Ma faiblesse à moi


Nous sommes devant le café avec Chris. Nous avons passé de très longues heures à parler tous les deux et c'était vraiment agréable. On rigole facilement ensemble, on s'amuse de choses idiotes et on parle de choses plus ou moins profondes sans aucun encombre. C'est si facile de se laisser aller à ses côtés. Le vent rage quelque peu, il glisse dans mon cou et remonte derrière mes oreilles, me décoiffant quelque peu. Je tente alors de remettre les quelques mèches de mes cheveux qui décident de jouer les rebelles. La sécheresse de ce vent glacial me fait frisonner. Alors que ses lames coupantes frappent mes mollets, mon corps tremble.

- Tu as froid ?
- Un peu oui, je serais bien resté un peu plus à l'intérieur.

Il est déjà plus de dix-huit heures et la nuit tombe doucement. Nous sommes à la fin de l'hiver, ces derniers jours étaient plutôt chaud alors je ne suis pas couvert très chaudement et Chris non plus à ce que je remarque mais ce dernier semble avoir moins froid que moi. Le léger undercut de Chris remue au grès du vent, le rendant vraiment beau. Il regarde autour de nous comme s'il cherchait quelque chose. Je fronce les sourcils et le détaille.

- Je te passerai bien ma veste mais ça me parait compliqué.
- T'inquiète pas, je vais pas te demander de te mettre à poils pour que j'ai un peu plus chaud.
- Je suis pas franchement sûr d'avoir envie d'être nu par ce temps même pour tes beaux yeux.
-
Je fais mine d'être offusqué : je suis sincèrement déçue.

Il est évident que je ne m'attendais pas à ce qu'il joue les nobles serviteurs. J'ai légèrement froid mais ça va, tout va bien, je ne suis pas en train de me transformer en statue de glace. Il me met une gentille tape dans l'épaule ce qui me fait doucement sourire.

- Tu avais du rouge à lèvres, non ?
- Eum oui, pourquoi ?
- Disons qu'il a pris des vacances.

J'espère qu'il ne me trouve pas moins féminine et que du coup il remet en cause l'identité de Mélodie à cause de ça. Je tente un bref sourire gêné.

- Ça te dérange ?
- Au contraire, tu as de jolis lèvres.
- Ça change de ''tu as de beaux yeux''.

Finissais-je par répondre avec humeur pour tenter de dévier légèrement la conversation. Je pense que si je me regarde dans un miroir je me trouverais beaucoup moins charmant et féminin sans ce rouge à lèvre mais je n'ai pas pris le rouge à lèvres qu'Amanda a utilisé et du coup je ne peux faire aucune retouche. 

- Je suis un peu original, t'as vu ?
- Tu m'as dit que j'étais bea.. belle de manière plutôt indirecte, c'est pas si original que ça.

Mes yeux sont rivés sur lui, est-ce qu'il a remarqué mon lapsus ? Mon cœur bat le tocsin, je n'entends plus que ce dernier battre ce qui me dérange fortement.

- Tu préfères que je mente et que je te dise que tu fais peur à voir ?
- Au moins ça, ce serait original.
- Mais est-ce que tu accepterais un autre rendez-vous avec un gars qui te dit que tu es laide juste sous prétexte qu'il cherche à être différent ?
- Ça se discute.

Au vu de la tournure que prend cette conversation, je peux affirmer qu'il ne s'est rendu compte de rien ce qui me rassure. Je ne me sens finalement pas prêt à lui dire la vérité. Je sais que c'est horrible, que je ne devrais en aucun cas continuer à prétendre et mentir mais je n'arrive pas à dire la vérité. C'est trop dur. J'ai essayé plusieurs fois durant ce rendez-vous mais je ne parvenais pas à briser sa mine heureuse. Je me sentais paniquer à chaque fois que je tentais de surpasser mes craintes mais rapidement mon courage s'est évanoui.

