Chapitre 1- Rencontre
"Parfois, on rencontre quelqu'un....
Et on sait tout de suite qu'on ne veut pas passer sa vie avec".
Musique en médias - You & me
Colombie
Eden :
-Eden ? m'appelle Angela, notre gouvernante.
Je l'ignore et enjambe l'une des immenses fenêtres de la cuisine. Ne réfléchissant pas, je me laisse tomber au sol. Je retiens une grimace lorsqu'un petit caillou me rentre dans le genou. Je vais complètement tacher ma robe et Angela ne sera pas contente, mais je prends le risque !
Il est 17 heures et je sais que je n'ai pas le droit d'aller devant l'immense demeure qui nous sert de maison, mais je n'ai jamais été douée pour écouter les ordres.
De toutes façon, les règles sont faites pour être brisées.
En plus, j'ai 12 ans, bientôt je pourrai faire ce que je veux !
Mais pour l'instant, je dois m'assurer qu'Angela ne sache pas que j'ai quitté la maison dans son dos.
Différents hommes habillés en noir patrouillent dans le jardin et dans la cour arrière. Papa me dit toujours qu'ils sont là pour notre sécurité. Mais il ne veut jamais me dire de quels dangers il nous protège. Il se contente de sourire et de me dire que je grandis trop vite.
Moi, j'ai hâte de grandir !
Je longe l'aile est de la maison, priant pour qu'aucun homme ne remarque ma présence. Je suis petite et je vais vite. Angela n'arrive jamais à me rattraper quand je l'embête et qu'elle me pourchasse dans la maison. Alors peut-être que les hommes ne me rattraperont pas, mais les chiens eux...Si. Et ils me font peur.
Alors je dois être discrète. J'ai entendu papa dire à Angela qu'il attendait des invités, mais que je devais rester dans ma chambre, encore une fois. A chaque fois, il invite des gens, mais je n'ai pas le droit de les voir. Comme si j'étais son vilain petit secret.
Je m'accroupis entre deux rosiers quand un homme passe près de moi. Ses grosses boots noires crissent sur le gravier du chemin. Ouf, il ne m'a pas vu !
Je me redresse ensuite et arrive enfin vers l'entrée du domaine. Je vois papa qui passe la porte d'entrée. Comme la plupart du temps, il a son téléphone collé à l'oreille.
Moi, je n'ai pas encore le droit d'en avoir un. Apparemment, je serais trop petite. Pff.
Trois hommes encadrent papa. L'un d'eux tient un immense berger allemand. Celui-là a failli me mordre une fois tout ça parce que j'avais mordu son maitre.
Mon père et les trois hommes s'arrêtent au milieu de l'immense allée circulaire. Le grand portail en fer forgé au bout du domaine s'ouvre. Je me redresse un peu plus en comprenant que les invités sont là.
Peut-être qu'il y aura des enfants ?
A part la fille d'Angela, je ne vois pas beaucoup voir aucun enfant au domaine. J'aimerai bien avoir de nouveaux amis. Deux 4x4 roulent doucement et se stationnent à quelques mètres de mon père. Collée contre un mur de la maison, j'observe deux hommes également en noir descendre du premier 4x4.
Eux aussi, ils portent des armes.
Angela, elle me dit que ce sont des fausses qui sont supposées dissuader les méchants qui voudraient nous embêter. Mais moi, je suis sûre que c'est des vraies ! Enfin, je n'ai pas testé, hein.
Un homme, environ l'âge de papa, descend du second véhicule. Il s'avance vers mon père et mon père le prend dans ses bras une seconde. J'essuie une goutte de sueur sur mon front. Il fait super chaud aujourd'hui en Colombie.
Il discute avec l'homme pendant qu'un second homme descend du véhicule. Le deuxième inconnu est plus jeune, mais plus grand que mon père et l'autre monsieur. Le jeune inconnu s'avance vers mon père, les épaules droites, la mâchoire contractée. Il est brun, je ne vois pas trop son visage mais je vois une légère barbe sur ses joues.
Oh...Ce n'est pas un enfant. Il doit avoir presque 20 ans.
