Chapitre 5 - Frôler l'interdit
"Un mensonge, c'est comme une éjaculation. Facile à sortir mais difficile à avaler".
Musique en médias - « Let me get me »
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Louna, la fille d'Angela, m'a prêté une robe. Ça fait bizarre, de me voir aussi apprêtée. Elle est plus grande que moi, et je suis plus fine. Le tissu en soie blanche me moule comme une seconde peau. Ça fait ressortir ma peau mate et mes cheveux noirs qui ondulent dans mon dos.
Je ne me sens pas très à l'aise et mon amie semble le remarquer. Elle s'approche de moi près du grand miroir accroché au mur de ma chambre.
-Arrête de te tortiller comme un ver, Eden. T'es grave sexy.
J'avale difficilement ma salive en m'observant dans le miroir... Les fines bretelles, ma petite poitrine mise en valeur. Je ne me trouve pas "sexy".
-Je ne veux pas être sexy, je murmure. Je veux juste être...Moi.
Louna me tourne vers elle, ses yeux verts accrochant mon regard noisette.
-Tu es une Sentoro. C'est de famille, d'être des bombes sexuelles.
Je retiens une grimace en comprenant ce qu'elle est en train de me dire.
-Ne me dis pas que tu fantasmes secrètement sur mon père.
Elle rigole et passe près de moi pour récupérer ses chaussures qu'elle avait enlevé.
-Ton père est très sexy, mais j'ai trop de respect pour lui...Non, en réalité, je parlais d'Alhan.
Je me tourne vers elle, les sourcils froncés.
-Alhan n'est pas un Sentoro. Il n'est pas mon frère.
Louna termine de mettre ses sandales et se redresse.
-Non, je sais bien que vous ne partagez pas le même sang, et tout ça. Mais...Enfin, c'est évident. Il va remplacer ton père un jour. Il est comme un fils pour lui. Tu deviendras sa soeur.
Comme un fils pour lui.
Sa soeur.
J'avale une nouvelle fois difficilement ma salive en essayant de ralentir les battements de mon cœur.
Bien sûr qu'il va le remplacer un jour.
-Tu va bien ? me demande mon amie.
Je hoche la tête sans la regarder.
Non. Rien ne va.
Louna ne sait pas les sentiments que je ressens pour Alhan. Elle ne sait pas que la haine que je ressens pour lui est contrebalancée par cet amour interdit qui me dévore depuis des années.
Et je ne lui dirai rien.
Je fais confiance à Louna. Mais si un jour mon père apprenait ce que je ressens vraiment...Fils adoptif ou non, il mettrait à genoux Alhan avant de lui tirer une balle dans la tête.
Je dois étouffer ce que je ressens, comme je l'ai fait ces dernières années.
-Oui, je réponds enfin. Tout va bien.
********
La musique et les rires des invités m'accueillent tandis que je descends les escaliers. J'aurai peut-être dû porter des talons. Mais impossible si je veux rester droite sans glisser. Alors j'ai mis de simples sandales plates.
Tandis que je descends les dernières marches, j'aperçois mon père en train de discuter avec un hispanique et une grande blonde magnifique.
Il y a beaucoup de monde, ce qui commence à me stresser. Bien sûr, je vais parfois en ville mais je ne me retrouve jamais dans des endroits aussi bondés.
Est-ce que tous ces gens sont des amis de papa ? Comment peut-on avoir autant d'amis dans sa vie et faire confiance à tout ce monde ?
Mon père se tourne vers moi et ses yeux s'illuminent en me découvrant.
-Ma chérie, il s'approche de moi en oubliant tous les autres convives. Tu es éblouissante, mi cielo.
Mon paradis, mon Ange.
Il se penche pour m'embrasser le front et je ferme les yeux en respirant son parfum. Mon père fait des choses affreuses que je n'imagine même pas, je le sais.
Mais il m'aime d'un amour pur et sans limites. Je sais qu'il est loin d'être parfait...Mais c'est mon père.
-Encore bon anniversaire, je murmure.
Il me sourit tendrement, ses yeux si semblables aux miens paraissent remplis de joie.
-Ma chère, vous êtes magnifique, s'exclama la sublime blonde de tout à l'heure en s'approchant de moi. Je suis Charlaine, une relation d'affaires de votre père.
Son accent est beaucoup plus poussé, elle n'est pas originaire du pays. Ainsi, ce n'est pas vraiment une amie de papa. Mais qui sont donc tous ces gens ?
-Je suis Eden, je réponds simplement.
