« Le défi de la bavboule, c'est d'accepter d'être imparfait. »

Flavius Belby, Comment la bavboule m'a sauvé la vie, éd. Wizard-Sport, 1787.

(Il fut un temps.)

Toute la semaine, Barty avait prié pour que la proposition de Cornelius tombe dans l'oubli. Malheureusement, si le jeune Fudge avait beaucoup de défauts, il n'avait pas de problème de mémoire. A trois heures moins le quart, Cornelius l'aidait à ranger les livres dans la bibliothèque avec une excitation palpable. Enfin, « aider » était en réalité un bien grand mot. Cornelius ne prêtait pas la moindre attention au classement alphabétique et Barty était sans arrêt obligé de repasser derrière lui.

— L'invitation dit « à l'orée de la Forêt Interdite », commenta Cornelius en rangeant Georges Beer-Lambert et son traité de potions dans les « Y ». C'est très intrigant, tu ne trouves pas ?

En reprenant l'ouvrage pour le remettre à la bonne place, Barty éprouva l'envie brûlante d'en faire chuter les quelques mille cinq cents pages sur le pied de son camarade de classe.

— C'est marrant, commenta Cornelius une fois qu'ils furent dans le couloir, on ne va jamais près de la Forêt Interdite.

— Vraiment ? Je me demande bien pourquoi. Peut-être parce que c'est interdit.

Fudge ne répondit pas immédiatement. Barty commençait à se demander si son « ami » traînait avec lui parce qu'il était incapable de reconnaître le sarcasme. Il n'avait pas encore décidé si Cornelius était optimiste ou tout simplement stupide.

— Oui, mais pourquoi ? insista-t-il. L'autre jour, je suis passé devant avec Lucius et je me suis vraiment posé la question.

Barty ne se faisait pas trop d'illusions à ce sujet. Avec Lucius signifiait souvent en réalité derrière Lucius, et alors que le jeune Malefoy accélérait le pas dans l'espoir de le semer.

— Je veux dire, à quoi ça sert d'avoir une forêt si on ne peut pas y aller ?

— T'as qu'à poser la question à Dumbledore.

Ce fut amplement suffisant pour le faire taire. Barty savait parfaitement que son ami avait une peur bleue du directeur et que rien ne l'angoissait plus qu'un sourire de sa part ou un discours de rentrée.

— C'est peut-être là.

Entre les serres et la Forêt Interdite, on pouvait distinguer un étrange cercle de lumière bleue.

« Intrigant. »

Trois élèves gravitaient autour, trop absorbés dans leur contemplation pour les voir arriver. L'un d'eux, qui arborait une petite moustache ou, plus précisément, une poignée de poils entre le nez et la bouche, ainsi que des lunettes à monture épaisse qui lui mangeaient la moitié du visage, leva les yeux vers eux.

Il eut l'air surpris de les voir.

— On a reçu votre invitation, déclara Cornelius d'une voix timide.

— Notre... quoi ?

Fudge brandissait à présent le morceau de parchemin avec enthousiasme.

— Hé, les gars ! s'exclama le garçon à lunettes. Regardez, quelqu'un a répondu à l'invitation !

Il esquissa un sourire.

— Moi, c'est Harold. Mais vous pouvez m'appeler Minchamboul', comme tout le monde ! Et vous ? (Il ne leur laissa pas le temps de répondre.) Vous... vous savez jouer ?

— Non, on est là pour apprendre ! s'exclama Cornelius.

— Après, on ne veut pas vous ennuyer..., commença Bartemius.

Il avait commencé à reculer lentement mais c'était déjà trop tard.

Le dénommé « Minchamboul' » avait déjà placé une bille entre ses mains.

— Mais c'est avec plaisir ! s'exclama le garçon à lunettes. Ça fait cinq ans que personne ne répond à nos invitations ! C'est notre dernière année ici et le Club risque de disparaître... Vous êtes notre dernier espoir !

Cornelius infligea à Barty un coup de coude tremblant d'émotion.

— Tu entends Barty ? Nous sommes leur seul espoir. On ne peut pas les laisser tomber !

— C'est que... j'ai beaucoup de travail en ce moment, je ne suis pas sûr que...

— Allez Barty, t'es bon même en Divination !

— Tu sais les feuilles de thé, c'est comme tout, ça se travaille...

— On pourrait boire du thé en jouant aux bavboules !

Barty leva les yeux au ciel. Il ne voyait pas trop comment il pouvait se sortir de cette situation gênante, mais tenait à essayer quand même.

— Tu ne sais même pas jouer aux bavboules !