Déçue, je m'apprête à faire demi-tour et à rejoindre Angela avant qu'elle ne me trouve et cri. Mais le jeune homme tourne la tête dans ma direction, comme s'il captait ma réponse. Je croise son regard et ne bouge plus. Peut-être que si je ne fais plus le moindre mouvement il va détourner le regard ? Son regard a l'air clair, peut-être qu'il est bleu ?
Il penche légèrement sa tête sur le côté, continuant de m'analyser en fronçant les sourcils. Quand mon père tourne à son tour la tête je me colle au mur en retenant ma respiration.
Oh non...Si papa sait que je suis venue ici alors que je n'ai pas le droit de croiser ses invités, il va me punir. Je fais demi-tour et cours vers l'arrière de la maison, priant pour que cet inconnu ne dise pas à mon père m'avoir vu.
*******
-Tu dois rester dans ton lit, chica, tu me comprends ?
Je me retiens de lever les yeux au ciel et m'installe un peu plus confortablement sous mes draps. Heureusement qu'Angela ne sait pas que j'ai espionné papa cet après-midi, sinon elle serait super en colère.
-Bien sûr, j'acquiesce distraitement.
Notre gouvernante se tourne vers moi, des serviettes dans les mains. En voyant ma mine innocente, un petit sourire lui vient. Elle passe les doigts dans ma frange et mes cheveux noir et j'essaye d'enfoncer ma tête dans les oreilles pour qu'elle ne me décoiffe pas.
-Angelaaaa, je ronchonne en étouffant un bâillement.
-Tu lui ressembles tellement, elle murmure pour elle-même.
Je sais qu'elle était un peu plus âgée que maman, mais qu'elles étaient amies. Et je sais aussi que maman lui manque. Moi, je ne l'ai pas assez connue. Enfin, bien sur, elle me manque. J'aimerai bien avoir sa présence à mes côtés. Mais elle a rejoint le ciel quand j'avais 6 ans. Je n'ai plus trop de souvenirs d'elle, mais je sais qu'elle m'aime et veille sur moi de là-haut. C'est papa qui me le répète chaque jour.
Angela semble sortir de ses pensées, elle se redresse, passe une main dans ses cheveux bruns puis éteins la lampe près de ma porte.
-Ton père est toujours avec ses invités dans la bibliothèque. Il te verra demain matin.
Je me redresse sur mon matelas, la bouche pincée.
-Et pourquoi j'ai jamais le droit de les voir, d'abord ? Je vois jamais de nouvelles personnes dans le domaine ! J'en ai marre. C'est nul !
Angela relève un sourcil en m'observant faire ma petite scène.
-Tu sais pourquoi, Eden.
Son ton n'admet aucune contradiction. Bien sûr, elle suit ce que papa lui demande de faire, mais ça m'énerve.
-C'est pour –
-Me protéger, je la coupe, je sais, je sais. Bah moi, je dis que j'en ai marre d'être protégée ! Et que j'peux me protéger toute seule.
Angela s'immobilise sous mes mots.
-Tu ne sais pas ce que tu dis, chica. La protection est la chose la plus importante dans ce monde. Dans notre monde. Surtout quand on va devenir une belle jeune femme comme toi. Crois-moi, te protéger est la priorité de ton père.
Mais me protéger de quoi, au juste ?
Des animaux sauvages qui rodent dans la forêt autour du domaine ?
J'ai peur d'eux, mais je suis sûre que les bêtes sauvages ne m'attaqueront pas si je ne les ennuie pas.
J'ai envie de poser d'autres questions à Angela, mais je me retiens. J'aimerai lui demander pourquoi il y a autant d'hommes sur notre domaine. Pourquoi est-ce qu'ils portent tous des armes ? Papa ne veut jamais me répondre !
Comme si j'étais trop jeune pour comprendre ! J'ai 12 ans, je suis plus un bébé.
-Bonne nuit, chica.
Elle ferme doucement ma porte en me couvant d'un regard tendre et je me laisse tomber sur mon matelas. J'attends quelques minutes, écoutant les moindres bruits dans le couloir. Mais il n'y en a plus. Alors Angela doit être partie dans la buanderie à l'arrière de la cuisine pour laver les serviettes. Les deux autres personnes qui s'occupent de la maison doivent être occupées à un autre étage. Et il n'y a aucun homme habillé en noir dans la maison, papa ne veut jamais qu'ils entrent dans la demeure. Ou alors rapidement, et je ne dois pas leur parler.
