Chapitre 7 - Punition et damnation
"Mais, ce combat des ténèbres et de la lumière qui se livre malgré lui dans son cœur, jamais il ne prétend à l'élever sur un plan universel, à s'en servir pour interpréter le combat des forces qui se partagent le monde, attiré à la fois vers la damnation et vers le salut." Beguin.
Musique en médias - Keeping me alive
Mise en garde : Je tiens à rappeler que cette histoire se déroule au fin fond du Mexique, sur le domaine d'un trafiquant. Nous ne sommes pas dans une petite ville tranquille de France. La perception des choses est relativement différente dans cette histoire. Bonne lecture !
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-Papa, je débute en resserrant le drap contre moi.
Mon géniteur m'ignore, les yeux posés sur l'homme à genoux devant lui. Alhan fixe mon père droit dans les yeux et une communication silencieuse passe entre eux.
C'est comme si je n'étais pas là. Sur le seuil de la chambre, j'aperçois deux autres hommes, habillés en noir qui me filent la chair de poule.
-Je ne voulais pas trahir ta confiance, dit Alhan.
Mon père s'approche de lui relève son bras et lui donne un coup dans le visage.
Et l'homme que j'aime se laisse faire. Il baisse son regard sur le sol.
-Papa, non ! Je hurle en sortant du lit, le drap enroulé autour de mon corps.
J'ai envie de hurler, de verser toutes les larmes de mon corps. Cette nuit était si merveilleuse, j'étais si heureuse. Et mon bonheur a désormais disparu. L'homme que j'aime, celui que mon père chaperonne depuis des années, va être massacré si je ne fais rien.
Par ma faute.
Je tends ma main vers mon père mais il me lance un regard si froid que je ne bouge plus d'un centimètre. Il garde sa main armée tendue vers l'homme qui possède mon cœur et s'apprête à l'écrabouiller.
-Ma fille. Mon unique enfant. Mon trésor le plus précieux. La seule chose que tu n'avais pas le droit de souiller, hurle mon père.
Je secoue ma tête et tente de me placer entre eux.
-Il ne m'a pas souillé, papa. Tu ne comprends pas, c'est moi. C'est moi qui voulais me donner à lui. Laisse-moi t'expliquer...
Mon père retient sa respiration. Il semble si déçu de moi à cet instant, mais surtout il ne veut pas m'écouter. Il ne me croit pas. Ou alors il se moque de mes piteuses excuses.
-Écarte-toi, Eden. Immédiatement.
Je secoue une nouvelle fois la tête. Je ne peux pas le laisser tuer Alhan. Mon père est un homme impulsif, je suis sûre qu'il regretterai par le Futur.
Alhan ne bouge toujours pas. Putain ! Mais relève-toi !!
Il ne fait rien pour se défendre, comme s'il se sentait coupable et voulait assumer les conséquences de son erreur.
Lève-toi, je le supplie mentalement.
-Il t'a forcé ? Me demande ensuite mon père.
-Non ! Je le voulais autant qu'il me voulait.
Une grande inspiration de mon père qui ne semble pas me croire. Il se tourne vers l'un de ses hommes.
-Écartez-la.
Je gigote, je ne veux pas qu'on me touche, mais l'homme est beaucoup plus fort que moi. Il me maintient en place et je ne peux qu'observer la scène en face de moi, impuissante.
Nous ne sommes pas dans un monde normal, avec un père normal qui aurait surpris sa fille avec un homme plus âgé. Nous sommes au fin fond de la Colombie, dans le domaine de Juan sentoro qu'il dirige d'une main de fer.
La normalité n'a pas sa place ici.
-Je t'ai accordé ma confiance, continue mon père. Je t'ai recueilli comme un fils.
-Je ne voulais pas te trahir, Juan, répète Alhan. Je l'ai fait. J'assumerai mes actes.
-Papa, je pleure désormais.
Mais mon géniteur ne m'écoute plus. Il ordonne au deuxième homme de redresser Alhan.
-Tu m'as trahi. Et tu vas le payer.
Alors il passe près de moi pour quitter la pièce et ordonne à l'homme qui me retient :
-Enferme-la.
