agents | partie I

─ one shot with Chris Wood and Melissa Benoist.

❝ sourire, je pourrais,

si aimant, tu étais. ❞

Melissa Benoist.

J'ouvris grandement la porte du bureau dans un geste rapide, presque brusque. Essoufflée par ma course, j'inhalai d'abord de grandes bouffées d'air puis m'avançai au milieu la pièce, avant de prendre la parole.

Keyna est morte.

Martinez esquissa un sourire suite à mon annonce.

Je le savais déjà.

Mais comment ?

C'est moi qui l'ai tué.

Figée sur place, mon cerveau avait du mal à assimiler les mots de celui dont je pensais tout connaître  enfin, c'était surtout qu'il ne voulait pas. Je fis quelques pas avant de me poster devant lui.

Écoute, si quelqu'un te fait du chantage pour que tu te dénonces à sa place, on peut trouver une solution. On le fait toujours.

Personne ne me fait de chantage, Melissa. Je l'ai vraiment tué.

Non, c'est impossible. Mason, dis-moi que c'est pas vrai.

Mason Martinez, ou mon coéquipier depuis pas loin de deux ans, s'approcha doucement de moi. Son visage maintenant proche du mien, je sentais son souffle s'abattre sur ma pommette. Son index vint trouver refuge sur ma joue et y traça une ligne imaginaire.

Tu es si naïve, ma pauvre petite Melissa.

Je me reculai d'un coup du trentenaire, tandis qu'il resta là, à sa place, sans battre d'un cil.

Qui es-tu ?

Bah voyons, Mel, c'est toujours moi, Mason, ton ami.

Non, tu n'es pas Mason. Lui n'aurait jamais tué quelqu'un. C'est contre les règles de l'agence.

À part toi, qui respecte les règles ?

Tout le monde sauf toi visiblement.

La moquerie se libéra habilement de sa gorge par un rire. Il riait de moi.

Mel, Mel, Mel, cantonna-t-il avant de s'asseoir sur le bord du bureau, face à moi, les mains à plat sur le meuble. Je te pensais plus futée et observatrice que ça.

Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

Tu es bien trop aveugle pour voir que, partout où tu vas, on te ment. Tous ces agents que tu vois, commença-t-il en désignant les personnes passant dans les couloirs que l'on pouvait apercevoir au travers des portes-vitres, sont des menteurs. La vérité est que la quasi-totalité d'entre nous sommes meurtriers.

Je secouai la tête, refusant d'y croire. Il délirait complètement.

Tu mens.

Au fond, tu refuses d'y croire parce que tu te dis que c'est impossible que l'homme que tu aimes ait pu ôter la vie de quelqu'un, n'est-ce pas ? questionna-t-il, avant de reprendre sans me laisser le temps de répondre : la vérité est parfois difficile à croire, mais-

Martinez !

D'un coup de vent, la porte s'ouvrit sur Chris, l'air paniqué, coupant alors Martinez. En le voyant, je n'avais qu'une envie : me réfugier dans ses bras. Cependant, je m'y abstins. Et, si ce que Mason venait de me dire était vrai ? Et, si Chris avait lui aussi tué quelqu'un ?

Ne t'approche pas d'elle, cracha l'homme que j'aimais.

Trop tard, Wood. Elle sait tout.

Bordel. Quelles conneries as-tu encore racontées ?

Ah, ça, tu lui demanderas, sourit machiavéliquement Mason avant de quitter la pièce sous le regard noir de Chris.

Après le départ de mon coéquipier, mon amant entra dans la pièce en prenant soin de refermer la porte derrière lui. Toujours abasourdie par toutes ces informations, je me laissai tomber sur la chaise roulante derrière moi, le regard fixé au sol. Je sentis ensuite l'homme m'ayant conquise s'approcher avant de s'accroupir devant moi. Il emprisonna mon menton entre son index et son pouce.

Eh, Mel, regarde-moi.

Je n'obéis pas.

S'il te plaît.

Je détournai alors mon regard du sol afin d'encrer mes yeux dans les siens.

On va sortir de l'agence et rentrer à la maison pour tout remettre au clair, puis on ira chercher Mina chez ma mère. D'accord ?

Pour simple réponse, il eut droit à un hochement de tête. Ensuite, il se redressa de tout son long avant de verrouiller ses doigts aux miens. Nous sortîmes rapidement de l'établissement, et je me sentis presque revivre. Au sein même du bâtiment, je m'étais sentie oppressée. Les agents qui passaient me paraissaient différents ; les paroles de Mason me travaillaient  et pas qu'un peu. Je ne voyais plus personne de l'agence de la même manière. Mon image d'eux avaient changé en à peine une heure.

***

Donc, tu vas me dire que tu étais au courant de tout, et tu ne m'as rien dit ? demandai-je, remontée après avoir entendu les paroles de mon amant, mais il se pinça simplement les lèvres. Bon sang, Chris, on est fiancés et parents d'une fille, et tu as osé me mentir ! C'est- je- j'ai besoin d'air.

Mes mains coincées dans mes cheveux, je soupirai longuement avant de contourner Chris. J'avais besoin de sortir. Respirer. Penser. Et surtout : réfléchir.

Où est-ce que tu vas ?

Quelque part.

Alors que je m'apprêtais à sortir de la cuisine, je sentis des doigts s'enrouler autour de mon poignet. Sachant pertinemment de qui il s'agissait, je ne me retournai pas.

