Une délicate ambiance
Le vent s'est intensifié, je frisonne lentement. Nous sommes dehors, devant le café à nous regarder bêtement. Nous avons tout deux les mains dans les poches et par moment nous détaillons le pavé comme s'il était la chose la plus intéressante du monde. Ce petit moment passé dans ce café rustique à l'ambiance si chaude m'a fait énormément de bien. Je n'aurais jamais pensé que ma petite sortir se finirait de cette manière si douce. Nous n'avons pas dit grand chose sur la fin, le silence parlait pour nous. Il nous livrait des messages secrets, transportant les pensées intimes et délicates de l'un et de l'autre. C'était simple, agréable et léger. Un instant d'une pure insouciance. Son petit doigt était logé contre le mien, la chaleur qui se dégageait de sa main me redonnait du baume au cœur et plus les secondes défilées plus je sentais que j'étais à nouveau capable de sourire de la plus sincère des manières qu'il soit. Je mordille maladroitement mes lèvres, je ne sais pas quoi dire ou même que faire mais ce que je sais c'est que je n'ai aucune envie de partir. Je me sens bien à ses côtés, même si on ne parle pas et que le froid s'amuse à me faire vaciller je tiens bon. Et ce, parce qu'à chaque instant où mon regard croise le sien, je sens cette flamme monter dans mon être et le consumer.
- Je suppose qu'on devrait...
Il hausse les épaules et grimace quelque peu, témoignant qu'il ne sait pas lui même comment finir sa phrase. Je m'essaie à un bref sourire mais je sais qu'il n'est pas pleinement sincère. Je n'ai pas envie de partir, je veux passer plus de temps avec lui. Mais j'ai peur de tout gâcher, le temps qu'il m'a accordé à l'intérieur de ce café était déjà précieux et je suis apeuré à l'idée d'en demander trop. Est-ce que si j'insiste pour qu'on passe un peu plus de temps à deux ça va tout gâcher ? Est-ce que c'est trop tôt ? Peut-être qu'il a besoin de temps pour digérer. Mille et unes questions se bousculent dans ma tête, c'est la cacophonie... Alors que je suis totalement confus je me risque à demander :
- Tu veux que je te raccompagne ?
Je déglutis péniblement, ayant peur de sa réponse. Chris semble quelque peu surpris par ma proposition. C'était sans doute trop ! Mais quel idiot je suis. J'ai envie de me taper la tête dans un mur. Je tente malgré tout de ne pas montrer que je me consterne et m'agace au plus profond de mon être. Je soutiens son regard, serrant les poings dans mes poches comme si j'essayais de me raccrocher un temps soit peu à cette réalité. Il hésite, sa voix se mue en un son allongé et incertain. Je suis sur le point de lui dire qu'il n'est pas obligé d'accepter et que c'était idiot de ma part mais il me devance et finit par répondre :
- Si tu veux. Pourquoi pas...
Une lente chaleur se diffuse en moi. Je soupire, comme si à cet instant précis j'évacuais toute cette pression que j'emmagasinais jusque là. On se sourit timidement et nous décidons d'y aller. Alors que ce vent farouche défait ma coiffure et s'amuse à me piquer le bout du nez, je grelotte. Chris semble moins réceptif, il faut dire qu'il est mieux habillé que moi. Une belle écharpe en laine épaisse est nouée autour de son cou.
- Tu sais, tu n'avais pas à accepter, c'était probablement idiot de ma part mais j'avais pas envie qu'on parte chacun de notre côté...
Je jette un bref coup d'œil dans sa direction pour voir la mine qu'il arbore et à ma grande surprise un petit sourire vient de faire son apparition. Je suis rassuré et souris alors à mon tour, baissant la tête pour ne pas qu'il le voit.
- C'est très certainement idiot aussi mais moi non plus.
Mon cœur semble imploser à cette révélation. Il s'abat de plus en plus lourdement dans ma poitrine jusqu'à presque m'en faire mal. Il est sincère ? Je ne peux m'empêcher de regarder dans sa direction, les yeux qui brillent. A la fois d'extase et de larmes de joie. Je suis bien trop sensible ma parole ! Mais je m'en fiche, je suis juste heureux. Il me regarde aussi et laisse échapper un petit rire. Je ne comprends pas sur le coup. Il sort l'une de ses mains de sa poche et pose son indexe sur le bout de mon nez. Je me fige, les yeux grands ouverts qui louchent sur son doigt qui s'est posé le temps d'un instant. Un court laps de temps durant lequel la chaleur de son doigt a réchauffé mon nez glacé.