Je prends conscience de ses mots tandis que l'autre homme emmène Alhan sans que ce dernier ne se débatte.
-Papa ! Je hurle dans son dos. Ne fais pas ça ! Je t'en prie ! Alhan ! Alhan !!
Je hurle, et hurle encore. Je me débats et essaye de me libérer du garde. Mais mon père disparaît de ma vue. Et je sais parfaitement où il emmène Alhan... à l'arrière du domaine.
Après une minute, l'homme me repousse et ferme la porte devant moi.
Alhan...
Il ne s'est pas battu. Il n'a rien fait pour expliquer la situation à mon père, comme s'il savait que de toute façon, cela n'aurait rien changé.
Je frappe sur le bois massif mais c'est fermé à clés. Alors, vaincue, je l'effondre sur le sol, les joues noyés de larmes et le cœur arraché.
J'ignorais que ce n'était que le début.
Le bruit d'un grincement de porte me réveille. Roulée en boule sur le sol, la couverture autour de mon corps, j'ouvre péniblement mes yeux. Mes paupières sont douloureuses tant j'ai pleuré. Je ne me rappelle même pas m'être effondrée et endormie sur le sol. Pourtant c'est bien le cas.
La lumière du soleil pénètre dans la pièce et éclaire mon visage, seule source de lumière dans ma vie.
-Chica, murmure Angela en s'avançant vers moi.
Son visage est rempli de chagrin, ses yeux se mouillent presque quand elle découvre dans quel état je suis. Depuis combien de temps suis-je ici ? Depuis combien de temps mon père m'a enfermé dans la chambre d'Alhan, pendant qu'il transportait ce dernier à l'arrière du domaine ?
Angela m'aide à me relever et son odeur de roses fraichement coupées m'emplit les narines. Elle a toujours eu cette odeur et à cet instant ça agit comme un tranquillisant sur moi.
-Angela, ma voix est rauque tant j'ai pleuré, où est-ce qu'il l'a emmené ?
Elle ne me répond pas, mais elle n'a pas besoin.
-Dis-moi qu'il ne va pas le tuer, je murmure en sentant mes lèvres trembler. Je suis la seule coupable, je suis la seule à blâmer. Je dois parler à mon père.
Angela m'aide à enfiler un tee shirt noir et un pantalon de yoga gris, ne me répondant toujours pas, comme si elle avait peur de le faire. Je me moque qu'elle me voit nue, je me moque de tout à cet instant, sauf des conséquences de mes actes.
Je n'ai pas réfléchi, et je suis dans un putain de bordel.
L'appréhension et la peur me tordent le ventre. J'ai enfreint l'une des principales règles de mon père, mais je reste sa fille. Tandis que celui qu'il considère comme son fils adoptif lui, a trahi sa confiance en prenant ma virginité.
Pourquoi, pourquoi ai-je poussé Alhan a bout ? Et pourquoi cet enfoiré ne se défendait pas face à mon père ? !
Je tiens à peine debout quand Angela m'aide à me relever, une expression maternelle sur le visage.
-Tu dois manger quelque chose, chica, elle murmure en passant son index sur ma joue glacée. Tu es trop faible.
Oui. Je suis faible. Mais pas à cause de la nourriture. J'ai succombé aux sentiments que je nourrissais depuis des années pour Alhan. C'est lui, ma plus grande faiblesse. Et hier soir, j'ai été la sienne.
-Je dois parler à mon père, je répète, je dois lui expliquer.
Je dois lui faire comprendre que j'aime Alhan. Je dois lui faire comprendre qu'il ne m'a pas forcé. Je dois lui faire comprendre qu'il ne doit pas lui faire mal.
Angela secoue sa tête.
-Ton père n'est pas dans la maison.
Je passe près d'elle, la laisse derrière moi et descends en courant les marches des escaliers.
-Papa ! je l'appelle dans le hall, mais seul le silence me répond.
Je m'avance vers la porte d'entrée et découvre qu'elle est verrouillée. La peur me tord un peu plus le ventre.
Être la fille d'un trafiquant n'est pas sans conséquences, et je commence peu à peu à en découvrir de nouvelles.
