Chapitre 2 - Lutter




"On ne peut mourir qu'une seule fois au cours d'une bataille, mais plusieurs fois en amour".


Musique en médias - Blinding Lights- The Weeknd

N'oubliez pas de commenter et de voter ;)


*************

4 ans plus tard - Colombie 

Assise en haut des escaliers du deuxième étage, j'écoute les 6 hommes parler à mon père. Je les entends le suivre jusqu'à son bureau. Je ne sais pas exactement de quoi ils vont discuter. Mais ça concernera les armes, sans aucun doute.

Je parie que l'entrée du domaine est truffée de voitures hors de prix et d'innombrables gardes armés qui sont là si la situation dérape.

Quant à moi ? Je suis censée rester à l'étage le temps que ces putains d'enfoirés soient là. Voilà une des choses qui n'a pas changé. Je suis toujours aussi confinée, prisonnière dans ma propre maison. Pour ma sécurité.

Mon cul.

Je serais sûrement plus en sécurité si mon père arrêtait son commerce d'armes. Mais ça aussi, j'ai compris que c'était une chose qui ne changerait jamais.

Juan Sentoro est un homme important dans le monde du marché noir. Très important.

Il a de nombreux ennemis et n'hésite pas à les piétiner pour avoir encore plus de pouvoir au-delà des frontières de la Colombie.

Mais il a une faiblesse. Moi. Sa fille de 16 ans qu'il cache à l'abris, sans même se soucier de l'étouffer pour le faire. Ma protection lui est fondamentale.

Je me rappelle ce moment où il m'a avoué ce qu'il faisait réellement dans sa vie, peu après mes 13 ans. Enfin, je comprenais pourquoi des hommes habillés en noir et accompagnés de chiens rodaient autour de nous. Ils étaient là pour protéger le domaine et les bâtiments à l'arrière de notre maison. Des bâtiments liés à un commerce dangereux et pourtant lucratif. Le marché des armes.

D'abord, je n'y croyais pas. Pas que je trouvais ça pas normal. En fait, je n'ai jamais su ce qui était normal dans la vie. Les seules fois où je suis autorisée à sortir du domaine, je suis toujours accompagnée de plusieurs hommes qui me chaperonnent comme une gamine et mon temps dehors est limité.

Au début, je me sentais importante. Comme dans un conte de fées. Une princesse que l'on protégeait. Mais je me suis réveillée.

J'ai soif d'apprendre. J'ai soif de liberté.

J'ai besoin de découvrir le monde extérieur par mes propres yeux.

Je sais bien que ce n'est qu'un rêve. Qu'une illusion. Je suis coincée ici. Préservée du regard de tous. Protégée d'ennemis dont je ne connais même pas le visage.

Je plonge ma main dans la poche arrière de mon jean et en tire un joint. Je me redresse et mes pieds nus longent le couloir du deuxième étage. Je déverrouille la baie vitrée au bout du couloir, celle qui mène au balcon surplombant une partie du domaine. Je récupère mon briquet dans mon autre poche et m'empresse d'allumer mon joint.

Si Angela me découvrait en train de fumer de l'herbe, elle ferait sans doute une crise cardiaque après s'être époumonée. Je retiens un sourire en aspirant une taffe. Elle m'insulterait peut-être aussi.

Je m'adosse au mur et lève ma tête, observant le ciel étoilé. Si ma mère me regardait de là-haut, elle serait sûrement déçue elle aussi que je fume cette merde en cachette. Mais elle n'est pas là. J'ai beau regarder les photos accrochées dans la chambre de mon père, je n'arrive toujours pas à me rappeler entièrement de son visage une fois les yeux fermés.

J'étais trop jeune pour qu'elle me manque d'une manière insoutenable. Mais elle me manque. Une présence féminine me manque. Bien sûr, j'ai Angela. Et j'ai Louna, sa fille. Néanmoins, ce n'est pas pareil.

J'inspire une nouvelle fois et ferme mes yeux, uniquement bercée par le bruit du vent qui souffle dans les arbres et des aboiements des chiens. 