- Tu habites loin ?
- Quarante minutes à pieds peut-être ? Ça va, c'est tout près.

Je vois qu'il hésite. Je le détaille alors et attends qu'il se décide à dire ce qu'il à me dire.

- Ce regard cherche à dire quelque chose. L'incitais-je.
- J'habite à seulement dix minutes, ça te dirait de continuer ce rendez-vous chez moi ?

Je me masse maladroitement la nuque. Je veux continue ce rendez-vous bien évidemment. Mais chez lui ? Ça je ne sais pas. Ça sonne assez tendancieux dit comme ça et il est claire que je ne suis pas apte à lui offrir ce qu'il désire. Non pas que je n'en ai pas envie, je sens que mon corps tout entier bouillonne à l'idée que tout puisse s'enchainer, déraper et aller plus loin mais de l'autre côté au vu des mensonges que j'ai sorti je ne peux pas me mettre à nu. Je ne veux pas encore plus m'enfoncer en lui disant que je suis transgenre et que je suis né homme mais que je me sens femme car si je pars si ce terrain, plus jamais je n'arriverais à avoir une porte de sortie. La seule que je pourrais avoir est du lui dire que je suis Adam et que j'ai menti sur mon genre pour pouvoir passer du temps avec lui. Je joue timidement avec mes doigts, je les triture. Le cape du sexe est impossible...

- Je n'ai pas envie de le te laisser partir maintenant et tu pourrais venir prendre une veste chez moi. 

Je ne suis pas très à l'aise, je suis sincèrement effrayé à l'idée qu'il désire plus de moi.

- Écoute...

Je commence ma phrase mais n'arrive pas à la terminer immédiatement. A la place le laisse un silence s'installer le temps que je parvienne à formuler mes mots comme il faut. Je déglutis bruyamment et attrape son bras pour m'approcher de lui et pouvoir lui parler discrètement.

- Si tu veux qu'on aille chez toi pour qu'on couche ensemble, ça n'est vraiment pas dans mes plans.

Chris me regarde, quelque peu surpris. J'ai dit quelque chose qui lui a fait penser que je voulais plus ? Je tente de me rappeler rapidement mais aucun souvenir concluant ne me parvient.

- J'ai pas du tout ça en tête. Désolé si c'est ce que tu as pensé ! Je t'invite pas chez moi pour qu'on couche ensemble, je veux juste pouvoir passer plus de temps avec toi au chaud et avec une console aussi.

Il semble quelque peu mal à l'aise. Il se masse la nuque, se mordille la lèvre inférieure et glisse sa main jusqu'à la mienne qu'il prend la peine d'effleurer.

- Je sais qu'on vit dans une société où les gens passent très vite à ce stade là mais je ne suis pas dans cette optique. Ça ne m'intéresse pas et je respecte complètement que tu ne veuilles rien pour le moment vu que mon invitation était complètement innocente. Enfin, il se peut qu'on cède à certains péchés comme : la gourmandise. J'ai de ces chocolats à la maison, si tu savais.

Son regard devient alors joueur, presque coquin. Mon expression s'amuse alors de la situation. Je suis surpris de voir qu'il est si délicat et investit. Je le voyais vraiment comme quelqu'un de plus superficiel et quelqu'un qui est influencé par la société et son fonctionnement et je me rends compte que ça n'est absolument pas le cas.

- Alors, tu veux céder à ce péché avec moi ?
- Cette voix mielleuse !
- Pour des sucreries tu n'as pas vu de quoi je suis capable.

Il me fait un clin d'œil et m'offre son bras. Je lui attrape alors et le suis. Je me colle quelque peu à lui pour ne pas avoir froid. Sa chaleur se propage tout le long de mon être, c'est agréable.

- Tu veux attendre jusqu'au mariage ?
- Pardon ?

