Chapitre 3 - Combat




"Le jour où la connerie est tombée du ciel, je connais beaucoup de gens qui n'avaient pas de parapluie".


Musique en médias - Novacane


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Un an plus tard.


J'ai eu 17 ans il y a quelques semaines. Un an de plus dans cette luxueuse cage qu'est ma maison.

Je mentirais si je disais que les choses n'avaient pas changé. Je reste toujours à l'écart de ce qui se déroule réellement au domaine en rapport avec l'armement, mais...je crois que papa commence à comprendre que je ne suis pas une petite chose fragile. On a eu de longues et bruyantes conversations sur ma pseudo sécurité. La meilleure façon de me protéger de dangers dont je ne connais pas le visage, c'est de savoir me défendre moi-même.

Alors il a accepté que Sorro, l'un de ses hommes, me donne des cours dans notre salle de sport. En réalité, je crois surtout qu'il détruit peu à peu chaque partie de mon corps. Mais je suppose que je serais plus douée avec de l'entrainement et que les multiples bleus sur ma peau ne seront bientôt qu'un lointain souvenir. J'ai hâte de ne plus être un vulgaire sac à patate qu'il envoit voler sur un tapis.

Je sais que papa a toute confiance en Sorro et que c'est pour ça qu'il le laisse m'approcher. Je tire sur le bas de mon débardeur, puis sur le haut de mon pantalon de yoga avant de rejoindre la salle de sport.

Je fais rouler mes épaules et regarde la pièce, mais Sorro n'est pas sur le tapis au centre de la salle. C'est bizarre, il n'est jamais en retard d'habitude.

Je bois une gorgée dans ma bouteille d'eau, la pose près du tapis et grimpe dessus, mes pieds nues reconnaissant tout de suite la matière du tissu après l'avoir martelé plusieurs fois.

Je commence à étirer ma cuisse droite. La porte de la salle s'ouvre dans mon dos.

-Ah bah enfin, t'es là ! je m'exclame en me tournant vers la porte en lâchant ma jambe.

Cependant, ce n'est pas Sorro qui se tient sur le pas de la porte. J'avale difficilement ma salive en découvrant Alhan pénétrer dans les lieux comme s'ils lui appartenaient.

La tension qui se dégage de son corps emplit la pièce et la rend presque suffocante.

Qu'est-ce qu'il fou là, ce con ?

Depuis un an, depuis « l'incident » qui s'est produit sur le balcon du deuxième étage, Alhan m'ignore presque chaque fois qu'il me voit.

Grand bien lui fasse, je m'en moque...

-Il est arrivé quelque chose à mon père ? je demande en devenant soudainement inquiète.

Je descends du tapis et fais quelques pas vers lui,  observant le tee shirt gris de sport qui moule parfaitement les muscles de son torse et le short noir de sport qui l'accompagne. Une autre pensée monte en moi, mais impossible d'y céder.

-Ton père va bien, il me répond en jetant au sol la serviette blanche qu'il tenait à la main.

Il passe près de moi en veillant surtout à ce que sa peau ne frôle pas la mienne.

-Où est Sorro ? je redemande. Attends, mais qu'est-ce que tu fous ? ! je m'exclame en le voyant retirer ses chaussures et monter sur le tapis.

Il y a quelque chose de viril à le voir pieds nus sur ce tapis. Mais qu'est-ce que tu fous, Eden ? Arrête d'être stupide, pauvre fille, me réprimande ma conscience.

-Sorro a perdu la confiance de ton père, déclare Alhan. Tu ne le reverras plus jamais. Je m'occupe de toi, aujourd'hui.

Je sais parfaitement ce qu'il veut dire. Si Sorro a perdu la confiance de mon père et que je ne le reverrai plus...

-Est-ce qu'il est mort ? je murmure en ignorant la seconde partie de sa phrase.

J'ai bien vite compris ce que faisais mon père aux personnes qui trahissaient sa confiance ; Devant moi, il reste l'homme joyeux et tendre que je connais depuis toujours. Mais Juan Sentoro est l'un des hommes les plus dangereux de Colombie. J'ignore ce qu'à fait Sorro...Mais je l'appréciais. Il était toujours gentil avec moi.

Je pense que c'était un homme bon.

-Viens, m'ordonne Alhan en ignorant ma question.

Il fait rouler ses épaules et se place au milieu du tapis, me regardant et me jaugeant comme si j'étais sa prochaine proie...Ou son prochain repas.

-Si tu ne viens pas, c'est moi qui viens te chercher, il me menace.

Sa voix est encore plus grave au fil du temps. Ce n'est plus du tout le gamin de 18 ans qui avait atterri dans notre domaine. C'est un homme, un vrai. Et bien que j'essaye désespérément d'oublier l'incident qui s'est produit entre nous l'année dernière, me retrouver seule avec lui n'est pas la meilleure chose à faire.

Trop dangereux.

-Aller, sa voix sonne comme un ordre.

