Devant la porte 19, je frappe deux fois et patiente en regardant autour de moi. Cette chambre est fort éloignée par rapport aux autres. Deux secondes plus tard, deux filles en pyjamas m'accueillent, la mine surprise. Visiblement, elles ne s'attendaient pas à me voir.

- Salut, me disent-elles toutes les deux. Tu dois être la nouvelle et notre colocataire.

La noire de cheveux s'approche et me fait la bise comme si on se connaissait depuis longtemps. Elle me fait penser à une ancienne amie avec des beaux yeux marrons en forme d'amande. Et son sourire joviale me ramène à ma vie d'avant.

- Je m'appelle Léna et elle, c'est Eliza, dit la belle noire.

- Enchantée de vous connaitre, moi c'est...

Je n'ai pas le temps de continuer ma phrase que cette fois-ci, c'est la blonde aux yeux gris qui m'interrompt avec un élan de folie dans le regard.

- On sait qui tu es, ne t'inquiète surtout pas. Rentre, ne reste pas là. Il fait tard et les lampes vont bientôt s'éteindre. Si j'étais toi, je n'essayerais pas de rester dehors. Des fois, on peut rester coincer dehors à cause de la sécurité. Il actionne un bouton et hop, fermeture des portes automatique. On savait que notre nouvelle colocataire allait arriver d'un moment à l'autre, alors on t'a gardé deux gaufres au cas ou tu es une grosse mangeuse comme moi. Et on dirait que j'avais tort, grimace-t-elle en voyant mon corps musclé.

Je lui lance un grand sourire. Si elle voyait tout ce que je mangeais en une journée...

- Oh, je t'assure que je mange beaucoup. Je suis une vraie ogresse et j'ai horreur du gaspillage. Même si ça ne se voit pas forcement à vue d'œil mais la bouffe laisse des traces, dis-je en soulevant mon t-shirt et en montrant mon seul bourrelet ( elles louchent presque dessus). Merci d'avoir pensé à tout. C'est super sympa.

Je rentre avec mes affaires que je pose au coin de mon nouveau lit. Ils sont d'une taille raisonnable, presque pour deux personnes. Je m'assois sur la couverture avec des cœurs rouges et me laisse tomber en arrière, morte de fatigue.

- Ça a du être une journée éprouvante pour toi, ajoute la blonde en allant dans la salle de bain. Et je sais de quoi je parle, le premier jour est une horreur. Ça ira mieux après une longue nuit de sommeil.

- Sans doute. Ça ne m'étonnerait pas que je fasse la grasse matinée. De toute façon, ce sera samedi et c'est un jour de repos, normalement.

- Pas de souci, Abi. On est des lèves-tard aussi, m'assure Eliza. Mais par contre, on a de sacré soucis de retard chaque matin pour les cours. Mon réveil ne fonctionne pas comme je voudrais.

Le garçon de tout à l'heure me revient en mémoire. Le connaissent-elles ? Sans doute, sinon il ne viendrait pas ici à la vue de tous.

- Dites, tantôt, j'ai vu un gars vraiment beau. Le plus beau que j'aie jamais vu, déclaré-je en les regardant tour à tour.

Elles soupirent toutes les deux en même temps. C'es hilarant.

- Tu dois sans doute parler de Jaylen, conclue Eliza. Pas de chance, il ne sort avec aucune fille mais il vient de temps en temps ici pour les cours. Mais il a beaucoup de mission à l'extérieur. On ne le voit plus beaucoup depuis l'année dernière. Toutes les filles raffolent de lui. Elles essayent toutes de sortir avec.

- Je comprends pourquoi, je ricane.

Elles sourient.

- Au moins, il sera plus présent cette année. C'est un plaisir pour les yeux, il faut se l'avouer. Et il est taillé comme il faut, en plus. Tu ne l'as pas encore vue en plein l'effort, pendant la gym. Il est toujours torse nu en train de faire des abdos et tous ses trucs de musculation. Mais je suis sure que tu vas l'intéresser, annonce-t-elle avec un regard entendu avec son ami. Tu es clairement son type. Il est sorti une seule fois avec une fille et c'était il y a quatre ans. Et puis, tu es une bombe, ne t'étonne pas si il te dévore du regard par la suite.

- Les trucs de couple ne m'intéresse vraiment pas, tu peux me croire. Je sais par instinct, que les histoires d'amour finissent toujours mal. Surtout dans ce métier.

Je me lève du lit comme un ressort et annonce aux filles :

- Je vais me doucher. Je suis épuisée et je sens l'avion, c'est une infection.

Je prends mon pyjama short et fonce dans la pièce à bonne température. Je n'ai pas besoin de mettre de chauffage. J'essaie de trouver une place pour mes produits de bain et de fille. Je décale quelques fers à boucler et pose ma brosse à cheveux. Je me mets à ma regarder fixement dans le miroir. Pourquoi me trouve-t-on belle ? Je n'ai rien de spécial à part mes cheveux blonds et mes yeux bleus. J'ai toujours trouvé que mes cuisses étaient trop musclées.

Le lendemain.

Je m'étire dans le lit, repoussant mes cheveux venus se plaquer sur mon visage pendant la nuit. J'ai l'habitude de beaucoup gigoter et de faire du bruit en dormant. Un problème que je ne sais pas régler. Heureusement, je ne ronfle jamais. Encore heureux, sinon j'aurais demandé une chambre seule pour ne pas ennuyer les autres avec mes bruits.

Je constate que les filles dorment encore. En faisant le moins de bruit possible, je file dans la salle de bain en emportant des vêtements propres. Une fois habillée d'un jean taille haute et d'une blouse en dentelle blanche, je décide de ne plus me maquiller. Cela va être une perte de temps. Enfin prête, je sors de la pièce et je sursaute en voyant Eliza et Léna face à moi.

- Tu as bien dormi ? Demandent-elles toutes les deux en même temps.

Je pouffe de rire et les embrasse sur la joue.

 - Comme un bébé. Je me demande bien ou ils vont chercher des matelas aussi confortables. Je vous attends. Je n'ose pas aller déjeuner toute seule, on va encore me regarder comme un phénomène de foire.

- Je te comprends, affirme Léna. J'arrive dans deux minutes, je suis une pro pour m'habiller vite.