Je le regarde, étant donné qu'il est légèrement plus grand que moi, je lève quelque peu la tête. Le vent se déchaine encore plus, je suis bien content d'avoir une jupe serrée et non plus une qui flotte sinon j'aurais vraiment été embêté.

- Le sexe.
- Oh ça ! Non je n'ai pas envie d'attendre jusqu'au mariage. Je ne suis pas croyante. Mais je ne veux pas me précipiter, j'aime ressentir une alchimie toute particulière avec mon partenaire avant.

Je dis ça comme si j'avais l'habitude alors que c'est complètement faux. Je n'ai jamais eu cette expérience de ma vie. Non pas que je n'ai aucune libido ou aucune envie mais il est vrai que comme je l'ai mentionné plus tôt, je veux avec une relation particulière avec la personne avant.

- Et toi tu veux attendre avant le mariage ?
- Non plus
, son sourire s'accentue. Je cherche à avoir une étincelle avec la personne avant.

Je serre plus fort son bras, appréciant sa confidence. Je n'aurais pas pensé qu'on aborderait ce sujet aussi tôt mais ça n'est pas désagréable. Au moins je vois que je peux aborder n'importe quel sujet avec lui et sans tabou et ça, c'est la clé d'une relation forte et saine. Mais pourquoi je pense à ça ?! Ressaisis toi Adam... tu ne peux pas construire quelque chose avec lui, cette supercherie est vouée à l'échec... tôt ou tard tout sera fini. Le plus tôt possible serait le mieux sinon ça nous fera trop souffrir. Malgré tout je le questionne encore un peu, voulant savoir si à un certain niveau il est pudique ou non.

- Et tu l'as déjà eu avec quelqu'un cette étincelle ?
- Jamais à ce jour.

Des chatouilles tapent mon ventre et le font se tordre. Je prends alors mon courage en mains et me confie à mon tour :

- Moi non plus.

Il ne fait aucun commentaire dessus et je l'en remercie en silence. C'est rassurant en réalité. Voir un jeune homme qui parait si populaire et avenant être en réalité une personne bien plus calme et posée.

Nous arrivons chez lui, chacun de nous retire ses chaussures. Je me permets alors de regarder la petite pièce que nous venons de pénétrer. Il s'agit d'un petit studio d'une petite vingtaine de mètres carrés.

- Spacieux.

Je le nargue alors d'un petit mouvement de hanche qui le pousse. Il me fait alors signe d'entrer de ses deux mains :

- Bienvenue dans mon palais.
- Manoir je dirais même.
- Je pense qu'on sous estime. ''Domaine'' serait peut-être plus approprié.
- Ah oui, j'avais oublié les 12 hectares de terrain, excuse moi.

Cette petite taquinerie amicale me fait ressentir qu'il est quelqu'un de très simple. Je prends alors rapidement place sur son canapé qui semble faire clic-clac également. Au moins il ne vit pas chez ses parents, c'est vraiment rassurant. Je suis donc assis dans un canapé noir à la texture légèrement velouté. Face à moi une table est présente alors une télé dessus et une console. Sur ma droite une petite table de chevet est présente avec une table dessus et un petit carnet. La cuisine est entassé dans un petit coin avec une plaque de cuisson, un mini frigo et un évier et sa salle de bain est cachée sur la gauche, par un rideau opaque.

- Tu es quelqu'un de soigné ou tu as tout nettoyé à fond en espérant que j'accepte de venir ?
- Je n'avais pas du tout espéré que tu viennes.
Il rit. Je ne pensais même pas que tu voudrais continuer ce rendez-vous.
- Tu n'avais pas confiance en toi ?
- Pas vraiment.

Il me sert un verre d'eau et le pose sur la petite table de chevet. Il s'assied ensuite à mes côtés. J'ai envie de lui prendre la main, de lui dire qu'il devrait croire en lui car il est craquant. Son physique est parfait et sa personnalité est vraiment celle que je recherchais chez quelqu'un.

