Vent
❝ Je n'ai pas peur de la route
Faudrait voir, faut qu'on y goûte
Des méandres au creux des reins
Et tout ira bien
Le vent l'emportera ❞
je crois qu'il te trompe.
mots qui résonnent et qui blessent. il ferme les yeux quelques secondes alors que sa fille ne semble pas vouloir se calmer dans ses bras. alors il la serre encore un peu plus contre lui. parce qu'elle le réconforte autant que l'inverse est vrai en étant là, dans ses bras.
« pourquoi est-ce que tu dis ça ? »
il s'imagine déjà le pire. est-ce qu'elle l'avait vu avec quelqu'un d'autre ? il ne voulait pas y croire. parce qu'il l'aimait, ils s'aimaient plus que tout. ils avaient leur vie, ils avaient fait éclater la norme des années avant en devenant les premiers joueurs à se déclarer en couple entre hommes. et il était prêt à faire ça. pour lui. alors non, il ne pouvait pas le tromper, jamais.
elle renifle, épaules qui sont secouées par des sanglots alors que sa propre gorge s'est bloquée. il a le cœur qui palpite un peu trop, comme s'il craignait le pire. il ne pouvait pas le perdre. ce brun, c'était toute sa vie. c'était son meilleur ami, son confident, son frère d'armes, son amant, son amour, son mari, le père de ses enfants. non, il ne pouvait pas le perdre.
« c'est quand je rentrais du lycée, il... il... »
pleurs qui reviennent alors qu'il laisse sa main lentement glisser sur son dos pour la réconforter. pourtant, il a les yeux qui se brouillent de larmes. il fallait qu'il sache pourquoi elle pensait ça, quitte à détruire son cœur dans le processus.
« il... il... »
mots qui ne veulent pas sortir. alors il se contente de lui déposer un doux baiser dans ses boucles rousses.
« je t'aime. »
peut-être que ça le rassurait de se dire qu'il l'avait elle avec lui et de lui dire une nouvelle fois.
« il était bien habillé et puis il avait un bouquet de fleurs à la main. »
elle marque une pause.
« et... et il allait vite, pour pas qu'on le voit. »
sanglots qui brisent le silence qui s'était installé pendant quelques temps.
« il se cachait, mais je l'ai reconnu. et quand il m'a vue, il a détourné le regard et il a accéléré. »
blond qui sent des larmes se mettre à glisser sur son visage. il a le cœur qui se détend. soulagement qui l'envahit alors que ses lèvres se posent sur le crane de sa fille.
« je suis désolée papa... je veux pas... »
il la serre contre son cœur un peu plus longtemps.
« il me trompe pas, il voulait pas que tu le vois pleurer. »
parce qu'il sait que c'est ce qu'il doit être en train de faire l'autre. et il aimerait être à ses côtés. mais c'était sa vie, son passé et c'était uniquement à lui de décider de s'il voulait ou non le partager avec lui et leurs enfants. oui, il voulait être tranquille dans ces moments-là, il voulait pas de la foule, ni de sa propre famille. parce que dans ces moments-là, il était avec son autre famille, celle qui s'était effondrée un beau jour d'automne. il écrase les larmes qui roulent sur ses propres joues avant de s'éloigner de sa fille pour croiser ses beaux yeux verts. et il y lit toute l'incompréhension du monde.
« pourquoi tu pleures ? »
il lui adresse un faible sourire.
« parce que j'ai eu peur... »
il n'avait pas envie qu'elle lui dise qu'il avait réagi comme ça. parce qu'il lui avait toujours fait confiance et s'il apprenait qu'il y avait cru, ça le blesserait. elle s'éloigne de lui.
« moi aussi j'ai eu peur. »
x x x
et il sait qu'elle n'y croit qu'à moitié. alors il se redresse puis se lève, l'entraînant derrière elle. une bourrasque de vent fait claquer les branches des arbres de leur jardin.
« suis-moi. »
il quitte la terrasse alors que le ciel se charge encore un peu plus en électricité. c'est son aînée sur les talons qu'il rentre dans la maison et se dirige vers le salon. placard qui se retrouve rapidement ouvert et il en sort deux livres sous le regard attentif de la jeune. et puis il en referme les portes avant de se redresser. ça faisait tellement longtemps qu'il ne les avait pas regardés. ils étaient là, fermés, à attendre d'être ouverts sans que personne ne le fasse jamais. il n'avait jamais vu son mari les ouvrir, ou peut-être qu'il le faisait quand il n'était pas là.
leurs couvertures n'étaient pas abîmées. il a les doigts qui glissent sur le cuir blanc d'un des deux, le caressant doucement. c'était il y a si longtemps. ils étaient si jeunes à l'époque. il finit par se laisser tomber dans le canapé de leur véranda, protégé des intempéries par sa toiture. il n'a besoin que d'un petit regard vers elle pour que la lycéenne s'installe à côté de lui.
« c'est quoi ? »
doigts qui glissent sur la couverture. il hésite, parce qu'il lui en voudrait peut-être d'en avoir parlé sans lui. mais peut-être que c'était lui qui avait besoin d'en parler, de s'ouvrir sur ce jour qu'il vivait si mal chaque année.
« c'est un album de mariage. »
incompréhension qui brille dans le regard verdâtre lui faisant face.
« celui de mario.
─ mais... »
il souffle pour se donner un léger courage et il ouvre le premier des deux. photo des deux qui apparaît. qu'est-ce qu'ils étaient beaux ce jour-là. qu'est-ce qu'il était beau. il ne peut pas s'empêcher d'avoir un léger sourire. et puis il voit les légères marques, traces de larmes et il se dit qu'il devait l'avoir réouvert quand il n'était pas là. doigts qui les effleurent avant que la voix de sa fille le sorte de ses pensées.
« c'est qui papa ? »
sourire nostalgique qui traîne un instant sur son visage avant que la tristesse ne s'y installe.
« c'est la femme de la vie de ton père. »
il a la gorge qui se noue bien trop. il se débat avec les sentiments contraires. c'était il y a si longtemps, mais parfois c'était comme si c'était la veille.
« elle s'appelait ann-kathrin. »
la première goutte vient s'écraser sur la toiture de verre.
suite jeudi, hésitez pas à faire des retours :)
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