- T'as si froid que ça ? Le bout de ton nez est tout rouge.
Je me frotte ce dernier à la fois pour me réchauffer et également pour faire disparaitre cette sensation étrange qui y réside, celle du toucher de Chris qui semble gravé dans ma peau. Me sentant idiot qu'il ait remarqué que j'ai froid, je m'empresse de répondre :
- Je te ferais marquer que tu as toujours le bout du nez et les joues rouges ! Ce qui est craquant je dois l'avouer...
Sauf que je me rends compte que j'ai dit la dernière parti de ma phrase à voix haute. Il me détaille, plus que surpris et puis comme si de rien était entre nous, il a juste décidé de sourire vivement. Son regard a enfin retrouvé cette fugue et cette étincelle rayonnante.
- Comment ne pas rougir avec des compliments pareils ? Questionne-t-il.
Je me prends alors au jeu, me sentant d'humeur taquine et bienveillante.
- Tu rougis alors souvent, c'est me voir qui te fait cet effet ?
Je fais mine de passer ma main dans mes cheveux. Il remonte son écharpe sur son nez et regarde au loin. Je ne peux pas voir sa mine mais je pourrais jurer qu'il sourit encore plus qu'avant.
- Ne te méprends pas, c'est la pigmentation naturelle de ma peau.
Je me décide alors à l'embêter encore un peu, il semble plutôt réceptif, ce à quoi je ne m'attendais pas du tout pour être honnête mais c'est loin d'être désagréable. Bien au contraire ! J'ai l'impression que tout redevient comme avant : le mensonge en moins... Je glisse un doigt au niveau de son écharpe et abaisse doucement cette dernière :
- Je pourrais pourtant jurer que cette manière si particulière qu'a ton doux visage de tourner au pourpre est plutôt récurrente à mes côtés, je me trompe ?
Il me détaille et ses yeux intenses transpercent les miens. Alors que nous marchons aux côtés l'un de l'autre c'est comme si tout autour de nous n'était qu'un vaste brouillard. Les bruits sont étouffés et je ne me focalise plus que sur sa voix et tout le décors environnant semble n'être qu'un vulgaire détail insignifiant, mes yeux sont portés sur une seule chose : sa personne si charmeuse qui m'est présentée.
- Je pourrais également en faire des choses qui te feraient rougir, tu veux tester ? Comme ça on compare qui de nous deux est le plus réceptif ?
Je suis plus qu'étonné parce qu'il a dit. J'aperçois son petit air espiègle et je comprends alors que la référence n'est pas si pure qu'il n'y parait. Malgré tout cela reste subtile, une façon rien qu'à nous de nous témoigner cette ardeur qui nous enveloppe. Me sentant rougir rien qu'à le regarder je dévie brusquement les yeux et m'empresse de répondre d'une petite voix:
- J'ai perdu d'avance...
Je sais très bien que je suis bien plus sensible à sa personne qu'il ne l'est à la mienne. C'est sûr, c'est impossible autrement, je ressens bien trop de choses à ses côtés, je pense que si un être vivant ressentait quelque chose d'encore plus fort, il imploserait. Ce tumulte de plénitude et d'amour qui m'embrase est tellement intense.
- On est ex-æquo alors...
Il a parlé d'une faible voix mais j'ai tout de même entendu. Je crois que jamais de ma vie je n'ai été si heureux, pas même en Mélodie. Je pense que j'ai pris conscience de tout l'amour que je lui portais lorsque notre rupture m'a littéralement brisé. Je savais que mes sentiments pour lui étaient d'une force incommensurable mais pas à ce point. C'est quand je l'ai aperçu avec une autre que j'ai compris à quel point cet amour pouvait être puissant et dévastateur. A quel point il me rongerait jusqu'à me consumer petit à petit. Je ne pense pas que ça soit obsessionnel, non. C'est juste un amour sincère et véritable. Un sentiment que peu peuvent ressentir, un nuage indescriptible aux touches délicates et parfumées. Cette chose que seuls ceux qui rencontrent cet être qui est fait pour eux ressentent. Alors que je me perds dans mes pensées qui me baigne de rêverie, inconsciemment nous nous rapprochons l'un de l'autre. Rapidement, alors que nous marchons côte à côté, nos bras viennent se toucher. Je le considère d'un regard sucré. Nos pas sont au même rythme, nos épaules se suivent et se cherchent comme deux amants. Je meurs d'envie de sortir ma main de ma poche, ne serait-ce que pour voir s'il ferait la même, de manière pure et irréfléchie, comme un mécanisme de la part de son corps. Je rassemble mon courage et sors ma main de ma poche malgré le froid qui taquine mes doigts. J'ai froid, j'ai l'impression qu'on est déjà en hiver alors que ça n'est pourtant pas le cas...
