Chapitre 10 - La guerre ou...L'amour
"Une vraie relation est faite de deux personnes imparfaites qui refusent de renoncer à l'autre".
Musique en médias - « Midas »
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Est-ce que je suis en train d'halluciner ?
Mon cerveau me fait une foutue blague ? Mon corps refuse de bouger pendant de longues et interminables secondes.
Non. Je ne rêve pas. Alhan est bien en face de moi. Même après tant d'années...Je le reconnaitrai les yeux fermés.
Je pensais ne plus jamais croiser sa route. J'ai fui. Je pensais l'avoir oublié. Mais je me trompais. Et je ne peux plus fuir à cet instant. Il est impossible d'échapper à un homme comme lui.
Sortant de ma léthargie, j'inspire profondément et tente de m'éloigner. Sa main s'enroule autour de mon bras droit et il me fait assoir de force sur la banquette vide en face de lui.
Son action n'a pas duré plus de trois secondes. Une fois que je suis assise sur la banquette, il recule son bras pour ne plus me toucher.
J'essaye une nouvelle fois de me relever mais je vois bien qu'il est prêt à m'y empêcher. J'inspire profondément, priant pour que personne ne s'approche de nous à cet instant.
J'ai envie de le gifler et de l'insulter de tous les noms, mais c'est sans doute ce que cet enfoiré attend. Je plisse mes yeux et met toute ma haine dans ma voix en lui demandant :
-Qu'est-ce que tu fais là, enfoiré ?
Ses yeux deviennent un peu plus noir face à mon insulte.
La dernière fois que j'ai vu son visage, il était en sang. Désormais, sa peau halée est sans imperfection, si ce n'est la cicatrice sur sa joue droite mais elle est recouverte en partie par une courte barbe noire de quelques jours. En fait...A bien y regarder, son nez est légèrement cabossé, signe qu'il a été cassé.
Je ne veux pas savoir ce qui lui est arrivé, je me moque de savoir si cette cicatrice lui a été faite par mon père. Je m'en moque. Toute cette vie n'est plus la mienne.
Alhan était une partie intégrante de mon histoire. Un chapitre qui s'est terminé dans le sang et le chaos une fois qu'il m'a brisé le cœur.
-Tu sais ce que je fais ici, il me répond sans une once d'humanité dans la voix.
Sa voix est encore plus grave que dans mes souvenirs. Elle me fait peur. Je repousse tous les souvenirs qui essayent de me hanter. Son regard continue d'observer le moindre de mes faits et gestes, comme s'il était prêt à bondir sur moi au moindre faux pas. J'ai changé, moi aussi. Mes cheveux sont plus courts et m'arrivent aux épaules. Je ne suis plus aussi fine qu'avant.
Et je ne suis plus une chose fragile. Mais face à lui...J'ai l'impression d'assister à une scène de chasse.
Un prédateur face à sa proie.
Je passe ma langue sur mes lèvres puis une pensée me vient en tête.
Mon père m'a retrouvé.
Je n'imagine même pas la tempête qui doit faire rage en lui. Je fixe l'autre serveuse à l'autre bout du restaurant, dos tourné à nous. Mon boss est toujours dans la cuisine mais il ne va pas tarder à réapparaitre. Puis je repère la porte du restaurant. A quelques mètres de là.
La seule sortie.
Alhan pose son avant-bras droit sur la petite table entre nous. Mes yeux accrochent la montre luxueuse qui entoure son poignet. Ils continuent leur chemin sur la peau halée légèrement recouverte de poils noirs.
-Si tu essayes de t'enfuir, Eden, je ferais tuer chaque personne qui se trouve entre ces quatre murs.
Je ne bouge plus, entièrement glacée de l'intérieur. Je sais qu'il ne ment pas. Je vois la mort à travers ses yeux. Deux yeux vides. Mais il n'arrive pas à cacher totalement sa colère. Il est encore plus dangereux que dans mes souvenirs.
-Alors mon père m'a retrouvée, je murmure en inspirant profondément pour lutter contre la surcharge d'émotions et la panique.
Une partie de moi savait que Juan Sentoro retrouverait toujours ma trace, comme s'il sentait l'odeur de son propre sang qui coule sans mes veines.
Alhan se penche vers moi, relevant l'un de ses sourcils noirs.
-Retrouvée ?
J'entends la moquerie dans sa voix.
Il y a deux ans, j'ai cru avoir capturé une partie de son cœur. J'ai cru pendant un court instant qu'il ressentait la même chose que moi. Mais cet homme possède un cœur de pierre.
-Eden, sa voix est plus basse désormais. Depuis que tu as mis un pied en dehors du domaine, ton père savait exactement où tu te trouvais.
Ma fuite était trop facile.
Parce que ce n'était pas une fuite, murmure une petite voix mauvaise à mon oreille.
Ma mâchoire tente de se décrocher. Il ment. C'est impossible...Il chercher à se jouer de moi, j'en suis sure. J'avale difficilement ma salive, suspendue à ses mots.
-J'ai enlevé le localisateur du 4x4, j'article difficilement.
-Le 4x4 était truffé de localisateurs. Nos hommes ont suivi ta trace jusqu'à la frontière où tu t'es débarrassée de la caisse. Ils ne t'ont pas lâché d'une semelle jusqu'à hier. La véritable question, c'est comment tu as pu ne pas t'en rendre compte ?