Cornelius l'ignora pour saisir la petite sphère que lui tendait le garçon. Minchamboul' adressa aux nouveaux venus un large sourire.

— C'est en bavboulant qu'on devient bavbouleur !

— Regardez, il suffit de saisir la bille entre le pouce et le majeur – jamais l'index – et...

— Bon, raté. Mais c'est normal, personne n'arrive à la cheville d'Antonius Belby au premier coup !

— Allez, c'est plutôt marrant, vous verrez !

Fudge le regardait à présent avec des yeux suppliants.

— Allez Barty ! Une partie !

Barty poussa un profond soupir. Il avait la désagréable impression d'avoir mis le pied dans un engrenage duquel il aurait bien du mal à se débarrasser...

Et il ne croyait pas si bien dire.

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Réunion du 7 juillet

Ordre du jour

Le Conseil Ministériel vous convoque le 7 juillet de 10h à 12h dans la Salle du Conseil pour examiner les sujets suivants :

1. Choix stratégique du lieu de la coupe du monde

2. Relations avec les acteurs internationaux

3. Organisation du transport et gestion des portoloins

Déroulé de la réunion

Les membres du Conseil discutaient avec un enthousiasme bouillonnant. Même Amelia, qui jetait des coups d'œil réguliers à sa montre, avait renoncé à calmer l'ambiance effervescente.

— Bonjour à tous.

Bartemius entra en salle de réunion et balaya ses collègues du regard d'un air sévère, étouffant de sa seule présence le brouhaha qui s'était installé. La lumière qui émanait de la fausse fenêtre éclaira derrière lui le visage d'un grand roux à lunettes à peine sorti de Poudlard. Un peu gêné de l'attention dont il faisait l'objet, il s'inclina très bas et sans se départir de son sérieux, prit place à la droite de Bartemius.

Un sourire passa sur le visage de Ludo Verpey. Ils avaient si peu l'occasion de découvrir de nouvelles têtes !

— Alors Barty, tu ne nous présentes pas ton nouvel ami ?

— C'est... Hum.

Le chef de la Coopération magique internationale prit soin de sortir ses affaires une à une avant de répondre, plongeant en même temps dans les tréfonds de sa mémoire pour en retirer le nom de cet ami mais...

Non, rien à faire.

— C'est... mon stagiaire. Le fils d'Arthur, précisa-t-il.

— Oh, le fils d'Arthur...

Rufus échangea avec Cornelius un regard discret, puis n'eut d'autre choix que de partir à la recherche de la plume qu'il avait jeté à terre pour dissimuler un début de fou-rire.

— Percy Weasley, non ? demanda Amos. Vous avez dû croiser Ced ! C'est mon fils !

Percy parut un peu embarrassé mais hocha la tête pour faire bonne figure.

— Bon, on peut commencer ?

— Bien sûr Amelia. Qu'est-ce qu'on a à l'ordre du jour ?

— Ludo, as-tu enfin trouvé un camping ?

Verpey sursauta.

— Le camping ? Ah oui, le camping ! J'ai longuement parcouru les catalogues moldus mais vous ne m'aviez pas soumis vos critères. Chaque camping est très différent, figurez-vous ! Certains ont même une piscine ! C'est formidable. On creuse un trou dans le sol, on met de l'eau et on peut s'y baigner. A l'air libre !

— Depuis quand faut-il une piscine pour organiser une compétition de Quidditch ?

La moustache de Barty frétillait d'impatience.

— Et si les joueurs ont besoin de se rafraîchir ? Ça peut servir !

— C'est moi qui vais vous rafraîchir si vous ne...

— Bon, tu as un camping ou pas ?

La patience d'Amelia ressemblait à celle de Bartemius : absente.

Ludo Verpey redressa sur son nez une paire de lunettes imaginaire et lui sourit.

— J'étais tout seul sur le coup, comme Bertha n'est toujours pas revenue de ses vacances en Albanie... Mais je vous ai tout de même déniché un petit camping familial au prix tout à fait avantageux.

— Ah, tant mieux.

— Rufus, comment ça se passe au niveau de la sécurité ?

— J'ai commencé à...

— Lucius m'a soumis quelques sortilèges repousse-moldu tout à fait intéressants ! le coupa Fudge. Je pense que vous gagneriez à les étudier.

Bartemius fut à deux doigts de sourire. Peut-être aurait-il été jusqu'au bout si Malefoy n'avait pas été un ancien Mangemort.

L'obsession de Cornelius à son égard n'avait rien de vraiment drôle.

— Dis-moi, Barty, comment se passe la communication avec les Bulgares ? Vous avez enfin compris cette histoire de valets ?

