec une lourdeur silencieuse. Namjoon resta devant la porte de Jin un instant, respirant profondément pour maîtriser sa fureur bouillonnante. La tristesse mêlée à sa colère, car au fond de son cœur, il espérait que Seokjin comprendrait un jour ce qu'il tentait désespérément de lui montrer : que derrière l'extérieur terrifiant se cachait un être qui aspirait à la rédemption et à l'amour.

Namjoon se dirigea d'un pas lourd et pressé vers l'aile ouest du château, où se trouvaient ses appartements. À mesure qu'il avançait dans les couloirs sombres et silencieux, ses pensées tourbillonnaient dans un maelström de frustration et de colère contenue. Enfin, il atteignit sa chambre, un sanctuaire privé marqué par les ravages de ses précédentes colères. Les meubles étaient renversés, les tapis déchirés, et des éclats de miroirs brisés jonchaient le sol. Les rideaux déchirés pendaient des fenêtres, laissant filtrer la lumière de la lune qui soulignait les marques de griffures sur les murs en pierre. Le prince s'arrêta au milieu du chaos qu'il avait créé, sa respiration haletante remplissant la pièce autrefois majestueuse. Il se tourna brusquement vers la rose, ses yeux dorés brillant d'une lueur sauvage alors qu'il continuait de pester contre l'impétuosité de Jin.

- Cet imbécile ! Comment ose-t-il me défier ainsi ? Rugit-il, sa voix résonnant dans l'espace vide.

Il se saisit d'une chaise renversée et la projeta contre le mur avec une force brutale, l'impact faisant trembler les fondations du château.

- Moi, un prince, l'ai invité gentiment et il refuse ? Que dois-je faire ? Le supplier ?

Les échos de sa colère retentirent dans l'aile ouest, résonnant comme un avertissement sourd pour quiconque s'aventurerait à le contrarier. Namjoon se sentait prisonnier de sa propre malédiction, piégé entre l'homme qu'il était autrefois et la bête qu'il était devenu, chaque battement de son cœur marquant le passage des années de solitude et de douleur. Malgré sa fureur, une partie de lui ressentait une profonde peine, une douleur émotionnelle qui transcendait sa forme monstrueuse. Il savait que Seokjin ne comprenait pas encore, mais il espérait toujours, d'une manière désespérée, qu'il trouverait un jour le chemin vers la lumière et vers la vérité qui les libérerait tous deux de leurs chaînes. Il attrapa le miroir magique qui se trouvait sur la table au côté de la rose qui était protégé d'une vitre, et lui ordonna de lui montrer son prisonnier.

Le miroir répondit à son commandement avec une lueur bleutée, et lentement, l'image de Jin se forma dans la surface polie. Namjoon ne put s'empêcher d'admirer la beauté tranquille de Seokjin, ses traits délicats et son regard empreint d'une sagesse au-delà de son jeune âge. Son cœur, habituellement glacé par la malédiction, s'accéléra instinctivement en voyant ce visage angélique. Il observa silencieusement le jeune homme alors que le miroir magique capturait une scène dans la chambre de Jin. À travers les vibrations de l'image, il entendit la voix apaisante de Mme Shim Hyejin, transformée en une armoire élégante par la malédiction, tentant de réconforter Jin.

- Mon Cher Seokjin, je comprends votre peine, mais il y a plus en le maître que ce que vous voyez. Il n'est pas si terrible quand on le connaît. Donnez-lui une chance, murmura Mme Shim d'une voix douce et pleine de compassion.

- Je ne tiens pas à le connaître. Je ne veux rien avoir à faire avec lui. Il s'apprêtait à laisser mourir mon père dans son cachot !

Namjoon écouta attentivement, son esprit luttant contre la rage et la douleur qui le tourmentaient depuis si longtemps. Il se souvint des jours heureux avant la malédiction, quand il était un prince respecté. Un sentiment de désespoir s'empara de lui alors qu'il réalisait à quel point tout avait changé. Une partie de lui voulait que Jin comprenne, qu'il voie au-delà de son apparence monstrueuse. Finalement, il reposa le miroir et baissa la tête.

- Je me berce d'illusions... Il ne verra jamais en moi... Qu'un monstre.

À ces mots, un nouveau pétale de la rose enchantée tomba, alourdissant encore un peu plus son cœur.

- Tout ça... Est sans espoir.

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I PURPLE YOU 💜

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