- Pourtant j'adore ce rendez-vous.

Il me sourit, me confessant que lui aussi. Le timbre quelque peu léger et suffocant de sa voix me donne envie de l'embrasser. Je me perds dans mes pensées, fixant ses jolies lèvres rosées. Malgré tout je me retiens. Chris remet une de mes mèches de cheveux, prétextant que le vent m'a complètement décoiffé. Je me laisse faire, appréciant la proximité entre nos deux visages. Son souffle se mêle lentement au mien.

- Alors ? On se fait une partie et je gagne mon pari ?
- Tu peux rêver pour gagner !
- Alors tu ne veux pas un second rendez-vous ?
- Je pourrais le gagner autrement.
- Et comment ?
- T'inquiète pas pour ça.

Je lui fais un clin d'œil à mon tour. Chris semble amusé par la situation, il allume la télé et va chercher deux manettes, une pour lui et l'autre pour moi. Il me la met dans les mains.

- Tu veux que je t'explique à quoi servent les boutons ?
- Je sais probablement mieux m'en servir que toi.

Il me chatouille alors comme pour me punir de cet élan d'assurance qui me gagne. Je ris et me débats quelque peu pour le faire arrêter. Nos regards se perdent l'un dans l'autre, je m'allonge alors lui lui échapper riant à plein poumons. Il continue à me faire rire, se penchant quelque peu sur moi. Il finit alors par arrêter et à cet instant je sens toute une vague de chaleur me dévaster. Notre proximité me fait presque perdre la tête. Il s'approche de moi, ses lèvres semblent quémander quelque chose mais il finit par crier.

- Que le meilleur gagne.

Et il se redresse tout d'un coup. Je suis perdu, complètement surpris et abasourdi par la situation. Mon cœur est affolé et j'ai du mal à reprendre mes esprits. Le temps que je me relève je me rends compte que la partie à commencer. Nous jouons à Mario Kart et je suis presque dernière, je m'efforce à jouer mais suis toujours sans voix.

- Mais j'y crois pas tricheur ! Tu profites de mes faiblesses !!
- Tes faiblesses ? Le fait que tu sois nulle par exemple ?
- Mais je vais vraiment t'éclater tu vas voir !

Je lui donne alors des coups dans les bras alors que je le rattraper. Il râle un peu, je viens alors toucher sa manette pour le déstabiliser, il rit et s'écarte de moi, il tend une jambe vers moi et me maintient loin de lui avec son pied.

- Ton pied qui pue sur ma douce personne on en parle quand ?
- Petite nature va !

Je reste alors à distance de lui, maintenu par son pied. Je perds la première partie.

- En même temps tu triches en cherchant à tirer profit de mes faiblesses.

Il se rapproche de moi, plaçant son visage face au mien, un air narquois marquant son faciès.

- Et quelles sont-t-elles ?
- Toi.

Ce simplet mot suffit à changer complètement l'ambiance. Cette dernière devient rapidement plus enjôleuse et romantique. Nos sourires se font écho. Bien que je sens son regard caresser mon visage j'ai la défaite amer et alors je le presse pour continuer cette partie. Je tiens à gagner.

Les parties s'enchainent. Je ne m'en sors pas très bien, je suis désormais assis en tailleur, un coussin entre les jambes pour cacher ce qui se cache sous la jupe. Je suis penché en avant et je peste à chaque carapace que je me prends ce qui fait exploser de rire Chris à chaque fois.

- Tu es vraiment mauvaise joueuse !
- Non mais le jeu me boycotte aussi ! Il te reconnait et t'offre que des objets cools. C'est du favoritisme ça !