Franchement, c'est trop nul !
J'attends une minute supplémentaire puis je m'assieds sur mon lit, repoussant mes draps. Je devrais rester au lit, si je croise quelqu'un et qu'il le dit à papa, il va me disputer. Mais je me rappelle de ces gens qui sont arrivés tout à l'heure. Et celui aux yeux bleus qui m'a fixé.
Je veux juste descendre pour voir ce qu'ils font avec papa.
Si ça se trouve, ils sont en train de manger pleins de plats qu'Angela a préparé. Peut-être qu'il y a même du bandeja Paisa, qu'ils mangent tout et moi je n'en n'aurai pas !
Je sors complètement de mon lit et m'avance vers la porte de ma chambre, aussi discrète qu'une tombe. J'ai l'habitude d'être discrète, vu toutes les fois où je me faufile dans la maison, me cache, et fais peur à Angela.
L'autre jour, elle a failli tomber des escaliers, comme ça.
Ma chambre est au deuxième étage, celle de papa aussi mais je sais qu'il n'y est pas. Le Premier étage, c'est pour les rares invités qui viennent. Je n'ai jamais le droit d'aller de ce côté. Du coup, je ne croise pas leur route.
Je descends les escaliers et rejoins le rez de chaussée. J'arrive dans l'immense hall désert, écoutant pour voir si quelqu'un arrive. Mais il n'y a personne. Je vais vers la droite et déboule dans l'une des grands salons de la demeure. Mais je ne m'arrête pas, je continue mon chemin et bien vite j'arrive devant une lourde porte en bois sombre.
La bibliothèque !
Je m'arrête en découvrant que la porte n'est pas complètement fermée. Je vois de la lumière passer par l'entrebâillement.
-Hors de question ! s'exclame une voix masculine que je ne connais pas.
La personne qui parle a le même accent prononcé que mon père. Peut-être qu'il vient du nord du pays ? Je glisse mon œil dans l'entrebâillement de la porte mais n'avance pas mon visage de peur de me faire voir.
L'homme qui vient de parler – celui qui avait serré papa dans ses bras tout à l'heure- est en train de se servir un verre rempli de liquide ambré. Papa boit aussi cette boisson. Je sais que c'est de l'alcool et que j'ai pas le droit d'y toucher.
Papa est debout devant l'immense cheminée, les bras croisés. Il fixe les flammes, silencieux.
Il n'y a personne d'autre dans la pièce. Le jeune homme que j'ai vu tout à l'heure n'est pas avec eux.
Alors ça veut dire qu'il est déjà reparti et que je ne le verrai plus jamais....
-La guerre est ouverte depuis des années, Juan, reprend l'inconnu. Nous sommes en train de la perdre, comme tu as perdu ton Ayesha...
A la mention de ma mère, mon père se tourne vers l'homme et plisse les yeux dans sa direction. Papa n'aime pas quand on prononce le prénom de maman. Je crois que c'est parce que ça lui fait de la peine. Alors je ne le dis pas pour ne pas qu'il soit triste.
-Bien sur que la guerre a débuté, crache mon père. Mais laisse-moi faire. Laisse mes hommes faire, ils sont nos yeux et nos oreilles. Ils les détruiront pour nous.
L'inconnu se redresse et s'approche de la cheminée, avalant une gorgée de son verre.
-J'en ai marre d'attendre et de les voir détruire notre business peu à peu. Je veux agir. Je pars en croisade, mon ami. Je te confis Alhan.
Papa rigole. Mais il ne semble pas joyeux, c'est un rire faux et plein de colère.
-Stefano, Tu ne peux pas me confier ton fils. Eden est ma priorité. Je ne peux pas m'occuper d'un gamin de 18 ans.
Qui est Alhan ? Le jeune homme que j'ai aperçu quelques heures plus tôt, ou un autre invité ?
Le dénommé Stefano secoue sa tête et pose sa main sur l'épaule de mon père.
