Je m'adosse contre le mur.

Je ferme les yeux.

Je profite.

Je me rends compte de ce que j'ai.

Mes paumons remplis d'air.
Ce souffle qui soulève ma poitrine.
Mes sens en éveil.
Cette douce chaleur de printemps qui me caresse les phalanges.
Ce cœur qui bat.
Chacun de ses battements dont je dépends.
Toutes les parcelles de mon corps et de mon âme dont je suis le fruit.

Pourtant, les gens autour de moi sont pressés, stressés.
Ils n'ont pas le temps de profiter de ce qu'ils ont qu'ils veulent déjà autre chose.
Ils pleurent car leur bonheur n'est plus alors qu'ils l'avaient sans jamais s'en rendre compte.
Ils ne lèvent jamais les yeux : ne perçoivent jamais la beauté du monde.
Ils ne les ouvrent que la nuit, quand le soleil n'est plus, et ne voient même pas les étoiles.
Ils ont un lit, et se plaignent qu'il soit trop dur.

Pourtant, moi je vis sur les bancs et je dépends de la générosité temporaire de chacun.
Moi, les étoiles je les côtoie toutes les nuits, et je rêve.

Je rêve d'avoir ce qu'ils ont, de partir d'ici.
Je rêve de profiter à leur manière.
Je rêve d'avoir un travail, une maison, une famille.
Je rêve de partir voyager, découvrir les étoiles d'un autre pays.
Je rêve de leur vie...

Malgré tout ce que je n'ai pas, je suis heureux, car au fond, je connais la valeur de la vie, et j'en profite chaque instant.