Mon ventre se met à gargouiller et je me tourne discrètement pour savoir s'il y a à manger dans le coin. Je suis sure qu'Angela a préparé pleins de choses que je vais pouvoir dévorer.
Je commence à m'éloigner mais papa me retient une seconde :
-Ne t'éloigne pas trop ou préviens un garde qui t'accompagnera, d'accord ?
Je fronce les sourcils.
-Papa. Je suis à la maison et tu connais ces gens. Il n'y a pas de danger.
Il ne m'écoute pas. Il continue de me fixer et je finis par hocher la tête, mécontente. Ça ne sert à rien de discuter maintenant.
Je le contourne et m'avance dans le grand salon. Je vois que certaines personnes se demandent qui je suis mais je les ignore également.
J'ai faim.
En fait, c'est nul ces soirées. Je pensais que ça allait être bien, au fond de moi. Mais les gens se regardent tous comme s'ils se jaugeaient en silence. Ils s'affrontent presque du regard alors qu'ils sont censés être amis.
Ou alors je me trompe totalement.
Je sens certains regards sur moi, sur mon corps et je n'aime pas ça. Je déteste être l'attraction principale. Mais je me détends en découvrant en immense buffet à quelques mètres.
-Espléndido.
Magnifique.
Je récupère un morceau de toast avec ce qui semble être du guacamole dessus. L'odeur me fait presque saliver. A la première bouchée, je reconnais la recette spéciale d'Angela. Demain, il faudra que je la félicite .
Je jette un œil à mon père qui me tourne désormais le dos et récupère une coupe de champagne.
Pas vue...Pas prise, comme on dit.
La première gorgée pétille dans ma gorge. Oh, j'ai déjà bu de l'alcool. En fait, Louna est très douée pour récupérer des joints et de l'alcool quand on va en ville. Mais ce champagne est un délice.
Une ombre s'avance vers moi. Je relève mes yeux et découvre un grand type agé d'une vingtaine d'années qui me sourit doucement en se dressant devant moi. La première chose que je pense, c'est qu'il porte un nœud papillon qui a l'air de l'étouffer. Ses cheveux châtain clair sont parfaitement coiffés sur les côtés.
-Quand je vous ai vu au loin, j'ai cru que vous étiez un ange, il commence avec un mauvais accent espagnol.
Je me retiens de lever les yeux au ciel face à cette technique de drague.
-Je crains que la réciproque ne soit possible, je hausse les épaules en répondant innocemment.
Je reprends une gorgée de champagne. Punaise, je l'ai déjà fini ? Argh, les bonnes choses disparaissent bien trop vite.
Le type ne semble pas atteint face à ma remarque et me tend une main :
-Je suis Jay, et vous êtes ?
J'ouvre ma bouche avec l'intention de lui répondre, mais une voix grave claque dans mon dos :
-Elle est hors de portée.
Je fronce les sourcils en reconnaissant parfaitement la voix qui vient de me couper. Alhan se tient désormais près de moi. Pas de nœud de papillon. Pas de veste. Juste une chemise blanche aux manches retroussées qui laissent apercevoir ses avants bras musclés et halés recouverts d'encre noire.
-Mais pour qui tu te prends ? je m'exclame tout bas.
Il m'ignore, il continue de fixer Jay jusqu'à ce que ce dernier perte toute contenance.
-Je suppose que l'on se croisera dans le bureau de votre père dans quelques heures, continue Jay.
Alhan fait un pas dans sa direction.
-J'ai dit, elle est hors de portée, alors circule, ordonne Alhan.
Le type lui obéit, à moitié en train de faire dans son froc. Non mais je rêve ! Je pose ma coupe sur le buffet et me retient de frapper Alhan de toutes mes forces.
-T'es vraiment un enfoiré, bordel !
-Retiens tes mots, pequeña, ou je risque de m'énerver.
Je presse mon index contre son torse.
-Je ne suis pas une gamine. J'ai 18 ans, et tu pourras dire à mon père que je parle à qui je veux, sinon il avait qu'à me consigner dans ma chambre, comme à son habitude !
Alhan m'observe entre ses paupières mis clauses. Ses cheveux sombres sont dégagés en arrière, dévoilant un peu plus ses traits anguleux et son regard clair. Il parait encore plus dangereux, plus létal.
-Crois moi, je sais que tu es une adulte. Mais tu restes une gamine, à mes yeux. Et je viens de sauver ton petit cul.
Je redresse mon menton, ne voulant lui montrer que ses mots me blessent.