-Ton domaine est l'un des endroits les plus sécurisés du monde, mon ami. Si je meurs dans ma croisade...Si Dieu décide que je dois perdre cette bataille, je compte sur toi pour gagner la guerre. Je compte sur toi pour terminer la formation de mon fils. Pour le pousser sur le chemin de sa destinée. Alors, il sera prêt à tuer les hommes qui m'auront mis sous terre.
Je retiens mon souffle en essayant de comprendre ce qui se passe. Est-ce qu'ils viennent de parler de mort ? Oh mon dieu, cet homme prévoit de mourir et il ne fait rien ? !
Papa pose à tour sa main sur l'épaule de Stefano et la presse.
-Tu as ma parole, mi hermano.
Il va l'aider ? !
Oh mon dieu ! Je sens une présence dans mon dos et un souffle contre l'arrière de mon crâne. Je sursaute en m'éloignant de la porte. Je cherche à courir loin d'ici sans regarder derrière moi mais un large bras me tire en arrière.
Il est si large et si dur qu'on dirait un serpent qui s'enroule autour de sa proie. Je m'apprête à hurler mais on me tourne et me soulève dans les airs. Mon visage se trouve nez à nez avec celui d'un inconnu.
Je retiens ma respiration en découvrant de qui il s'agit. Deux yeux bleus sont plissés dans ma direction et le type que j'ai aperçu quelques heures plus tôt observe mon visage dans les moindres détails comme s'il réfléchissait à la manière dont il allait me tuer.
-Je savais que je t'avais déjà vu quelque part. Et te voilà encore à espionner ce qui ne te regarde pas, Pequeña.
Sa voix grave rentre dans mes oreilles. Il me tient toujours à bout de bras dans les airs comme si je ne pesais rien. Je lui donne un coup de pied dans le haut de la cuisse en gigotant dans tous les sens.
-Je ne suis pas une petite, je crache quand il me lâche enfin. J'ai 12 ans !
Il relève ses sourcils comme s'il venait finalement de décider que j'étais amusante.
Je ne sais pas qui il est, mais je ne l'aime pas, ce vieux trou d'uc !
La porte da bibliothèque s'ouvre brusquement et mon père déboule sur le seuil, surement alerté par les bruits. L'expression tendue de mon père disparait quand il me découvre, en pyjama.
-Eden, soupire mon père en posant sa main sur ma tête pour me rapprocher de lui. Angela ne t'a pas demandé de rester dans ta chambre ?
Il s'accroupi en face de moi, attendant une réponse. Il a les sourcils froncés mais je sais qu'il n'est pas vraiment en colère.
Je passe ma langue sur mes lèvres en me triturant les doigts.
-Mais je voulais voir tes invités, pour une fois. Et j'ai cru que vous mangiez du bandeja Paisa, je murmure.
Je vois bien qu'il retient un sourire. J'entends un rire au-dessus de nous. Le jeune inconnu, celui qui m'a secoué comme un prunier se moque apparemment de ma réponse comme s'il ne me croyait pas du tout.
Je me retiens de lui tirer la langue.
Mon père se redresse, me collant toujours à lui pour que je ne m'éloigne pas.
-Bon, de toute façon tu l'apprendrais tôt ou tard, il me dit en se tournant vers les deux inconnus. Je te présente Stefano, un ami à moi. Et son fils, Alhan. Il va rester chez nous pendant quelques temps.
Quoi ? ! Non. Je ne l'aime pas ce Alhan. Hors de question qu'il me secoue encore comme un prunier en découvrant que j'espionne mon père en cachette.
-Je veux pas qu'il vienne habituer chez nous, je marmonne en relevant le menton. Je l'aime pas.
Stefano manque de recracher sa gorgée et retiens un rire en observant mon sacré caractère pour mon jeune âge.
-Et bien, il déclare à mon père, je crois que ta vie ne pas être de tout repos avec elle.
Mon père passe sa main dans mes cheveux mais je garde mon regard sur ce Alhan. Hors de question que je sois gentille avec lui. J'espère qu'il va partir rapidement.
J'ignorais à quel point je me trompais en pensant ça....
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J'espère que ce 1er chapitre vous a plu. N'oubliez pas de laisser un petit avis et de voter. A très vite !!
Anita <3
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