Ciel voilé

❝ I've heard what they say,
But I'm not here for trouble.
It's more than just words :
It's just tears and rain. 


il n'a pas besoin de calendrier pour savoir le jour qu'il est. parce que ça faisait des jours que le compte à rebours était lancé. ce matin-là, il se réveille tôt, très tôt, trop tôt. il n'a pas réussi à dormir de toute façon. il est glissé dans les bras de celui qui le serre contre lui. il l'observe alors qu'il dort encore, un sourire satisfait planté sur le visage. il reste comme ça quelques minutes et puis il cherche à se dégager de ses bras. il ne se sent pas bien. il ne sait pas quoi faire. il aimerait juste que l'autre le serre fort contre lui. ou qu'il ne soit pas là. il ne sait pas. 

murmures brumeux arrachés à celui qui l'agrippe un peu plus à chaque fois qu'il cherche à lui échapper. voix cassée matinale qui résonne dans la pièce. 

« reste encore quelques minutes, on a rien de prévu et j'ai envie de t'avoir dans mes bras encore un peu. » 

il se fige dans l'étreinte et finit par s'en dégager vivement. les mots résonnent dans son esprit. pratiquement les mêmes que ceux qui y avaient résonné pendant des mois et résonnaient encore parfois. gouttes salées qui se mettent à rouler sur ses joues. 

« pas aujourd'hui. » 

regard de l'autre qui glisse sur lui, puis sur son téléphone. et il voit son visage qui se décompose quand il réalise la date du jour.

« je suis désolé. » 

brun qui reste silencieux, qui a le regard qui brille de larmes. 

« viens-là. » 

bras bien trop accueillants dans lesquels il se glisse. il y a les caresses sur sa peau nue. il y a les larmes qui mouillent un t-shirt. 

« je t'aime. » 

main qui glisse doucement sur une joue. 

« pas aujourd'hui marco. » 

c'est étouffé dans un torse et ensuite il sent un souffle contre son oreille. 

« déteste-moi autant que tu veux, aujourd'hui je t'aimerai plus que jamais. » 

et l'étreinte se fait plus forte.

lèvres qu'il sent se perdre un peu dans son cou avant qu'elles ne rejoignent les siennes. et c'est doux, c'est léger, c'est une caresse agréable qui répare pendant quelques instants ses plaies alors que des doigts essuient lentement les larmes de son visage. il s'éloigne lentement. ses yeux plongent dans ceux verts de son mari pleins de tendresse. il y lit aussi nettement l'inquiétude et il sait pourquoi. parce qu'il avait peur d'être brisé dans la journée, comme bien trop souvent. 

« reste ici. je vais préparer le petit-déjeuner. » 

il sent les lèvres de l'autre qui traînent quelques instants dans ses mèches et il observe l'homme de sa vie qui quitte leur chambre.

x x x

lit dans lequel il se laisse retomber. il s'accroche à l'oreiller. larmes qui viennent glisser sur ses joues et qui trempent le tissu. il ne pense qu'à elle et il souffre. il souffre autant qu'il a souffert quinze ans plus tôt. la douleur s'était un peu estompée, elle disparaissait. mais ce jour-là, elle revivait et il avait l'impression qu'on venait de transpercer son cœur. 

il n'entend pas la porte qui s'ouvre de nouveau. il sent juste le lit qui s'affaisse et deux bras qui viennent l'entourer. les bras de la personne qu'il aimait plus que tout et à qui il allait faire tellement de mal aujourd'hui. parce qu'aujourd'hui il ne voulait pas de lui.

ils prétendaient toute l'année que ça allait, mais ils le savaient tout autant l'un que l'autre que c'était faux. parce qu'ils s'en voulaient toujours. dans des jours comme ça, quand il allait mal, le blond se sentait toujours trop responsable de son état. et le brun lui en voulait toujours autant qu'avant. silence qui vient les envelopper brisé uniquement par ses sanglots. et à chacun d'entre eux, il sent la prise de l'autre qui se fait un peu plus forte. et il est heureux qu'il soit là malgré tout. il a besoin de lui aujourd'hui plus que n'importe quel autre jour.

il se retourne pour faire face à l'autre qui essaie de lui sourire. mais dans son regard il voit aussi la douleur, la détresse et la culpabilité. et il ne veut pas y faire face. 

« le petit-déj est prêt, viens quand tu veux. » 

doigts qui glissent quelques secondes sur sa joue avant qu'il se lève. 

« marco... » 

l'autre se retourne alors qu'il allait quitter les lieux. 

« merci. » 

il ne répond rien l'autre, il se contente de le regarder avec ses pupilles aux reflets ambrés sous la lumière de la pièce. il y a un léger sourire qui flotte sur son visage et il sort refermant la porte derrière lui.

x x x

il est debout, le regard dans le vide. au loin, le ciel se noircit. il va faire de l'orage, il l'avait annoncé à la radio la veille. il est paumé, le regard vide. 

il se souvient quand ils avaient pris un orage sur la tronche à l'époque. il se souvient de ses cheveux trempés et qu'elle râlait qu'ils allaient onduler sans qu'elle ne le veuille. pourtant il aimait bien quand ses cheveux étaient naturels, qu'ils partaient dans tous les sens. vision qui devient floue alors que les yeux se brouillent de larmes. plus jamais il ne pourrait l'entendre se plaindre comme ça.

il n'entend pas les pas qui glissent derrière lui. il sent d'abord son odeur avant de ressentir le contact de ses bras autour de sa taille. il se laisse aller à son étreinte. doigts qui s'entremêlent aux autres. il ferme les yeux quelques instants alors que l'autre l'enlace un peu plus fort. 

« prends le temps qu'il faudra, je m'occupe des enfants. » 

murmure dans le creux de son oreille. il aimerait le remercier. d'être là pour lui, d'être si patient, de l'aimer autant. mais les mots ne veulent pas sortir. le blond semble ne pas s'en formaliser. il sent la pression de sa bouche sur son crâne et les doigts qui lui échappent. larme solitaire qui vient rouler sur sa joue. elle lui manquait tellement.

x x x

chaussures enfilées. ils ne se sont plus croisés. l'autre était occupé à d'autres choses, ne le retenant pas et c'était peut-être dans des moments comme ça qu'il l'aimait encore un peu plus. quand il lui laissait toute sa liberté. quand il comprenait sans qu'ils n'aient à se parler qu'il avait besoin d'être seul. 

gerbe de fleurs qu'il récupère et porte quelques instants à son nez. c'était ses préférées, celles qu'il lui offrait à chaque anniversaire. index en effleurant une tige. et puis il s'en saisit. il la fait lentement glisser hors du bouquet. bouche qui se dépose quelques secondes dessus avant qu'il ne la laisse sur la table du salon. pour lui. 

porte reclaquée.
il disparaît.


et voilà pour ce premier chap, suite samedi.
hésitez pas à faire des retours, c'est agréable quand c'est le cas et bonne lecture.

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