Je tire sur la poignée mais elle ne bouge toujours pas. Angela descend les marches derrière moi, se tortillant les mains.
-Tu as les clés ? je l'interpelle.
Elle secoue la tête et je la crois, car je sais qu'elle ne me mentirait pas. Elle désigne du regard un homme qui se tient à mes côtés dans le hall, un homme que je n'avais pas remarqué au départ. C'est l'enfoiré qui m'a enfermé à clés hier soir. Je m'avance vers lui et frappe durement son épaule.
-Ouvre cette porte ! je hurle.
Il reçoit mon coup sans broncher. Il se tient droit, les mains croisées dans le dos. Il n'a aucune arme sur lui.
-Ton père n'est pas dans la maison, répète Angela dans mon dos.
-Alors je dois sortir ! je hurle en retour. Vous ne comprenez pas, je dois lui parler avant qu'il...Avant qu'il...
Je n'arrive pas à finir ma phrase. J'essuie rageusement une larme qui coule sur ma joue avant de rabattre mes satanés cheveux dans mon dos.
-Je dois le trouver, je murmure pour moi-même. Il va faire du mal à Alhan.
Angela s'approche de moi, doucement, calmement. Comme si j'étais en plein crise d'hystérie et qu'elle ne savait pas comment réagir.
-Il va lui faire du mal, hein ? ma voix se craquèle.
Je renifle comme une enfant et j'ai l'impression de me retrouver des années en arrière. L'amour que j'ai pour mon père est totalement enseveli sous une montagne de rage à cet instant.
-Oui, me répond Angela dans un chuchotement. Il va lui faire du mal.
Mon cœur se retrouve piétiné par un millier de pieds. La douleur est atroce, et pourtant je ne peux rien faire pour lutter contre elle. J'ai succombé au désir qui me dévorait depuis des années. Je dois aujourd'hui en payer les conséquences.
Trois jours plus tard
Je suis enfermée dans ma propre maison. Mon père n'est pas revenu depuis trois jours. Et Alhan non plus.
Et ça me tue.
Lorsque j'ai essayé de briser une fenêtre, ne me préoccupant pas de me faire du mal, l'homme qui me chaperonne depuis ces trois derniers jours m'a écarté de force, imperturbable face à mes pauvres coups et hurlements. Louna n'a pas été autorisée à mettre un pied ici.
Si ça se trouve, Alhan est mort et je n'en sais rien.
Je me laisse tomber devant mon lit et enroule mes bras autour de mes genoux que je relève contre ma poitrine.
La culpabilité me dévore l'intérieur de la poitrine.
Être la fille d'un homme aussi dangereux et impitoyable que Juan Sentoro n'est pas un rêve, loin de là. A cet instant, je hais mon père pour ce qu'il est sans doute en train de faire à un homme innocent qui a succombé au désir qui le dévorait lui aussi.
On frappe à la porte de ma chambre, je sais que c'est encore Angela qui veut m'apporter à manger. Mais je n'ai pas faim. J'ai juste envie de vomir. Je veux simplement fermer les yeux et me réveiller de ce cauchemar. Je veux que tout redevienne comme avant.
Non, je me mens à moi-même. La vérité, c'est que j'étouffe.
Je ne suis qu'un oiseau privé d'ailes, enfermé dans une cage dorée sans issue.
Je veux me barrer d'ici.
Angela ouvre doucement ma porte mais je garde mes yeux posés sur mes genoux.
-Je n'ai pas faim, je lâche dans un soupire.
Elle me regarde toujours avec cette expression mêlant tristesse et inquiétude. Elle n'a pas le temps d'ouvrir sa bouche que j'entends la porte d'entrée claquer dans un bruit sourd. J'inspire profondément, me redresse précipitamment et quitte la pièce.
-Chica, murmure Angela, fais attention.
J'ignore sa mise en garde et descends les escaliers. J'arrive dans le hall.
Et en voyant ce qui s'y trouve, une soudaine envie de vomir me prend.
-Oh mon dieu...
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Suite dans le prochain chapitre !
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A très vite, Anita <3
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