CHAPITRE 1 - FAUSTINE MARTIN DEFLANDRE

Une fois hors de la maison, je cours vers mes parents pour les embrasser. Ça fait quelque temps que je ne les ai pas vus. Nous sommes ici depuis le mois de Septembre, environ un mois et demi, et je n'ai toujours pas eu le temps de rentrer à la maison.

— Tes cheveux sont vraiment magnifiques, s'émerveille ma mère.

— C'est bien là qu'on voit la ressemblance avec ta mère, continue mon père.

Je les prends dans mes bras chacun leur tour avant de les guider vers la maison.

— Vous allez voir, la maison est dingue et mes colocataires sont super sympas !

— Nous sommes très heureux pour toi que tu t'épanouisses comme tu le souhaite ici.

Je leur sourit et pousse la porte d'entrée.

— Papa, maman, voici Stella, Côme et Armand, Daniel est encore dans sa chambre.

Alors que j'explique, ma mère ne semble pas m'écouter et quand je regarde où est partie sa tête, elle fixe le père d'Armand.

— Milo, quel plaisir de te revoir, sourit-elle s'approchant de lui, sans lâcher la main de mon père.

— Noa, je ne pensais pas te voir ici, fait-il en imitant les gestes de ma mère.

Je regarde Armand, complètement perdue sur la situation. Depuis quand se connaissent-ils ? Ils ont l'air proche...

— Vous vous connaissez ? demande Armand, brisant l'ambiance étrange qui flottait autour de nous.

— C'est une longue histoire mais oui, nous nous connaissons plutôt bien, répond ma mère. Comment va Ana au fait ?

— Vous connaissez ma tante ?

— Oui, elles étaient amies, m'explique mon père avant de se tourner vers sa mère. Elle va très bien, toujours avec Juan, rien n'a changé à part qu'elle est deux fois maman.

Donc ma mère connaît le père et la tante d'Armand et je suis censée trouver ça parfaitement normal ?

Un sourire illumine le visage de ma mère qui semble se détendre légèrement. Quelqu'un pourrait nous éclairer sur la situation, parce que je ne comprends pas comment c'est possible que nos deux familles se connaissent à ce point et qu'aucun de nous deux ne le sache, c'est quand même très étrange.

— Et toi, comment va Eliott, ça fait un petit moment que je n'ai pas eu de ses nouvelles ?

Eliott ? Oncle Eliott ?

— Vous connaissez mon oncle ?

— Oui, il le connaît. Nous étions un petit groupe soudé il y a de ça un peu plus de vingt ans.

Leurs regards s'assombrissent à l'évocation de ce souvenir, comme si c'était une période douloureuse de leur vie, mais ma mère continue son explication rapide.

— Nous nous sommes ensuite perdus de vue et puis nous revoilà ici avec nos enfants ! Le hasard fait de sacrées choses. Et pour répondre à ta question, il est toujours dans le sud et il va très bien.

Au loin, je vois Armand se rapprocher de moi alors que je ne quitte pas la scène des yeux.

— Tu penses que c'est parce que nous sommes des âmes-soeurs ? glisse-t-il à mon oreille.

Il me fait un clin d'œil ce qui me fait rouler des yeux avant que je ne lui mette mon majeur sous le nez.

— On sera âme-soeur le jour où les licornes sauront piloter des voitures de F1.

Il se rapproche encore plus de moi, mais mon regard ne dévie pas de nos parents en pleine discussion.

— Tu as juste trop envie de moi mais, tu ne veux pas te l'avouer.

— Plutôt crever que te laisser me toucher.

J'imite légèrement le bruit de vomissement, ce qui lui arrache un faible rire.

— Je retiens cette phrase pour plus tard, Deflandre.

— Retiens-là pour l'éternité, Richard, j'ajoute en me tournant vers lui afin de lui faire face.

Puis une voix se fait entendre, celle de la mère d'Armand.

— C'est fou ce qu'ils vous ressemblent.

On se tourne à l'unisson vers eux. Stella et Côme nous imitant. C'est vrai qu'ils sont là depuis le début ces deux-là et doivent être tout autant perdus que nous.

Mais, comment ça "on leur ressemble" ?

Ma mère ne me regarde pas, elle fixe mon père et il en est de même pour les parents d'Armand envers lui.

— Est-ce que quelqu'un va prendre la peine de nous expliquer, ou alors on va se faire foutre ? m'énervé-je.