Les minutes passent et au bout d'un moment je sens que la main de Chris bute de temps à autres contre la mienne. Je louche alors sur ses dernières, elles se caressent un furtif instant. Une innocence ce dégage de cet instant. Je ne cherche pas à attraper sa main, je suis déjà content rien qu'à sentir sa peau brûlante marquer la mienne de son passage éclair.
Je commence sincèrement à avoir froid, je tremble un peu.
- Tu as froid ?
- Un peu oui.
Je me sens gêné qu'il l'ait remarqué. Je détaille fixement la rue qui s'offre à nous sans m'attarder sur Chris. Il faut que je détourne les yeux de sa personne de temps à autres sinon je vais réellement me liquéfier. Étonnamment je sens un tissu chaud et doux entrer en contact avec la peau de mon cou. Je sursaute, surpris et scrute Chris. Ce dernier enroule son écharpe autour de moi, comme si c'était banal entre nous.
- Elle tient vraiment chaud.
Je suis sans mot. Je murmure un petit remerciement maladroit tandis que je plonge mon nez dans son écharpe. L'odeur de celui que j'aime tant y est incrusté. Je m'enivre de ce parfum qui m'avait tant manqué. Nos longs moments à nous câliner me reviennent alors en mémoire. Comment Chris peut-il être si gentil avec moi ? Après tout ce que je lui ai fait il parvient encore à avoir un cœur si grand ? Je ne comprends pas, je suis loin de le mériter.
Le soleil commence à se coucher alors que nous arrivons devant chez Chris. Je suis face à lui et attends. Je ne sais pas ce que j'attends, peut-être qu'il me demande de partir ou qu'il se décide à entrer chez lui ? Probablement l'un des deux mais rien ne se produit. Ni l'un, ni l'autre. Tout comme devant le café, cette étrange atmosphère s'installe entre nous. J'aimerais rester encore mais d'un autre côté c'est évident que cette sortie inespérée s'arrête là, sur ce pas de porte. Je retire son écharpe qui était autour de mon cou et la serre fermement dans mes mains. Même si je sais que je dois lui rendre, quelque chose au fond de moi ne le veut pas.
- Ça serait bizarre si je t'invitais à l'intérieur ?
Sa voix est peu assurée, intimidée même je dirais. Je suis figé, incapable de répondre. Les idées se mélangent et les sons également, rien n'est alors capable de franchir la barrière de mes lèvres. C'est comme si j'étais devenu muet pendant quelques secondes. Je suis clairement sur le cul, n'arrivant pas à croire qu'il soit en train de m'inviter. Je l'admire longuement, la bouche entrouverte, l'air idiot. Il rit doucement et glisse sa main sous mon menton pour me faire fermer la bouche, ce que je fais précipitamment. Je n'ai pas le temps de répondre qu'il ouvre la porte. Je me dis alors que suite à mon mutisme il a pris cela pour un ''oui'' et a décidé de rentrer chez lui pour vaquer à ses occupations, me laissant dans le froid amer. Mais non, il entre et attend. M'intimant du regard d'entrer à mon tour. Je ne sais comment réagir, je suis intimidé et apeuré. Et surtout un autre sentiment me dévaste : celui de la culpabilité, j'ai l'impression que je ne mérite pas d'entrer et d'être là. Il semble s'impatienter alors il attrape un pan de l'écharpe que je tiens toujours et me tire à l'intérieur. Je bascule en avant et entre d'un pas maladroit. Ça me fait étrange d'être à nouveau ici, je croyais que plus jamais je n'y mettrais les pieds... Chris referme la porte derrière moi, me frôlant ce qui me décroche un frisson qui remonte le long de mon échine.
Chris retire ses chaussures, je fais de même. Puis il retire son manteau et allume le chauffage. Il allume également la télé, ce petit fond sonore est rassurant.
- Tu entres ?
- Je me sens intimidé...
