à toi, mon (p)astre

TEXTE EN VRAC 1

à toi, mon (p)astre

je te hais et je t'aime.
mais pourquoi les gens disent qu'on ne peut pas aimer et haïr ?
la ligne est si fine, si bancale ; j'ai un pied de chaque côté ; mon cœur t'aime, ma raison te hait.

un liquide rougeâtre pénètre mon palais, glisse le long de mon œsophage et termine sa course dans une danse endiablée : mes tripes sa scène, mes boyaux son fidèle spectacteur.
et je lève alors les yeux et je te vois.

tu es là, tu brilles
tu voles à la lune son éclat
et les étoiles t'envient.
tu es si beau – tu l'as toujours été.

tes claquettes traînent sous mon lit
j'y glisse mes pieds à chaque aube
je me perds sous ton pull gris
je me bats à chaque crépuscule contre ton rasoir.

je te lève ma tige de nicotine
je t'envoie mon plus beau verre de vin.
est-ce que les astres permettent d'être pompette ?
si non, Dieu que je te plains.

et parfois le soir,
je regarde ces clichés que maman a laissé traîner sur la cheminée
pour penser encore qu'elle est mariée pour croire encore qu'elle est épouse
pour espérer encore un jour te revoir danser médiocrement à nos repas de famille.

je revois ton sourire jaune
et éméché, je dévoile mes dents jaunies aussi.
je les tiens de toi ?
maman a hoché la tête en leur portant une attention troublante.

quinze mai deux mille dix-sept.
je lève à toi mon plus beau coup de rasoir.
trois virgule cinq grammes.
je (sou)ris.
maman, installée devant une VHS, mène la danse.
quinze mai mille neuf cent quatre-vingt quinze. tu dansais avec elle sous la lune obèse.
quinze mai deux mille quinze. tes cellules en bouillie sous les pneus d'une Audi.
quinze mai deux mille dix-sept. le carrelage s'habille. c'est de la qualité, crois-moi ! mon sang lui interdit la nudité.

je (sou)ris.

je titube jusqu'au jardin. mes yeux se lèvent : la lune est obèse.

je (sou)ris.

c'est idyllique.

je cours jusqu'à cette route bondée.
une Volkswagen. je secoue la tête.
une Renault. je roule des yeux. une Ford. je m'assois sur un banc. une Porsche. je soupire.

deux phares m'aveuglent. une Audi. je souris. et je cours et je cours.

« j'arrive papa. »

j'imite Jésus. mon corps croule sous les pneus onéreux.

quinze mai deux mille dix-sept. mes cellules en bouillie sous les pneus d'une Audi.

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