Je plisse mes yeux dans sa direction et m'avance sur le tapis. Je pose mon pied droit dessus, n'aimant pas son ton provocateur.

-Je ne suis pas l'un de tes gars, je lui crache. Ne me parle pas comme un chien.

-Les chiennes aiment être caressées docilement. N'est-ce pas ton cas ?

Ma machoire tente de se décrocher. Il est en train de me provoquer exprès. Je devrais l'ignorer royalement...

J'observe les nombreux tatouages qui recouvrent désormais sa peau halée. Mes yeux se posent sur les symboles encrés sur la peau de son cou, ceux la mêmes qui disparaissent sous son tee shirt pour réapparaitre sur ses bras.

-Tu m'ignores, puis tu te ramènes et m'insultes en pensant que je vais trembler comme une petite chose fragile ? je rigole doucement. Tu obéis au doigt et à l'œil de mon père...

J'observe les alentours, comme si je cherchais quelque chose.

-Hum, je reprends. La seule chienne que je vois dans cette pièce, Alhan...Elle est en face de moi.

Une mèche de cheveu brun tombe sur son front. Il la rabat en arrière avant de poser ses yeux bleus sur l'ensemble de mon corps. Mon insulte ne l'atteint pas, au contraire ça semble le divertir.

-Tu es détestable, je termine dans sa direction.

-Je ne suis pas là pour te plaire, pequeña.

Petite. Gamine.

Je sais qu'il fait exprès de m'appeler comme ça pour me faire sortir de mes gonds et que je l'attaque. Et ça fonctionne.

Pensant qu'il ne s'y attend pas, j'envoie mon poing dans sa direction. Il esquive aisément et relève l'un de ses sourcils noirs.

-Quoi, tu cherches à me caresser ? !

Je me tourne vers lui et envoie encore un nouveau coup dans sa direction. Sa main droite frappe mon poing en plein vol.

Je retiens une grimace et un éclair de douleur m'envahit.

Oh, il ne va pas me ménager.

-T'es faible.

-T'es censé m'apprendre à me battre, pas en profiter pour me faire mal, espèce de débile.

La seconde suivante, il balaye mes deux pieds à une vitesse fulgurante. Je me retrouve sur le sol, mon dos heurtant le tapis avec brusquerie. Le choc me fait couper la respiration.

-Je ne suis pas là pour te ménager, Eden. J'ai autre chose à faire alors ne me fais pas perdre mon temps.

-J'ai pas besoin de toi, je crâche. Retourne à ce que tu sais faire le mieux et continuons de nous ignorer.

Il se penche vers moi et me tend sa main. Profitant de son geste, j'agrippe son poignet le tire à moi pour le déséquilibrer. Pendant qu'il perd l'équilibre, je tire un peu plus et enroulent mes deux jambes autour de son avant bras pour le tirer un peu plus et le bloquer.

Toute ma colère ressort.

Alhan lâche un bruit sourd en tombant à genoux près de moi. Je suis à deux doigts de l'immobiliser, il faut juste qu'il tombe au sol ! Mais sa force est supérieure à la mienne. Il tire brusquement sur son bras avant de me repousser brusquement et de se révéler.

Je me redresse à mon tour, haletante.

Ses yeux ne sont plus remplis de colère, mais d'amusement.

-Pas mal. Tu aurais dû agir plus vite et tu aurais eu une chance de me faire tomber.

Je passe mon bras sur mon front en sueur.

-Laisse-moi quelques minutes et je te jure que je vais t'exploser sur le sol.

Pour la première fois depuis des mois, Alhan me répond pas un sourire avant de pencher sa tête sur le côté, m'analysant sous ses paupières mi clauses.

Pendant les minutes suivantes, j'essaye vainement de le faire tomber au sol, mais il est trop lourd. Je me rappelle les conseils de Sorro. Je dois le déséquilibrer.

Le sueur goutte entre ma poitrine. Alhan aussi transpire, son tee shirt gris se mouille ici et là. Je sais qu'il pourrait m'écraser au sol en quelques secondes, mais il me laisse essayer de le battre, se contentant de me repousser comme si j'étais un vulgaire papillon.

Je lance mon poing dans sa direction, comme si j'allais le frapper en plein visage. Tandis qu'il s'arrête à arrêter mon bras, je stoppe mon mouvement, me décale de quelques centimètres et balaye son pied droit. Il reste debout mais ne voit pas ma prochaine ataque venir alors je balaye à son tour son pied gauche. 

Aie...

-Bordel, il crache dans ma direction en sentant ses jambes lâcher. 

Tandis qu'il tombe en arrière, Alhan agrippe mon bras et m'entraine dans sa chute. Son dos claque sur le sol et je suis sa trajectoire. Je tombe sur lui, mes genoux de part et d'autre de son torse. Je tire mon bras pour qu'il me lâche et me penche vers lui pour presser mon avant-bras contre son cou. Je sens sa pomme d'Adam et presse un peu plus mon avant-bras contre sa peau recouverte de tatouage.