Je retire également mon manteau et le pose sur le dossier de sa chaise. Je reste debout au milieu de la pièce glacée. Le froid s'est engouffré dans son petit appartement le temps où il est sorti. Je grelotte et frotte mes mains entre elles.
- Reste pas debout, c'est bizarre.
Je m'assieds alors sur son canapé, je serre mes genoux entre mes doigts. J'ai l'impression que je vais passer un examen, quelle angoisse... Chris me tend un plaid à la teinte beige, je le pose sur moi, appréciant la chaleur qui revient tout doucement.
- J'ai pensé qu'on devrait parler tous les deux. Qu'il était temps qu'on prenne le temps de se dire les choses et mettre au clair certains éléments sans qu'aucun de nous n'ait de la rancœur pour l'autre.
- Je n'ai jamais eu de rancœur pour toi ! Me défendais-je.
Mais à la vue de son expression gênée, je devine qu'il parlait en réalité de lui. M'en rendant compte je me tais alors, me pinçant les lèvres. Je triture également mes doigts nerveusement. Chris vient s'asseoir également dans le canapé et se glisse sous le plaid. Il semble réfléchir un bref instant puis se lance :
- Je suis vraiment perdu en ce moment tu sais. Avec ce qu'il s'est passé et ce que tu as fait j'en suis venu à douter de beaucoup de choses. En particulier de tes sentiments et de tes motivations et je pense que j'ai besoin qu'on discute de tout ça pour que ça aille mieux entre nous. Ma colère est passée et j'ai envie d'avoir une discussion calme et posée avec toi, sans qu'on cherche à être malveillant avec l'autre. Je veux juste qu'on se parle et qu'on se dise les choses en cherchant à être bienveillant comme on l'a toujours fait.
- Oui, c'est la meilleure chose à faire. Je sais que j'ai été un horrible pot de colle qui était même plus une sangsue qu'autre chose ces derniers temps, j'ai eu beaucoup de mal à encaisser le fait que je devais te laisser du temps pour digérer les choses, ça me faisait peur...
J'ai toujours cette peur au fond de moi d'ailleurs. Qui me dit que ce qu'il se passe aujourd'hui n'est pas que purement passager ? Peut-être qu'à la fin de cette journée il se sera rendu compte qu'il n'est pas capable de se lancer dans une relation avec moi à nouveau ? J'essaie de faire abstraction de ces pensées négatives qui m'embrouillent.
- Avant que tu puisses dire quoi que ce soit j'aimerais vraiment insister sur quelque chose. Ma passion se fait porte parole : je t'aimais sincèrement, d'une façon si tendre et pure que j'étais effrayé à l'idée de devoir te dire la vérité. Ça n'est pas une excuse je le sais ! Mais je voulais juste t'expliquer les choses... Quand on s'est vu la première fois, j'avais perdu un pari et j'étais habillée entre autre comme une femme et tu es venu m'aborder, ça m'a semblé irréel. Je t'avais déjà remarqué en cours, tu me fascinais et j'avais l'impression que tu me regardais avec dédain quand j'étais Adam alors quand tu es venu flirter avec moi, enfin, Mélodie j'ai pas eu le courage de tout dire. J'avais pas prévu que ça dure ! Ça je peux te le promettre mais j'étais embourbé dans un mensonge qui me dépassait tellement que je ne savais plus quoi faire...
Je m'en veux tellement. Ressasser ce qu'il s'est passé ré ouvre une plaie au niveau de mon cœur. Ça ne me fait pas plaisir, au contraire j'ai honte de moi.
- J'ai vraiment honte...
Je me sens chanceler. Mes émotions ne sont plus si stables, je n'ai qu'une envie : pleurer. Malgré tout je ravale mes sanglots et essaie de garder la face.
- Pour être parfaitement honnête avec toi quand j'ai appris la vérité j'ai été très blessé.
- Je sais et je m'en veux énormément.
- Je sais également. Puis il reprend : Ce que je vais dire va peut-être être blessant ou du moins dur à entendre mais je déteste mentir.
Je m'attends alors au pire. J'arrête de respirer et le détaille longuement, les yeux grands ouverts, tentant de me préparer mentalement à ce que je pourrais entendre. Chris rit gentiment et me tapote une main par dessous le plaid :
- Respire parce que ce que j'ai à dire est long. Tu vas suffoquer avant que je finisse.
Je repense alors à respirer à nouveau. Je me focalise du mieux que je peux sur ma respiration pour rester le plus calme possible. Chris dévie le regard :
- J'ai rencontré Amanda, tu le sais bien.