J'ouvre mes yeux précipitamment en entendant la porte du balcon s'ouvrir. Je n'ai pas le temps d'actionner un mouvement qu'une large main arrache le joint de mes lèvres et le balance par-dessus la rambarde du balcon.

Mes yeux noisettes tombent dans un regard un regard bleu si intense et direct que je sens mon cœur louper un battement.

Une main me saisit le bas du menton, durement. Encore une fois, je suis prisonnière.

-Qui t'a donné ce joint ?! me demande Alhan d'une voix glaciale.

Je me dégage et le repousse avant de faire un pas sur le côté.

-Ça te regarde pas.

Hors de question que je balance ma seule amie, Louna.

Alhan plisse un peu plus ses yeux dans ma direction. Il inspire profondément comme si ce geste allait le calmer, mais ce n'est pas le cas. Je sais qu'il est en colère actuellement, comme la plupart du temps à bien y réfléchir.

Tellement de colère, de haine en lui. Je me demande quand est-ce qu'elle va exploser et tout raser sur son passage.

Les années ont passé pour lui aussi. 4 ans qu'il est ici, sous la supervision de mon père qui le forme un peu plus chaque jour. Le grand brun en face de moi a gagné en épaisseur. Les traits de son visage sont si durs qu'ils semblent taillés à la serpe. Sa barbe est un peu plus longue qu'avant et recouvre le bas de son visage.

Mais ses yeux, eux, restent parfois doux. Il pense que je ne le vois pas, mais parfois...je le sens m'observer, moi et mon père. Il nous regarde et pendant quelques secondes la froideur disparait pour laisser place à ses propres souvenirs d'enfant.

Peut-être qu'il pense à son père, Stefano, qui l'a déposé ici avant de ne plus jamais revenir. Stefano est mort. Et je sais que mon père a préparé sa vengeance pendant des années, mais qu'il la laissera à Alhan.

J'ai essayé de récolter quelques informations en laissant trainer mes oreilles. Encore une chose qui n'a pas changé, ma curiosité qui me bouffe. Ainsi, j'ai appris que les ennemis de mon père ont tué ma mère, puis ont fini par tuer Stefano.

-Tu as intérêt à me dire rapidement quel homme te l'a donné, Alhan reprend un peu plus fortement.

Je n'ose pas imaginer ce qu'il ferait à ce supposé gars s'il lui mettait la main dessus, mais il se trompe. Je lève les yeux au ciel et croise mes bras sur ma poitrine. Son regard tombe une seconde dans mon décolleté avant qu'il ne se reprenne et me fixe droit dans les yeux. 

-Je l'ai volé dans le bureau de mon père il y a quelques jours, je mens sans peine.

Je me mens tellement à moi même qu'il est facile de mentir aux autres, désormais. Je commence me retourner pour rentrer dans le long couloir.

-De toute façon, t'es pas mon père et t'es encore moins mon frère, alors mêle toi de ton cul et retour voir ailleurs si j'y suis.

Je n'ai pas fait un pas que je me retrouve collée au mur extérieur. Mon dos heurte le crépit et je retiens une grimace de douleur. J'essaye de le repousser mais Alhan se colle presque à moi. Son haleine bute contre la peau tendre de mon visage. Inconsciemment, je fixe ses lèvres, puis ses yeux.

S'il savait les véritables sentiments qui m'habitent à sa vue depuis des années, Alhan reculerait comme si je l'avais brulé. Parce que ce sont des sentiments qui me sont interdits.

L'amour. La haine.

Alhan Velasco m'exaspère autant qu'il me pousse à l'aimer. Bien sur, il n'est pas et ne sera jamais au courant de mes sentiments pour lui.

J'ignore à quel moment je suis tombée amoureuse de lui alors qu'il m'insupportait.

S'il y a bien une règle que j'ai rapidement appris, c'est que je ne devais pas m'approcher des hommes travaillant pour mon père. Et surtout pas d'Alhan. Son pseudo fils adoptif.

Il est mauvais pour moi et ce sera toujours le cas.

Alors, depuis des années, je refrène la chaleur qu'il fait monter en moi à chaque fois que nous nous confrontons.