Ma mauvaise foi ne le rebute pas, bien au contraire, il s'en amuse et prend un malin plaisir à me taquiner avec ça encore plus. Bien que ca m'agace un peu, j'aime le fait qu'il m'accepte pour qui je suis. Mes défauts ne semblent pas le faire fuir, au contraire et se sentir aimé sans artifice est agréable. Au moment où je pense ça, la réalité me frappe de pleins fouets. Je suis tellement hypocrite... Comment je peux parler d'être aimé sans artifice alors que je lui fais miroiter une réalité qui n'existe pas ?

Finalement je perds toute les parties sauf deux, ce qui fait que Chris m'a mis une bonne raclée et qu'en plus il a gagné son pari vu que j'ai clairement été mauvais perdant.

- On dirait que j'ai gagné mon pari.
- Prends pas trop la confiance, je t'ai laissé gagné.
- Pour qu'on puisse avoir ce second rendez-vous ?

Il me questionne, la voix chanteuse. Je dévie alors le regard, voulant tenter de diminuer les rougeurs sur mes joues. La main de Chris vient alors jouer avec la mienne. Je ne peux alors retenir ce petit sourire qui déforme mon visage. Je finis par regarder Chris, bien que j'étais fortement frustré voire agacé d'avoir perdu, je me perds dans son regard et fonds face à sa tendresse.

- Lève toi.

Je fais ce qu'il me dit sans réfléchir. Il déplie alors le clic-clac, il s'allonge ensuite dans ce dernier, les pieds toujours posés au sol. Il sourit simplement et met de la musique. J'adore l'ambiance. Je contemple la scène, me sentant comblé. Je ne perds pas une seconde de plus pour  m'allonge à ses côtés.

- Je l'avoue : je suis mauvaise perdante.
- C'est plutôt mignon. Surtout de te voir essayer de toutes tes forces de gagner.
- Je te l'ai dit, j'ai fait exprès de te laisser gagner. Je faisais simplement semblant d'essayer de gagner pour ne pas te foutre la honte.

Il tourne la tête vers moi, je le sais car je sens ses orbes pointées dans ma direction. Je tourne alors la tête dans sa direction, je me livre à la délicate torture de son regard qui me détaille. Plus les minutes passent, plus nous nous laissons aller au rythme de la musique, nous chantons quelque peu et par moment discutons de sujets plus ou moins profonds. Des groupes que nous aimons, des thèmes abordés dans leur chanson, si nous sommes d'accord ou non. Et sans même nous en rendre compte nous nous faisons des papouilles. Je finis par le réaliser lorsqu'une brève coupure entre deux musiques me perturbe. Je me concentre alors sur ses doigts qui parcourent timidement mon avant bras. Je me surprends à aimer bien plus que je ne le devrais cette situation. Je ne veux pas et ne peux pas tout briser entre nous.

Je mettrais fin à tout ça au prochain rendez-vous. Celui-là est trop parfait pour le gâcher.


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Je n'ai pas eu beaucoup de retours sur les derniers chapitres et pas beaucoup de votes non plus, j'espère que vous n'êtes pas décus ;-; J'espère sincèrement que les chapitres à venir sauront vous plaire (Je crois que j'ai à peu près les 15 premiers chapitres en tête ;)). Oui au moins vous savez que cette histoire fera au moins 15 chapitres XD Je pense qu'elle devrait en réalité tourner autour des 25/30 chapitres !

J'hésite encore à me lancer dans deux histoires à la fois et publier tous les mercredis cette histoire là et tous les samedis l'autre ou plutôt si me concentre dans les mois à venir uniquement sur cette histoire jusqu'à la terminer puis ensuite je me consacre à l'autre. Je sais pas trop ce qui me plairait le plus, je vais y réfléchir ~ Déjà faut voir si j'aurais le temps avec les cours ! :') Puis les visites aussi... On va pas se mentir je suis également en Corée pour profiter et voyager ! Malheureusement je ne peux pas bouger dans le pays et me rendre dans le Sud comme je l'avais prévu à cause du virus mais bon ! Séoul est tellement grand qu'on est loin d'avoir tout fait aha !

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