Mes poings se serrent. Il évoque ce sujet sensible et j'ai peur quant à ce qu'il pourrait m'annoncer...
- Pour être honnête ça se passe très bien avec elle et c'est vrai qu'on flirte depuis quelques temps déjà ensemble. Je m'y complais bien en réalité.
Ces mots me font l'effet d'une masse. Je serre plus serre les mains et contracte également ma mâchoire, faisant du mieux que je peux pour ne pas céder aux larmes. Mon cœur est si douloureux qu'il semble se briser à nouveau en plein de petits morceaux tranchants.
- Elle ressemble beaucoup à Mélodie et je sais que c'est en partie sa vie que tu as emprunté et je l'ai reconnu en elle, ce qui fait qu'on s'est rapproché.
- J'ai compris, je crois que je veux pas en entendre plus. Désolé...
Je tente un sourire faux. J'aimerais déjà rentrer chez moi. Je ne suis pas venu ici pour qu'il me dise qu'il est en train de tomber amoureux d'Amanda, c'est peut-être la réalité mais elle est trop dure à entendre.
- Laisse moi finir s'il te plait. C'est vraiment bien avec elle mais plus le temps passe, plus je me rends compte que la personne dont je suis amoureux n'est pas l'enveloppe de Mélodie ou ce qu'elle renvoyait. Je m'intéresse finalement assez peu au fait qu'elle soit boxeuse ou qu'elle fasse de la couture, tu vois ce que je veux dire ? C'est plus, ta personnalité, ta personne, tes mots et ce que tu renvoies qui m'ont charmé.
Ce retournement de situation me laisse interdit. Je m'affale dans le canapé riant comme un idiot et me faisant de l'air pour chasser les larmes qui voulaient rouler sur mes joues. J'ai du mal à tout comprendre, qu'est-ce que ça veut dire exactement ? Je suis confus, totalement perdu. Je ne sais quoi penser de ce qu'il me dit. Chris m'attrape par les poignets et me tire délicatement vers lui pour que je me redresse, ce que je fais.
- Je m'attendais à ce que tu me dises que tu sors avec ma meilleure amie.
- J'ai failli ? Je crois ? Elle m'a demandé mais j'ai pas donné de réponse.
- Oh...
- J'ai pas réussi à en donner une parce que je faisais que penser à toi et ça m'obsède, c'est horrible.
Je souris malgré moi, me sentant en réalité rassuré et flatté. Donc il ne met pas de côté cette pensée : celle où nous nous remettons ensemble.
- Souris pas comme ça. Il soupire. T'as été... Même si j'aimerais être méchant je peux pas ! Je suis pas comme ça et j'arrive pas à être plus dur que ça avec toi parce que je sens que ça t'a servi de leçon et que t'es pas le seul à souffrir du fait qu'on se soit autant éloigné.
- J'étais sérieux tu sais quand j'ai dit que je t'aimais sincèrement, c'était vraiment le cas !
Un long silence pesant s'installe. Chris pose sa tête contre le dossier du canapé. Nous somme tous les deux face à l'autre, je pose également ma tête contre le dossier et le regarde droit dans les yeux, essayant de lui faire ressentir tout l'amour que je lui porte :
- Et tu m'aimes encore ?
Mon cœur vibre. Je hoche positivement la tête et murmure :
- Plus que je ne le devrais...
Il acquiesce ses paroles comme si c'était la chose qu'il avait besoin d'entendre. Il sourit et nous ne parlons plus. Le bruit de l'émission en fond est la seule nuisance sonore. Quant à nous, nous nous admirons, prenant le temps d'observer le visage de l'autre encore et encore comme si cela faisait longtemps que nous ne l'avions pas fait. Plus le temps passe, plus nous nous rapprochons comme si c'était mécanique, que nous ne pouvions pas lutter. Je laisse mon corps décider des évènements futurs. Chris ne semble pas luter non plus. Nos visage se rapprochent dangereusement dans une lenteur insoutenable jusqu'à ce que nos souffles se mêlent et s'entremêlent. Mon cœur pétille de joie et de sentiment perplexes. Mais ce qui domine est l'innocence de cet amour que je lui voue. Je plonge mes yeux dans les siens, les fermant à moitié alors que je succombe à cet appel envoutant. Ses lèvres frôlent les miennes dans une chaleur interdite. J'en perds la raison...
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