-Me sauver de quoi, au juste ? D'une drague lourde ? !
Aucune réponse.
-Faisons comme ses derniers mois, Alhan. Ignore-moi. Me concernant, tu n'existes même pas.
Et je le laisse là.
*********
Mon père m'appelle quelques minutes plus tard. Les deux hommes à ses côtés me regardent avec des yeux de rapace.
Je n'aime pas ça. Ça me met mal à l'aise.
Mon père aussi semble troublé. Il me regarde marcher et le rejoindre, la bouche pincée.
-Salut, je salue ses deux amis.
Ou peut-être que ce sont encore des relations d'affaires. Les deux types semblent un peu plus jeunes que mon père, mais ils sont bien plus âgés que moi. Mon père colle son épaule à la mienne, dans un geste protecteur. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas.
-Ainsi, voici ta fille, mon ami, débute le type aux yeux noirs.
Il me sourit et tend la main dans ma direction, dans une salutation silencieuse.
-Tu nous avais caché la beauté qu'elle était.
Je ne bouche pas mes mains, les gardant près de mon corps. Je me moque d'avoir l'air insultante.
Je n'aime pas ces types. Appelez ça l'instinct féminin.
Quelque chose se dégagent d'eux et me fou les jetons. Je me colle presque à mon père, essayant en extérieur d'avoir l'air sur de moi.
Les trois hommes parlent ensemble de choses que je ne comprends pas. Je sens un regard brûler ma nuque. A quelques mètres de là, Alhan nous observe, les poings serrés.
C'est quoi, son problème ? J'ai l'impression qu'il sait quelque chose que je ne sais pas. Il fixe mon père, puis les deux hommes à ses côtés et sa mâchoire est si serrée que j'ai l'impression qu'elle pourrait briser ses dents. Puis il me fixe quelques secondes. Je redresse un sourcil dans sa direction, incertaine.
Qu'est-ce qui se passe ici, espèce d'idiot ?
Mon père pose sa main au milieu de mon dos tandis que j'entends mon prénom dans la conversation. Je me concentre à nouveau sur les trois hommes à mes côtés. La chose que je remarque immédiatement, c'est le visage de mon père. Il n'est plus l'hôte parfait. Ses traits sont durs, son visage fermé.
J'ai loupé quelque chose.
Les deux rapaces continuent de me fixer sans un mot.
-Je pensais qu'elle assisterait à la réunion de ce soir, Juan. Ainsi vont les choses. Tu vieillis, mon ami. Il faut penser à l'avenir.
Attendez, pause.
-Heu, quelle réunion ? je demande en me tournant vers mon père.
Mais il ne me regarde pas, il garde ses yeux posés sur l'homme qui vient de lui parler et déclare :
-Je viens de changer d'avis.
Ils parlaient de moi, ou d'une autre personne ?
-Je ne reviendrai pas sur ma décision. Je vous retrouverai ce soir.
Les deux hommes n'attendent pas leur reste et s'éloignent après un dernier coup d'œil.
-Quelle réunion ? je demande une nouvelle fois à mon père en me retenant de croiser mes bras sur ma poitrine. Pour ton...Commerce ? Tu parlais de moi ? Je devais assister à une réunion ?
Il me fixe pendant de longues et interminables secondes et murmure finalement :
-Cela n'a aucune importance, mi cielo.
La dureté a quitté ses traits, il me regarde désormais avec affection et tendresse.
-Je ne veux assister à aucune réunion, je reprends. Je ne veux rien avoir affaire avec...
Putain, je ne connais qu'un pourcentage infime de ce qui se passe ici et hors de question que je mette un pied là-dedans. Mon père se redresse.
-Je ne parlais pas de toi.
Puis il se penche pour poser un baiser sur mon front. J'entends ce qu'il me dit, pourtant j'ai l'impression qu'il ment. J'ai l'impression de redevenir la gamine de 10 ans que j'étais. Je devais assister à une réunion, et mon père a changé d'avis ces dernières minutes. Je pense que c'est ça, la vérité.
-La soirée est bientôt terminée, il reprend sans me laisser le temps de l'interroger davantage. Tout redeviendra comme avant demain matin. Plus que quelques heures.
Sur ces paroles énigmatiques, il s'éloigne pour prendre un appel.
Une boule se forme dans mon estomac.
J'ai l'impression que mon père vient de changer ses plans. Il vient de m'éviter quelque chose...Mais quoi ? Est-ce qu'il voulait profiter de cette stupide soirée d'anniversaire pour m'introduire en partie dans son monde ?
Mon cul.
