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Je regarde les photos. Et tombe sur celle de Loïs. Elle est vraiment réussie. Il est rêveur, mais déterminé. Sûrement l'histoire qu'il était en train de lire qui lui a donné cette expression. Et son regard est vraiment sage, intense. Hier, on a beaucoup parlé. C'est vite devenu un ami. Le courant passe bien, on est assez similaires. J'ai eu le coup d'œil. On a l'intention de se revoir. Pour parler, ou pour rien. Sûrement au même endroit. Sûrement pour rien. On a plus de points communs qu'à première vue, dont celui de, le plus souvent, aimer ne rien faire avec ses amis.
J'arrête de penser à Loïs, et l'envie me prend d'aller photographier les pâquerettes que j'avais vu hier. Il fait beau, mais plus frais, alors je prends une vieille veste qui, m'a-t'on dit, appartenait à un peintre oublié. En réalité, je l'ai trouvée dans une brocante, alors son histoire m'est inconnue. Mais ça me plait d'imaginer ce vieux peintre.
J'avance dans la rue lentement, à la recherche de potentielles photos, mais je ne trouve rien d'unique. Alors j'arrive dans le parc. Je passe à côté des deux rosiers qui reprennent enfin leurs couleurs cette saison. Je contourne le gros rocher vers la droite. Je soulève le rideau de lierre et j'avance quelques minutes dans l'étroit chemin qui mène au coin. Et apparemment je n'y serais pas seule. Une silhouette inconnue est posée dans l'herbe, une robe à volants blanche à motifs de cerises tombant autour d'elle. Cette fois-ci, c'est donc une hirondelle au lieu d'un Rossignol. Elle est gracieuse. Elle semble réfléchir. Là, elle me voit arriver et elle m'accueille d'un sourire, en se levant. Ce qui ne manque pas de me faire sourire aussi. Elle s'avance vers moi.
« Je m'attendais pas à voir quelqu'un ! D'habitude, quand il fait frais, il n'y a personne.
Et apercevant mon appareil, elle reprend.
- Tu es photographe ? J'adore ! Même si mon domaine, c'est plutôt la peinture.
Et effectivement, là où l'hirondelle s'était posée, je vois une toile. Ce ne sont que couleurs vives, éclatantes. J'aime beaucoup. Et qu'à-t'elle peint ? Des pâquerettes roses. Malgré moi, un grand sourire s'empare de mon visage. Alors je me présente.
- Je m'appelle Cyan. Et toi ?
- Violet, répondit-elle, prenant ma main brièvement en guise de salut. Alors, qu'est-ce que tu venais faire ?
- Prendre ces quelques pâquerettes en photo, mais je crois qu'elles ne sont pas disponibles.
- Non, je t'en prie ! Je me décale. »
Elle prend délicatement sa toile et déplace les quelques tubes de peinture qui trainaient à côté. Je me demande où sont ses pinceaux, et je m'aperçois que sa robe contient une grande poche, ou sont rangés ses pinceaux, propres. Ses doigts sont plein de peinture. Et elle en a aussi un peu sur le visage. Un petit miroir, taché sur un côté, dépasse aussi de sa poche. Je comprends alors pourquoi elle n'a pas de palette. Nul besoin.
J'ai menti. En réalité, même si ces pâquerettes sont très jolies, je n'ai plus qu'un modèle en tête : une singulière hirondelle, à l'air aussi photogénique qu'un certain rossignol. Inconsciemment, je l'observe, et voit ses yeux gris, ou ocres. Les cerises sur sa robe dansent avec le vent. Apaisée, je pose mon appareil et m'allonge dans l'herbe. Je ferme les yeux.
Là, elle m'appelle.
« Dis, Cyan...oh... » Alors elle me rejoint. Une coccinelle vient se poser sur ma joue. J'ouvre les yeux et on regarde le ciel.
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