— Mes parents sont là, je vais les chercher ! lance Stella alors que je file m'asseoir avec Côme sur le canapé et que Daniel nous rejoint enfin.

Il se présente chaleureusement à nos parents et accompagne Armand à l'extérieur.

Qui a eu l'idée de nous mettre dans cette situation ?

**

Je suis avec ma mère dans ma chambre, elle m'aide à plier mon linge en même temps que nous discutons comme si de rien était. Mais je ne suis pas du genre à faire semblant, plutôt de celui à mettre les deux pieds dans le plat pour avoir des réponses.

— Il s'est passé quoi entre le père d'Armand et toi ?

Elle lâche le jean qu'elle était en train de plier, surprise et s'assoit sur ma chaise de bureau.

— Milo et moi nous nous connaissons depuis que nous avons vingt-cinq ans. Pour te donner une idée, c'est depuis 2020, ça fait donc vingt-cinq ans.

Ah oui... Donc ce n'est pas tout récent.

— A l'époque, Milo était pilote de formule 1, j'étais journaliste dans les paddocks et oncle Eliott était mon caméraman. C'était la période où ça n'allait pas très bien entre mamie Valérie et moi, parce qu'elle avait choisi son travail, Milo, plutôt que sa famille, papi et moi.

Milo était donc pilote pour l'écurie de ma grand-mère ?

— Nous avions un ami en commun dont oncle Eliott et moi t'avons vaguement parlé, tu t'en souviens ?

Comment ne pas m'en souvenir... Oncle Eliott a perdu son âme-soeur à cause de la formule 1, son histoire m'avait tellement fait pleurer.

— Max Hunter, c'est ça ?

C'est en répondant à la question que je percute.

Max Hunter = Hunter de Hunter F1 Team, l'écurie de Milo Richard.

— C'est ça, il était le meilleur ami de Milo depuis qu'ils étaient en F1 ensemble et ils étaient de parfait rivaux sur la piste. À cette époque-là, je côtoyais énormément Milo, mais je le détestais à cause de mamie. Notre relation était assez drôle à voir de l'extérieur. Plus les mois ont passé, plus nous nous sommes rapprochés et nous sommes tombés amoureux.

Pause. Ma mère : Noa Deflandre et son père : Milo Richard, ensemble ?

— Notre relation a été très compliquée, très médiatisée, mais nous avions réussi à nous aimer pleinement, dit-elle un peu tristement. Puis, Milo a eu un accident assez important qui l'a forcé à faire une croix sur son métier, il se renfermait beaucoup et la communication devenait complexe... En même temps que ça, on a subi l'accident mortel de notre meilleur ami, notre pilier...

Des larmes perlent sur les joues de ma mère et je me lève pour la prendre dans mes bras.

— Ça a été une période si dure à vivre, c'était devenu impossible pour nous de nous aimer sans nous faire de mal. Alors, le jour de l'enterrement, nous nous sommes dit au revoir en espérant que chacun ait une belle vie devant lui, ce qu'il s'est passé puisque je t'ai eu toi avec l'homme que j'aime et qu'il a eu Armand avec la femme qu'il a épousé. Je savais qu'il continuait à voir oncle Eliott par moment alors, je m'arrangeais pour que tu n'y sois pas en même temps et Eliott devait garder le silence sur son existence. Il n'a d'ailleurs jamais emmené Armand voir Eliott.

— Tu penses que s'il ne s'était pas passé tout ça, vous seriez encore ensemble ?

— Non. On s'aimait mais malgré ça, il y avait, je pense, trop de facteurs qui nous auraient conduit à une rupture, ce n'était qu'une question de temps.

— Alors, quand vous dites qu'Armand et moi on vous ressemble, ça veut dire que... ?

— Simplement que les piques que vous vous lancez ressemblent étrangement à celle qu'on l'on se lançait à l'époque. Mais c'est normal, le fruit ne tombe jamais loin de l'arbre et tu as récupéré ma répartie, en un peu plus marquée.

Elle me sourit tendrement et embrasse mon front.

— Retiens une seule chose ma fille et ça marchera dans n'importe quelle situation.

Elle pose son doigt au-dessus de ma poitrine au niveau de mon cœur.

— Lui, va te faire aimer, très fort peut-être même trop fort parfois, mais ça, c'est elle qui te l'indiquera, continue-t-elle en posant son doigt sur mon front. Dans tous les cas, fais-toi confiance.

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