Je vois un soupçon de surprise puis de fierté dans son regard.

C'est quoi le délire ? Il m'ignore pendant des mois pour revenir comme une fleur et me taquiner ? Je sais que c'est mon père qui l'a envoyé et qu'il n'a donc pas eu le choix. Mais je n'aime pas son soudain changement d'humeur, ça me destabilise.

-Enfin, il murmure avec une lueur étrange dans le regard, j'ai bien cru que ton cas était désespéré.

Je relève un sourcil en me penchant un peu plus au-dessus de lui.

-C'est toi qui es allongé au sol, je te signale.

Sa main droite essaye de chopper mon bras libre mais je bouge mes hanches de quelques centimètres pour qu'il ne m'attrape pas. Seulement, j'oubliais que j'étais à cheval sur son bassin. En bougeant, le mien entre directement en contact avec le sien.

Je retiens ma respiration en sentant son érection grossir sous moi.

Qu'est-ce que... ?

Je n'ai pas le temps de réfléchir à ce que je viens de sentir. L'instant suivant, c'est moi qui suis plaquée sur le sol, Alhan est presque entièrement allongé sur moi pour m'immobiliser.

-Putain, je crache en tirant sur mes poignets.

Mais ils sont désormais prisonniers dans sa main droite et maintenus au-dessus de ma tête. J'essaye de gigoter, en vain. Alors je prends appuie sur mes pieds et relève mon bassin.

Nouveau coup de jus. Je rencontre une nouvelle fois son bassin plaqué sur le mien.

Oh mon dieu.

Alhan semble aussi s'en rendre compte. Me retenant prisonnière, il n'actionne plus le moindre mouvement, au-dessus de moi. Il se contente de me fixer, droit dans les yeux. Nos respirations sont erratiques, l'air rentre difficilement dans nos poumons. Mes seins sont pressés sur son torse et je ne peux pas bouger d'un centimètre.

Il est trop lourd et trop fort. Il m'a pris entre ses filets et je n'ai plus aucun moyen de défense. Mais je ne sais pas si j'ai vraiment envie de m'éloigner à cet instant.

Mes yeux se posent sur sa bouche.

-Ne m'embrasse pas, Eden.

Je passe ma langue sur ma lèvre inférieure.

-C'est toi qui m'as embrassé le dernier, Alhan, je chuchote.

Il semble se repasser un souvenir dans sa tête.

Il ne répond rien, observant mon visage dans les moins détails. Son corps est brulant contre le mien, c'est presque...Insupportablement bon. Mais je m'oblige à rester concentrée.

-Ne m'embrasses pas, Alhan, je lui renvoie ses propres paroles. Tu ne mérites pas mes lèvres.

Il s'apprête à répondre quelque chose mais nous entendons la porte de la salle de sport s'ouvrir. Alhan me relâche soudainement et se redresse, sans me tendre la main cette fois. Libérée, je reprends ma respiration et me redresse à mon tour.

Mon père se tient près de l'entrée, un air fier sur le visage en voyant nos deux corps transpirants.

-J'espère que tu as placé plusieurs coups douloureux, ma chérie.

Je rabats mes longues mèches noires derrières mes oreilles.

-Je l'ai fait tomber au sol comme si c'était un vulgaire gosse, je lui réponds en redressant mon menton.

Bon, je me suis à moitié défoncé le pied par la même occasion.

Mon père relève ses sourcils en regardant Alhan. Ce dernier hoche plusieurs fois sa tête comme pour confirmer en partie ses dires. Tandis que mon père me félicite, mon attention reste braquée sur le grand brun qui récupère la bouteille d'eau près de la porte d'entrée sur le sol.

Celle la même dans laquelle j'ai bu il y a vingt minutes.

Il enlève le bouchon et, ses yeux plongés dans les miens, il pose sa bouche sur le goulot avant de boire plusieurs gorgées.

Mon père continue de parler puis il s'adresse à lui. Je comprends rapidement que je suis désormais de trop dans la conversation. Alors je quitte la salle, plus perturbée que jamais.

Mais qu'est-ce qui vient de se passer ? !

Je ne laisserai pas cet homme me soumettre à ses humeurs. Alhan ne m'utilisera selon ses seuls désirs. Je ne serai pas l'allumette qui servira à allumer son feu. Quelque chose me dit que je serai sa foutue cigarette.... Je serai la drogue pour laquelle il sera prêt à mourir.



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Suite dans le prochain chapitre...


J'espère que ce chapitre vous a plu ? Il ne devait arriver que la semaine prochaine mais...Surprise !

N'hésitez pas à laisser un petit commentaire et à voter, c'est très encourageant et ça donne envie de publier.

Mis à part ça, j'espère que les personnages vous plaisent pour le moment et j'ai hâte que vous appreniez à vous plonger dans les péchés de certains...

J'espère aussi que ce confinement se passe bien pour vous, que vos proches vont bien.

A très vite, Anita <3

PS : Suivez moi sur Instagram : "anitarigins"

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