Lâche-moi, s'il te plaît.

Après quelques secondes comblées d'un lourd silence, il se décida à défaire son emprise. Je traversai alors rapidement le long couloir et arrivai rapidement devant la porte d'entrée.

Fais attention à toi.

Je ne lui répondis pas, préférant ouvrir la porte d'un coup. Je mis un pas, puis deux à l'extérieur, puis s'ensuivit une longue marche solitaire.

Quelques minutes passèrent, et mon esprit divaguait de plus en plus. Tant de choses me perturbaient, et les questions se multipliaient. Seulement, je n'avais aucune réponse. Bientôt, je fis face à une tour à l'abri des regards : la Stark Tower  du moins, c'était ainsi que Chris l'avait renommée, et même si je ne savais pas pourquoi, je l'appelais aussi par ce nom. Elle était grande, dépourvue de couleurs gaies, presque entièrement terne mais je l'aimais telle quelle. Elle était reposante, et c'était un peu comme ma forteresse secrète. Elle m'accueillait toujours, et avait vu de moi mes nombreuses faces : des plus douloureuses aux plus joyeuses, passant par les plus douteuses. Ce malheureux tas de ferraille avait vécu plus de choses avec moi que ma propre famille.

Je m'en approchai alors doucement et gravis les quelques escaliers afin d'arriver tout en haut. Accoudée à une grande barrière me séparant du vide, j'écoutais le son des vagues s'échouant douloureusement sur le sable sous le crépuscule. Bercée par ce joli cadre, je fermai les yeux et en profitai pour me repasser, derrière mes paupières clauses, les plus beaux moments de ma vie. Tous étaient plus ou moins reliés à ma fille, Chris, ou encore à mes quelques amis.

Je savais que j'allais te trouver là.

Gardant mes paupières closes, je répondis :

Je voulais rester seule, Chris.

Je t'ai apporté quelqu'un.

Je fronçai les sourcils et me décidai finalement à ouvrir les yeux et me retourner.

Mama !

Je m'accroupis pour accueillir ma fille dans mes bras.

Mon ange, susurrai-je, un sourire pendu aux lèvres.

Je me détachai d'elle avant d'encrer mon regard dans le sien, semblable. Ma fille avait hérité de la couleur de mes yeux.

Comment c'était chez papi et mamie ?

Cro bien ! On a fait des cookies !

Ah oui ? Et ils étaient bons comment ?

Comme ça ! s'exclama-t-elle en élevant son bras aussi haut que sa taille lui permettait, montrant à quel point les cookies étaient bons. Mamie a donné cookies à papa ! Ils sont à la maison.

C'est super ça. J'ai hâte de les goûter !

J'ai fait tout comme une grande.

Je souris face à son enthousiasme. Elle grandissait beaucoup trop vite.

Melissa, on doit parler.

Je soufflai doucement.

Allons sur la plage.

Chris hocha la tête et je me redressai avant d'attraper Mina par la main. Nous dévalâmes rapidement les marches avant de rejoindre le sable. Chris et moi s'assîmes sur la surface granuleuse tandis que Mina s'en alla jouer quelques mètres non loin de nous, et je la surveillai du coin de l'œil.

J'ai démissionné.

Je tournai la tête vers Chris alors qu'il reprit :

Et toi aussi. Enfin, je l'ai fait pour toi.

Je fronçai les sourcils.

Comment ils t'ont laissé faire ça ?

Je ne leur ai pas laissé le choix, commença-t-il avant de souffler longuement. Écoute, Mel, je sais que Mason a tué Kenya et qu'il t'a raconté tout plein de conneries, mais sache que tu peux me faire confiance. Je n'ai jamais tué personne de ma vie, et ça ne risque pas d'arriver. Cette agence m'a longtemps fait du chantage, mais maintenant c'est du passé. C'est pourquoi j'aimerais te proposer quelque chose.

Du chantage ? Par rapport à quoi ?

Ils m'ont menacé de s'en prendre à Mina et toi si jamais je te parlais de quoique ce soit. Je sais, j'aurais dû t'en parler, mais j'ai pas réfléchi, pour moi c'était Mina et toi avant tout. Je suis désolé.

Je déposai ma main sur la joue du brun et il la couvrit de la sienne.

Je te pardonne, Chris.

Il me lança un sourire, et je fis de même. Son sourire faisait le mien.

Donc, je voulais te proposer quelque chose. Pour oublier l'agence, et toutes ces merdes, je me disais qu'on pourrait déménager, partir loin d'ici, refaire une vie rien qu'à trois.

D'accord, soufflai-je.

Parce que je sais que ça nous fera du- attends, qu'est-ce que tu viens de dire ?

J'ai dit : d'accord.

Oh, lâcha-t-il en échappant un rire, je pensais que ça allait être plus compliqué.

De toute façon, cette ville m'oppresse. À part cette tour, dis-je en désignant le tas de ferraille dans notre dos, rien ne me retient ici.

Alors, on-

MAINS EN L'AIR.

Chris se fit couper par une voix rauque. Paniquée, je détournai mon regard qui chuta sur une image qui me monta les larmes aux yeux : Mina, ma petite Mina, était emprisonnée dans les bras d'un bodybuilder en costard qui lui pointait une arme dessus. 

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