Je ne sais pas quoi répondre à cet instant, je suis comme anesthésiée. Je pensais être libre mais en je me trompais. Je savais que ça avait été trop simple, que mon père aurait retrouvé ma trace.
-Tu ne pensais pas que Juan t'aurait laissé partir sans surveillance ? A chacun de tes pas, il avait un regard sur toi, continue Alhan. Il savait que tu souffrais, alors il t'a laissé faire, sans venir te voir. Après qu'il t'ait frappé, il s'est dit que tu avais besoin de partir. De réfléchir. De comprendre, enfin.
Alors Alhan sait exactement ce qu'il s'est passé avec mon père.
-Mais c'est terminé. Tu dois rentrer.
Je me retiens de lâcher un rire moqueur. Je ne vais pas rentrer. Il se fou le doigt dans l'œil. Je reprends, ne pouvant m'en empêcher :
-Malgré ce qui s'est passé entre nous, il t'a envoyé toi ?
La colère prend place sur son visage et il pince les lèvres :
-Il ne s'est rien passé entre nous, Eden. Juste une vulgaire erreur que j'ai oubliée.
Erreur. Toujours ce stupide mot.
L'entendre dire ça me blesse dans une partie reculée de mon être. J'ai repoussé tous les souvenirs à son propos, tous les sentiments qu'il m'inspirait. Mais l'entendre réaffirmer que je n'étais rien pour lui me fait plus de mal que je ne l'avouerai jamais.
-Pourquoi il t'a envoyé, toi ? je répète car je sens qu'il y une autre raison.
-Car il savait que j'étais celui qui arriverait à te faire revenir.
Je rigole jaune et croise mes bras sur ma poitrine.
-Il pensait que j'allais dire oui parce que c'est toi ? !
Comment a-t-il pu regagner la confiance de mon père ? Je n'imagine même pas les actes qu'il a fait. Alhan se penche vers moi, le regard noir.
-Il m'a envoyé moi car il savait que je n'hésiterais pas à te trainer par les cheveux pour te ramener. Ton caprice est terminé Eden. Ta vraie vie est sur le point de commencer.
Ma vraie vie...Non !
-Ta destinée n'est pas de servir dans un maudit restaurant. Tu te destines à quelque chose de plus grand, de plus important.
Mon souffle se coupe. Il veut m'entrainer une nouvelle fois dans ce monde ténébreux. Je secoue ma tête.
-Mon père s'est trompé. Je ne veux pas de cette destinée. J'ai choisi la liberté. Et je ne choisis pas cette vie-là.
Je passe ma langue sur mes lèvres et me pencher vers lui. Je suis aussi en colère que lui, désormais. Hors de question que je me laisse faire sans me battre.
-Je veux que tu partes et je ne veux plus jamais te revoir. Quant à mon père. Il s'est trompé. S'il veut me voir, qu'il vienne. Je ne deviendrais pas un monstre comme toi !
Mes mots rebondissent sur lui et ne semblent même pas l'atteindre. Il est sur le point de me rétorquer quelque chose mais mon enfoiré de patron sort des cuisines et me découvre assis à la table. Un air menaçant prend place sur son visage tandis qu'il s'avance vers nous.
Oh non, pas ça !
-Qu'est-ce que tu fous ? ! il crache dans ma direction sans se préoccuper de l'homme dangereux en face de moi. Tu crois que j'te paye à poser ton joli p'tit cul sur un siège ?
Mon patron tend la main pour agripper mon bras mais Alhan est plus rapide que lui. Je retiens mon souffle quand il sort discrètement un flingue de sous la table et pose le canon contre le ventre de mon patron.
-Si tu la touches, le prévient Alhan, je te tire dessus. Je te laisserai te vider de ton sang comme un porc. Tu hurleras. Tu agoniseras. Tu supplieras. Et personne ne viendra abréger tes souffrances.
Mon patron prend peur et recule sa main avant de faire demi-tour et de courir vers les cuisines comme pour se mettre à l'abris.
-Il va appeler les flics ! je crache vers Alhan.
Il est sur le point de détruire ma couverture, ma nouvelle vie, tout ce que j'ai réussi à construire ici !
-Il ne les appellera pas, Alhan me répond simplement en rangeant son flingue. Crois-moi.
Je profite de son geste pour me relever. Il lâche un soupire lasse comme si je l'exaspérais, ce qui est surement le cas.
-Dégage, Alhan. Tu ne me fais pas peur. Je ne te suivrai pas. Je ne veux plus jamais te revoir.
Je mens en partie. Une grande part de moi à peur de lui, mais je ne lui montre pas.
-Le seul moyen de me faire obéir serait de me tirer dessus, je termine avant de m'éloigner de sa table.
Je sais qu'il ne le fera pas. Je m'avance vers l'autre bout du restaurant, ignorant son regard noir et la tension qui se dégage de son corps pour envahir la pièce et la rendre étouffante.
Quelques secondes plus tard, je me tourne dans sa direction.
Il est parti.
J'ai l'impression d'avoir gagné cette partie, mais pas la guerre.
En fait...La guerre vient de commencer.
Et je ne suis pas sure d'avoir des armes suffisamment efficaces pour la gagner.
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Suite dans le prochain chapitre !
J'espère que ce chapitre vous a plu ?
Il est arrivé très rapidement. J'entre en révisions dans quelques jours. J'espère vous en poster un entre temps, sinon ça sera quand je pourrai !
A très vite. Anita ! <3
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