*******
Cette soirée n'était pas comme je m'y attendais. En fait, pour être honnête, je suis presque heureuse qu'elle soit terminée. Les invités sont tous partis. Papa est parti fumer un cigare dans son bureau avec quelques hommes.
Est-ce là la réunion dont il parlait avec ses relations tout à l'heure ? Eh bien je suis heureuse de ne pas y assister.
Alhan a disparu de la circulation.
Bien sûr, je me fiche de cette dernière nouvelle...
Je voulais aider à débarrasser les buffets, mais pour ce soir il y a trois serveurs qui ont été engagés spécialement pour ça. Alors je commence à grimper les escaliers, pressée d'aller prendre une douche brulante.
En arrivant à hauteur du 1erétage, j'entends des bruits. Un gloussement féminin. Pourtant, aucun invité n'est resté dormir. Et mise à part les chambres d'amis, il n'y a que les appartements d'Alhan à cet étage.
Je fixe le haut des escaliers, partagée entre l'envie de continuer mon chemin ou l'envie dévorante d'aller voir d'où provient le bruit. La curiosité est malheureusement mon plus grand défaut. Je quitte l'escalier et pose un pied dans le couloir. Je ne tourne pas à gauche mais à droite. Et je les vois immédiatement. Mon souffle se coupe face à la scène qui se déroule devant moi.
Ça me fait putain de mal.
Une fille, rousse, est plaquée contre le mur du couloir. Elle dévore l'oreille d'Alhan qui se tient contre elle, ses deux mains posées près de sa tête.
Va-t'en, m'ordonne ma conscience.
Mais je n'arrive pas à bouger. Je suis comme...Immobilisée sur place par une force invisible. Un désagréable sentiment me vient. Quelque chose de mauvais et de douloureux. De la...Jalousie.
Un sentiment de trahison.
Je sais qu'Alhan voit des filles. Non pas que je me sois renseignée...Enfin, il se pourrait que j'ai laissé trainer mes oreilles. Mais normalement, il ne ramène pas de fille dans la demeure principale. Ou peut-être que si, mais je ne le savais pas.
Cela ne me regarde pas...Pas vrai ?
Mais je reste là, à les observer comme une voyeuse. Se sentant surement observé, Alhan tourne la tête vers moi. Un froncement de sourcils lui vient immédiatement mais il ne fait rien de plus. Il laisse la rousse embrasser sa peau.
Son visage est si neutre. Il ne semble ressentir aucun plaisir. Est-ce qu'il savait que je les entendrais ? Est-ce qu'il a fait exprès ?
-Tu devrais retourner dans ta chambre, pequeña, il m'ordonne.
Gamine.
Le voir m'appeler comme ça, comme une vulgaire gamine, me fou un peu plus en rogne. Je repousse tout ce qui est en train de me dévorer de l'intérieur et repense à la manière dont il a fait fuir Jay tout à l'heure.
-La maison n'est pas un bordel, je crache dans sa direction.
La nana semble enfin me remarquer, elle se redresse et glousse une nouvelle fois comme une débile.
-Si tu veux recevoir une étrangère, tu dois la recevoir dans l'une des maisons à l'arrière du domaine, je continue en redressant mon menton. Vous devez partir, je continue en fixant cette fois l'inconnue.
Elle m'observe et se retient apparemment de rire. Elle se demande sans doute qui je suis. Mais maintenant que j'ai ouvert ma bouche, hors de question que je parte.
Une minute passe. Tout est désormais silencieux. J'affronte le regard clair mais pourtant rempli de ténèbres, de l'homme en face de moi. Celui que j'ai envie de frapper puis d'embrasser.
Bien sûr qu'il pense que je suis qu'une gamine. La fille de son pseudo père adoptif. Qu'il en soit ainsi.
Il se tourne finalement vers la rousse et fais un petit mouvement du menton.
-Pars.
Elle le regarde, choquée et ouvre sa bouche mais ne dit rien. Finalement, elle s'empresse de quitter les lieux, me frôlant au passage.
Alhan se redresse et j'ai l'impression que s'il le voulait, il pourrait presque me briser en deux à cet instant. Il est plus dangereux que jamais.
Trop dangereux pour moi. Mais n'est-ce pas moi, qui recherchais le danger ?
-Pourquoi tu as fait ça ? il me demande en faisant un nouveau pas dans ma direction.
J'ai envie de m'enfuir, mais je ne bouge pas.
-Œil pour œil, dent pour dent, je murmure.