-Fais bien attention à comment tu me parles, pequeña, crois-moi tu ne veux pas m'énerver.

Son souffle s'interrompt une seconde tandis qu'il réalise dans quelle position nous sommes, moi collée au mur et lui collé à moitié à mon corps qu'il englobe presque complètement.

Je sais que c'est un homme dangereux, tout comme l'est mon père. Pourtant, à cet instant, je ne vois pas le démon qu'il est vraiment.

-Premièrement, je murmure, t'as pas le droit d'aller au deuxième étage. C'est l'aile de mon père et moi, tu dois rester au premier. Et ensuite...Tes menaces ne me font pas peur, trou du cul.

Il relève un sourcil. Sa main droite effleure ma taille tandis qu'il la pose sur le mur dans mon dos. Son autre main s'approche de mon visage. Mais il se contente de tapote mon front de son index en ignorant mon insulte.

-Je peux aller où je veux, rentre-toi ça dans la tête, Eden.

Ses yeux plongés dans les miens, la chaleur emplie à nouveau mon bas ventre. Je ne réfléchis ma une seconde et avance mon visage vers le sien. Ma bouche se plaque sur la sienne. Sa main posée au mur près de moi se forme en poing et un grognement sort de sa gorge.

Il s'éloigne brusquement, comme si mon contact venait soudainement de le bruler.

-Mais qu'est-ce que tu fais, putain ? ! il hurle.

J'inspire brusquement et me retiens de poser mes doigts sur mes lèvres brulantes et humides.

Mon dieu, je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça.

Mais c'était si bon. Mon premier baiser. Tant de chaleur.

Alhan me regarde comme s'il hésitait à me jeter par-dessus la rambarde du balcon. Son souffle est si rapide et sa mâchoire contractée.

C'est le retour de la colère. Une colère entièrement dirigée contre moi.

-Ce n'étais qu'un baiser, je murmure pour dédramatiser la situation. Je n'ai juste...pas réfléchis.

-Pas réfléchis? ! Es-tu si stupide pour agir comme ça ? !

Je redresse mon menton, blessée intérieurement. J'ignore pourquoi j'ai tenté ce stupide geste. Il était collé à moi et j'ai cru...J'ignore ce que j'ai cru. Je sais que c'était une erreur.

-Laisse-tomber, je crache en passant près de lui pour rentrer.

-Non, il s'énerve un peu plus. Tu ne comprends pas.

Ses doigts me bloquent le passage tandis qu'ils s'enroulent autour de mon poignet droit. Je m'apprête à l'insulter mais cette fois ci, c'est lui qui pose ses lèvres sur les miennes.

Quelque chose se réveille en moi, me pousse à ressentir pour la première fois ce qui se passe réellement autour de moi.

Juste une seconde. Et pourtant, un million de papillons m'envahissent et prennent leur envol dans mon bas ventre. Puis il s'éloigne la seconde suivante.

-Il ne s'est rien passé, compris ? !

Il n'attend pas ma réponse et passe le seuil du balcon avant de disparaitre de ma vue.


________

La suite dans le prochain chapitre

Comme vous l'avez compris, les premiers chapitres se dérouleront sur plusieurs années, afin de suivre le résumé et surtout de placer le contexte. Ne pensez pas que je vais trop vite. Je ne suivrai pas un schéma habituel. Faites moi confiance, laissez vous embarquer.

J'espère que ce chapitre vous a plu !

Je bosse sur plusieurs projets d'éditions, mais j'avais envie de revenir ici. J'espère que je vous ai manqué ! Ça fait du bien de revenir sur wattpad, de renouer avec la communauté qui m'a vu "naitre", si je peux le dire ainsi ! Bref, je suis toute excitée de démarrer cette nouvelle aventure à vos côtés.

Les chapitres seront publiés chaque semaine, en moyenne ! Il n'y aura pas de longueur précise, parfois ils seront courts, d'autres fois longs. Tout dépendra de mon imagination !

Suivez moi sur Instagram "anitarigins".

A très vite, Anita ❤️

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top