2
-Salut salut ! chantonna la voix de Medellín, ce qui avait pour habitude de motiver Allegra, mais aujourd'hui, l'énerva presque.
-Salut.
-Oh non, tu m'appelles de ta voiture et tu utilises un ton grognon, gémit Medellín. Ça veut dire que notre brunch du dimanche tombe à l'eau, n'est-ce pas ?
-Je suis tellement agacée, je ne suis rentrée à Barcelone il n'y a même pas trois heures, je suis supposée être en vacances, et je reçois un appel à neuf heures du matin disant que ma présence est requise à onze heures pour un déjeuner avec je ne sais même pas qui !
-Hey, trop de négativité pour un dimanche matin, Alle.
-Facile pour toi de dire ça, tes gosses te réveillent tous les jours avant le soleil.
-Au moins, ils vont te payer le dej, peu importe de qu'il s'agit, remarqua Medellín.
-Certes, répondit Allegra avant d'entrer sur le parking du restaurant auquel elle était attendue. Je dois filer, Med, elle soupira.
-Amuse-toi bien ! elle lança et Allegra leva les yeux au ciel avant de couper le contact de la voiture.
Elle entra rapidement dans le restaurant avant de voir Claudio, son patron, lui faire un signe de la main. Il était assis dans un coin isolé du restaurant, accompagné de deux autres personnes qu'elle était incapable de distinguer depuis l'entrée. C'est donc à grands pas qu'elle se dirigea vers la table, et revêtit son plus beau sourire pour saluer la tablée.
-Bonjour ! elle s'exclama avant de croiser les regards de chaque personne autour de la table.
Claudio, à côté d'un homme qu'elle n'avait vu, à côté de Rafael Alcântara.
Et ces trois-là avaient l'air de trouver la situation complètement normal, à l'exception peut-être de Rafinha, qui semblait un peu perdu.
-Allegra, la salua Claudio. Merci d'être là, je sais que tu es en vacances.
-Aucun problème, elle dit, alors qu'elle était encore en train de pester mentalement il y avait dix secondes de cela.
Elle s'installa sur la seule chaise encore libre—entre Claudio et Rafael—avant de se tourner vers les trois hommes, attendant qu'ils lui expliquent ce qu'elle faisait là.
-Allegra, je te présente Martín Bierna, un des agents qui travaille chez ungeklärt et qui s'occupe, comme tu l'as probablement déjà compris, de gérer la carrière de Rafael. Que je n'ai pas besoin de te présenter.
Il se tourna ensuite vers les deux hommes.
-Allegra Gonzales, journaliste, présentatrice beINsports et spécialiste du football espagnol depuis bientôt six ans, il dit, et Allegra fut flattée de voir qu'il savait exactement depuis quand elle travaillait pour lui. Alors, qu'est-ce que vous en pensez ? il demanda, regardant toujours les deux hommes.
-Elle correspond parfaitement au profil, répondit Martín Bierna. Rafael ?
-Je ne sais pas, il répondit avec un haussement de tête. Les gens ne vont pas trouver ça...bizarre ?
-C'est à toi de nous dire ça. Moi, je trouve ça parfaitement crédible, justement.
-Je pense que les gens peuvent y croire, il haussa les épaules.
-Mmh...je peux savoir de quoi vous parlez ? demanda la jeune femme, fatiguée d'écouter cette conversation dont elle était clairement le sujet principal sans savoir pourquoi.
Martín Bierna regarda Claudio d'un air de dire « c'est ton employée, c'est à toi de lui expliquer ».
-Écoute, Allegra...commença Claudio. Nous avons un contrat un peu particulier à te proposer.
-Un contrat un peu particulier, elle répéta, les yeux plissés.
-Rafael a besoin d'une beard, et, naturellement, j'ai pensé à toi.
Elle haussa un sourcil, surprise. Elle ne savait pas vraiment si elle devait être contente ou non. Pourquoi est-ce qu'il avait pensé à elle ? Parce qu'elle était jolie, ou parce qu'elle avait l'air d'être une bonne poire ?
-Pourquoi moi ? elle demanda alors.
-Eh bien, tu es une très jolie femme et ce serait facile de croire à votre histoire étant donné que vous travaillez tous les deux dans le même milieu.
-Bien sûr, elle lâcha, et la conversation fut interrompue par un serveur qui désirait prendre leurs commandes, ce qui permit à Allegra de se perdre dans ses pensées quelques minutes.