Il relève un sourcil, se rappelant de sa propre scène de tout à l'heure. Il croise ses bras sur son torse.
-Tu penses avoir un quelconque pouvoir sur moi, Eden ?
Sa voix semble moqueuse.
Je ne réponds rien. Il continue de s'approcher. Désormais il n'y a plus que quelques centimètres entre nous. Son odeur, entêtante, envahit mes narines. Mon souffle s'accélère et je suis sure qu'il sait exactement l'effet qu'il a sur mon traitre de corps.
-Tu voulais que je laisse l'autre chien trainer près de toi jusqu'à ce que tu lui offres ta virginité ? il continue d'une voix glaciale.
Je retiens mon souffle et le fixe droit dans les yeux.
-Qu'est-ce que t'en sais, que je suis vierge ? !
De toute façon, ça ne le regarde pas ! Un affreux sourire irrésistible lui vient en coin de la bouche.
-Je sais tout de toi.
Je secoue ma tête.
-No-non. Tu ne me connais pas !
Il m'ignore depuis toutes ces années, je sais qu'il ne se préoccupe pas de moi. A moins que je ne me trompe.
-Ce chien ne méritait pas que tu lui donnes ta première fois.
Il se détourne après m'avoir dit ça, fait demi-tour et commence à longer le couloir pour rejoindre sa chambre.
Son visage était neutre, sa voix glaciale...Mais ses yeux. Ils n'étaient plus sans vie. Ils étaient brulants de rage. Brulants de convoitise. Exactement le même regard qu'il avait lorsqu'il m'a embrassé quand j'avais 16 ans.
Mon cerveau de refuse de réfléchir et ma bouche s'ouvre d'elle-même.
-Et toi ? je demande.
Il se stoppe d'un coup mais ne se retourne pas. Je fais un pas dans sa direction, m'enfonce un peu plus dans le couloir avant de le regretter.
-Toi, tu mériterais que je t'offre ma première fois ?
J'entends son souffle se couper. Il tourne son visage à demi vers moi.
-Ne dis pas n'importe quoi. Retourne dans ta chambre.
Je secoue ma tête même s'il ne peut pas me voir.
-Alhan, je l'appelle.
Il inspire profondément et se tourne enfin vers moi. Il gonfle ses narines, la mâchoire contractée. Ses poings se serrent et se desserrent comme s'il se retenait de faire quelque chose.
-Si je te l'offrais. Est-ce que tu le mériterais ? je murmure dans sa direction.
-Non, il finit par répondre.
-Mais je veux quand même te l'offrir, je termine dans un chuchotement.
Je sais qu'il m'a entendu. Je peux presque voir ses pupilles se dilatées. Il s'avance, agrippe mon bras et me secoue pendant quelques secondes.
-Ne dis pas n'importe quoi. Barre-toi, il m'ordonne.
Ses doigts me font mal, mais je relève la tête et continue de le regarder.
-Je veux de l'offrir, je reprends un peu plus fortement. Mais si tu ne pas veux pas, car tu ne la mérites pas...J'irai l'offrir à un des hommes à l'extérieur de la maison.Peut-être à Jay.
Sa bouche s'ouvre mais il ne dit plus rien. Il ne bouge plus d'un centimètre. Alors je tire sur mon bras et me libère de son emprise avant de lui tourner le dos. Je n'ai pas fait un pas qu'il m'agrippe une nouvelle fois et me retourne brutalement vers lui.
-Hors de question, il grogne avant de plaquer ses lèvres sur les miennes.
Ses mains plongent dans mes cheveux. Il n'est pas doux. Il est brutal. Rageur. Il me revendique sans même me demander mon avis. Je recule mon visage.
-Si tu fais ça, je le tuerai, il chuchote contre mes lèvres. Je lui briserai chaque membre.
-Mais tu as dit que ne méritais pas que je te l'offre.
Sa langue passe sur mes lèvres, m'obligeant à les ouvrir. Son gout me revient en tête. Exactement le même que dans mes souvenirs.
-Je ne le la mérite pas. Mais je la veux quand même.
Et il me tire en arrière, vers l'entrée de sa chambre.
Oh mon dieu. Je suis en train de faire une énorme connerie. Et pourtant, je me sens enfin vivante.
Je ne pense pas à mon père qui est dans son bureau au rez-de-chaussée. Je ne pense pas à Angela ni aux gardes autour de la maison. Je ne pense qu'à l'homme qui a capturé mon cœur il y a des années pour ne plus le libérer.
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Suite dans le prochain chapitre !
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A très vite, Anita <3
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