— De Vélanes, soupira Croupton. Ils veulent introduire un groupe de Vélanes sur notre territoire.

Le regard d'Amos s'éclaira.

— Ah ! C'était des Vélanes !

— C'est vous qui leur avez dit oui ! s'exclama Bartemius.

— Je n'ai pas fait exprès... Je pensais que c'était des valets ! Je ne voyais pas l'inconvénient d'avoir des valets sur un terrain de Quidditch ! Après tout, si les joueurs en ont besoin...

— Vous auriez pu me demander... Si j'ai appris deux cents langages, ce n'est pas pour qu'un imbécile comme vous provoque des incidents diplomatiques derrière mon dos !

Le silence tomba. Les yeux de Bartemius lançaient des éclairs et Amos se recroquevillait sur sa chaise. Rufus posa sur le bras du chef de la Coopération magique internationale une main apaisante.

— Du calme, Barty, personnellement j'ai rencontré des Vélanes très sympathiques...

— Épargne-nous tes histoires. Bon, je suppose qu'on fera avec, mais je vous assure que si ça dégénère, Amos, je m'assurerais personnellement que votre fils n'entre jamais au Ministère.

Amos déglutit. Il savait que Croupton ne plaisantait pas.

— Passons au troisième sujet, fit Cornelius d'une voix prudente, le regard inquiet braqué sur Barty qui fulminait encore. Les transports... Qui s'occupe des transports ?

Ils échangèrent un regard perplexe.

La main d'un homme entre deux âges se leva lentement.

— Ah, Charles !

Le dénommé « Charles » fronça les sourcils, voulut intervenir mais Cornelius l'avait déjà coupé dans son élan.

— Comment ça se passe au niveau des portoloins ?

— Eh bien, puisque vous en parlez, j'ai rencontré plusieurs problèmes concernant...

— Parfait ! Voilà qui clôt la réunion ! Je suis certain que vous saurez relever tous les défis qui se présentent à vous, Mr. Charles.

— Je...

— Je dois à présent vous quitter. J'ai promis à Lucius que je prendrais le café en sa compagnie. Figurez-vous qu'il prévoit de faire une dotation très généreuse à Sainte-Mangouste !

Bartemius leva les yeux au ciel.

— Quel homme formidable...

Cornelius ne l'écoutait plus. Il avait rangé ses affaires pour s'éloigner d'un pas guilleret vers la sortie.

— Martha vous enverra le compte-rendu, comme d'habitude ! lança-t-il à la cantonade.

— Corniboule bave toujours devant Lucius, lâcha Rufus avec un léger sourire. Y'a des choses qui ne changeront jamais.

Ludo ricana joyeusement.

Bartemius serra les dents. C'était la deuxième fois qu'il avait failli rire. Dans une même réunion. Il fallait qu'il se reprenne. Il claqua les doigts en direction de son assistant qui avait détourné les yeux de la scène, un peu gêné, puis suivit Cornelius dans un mouvement de cape.

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Compte-rendu de la réunion du Conseil Ministériel du 7 juillet

Président de la réunion : Cornelius Fudge, Ministre de la Magie

Participants : Bartemius Croupton, Chef du Département de la Coopération Magique Internationale, Percy Weasley, assistant stagiaire, Ludo Verpey, Chef du Département des Jeux et Sports Magiques, Amelia Bones, Chef du Département de la Justice Magique, Rufus Scrimgeour, Chef du Bureau des Aurors, Amos Diggory, Chef du Département de Contrôle et de Régulation des Créatures Magiques, Eric Baldwin, Chef du Département des Transports

Point 1

Le Conseil Ministériel a fait le choix raisonné d'un camping municipal d'Irlande du Nord en raison de son emplacement stratégique. Celui-ci permet à la fois d'assurer la sécurité interne des spectateurs et de respecter strictement les lois du Secret Magique International.

Point 2

Le Conseil Ministériel informe les autorités bulgares qu'il donne son autorisation à la venue d'un groupe de Vélanes. Cet accès à l'emplacement de la compétition se fera sous la surveillance d'une équipe de Brigadiers spécialement détachés pour cette tâche. Le Conseil Ministériel se félicite par ailleurs d'une communication des plus constructives avec tous ses interlocuteurs étrangers.

Point 3

Le Conseil Ministériel a longuement étudié les problématiques logistiques que pose la venue de nations du bout du monde. Il réquisitionnera en conséquence une série de portoloins qui seront disposés à des endroits stratégiques, afin de permettre à chacun d'assister à cet extraordinaire événement en toute sécurité.

Signé : Martha