Quand elle avait renoncé à son brunch avec Medellín, ce n'est pas vraiment ce qu'elle avait en tête. Et elle ne savait pas si elle devait accepter ou non. Elle n'avait rien contre Rafael Alcântara. C'était un joueur comme un autre, qu'elle n'avait pas beaucoup l'occasion d'avoir à son micro cette saison, peut-être à cause de ses blessures à répétition. Elle n'était même pas sûre qu'il aurait été capable de mettre un visage sur son nom si on le lui avait dit comme ça, au détour d'une conversation.
-Tu seras évidemment payée pour faire ça, repris soudainement Claudio, mettant fin au silence qui s'était confortablement installé.
-Combien de temps est-ce que ça va durer ? elle demanda, plus intéressée par ça que par l'argent.
Cette proposition lui semblait complètement folle, et pas dans le bon sens du terme. Mais si ça ne durait pas très longtemps, ça pouvait être drôle. Faire semblant d'être amoureux de quelqu'un ne devait pas être si terrible. Claudio se tourna vers Martín Bierna, et celui-ci regarda Allegra.
-Je ne sais pas encore. Pas plus de six mois.
Six mois. Qu'est-ce que c'était, six mois, dans une vie ? Rien du tout, ce n'est pas comme si elle allait comme par hasard rencontrer l'amour de sa vie durant cette courte période de temps.
Le serveur revint—déjà—avec leurs plats, et une fois repartit, Claudio lui lança :
-Je comprends que tu aies besoin d'y réfléchir.
Allegra passa sa langue sur ses lèvres avant de regarder autour d'elle. Le restaurant commençait peu à peu à se remplir, et elle ne put s'empêcher de rire mentalement : leur repas ressemblait à un repas très professionnel, et pourtant, la conversation tournait autour d'une histoire de beard. Pas très pro.
Elle observa le visage de Claudio, qui mangeait, l'air pas le moins inquiet du monde, puis celui de Martín Bierna, qui avait l'air un peu plus anxieux.
Finalement, ses yeux se posèrent sur Rafinha, et elle fronça les sourcils. Depuis le début, il n'était intervenu qu'une seule fois dans toute la conversation, alors qu'il était clairement le deuxième sujet principal de la conversation. Claudio et Martín n'avaient pas vraiment l'air de se soucier de son avis, et quelque chose faisait penser à Allegra qu'il n'y était pour rien dans cette décision. Qu'est-ce qu'il avait bien pu faire pour qu'on soit obligé de lui coller une beard pendant six mois ? Elle travaillait sur les joueurs qui évoluaient en Espagne, et pourtant, elle n'avait eu aucun écho d'un possible problème avec le benjamin des deux frères Alcântara.
-Je vais le faire.
Les visages des trois hommes face à elle s'illuminèrent à l'entente de cette phrase.
-Merci, Allegra, lança Rafinha, et elle haussa les épaules.
Elle ne pouvait pas le laisser dans cette situation alors qu'il avait besoin de son aide. Et puis, il y avait plus terrible que de faire semblant d'être en couple avec Rafael Alcântara.
-Tu en es sûre ? lui demanda Claudio. Tu ne veux pas y réfléchir ? Une fois le contrat signé, tu ne peux plus revenir en arrière.
-J'en suis sûre, elle assura à son patron.
Et c'est comme ça que presque deux heures plus tard, elle se retrouva à lire le contrat—qui n'était, contrairement à tous les autres contrats qu'elle avait pu croiser en vingt-huit ans d'existence, plutôt court. Elle signa après deux lectures, et Rafael fit de même de son côté.
-Merci à tous les deux, sourit Martín Bierna depuis la première fois depuis le début. Je vous enverrais un message très bientôt pour vous expliquer ce qui doit être fait et quand.
Allegra hocha la tête avant de se lever, de ramasser son sac et de se diriger vers la sortie.
-Allegra !
Elle s'arrêta et se retourna, se retrouvant face à un Rafinha essoufflé, qui avait dû se dépêcher de sortir de la salle pour pouvoir lui parler.
-Hey, désolée d'être partie aussi vite, elle s'excusa.
-Non, c'est rien. C'est juste que je voulais encore te remercier.
-Pas de quoi, elle haussa les épaules.
-C'est pas rien, ce que tu viens d'accepter de faire. Alors merci. Il faudrait qu'on fasse connaissance.
-Je suis d'accord, elle hocha la tête, et il lui tendit son téléphone pour qu'elle enregistre son numéro, ce qu'elle fit sans plus de cérémonie.
-Merci, Allegra. On se voit bientôt.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top